La valse des nouveautés : spécial Meian
Décidément, ces derniers mois furent riches en sorties. On a eu l’embarras du choix pour nous émerveiller et surtout vivre de très belles épopées. Parmi les maisons d’édition qui ont été prolifiques en matière de nouveautés, il y a Meian. On avait alors envie de faire un petit focus sur une partie de tout ce qui était arrivé ces dernières semaines dans leur catalogue. Voilà pourquoi on vous propose un nouveau numéro de “La valse des nouveautés” dédié à quatre licences inédites de l’éditeur. Un quatuor qui propose des expériences à la fois différentes et similaires sur certains points. Ces séries sont reliées par leur envie de faire rire et surtout de parodier certains codes propres à leur genre. On s’est dit qu’il serait donc intéressant de s’attarder quelques minutes sur ces épopées qui cherchent avant tout à nous amuser et qui peuvent facilement nous donner le sourire. Entre un requin qui débarque dans un autre monde, un seigneur démon devant faire face à un environnement hostile, un chat qui se prend pour la mère de sa propriétaire et les mésaventures de deux amis, il y a de quoi faire. L’heure est donc venue de partir explorer de nouveaux horizons avec le sourire aux lèvres.
Killer Shark in Another World T1
Killer Shark in Another World, imaginé par Kuboken, nous conte l’histoire de Shiromi. Cette apprentie invocatrice n’est pas ce que l’on peut appeler une étudiante de première ordre. Malgré toute sa bonne volonté, elle est considérée comme la dernière de sa classe et même de toute l’école de magie. Il ne lui reste qu’une chance pour montrer de quoi elle est capable à travers l’examen consistant à faire appel à un familier. Une occasion en or de faire taire tout ce qui se dit sur elle dans son dos. Le jour tant attendu arrive enfin pour cette jeune étudiante qui est bien décidée à invoquer une créature remarquable. Malheureusement, le résultat n’est pas là et tout le monde se moque ouvertement d’elle. Incapable de réussir la moindre invocation, elle se dit que son rêve d’aider les autres est déjà terminée. Mais c’était avant de se rendre compte que les rires malsains des autres élèves se taisent d’un coup. Autour d’elle ne se trouve maintenant qu’un impressionnant bain de sang. Tous ses camarades ont été tués par une terrible bête. C’est trop tard que Shiromi se rend compte que son sort n’a aucunement été un échec. Au contraire, ce fut une totale réussite au vu de l’être qui fit son apparition en ce monde. La jeune femme venait de faire appel à un requin particulièrement attaché à sa maîtresse. Faisant preuve de capacités extraordinaires, il ne lui avait fallu que quelques instants pour terrasser tous ceux qui se trouvaient dans la pièce. Voilà un succès amer pour l’adolescente qui vient, sans le vouloir, d’invoquer une véritable calamité. Ne pouvant rester avec un tel monstre dans l’enceinte de l’école, Shiromi va embarquer pour un voyage qui s’annonce difficile. Comment venir en aide aux autres quand ton familier prend un malin plaisir à dévorer tous ceux qui te regardent de travers ? Ainsi voit le jour d’un héros hors du commun qui ne laisse derrière lui que des traînées de sang.
Alors oui, Killer Shark in Another World est totalement barré et on le remarque rapidement rien qu’à son synopsis. C’est justement cette maîtrise de tous ses aspects délirants qui ont fait de cette lecture un petit coup de cœur. En fait, ce que l’on adore surtout à travers cette introduction, c’est la manière dont le mangaka parodie les codes de l’isekai pour que l’on ne soit au contact d’une personne, mais bel et bien d’un prédateur qui peut autant se montrer terrifiant qu’adorable avec sa maîtresse. On sent que l’auteur s’amuse à fond pour s’approprier les codes du cinéma de requin pour alimenter son titre. Ainsi, on a le droit à de très nombreuses références qui ne vont pas être uniquement là pour faire sourire. Au contraire, toutes ces inspirations vont servir à construire l’identité de notre protagoniste afin de le rendre à la fois plus dangereux, mais aussi plus absurde dans ses capacités. Cela est totalement voulu et le récit propose ainsi d’excellentes idées de mise en scène qui nous donnent l’impression d’être dans un de ces nanars sans pour autant que le manga soit totalement tourné vers ça. Quand on y regarde de plus près, on sent cette volonté de rendre hommage à toute une partie du cinéma d’horreur même celui qui donne plus à rire qu’à terrifier. On se tient devant une aventure totalement décomplexée et qui veut aller au bout de son délire. C’est ce qui est génial et qui nous donne envie de voir jusqu’où ira Shiromi et son acolyte dans leur quête de protection de ce monde. Le titre se veut aussi particulièrement sanglant pour coller à cette image de grand prédateur qui colle à ce requin et qui tire même jusqu’au monstre au vu de certaines scènes. Un divertissement qui a parfaitement compris ce qu’il désirait et qui peut facilement parler à ceux voulant un amusement immédiat ou une histoire WTF, mais qui utilise avec brio tous les outils à sa disposition. C’est en tout cas un grand oui pour nous et l’on a hâte de voir les prochaines péripéties de ce tandem.
Mon chat à tout faire est encore tout déprimé T1 & 2
Mon chat à tout faire est encore tout déprimé, imaginé par Hitsuzi Yamada, nous fait suivre le quotidien de Saku. Cette jeune femme est employée de bureau et passe le plus clair de son temps à être harassée par la vie qu’elle mène. Ne prenant du plaisir qu’en lézardant chez elle, une bière à la main, elle est très loin de prendre soin d’elle. Mais tout bascule le jour où elle a recueilli un chat noir il y a de ça quelques années. Craquant totalement devant cette petite bouille trognonne, elle était loin d’imaginer que cet animal allait drastiquement changer son existence. En effet, après tant de moments partagés avec Yukichi, son animal de compagnie, Saku doit se rendre compte d’une évidence. Quelque chose ne va pas du tout avec ce chat ! Il suffit de voir le physique actuel de ce chat pour voir que quelque chose cloche. En effet, ce dernier est maintenant bien plus grand que la majorité des êtres humains. En plus de ça, il semble prendre un malin plaisir à s’occuper des diverses tâches de la maison quand sa maîtresse n’est pas là. Mais le plus incroyable, c’est qu’il ne cesse d’être sur son dos pour qu’elle s’occupe bien d’elle. Il va même jusqu’à lui préparer ses bentos pour sa pause du midi. Si Saku sait pertinemment que tout ça n’est pas normal, elle ne peut s’empêcher de garder ça pour elle. Après tout, qui voudrait croire une jeune femme qui aurait un chat à tout faire. En plus de ça, elle est tout de même heureuse de pouvoir compter sur son soutien au quotidien. C’est ainsi que débute une cohabitation parfois mouvementée, mais surtout très drôle entre ces deux êtres qui ont un peu inversé les rôles. Il ne reste plus qu’à espérer que personne ne remarque qu’un tel animal soit présent dans le quartier sous peine de voir un mouvement de panique.
On enchaîne cette sélection des nouveautés Meian avec le second gros coup de cœur que l’on a eu. Il est vrai que quand on regarde au premier coup d’œil, on peut se demander ce que Mon chat à tout faire est encore tout déprimé peut réellement proposer. En réalité, on fait face à une excellente comédie qui va jouer autant sur le décalage d’avoir un chat aussi impressionnant que sur l’inversion des rôles. En effet, Yukichi est un animal qui nous donne presque la sensation d’oublier ça pour voir une personne au foyer qui s’occupe de toutes les tâches ménagères. Une personnification humaine de ce chat qui provoque la surprise et l’hilarité au vu de ses échanges avec Saku. On enchaîne ainsi les passages comiques qui fonctionnent très bien et qui nous proposent toujours des situations différentes. De même, le fait de tout faire pour garder ce secret nous amène à vivre des moments savoureux où l’on sent aussi toute la complicité entre ces deux protagonistes. C’est là que le titre va aussi se démarquer. Il n’est pas question ici de seulement chercher à faire rire. On veut aussi nous montrer une relation affectueuse et touchante entre ces deux êtres qui vivent sous le même toit. Le manga nous montre à quel point une présence animale peut être réconfortante, mais en poussant ça à l’extrême. En plus de ça, il semble aussi y avoir une petite part de mystère qui nous pousse à vouloir en savoir plus sur la raison d’une telle poussée de croissance. En mettant à exécution une idée pouvant sembler totalement loufoque, Hitsuzi Yamada nous délivre à la fois une comédie efficace et une tranche de vie pouvant aussi être émouvante. Une série parfaite pour retrouver le sourire et oublier, le temps de quelques minutes, tous les problèmes que l’on peut avoir. Un peu comme si Yukichi veillait aussi sur nous à travers cette histoire.
Demon Lord, Retry ! T1 & 2
Demon Lord, Retry, scénarisé par Kurone Kanzaki et dessiné par Amaru Minotake, nous emmène au contact d’Akira Ôno, un salarié ordinaire. En dehors de son travail tout à fait lambda, cet homme se présente aussi comme l’administrateur d’un jeu où il joue le Seigneur démon. Il a même fini par devenir une figure emblématique de cet univers et ainsi trouver une forme d’échappatoire à son existence à travers ce personnage qui inspire autant la crainte que l’admiration. Malheureusement pour lui, son existence s’apprête à connaître un brusque revirement quand il se réveille un jour dans un autre monde. Si la confusion est totale, son esprit embrumé est encore plus terrifié en voyant que son visage a changé. Il a maintenant les traits de cet avatar qu’il avait dans son jeu. Se demandant bien ce qui peut se passer, il est coupé dans ses réflexions par l’apparition d’une jeune villageoise répondant au nom d’Aku. Il s’avère qu’elle fut envoyée pour servir de sacrifice au démon. Ce dernier fait d’ailleurs irruption en plein milieu de leur conversation, mais il ne faut que quelques secondes pour que Akira finisse par en venir à bout. En tant que Seigneur démon, il affiche une puissance incommensurable qui ne le réjouit pas plus que ça. Surtout que cela pourrait bien être le début des ennuis pour lui. En compagnie de sa nouvelle camarade, il va alors tenter de comprendre comment revenir dans ce monde tout en évitant d’attirer l’attention sur lui. Mais difficile d’accomplir un tel exploit quand son visage est déjà placardé un peu partout. La rumeur de son arrivée sur ces terres ne va pas mettre longtemps à se répandre aux quatre coins de ces terres. Un problème qui pourrait amener Akira à se frotter à des adversaires bien retors en la personne des terribles saintes. Malgré lui, il risque de devoir faire étalage de la puissance qui est la sienne.
Ces deux premiers tomes de Demon Lord, Retry furent une expérience plaisante dans le domaine de l’isekai. Si la série n’invente réellement rien de nouveau, elle cherche avant tout à offrir une aventure divertissante et cela fonctionne à merveille. On se laisse prendre au jeu de ce protagoniste qui se retrouve malgré lui dans la peau du Seigneur démon. Il est alors intéressant de voir ses interactions avec le reste du monde et le fait que s’oppose son objectif et l’aura qu’il dégage. Un personnage pris entre deux chaises et qui peut autant se montrer redoutable que drôle notamment quand on prend conscience de tout ce qu’il est capable de faire. En plus de ça, on est sur une série dont cette première partie se termine en cinq tomes. De ce fait, on entre rapidement dans le feu de l’action et cela permet d’avoir quelques scènes impressionnantes sublimant la puissance des quelques combattants que l’on peut suivre. Ce qui est surtout pertinent à regarder dans ce manga, c’est la manière que va avoir Akira d’influencer son environnement à travers ses actions. On se demande s’il va finir par être totalement pris dans le rôle qu’on lui a donné ou s’il va parvenir à rester parfaitement humain dans ses agissements. Une opposition prometteuse qui s’accompagne d’une galerie de personnages assez loufoque et qui colle très bien avec cet univers où l’action règne en maître. Reste maintenant à savoir si cela sera efficace jusqu’à la fin de cet arc qui va surtout servir à mieux comprendre cet univers, mais aussi à créer la légende de ce démon qui n’est nul autre qu’un homme désireux de rentrer chez lui. Une recommandation pour tous ceux qui veulent une lecture légère et fun tout en voulant une bonne dose de combats et de pouvoirs spectaculaires.
Reincarnated as a Pretty Fantasy Girl T1 & 2
Reincarnated as a Pretty Fantasy Girl, scénarisé Yû Tsurusaki et dessiné par Shin Ikezawa, nous fait suivre le quotidien d’Hinata et Tsukasa. Ces deux amis d’enfance n’ont eu de cesse de grandir ensemble et de tout partager. Trentenaire à présent, le duo est employé dans la même entreprise et enchaîne les heures interminables pour abattre tout leur boulot. Leur seul réconfort se trouve dans leur petit instant beuverie afin d’oublier leurs soucis. Malheureusement pour Hinata, le problème qui le hante est qu’il n’a aucune chance en amour. N’attirant jamais la gente féminine, il est dépité de voir que son beau gosse d’ami attire toute l’attention. Pourtant, Tsukasa refuse de son côté toutes les avances qu’on peut lui faire, ayant vu jusqu’où ses prétendantes peuvent aller pour simplement s’approcher de lui. Alors qu’ils viennent de passer une autre soirée à boire, une inconnue sortie de nulle part va s’adresser à eux. Sans même comprendre ce qui se passe, les voilà maintenant dans un monde parallèle qui a tout d’un univers vidéoludique. Mais leur confusion est loin d’être finie quand ils constatent que la déesse qui les a invoqués ici a changé Hinata en une magnifique jeune fille blonde. Le seul moyen pour lui de retrouver son ancien corps est de vaincre le roi démon qui fait des ravages sur ces terres. N’ayant pas vraiment le choix, le tandem débute leur longue quête pour s’extraire de cet enfer. Malheureusement pour eux, il semblerait que la déesse ait aussi provoqué un autre phénomène qui pourrait rendre leur périple encore plus compliqué. En effet, difficile de se concentrer sur l’ennemi en face quand ces deux trentenaires semblent inéluctablement attirés l’un par l’autre. Ain commence un calvaire pour eux sur ces terres regorgeant de dangers.
Concernant Reincarnated as a Pretty Fantasy Girl, on replonge dans un isekai, mais qui arrive à se créer une identité forte et qui lui est propre. Le simple fait de suivre ces deux amis de longue date dans cette épopée permet de créer une complicité rapide qui va être accentuée par l’opposition qui se joue suite au changement de corps d’Hinata. Ainsi, on utilise cette attirance entre les deux pour créer un humour diablement efficace et qui va aussi profondément impacter leur environnement. Si l’on a un fil rouge qui se dessine, le véritable attrait de ce manga est de justement nous faire savourer chaque petite péripétie qui se passe sur la route de nos deux amis. On rigole de l’absurdité de certaines situations et le parti-pris initial est propice à créer justement une comédie qui multiplie les événements loufoques. Il n’y a pas un seul acteur de cette pièce qui ne soit pas pensé pour nous faire rire et c’est fantastique de réussir à conserver un humour qui fonctionne autant sur ces deux premiers volumes. En plus de ça, la série ne se limite pas à une épopée comique. On a aussi le droit à quelques instants beaucoup plus touchants dans ce qui nous est raconté au travers de ces deux protagonistes. L’auteur veut souligner la forte camaraderie qui lie ces deux hommes, mais aussi leur envie de s’éloigner un peu de ce quotidien éreintant pour vivre une grande épopée. En fait, si tout ça semble être un enfer pour eux, cette quête va finalement être l’occasion parfaite pour eux de s’évader et de souffler un coup. Un divertissement maîtrisé et qui ne s’arrête pas uniquement à une succession de gags autour de cette attirance entre les deux protagonistes. Cette œuvre est aussi une ode à l’amitié et souligne l’importance de souffler un peu au milieu d’un quotidien parfois étouffant.