Les pépites de Level-5 – Dark Chronicle
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas proposé un nouveau périple d’un joueur. Pourtant, les sujets ne manquent pas et je me suis dit que le temps était venu de rectifier tout ça. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on va aborder la première chronique d’une longue série où je vous parlerais des pépites de certains studios. Pour inaugurer cette nouvelle épopée, plusieurs noms me venaient en tête et pourtant il y en a un qui a fini par prendre le pas sur les autres. Il s’agit de Level-5, un studio qui a toujours su proposer des expériences uniques aux joueurs, mais aussi à créer des licences fortes. On va donc parler ici d’une de leur création et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit d’un titre que j’ai arpenté à maintes reprises. Il s’agit de Dark Chronicle sur PS2 et il y a beaucoup à dire sur cette aventure vidéoludique. Se présentant à la croisée de nombreux genres, cet opus s’inscrit dans le même univers que Dark Cloud, épisode sorti auparavant. Le monde du jeu vidéo n’a eu de cesse de donner vie à des histoires palpitantes et il est maintenant l’heure de se pencher sur l’une d’elle.
Un titre à part des autres du genre
Dark Chronicle est un jeu sorti le 28 novembre 2002 au Japon et chez nous le 10 septembre 2003. Cette aventure nous amène à Palm Brinks, une petite ville tout à fait paisible, mais où les habitants ont interdiction de sortir de l’enceinte de cette dernière. Il est dit que de nombreux dangers guettent à l’extérieur de ces murs et que tout ça est dans l’unique but de protéger les citoyens. Des propos qui ont guidé la vie de ces habitants pendant des années avant qu’un jeune garçon ne chamboule tout. Son nom est Max, un mécanicien et inventeur de génie dont la curiosité n’a d’égale que son talent. Venant d’une famille aisée, il préfère pourtant la chaleur de son atelier que le confort de sa demeure. Coulant des jours heureux, il va finalement faire une découverte qui va totalement changer sa vision du monde. C’est suite à sa rencontre avec le cirque de Flotsam et les dires sinistres de son propriétaire qu’il comprend que le monde est bien loin d’être aussi sordide qu’on a voulu lui faire croire. A la recherche de la pierre qu’il possède, le terrible clown va tout faire pour se l’approprier quitte à se débarrasser de Max. Cette course-poursuite va finalement conduire le jeune homme à sortir de ce cocon qu’est cette ville et à faire la rencontre de Monica. Cette demoiselle déclare venir du futur et est là pour empêcher un terrible drame de se produire. Ensemble, ils vont parcourir ces terres dans l’espoir de ramener la vie et de stopper les ambitions de l’Empereur Griffon. Voilà ce qui résume le début de cette intrigue que nous propose cette aventure vidéoludique. Si l’on peut avoir le sentiment que l’on est dans un récit jouant sur des codes assez classiques, cela n’est qu’une façade. L’utilisation de la science, de la fantasy, de la magie et du voyage temporel donne un mélange absolument captivant.
En effet, là où on avait souvent l’habitude d’avoir des jeux s’axant sur un univers autour d’une thématique, Dark Chronicle va multiplier les genres. On est dans un monde où les armes à feu, la robotique et la technologie croisent la route de la magie et de la féérie. C’est là aussi que le basculement que l’on peut avoir entre le présent et le futur va accentuer l’attrait du joueur. On ne cesse de s’émerveiller en voyant la diversité dont fait preuve ce titre et qui ne s’arrête jamais à un type de décor. Le côté réconfortant et impressionnant de Palm Brinks se confronte aux environnements hostiles et pourtant attirants du monde extérieur. Le mot d’ordre de cette épopée est de nous faire voyager et c’est un pari totalement réussi dès les premières heures de jeu. La ville de départ nous est présentée comme un véritable havre de paix, mais c’est une fois que l’on quitte cette dernière que l’on sent que l’épopée commence vraiment. Un jeu qui va aussi grandement s’axer sur du dungeon-rpg avec de longs niveaux à explorer constitué de plusieurs parties. Pourtant, le studio réussit l’exploit de ne pas perdre le joueur en voulant tout mettre immédiatement. Tout est savamment dosé pour que celui-ci soit d’abord emporté par l’histoire et le destin de ces deux personnages avant de prendre conscience de toute la richesse de cette expérience vidéoludique. Chaque idée vient apporter une pierre de plus à cette incroyable structure. C’est en posant les yeux sur tout ça que l’on comprend que Dark Chronicle est un jeu qui se veut à part. Le résultat d’un savoir-faire incroyable de la part de Level-5 et surtout une preuve formidable de l’imagination et de la créativité de tous ceux qui ont bossé sur ce projet. Une invitation à vivre quelque chose d’extraordinaire et quasiment onirique.
Une aventure onirique
Ce qui fait que Dark Chronicle fut une vraie petite pépite à mes yeux n’est pas uniquement dû à tout ce qu’il propose. Voilà une partie que j’aborderais un peu plus tard. Si j’ai été autant charmé par cette épopée, c’est par l’ambiance qui s’en dégage. Encore une fois, l’immersion joue un grand rôle dans l’appréciation que l’on peut avoir d’une œuvre et ce fut exactement le cas ici. Quand on y réfléchit, Max est un protagoniste auquel on peut facilement s’identifier. Un jeune homme qui ne cesse de vouloir inventer de nouvelles choses et qui se sent un peu à l’étroit au sein de cette ville qu’il apprécie pourtant. Il a beau avoir des problèmes qui sont inhérents à sa famille, son envie d’élargir ses connaissances et son horizon prédominent pendant toute cette histoire. C’est pour ça que l’on prend énormément de plaisir à l’incarner, car c’est un jeune homme tout à fait ordinaire qui va se retrouver mêlé à une quête dépassant l’entendement. Alors qu’il pensait ne jamais voir le monde extérieur, il a finalement cette chance incroyable et c’est là que l’on prend pleinement conscience de la force de ce récit. Voir notre héros s’extraire des immenses murs de cette ville et poser un regard sur l’horizon n’a pas de prix. On nous partage avec brio ce sentiment de liberté qui est même bien plus fort que les dangers qui pourront venir par la suite. On ignore totalement ce qui nous attend à ce moment de notre périple, mais cela n’a que peu d’importance tant l’envie d’en apprendre plus sur ces régions prend le pas sur tout le reste. Une sensation qui va être constamment nourrie à travers les multiples histoires dont on va être témoin.
Le joueur a beau suivre un parcours où chaque arrêt va nous permettre d’en savoir plus sur l’objectif à atteindre et l’ennemi à abattre, ces escales sont surtout une chance inouïe de voir la diversité de ce monde. On passe d’une forêt luxuriante et féérique à un canyon silencieux pour s’arrêter aussi sur une plage éclatante aux allures de station balnéaire. A aucun moment on a le sentiment de vivre deux fois la même chose et cela ne fait qu’ajouter encore plus d’authenticité à ce voyage. Un périple important pour l’avenir de cet univers, mais qui est surtout une aubaine pour le joueur de profiter d’un dépaysement total. Dark Chronicle est plus qu’une épopée fantastique où le destin du monde se trouve entre nos mains. Il s’agit surtout d’une ode à l’exploration, à l’émerveillement et à l’évasion. Ce n’est pas pour rien que le QG de nos deux héros n’est autre qu’un train. Ce moyen de transport symbolise à merveille tout l’objectif de ce titre. On se doute très bien du terminus que l’on devra atteindre, mais ce sont les pauses tout au long du trajet qui rendent cette excursion aussi inoubliable. On est dans ce cas de figure où le périple est tout aussi important que le fil rouge qui se dessine devant nous. Le danger a beau être là, ce sont nos instincts d’explorateur qui finissent par l’emporter. Sans même nous en rendre compte, on dépasse le simple cadre de la mission initiale pour que chaque recoin n’ait plus aucun secret pour nous. Le plus beau présent que nous offre cet opus n’est autre que ce plaisir de se perdre au milieu de ces environnements et de faire la connaissance de tous ces personnages haut en couleurs. Même aujourd’hui encore, l’appel à l’aventure lancé par Level-5 brille du même éclat et n’a rien perdu de sa superbe.
Tellement de possibilités
Alors là, on s’attaque à un très gros morceau de Dark Chronicle. En effet, si les jeux d’aventures se limitent souvent à quelques éléments de gameplay, ce titre ne veut pas prendre une seule direction. Au contraire, on va autant être plongé dans un récit qui va alterner les phases d’action, de RPG, de personnalisation, mais aussi de construction. En entendant cela, on est en droit de se demander où veut nous amener un tel jeu. Le fait de s’éparpiller autant est souvent cause de nombreux problèmes. Pourtant, le studio a fait un travail remarquable pour que chaque partie de cette aventure soit plaisante et surtout intéressante à jouer une fois manette en main. Si l’on peut alterner entre nos deux protagonistes en fonction des situations afin d’être avantagé par rapport à tel ennemi, le gameplay ne se limite pas uniquement à ça. Il faut améliorer ses armes afin de les faire évoluer et ainsi en tirer le plus grand potentiel. Un farm qui vient se combiner à l’accumulation d’expérience afin de monter de niveau. Le système est bien rôdé et permet aussi des embranchements faisant en sorte que l’on peut être totalement surpris par la transformation d’un de nos atouts. Cela consolide l’expérience de combat qui va aussi être renforcé par la présence d’un robot que l’on pourra aussi personnaliser afin de faire face aux plus gros ennemis. L’aspect customisation est poussé très loin étant donné que l’on a même le droit à un moment d’utiliser une capacité nous permettant de se changer en monstre. On peut alors passer des heures à trouver les divers badges multipliant les espèces que l’on peut incarner. En sachant aussi que chacune d’entre elles a un arbre d’évolution. Rien qu’avec tout ça, on passe des heures et des heures à optimiser chaque compétence afin d’avoir l’équipe la plus puissante et polyvalente qui soit.
Mais tout ça se limite à la phase d’exploration et de combat. Il y a aussi un autre élément qui va entrer en ligne de compte et avoir une importance capitale dans le développement de l’histoire. Il s’agit des phases de construction de village. A chaque nouvelle zone que l’on explore, il faut façonner tout un lieu en récoltant des matériaux et en faisant de notre mieux pour coller aux diverses conditions demandées. Cela va ainsi créer des changements quand on bascule dans le futur de la zone et ainsi améliorer l’endroit et découvrir de multiples trésors. Cela nous pousse encore plus à visiter chaque donjon et à récolter un maximum d’objets pour juste transformer chaque hameau en un petit havre de paix. A cela s’ajoute aussi le recrutement de villageois qui ont tous une quête personnelle pour venir rejoindre ce voyage depuis la cité servant d’introduction jusqu’à leur nouvelle demeure. Bien sûr, il y a plein d’autres choses qui s’ajoutent au gameplay déjà gargantuesque tel que le golf ou bien le système d’inventions de notre héros. On pourrait croire que cela est fouilli, mais c’est tout le contraire. Tout est pensé pour que cela s’imbrique parfaitement dans ce périple qui est avant tout une invitation au voyage et à l’évasion. Se perdre au sein de toutes ces activités est un bonheur. Le temps passe sans que l’on ne s’en rende compte, car il y a toujours quelque chose à faire. Un contenu phénoménal et surtout très ingénieux permettant de transformer un dungeon-rpg en un périple où il se passe toujours quelque chose. Cette richesse fait l’une des grandes forces de ce titre qui parvient à renouveler constamment notre attrait pour lui. Mais dans un sens, cette démonstration d’activités à faire n’est que le reflet de ce désir de Level-5 de proposer des jeux qui sortent de l’ordinaire et où l’amusement peut prendre bien des formes.
Dark Chronicle, une aventure qui n’a pas vieilli
Voilà un élément dont je tenais absolument à parler. Il est vrai que la nostalgie peut avoir un impact sur l’avis autour d’un titre. Mais il est aussi très important de voir si après tant d’années, la magie opère toujours. Je peux vous dire tout de suite que c’est encore bien le cas. On est clairement dans un jeu qui arrive autant à être un représentant de son époque qu’une aventure pouvant être intemporelle. En y jouant très souvent, Dark Chronicle est un jeu qui nous pousse à prendre notre temps. Un choix parfois compliqué à une époque où l’on veut souvent que tout aille très vite. Pourtant, il suffit de se laisser porter par l’histoire et surtout l’atmosphère de cette virée vidéoludique pour oublier toutes ces considérations. Il y a une puissante alchimie qui se dégage de ce voyage et qui s’empare de nous afin de nous pousser toujours plus loin. Chaque nouvelle découverte, trouvaille ou bien rencontre va renforcer notre désir d’explorer un peu plus. Débordant de secrets, de choses à faire et de personnalisation, ce jeu PS2 ne laisse jamais au joueur le temps de s’ennuyer. Mais au final, on se rend compte qu’il est un digne représentant du savoir-faire d’un studio qui a toujours eu à cœur de proposer des expériences qui sortent de l’ordinaire. Si le domaine de la fantasy est bien connu du public, le fait d’avoir su incorporer tant d’éléments venant enrichir le gameplay et l’expérience du joueur montre qu’il y a toujours une autre façon d’émerveiller les gens.
C’est ça aussi que je voulais souligner en m’attardant sur cette petite pépite du studio. Un jeu vidéo est avant tout une invitation à quitter quelque temps notre réalité pour partir vivre des péripéties inimaginables. Il est important que cette capacité à nous plonger dans un univers fictif soit présent et qu’elle ne faiblisse aucunement. C’est ce que j’ai pu ressentir lors de ma première découverte de Dark Chronicle. Je me suis mis à la place de Max. Ce gamin rêveur et pour qui l’imagination est une source constante de création m’a permis de vivre une épopée inoubliable. Un voyage que je prends toujours plaisir à refaire, car je renoue avec cette sensation de laisser l’imaginaire prendre le pas sur tout le reste. Je m’émerveille de nouveau en parcourant ces zones et je peux passer des heures à juste optimiser et embellir un village. Il y a des œuvres qui laissent à jamais leur empreinte et celui-ci en fait clairement partie pour ma part. Un petit bijou qui redouble d’ingéniosité pour transformer un univers à la base féérique en un mélange des genres. Une recette qui fonctionne à merveille portée par une bande-son fabuleuse appuyant encore plus cet effet de vivre un rêve éveillé. J’espère que cette chronique vous a plu et n’hésitez pas à me dire si vous aussi vous avez déjà eu l’occasion de vous pencher sur ce jeu vidéo. Je serais aussi curieux de connaître votre avis dessus et aussi les titres qui vous donnent ce sentiment total d’évasion. Le monde vidéoludique est avant tout une chance de vivre des histoires que l’on n’aurait jamais cru possible. Un divertissement pouvant mettre aisément des étoiles dans les yeux.