Soloist in a Cage

Soloist in a Cage tome 1 : une prison où règne la loi du plus fort

Autant le dire tout de suite, la première semaine de janvier a été particulièrement riche en nouvelles licences. Parmi ce flot de sorties, il est évident que l’on a pu découvrir de fabuleux coups de cœur. Des aventures qui nous ont éblouis autant par ce qui nous était raconté que par leur capacité à nous surprendre. C’est exactement le cas pour le manga dont on va parler aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de chez Ki-oon. Il s’agit du premier volume de Soloist in a Cage qui avait éveillé notre intérêt à son annonce même si on avait fait en sorte de garder un maximum de surprise sur le titre. C’est ainsi que l’on s’est penché sur cette épopée inédite qui brille déjà par son format qui va venir sublimer le trait de l’artiste derrière cet ouvrage. Derrière la couverture pouvant sembler un peu joyeuse de prime abord, ce titre va en réalité nous emmener dans un véritable enfer où chaque jour réserve son lot de morts et de sang. Voilà une aventure qui nous étonne d’entrée de jeu par le climat qui s’en dégage, mais surtout par l’évolution qu’il va y avoir au niveau de l’intrigue et de ses personnages. Il est donc grand temps de se rendre dans le lieu le plus dangereux de ce monde.

Le destin tragique d’une fratrie

Soloist in a Cage - fratrieSoloist in a Cage, imaginé par Shiro Moriya, nous emmène dans un lieu terrible connu comme la Cité-prison. Derrière ce nom se trouve en réalité un immense ghetto où sont emmenés des criminels de tout horizon. Cela peut autant être des gens ayant commis de simples larcins que d’effroyables meurtriers. Mais tous ceux qui y sont guidés savent qu’il n’y a plus aucun espoir d’en sortir. Une zone de non-droit où on laisse une bonne partie des résidents se lancer dans leurs pires instincts tant qu’ils ne font pas de vague près des murs. Ainsi, il arrive très souvent que la mort vienne frapper au hasard d’une rue n’importe quelle personne qui aurait le malheur de baisser sa garde. Impossible d’espérer mener alors une vie normale pour ceux qui ne sont pas des brutes assoiffés de sang ou des ordures de la pire espèce. C’est encore plus vrai quand il s’agit de simples enfants. Pourtant, Chloé, jeune fille de sept ans, et son frère Locke, un nourrisson, arrivent pourtant à survivre. Né au sein de cet enfer, l’unique moyen qu’ils ont pour tenir est de ne jamais quitter cette chambre qui leur sert de repaire. Un refuge qui représente leur unique espoir depuis la disparition de leurs parents. Même si cela est loin d’être une vie de rêve, Chloé est déterminée à tout faire pour protéger son petit frère. A ses yeux, elle veut rester à jamais auprès de lui pour préserver cette petite innocence qu’il représente. Mais un problème de taille demeure quand même. Il s’agit de la question de la nourriture, car rester cloîtré entre ces murs empêche toute possibilité d’aller chercher des denrées.

Mais il semble qu’ils aient le droit à un ange gardien en la personne d’un de leur voisin. En effet, cet inconnu dépose régulièrement des ressources sur le pas de leur porte afin qu’ils puissent se nourrir et se tenir dans ce cauchemar. La fratrie ignore alors que ce bienfaiteur n’est autre que Ross Sandberg qui partage son appartement avec deux de ses camarades. Chef d’un groupe de mercenaires craint de tous, il a décidé avec ses compagnons de prendre la poudre d’escampette. Un pari plus que risqué étant donné que personne n’est jamais parvenue à s’échapper de cette prison. Chloé entend sans le vouloir le plan qu’ils ont conçu pour réussir leur coup. C’est alors qu’elle va prendre une décision de la plus haute importance. Afin d’assurer la survie de sa seule famille, elle décide de suivre son voisin de palier dans sa dangereuse entreprise. Portant son frère sur son dos, elle se frotte au froid et à la peur devant cet immense mur qui la sépare de la liberté. Mais lors de l’ascension, les robots surveillant le périmètre la localisent et finissent par lui tirer dessus. Dans ce chaos, Locke tombe et Chloé ne peut rien y faire. Totalement désemparée, elle est rattrapée par Ross qui arrive, juste à temps, à l’emmener vers l’extérieur. Il lui promet alors de veiller sur elle et de l’entraîner suffisamment pour qu’elle puisse revenir un jour dans l’espoir de retrouver son frère. Ainsi débute une nouvelle vie pour cette jeune fille qui a perdu la seule lueur qu’elle avait dans sa vie.

Rien qu’en s’attardant sur son synopsis, ce premier volume de Soloist in a Cage arrive à nous immerger totalement dans cette atmosphère sinistre et macabre de cet environnement. En à peine quelques cases, on va pleinement s’imprégner de ce lieu où il ne se passe pas une journée sans entendre un cri qui nous arrache le cœur. Un lieu sordide où va vivre une jeune fille qui va rapidement se transformer. Dans l’espoir d’accomplir son objectif, on nous dépeint le combat d’une demoiselle apeurée pour se frayer un chemin à travers un monde où personne n’est à l’abri. Le début d’une valse sanglante pour retrouver une lueur perdue depuis trop longtemps.

La danse macabre d’une jeune fille

On est dans l’exemple parfait du manga qui réussit à créer une ambiance envoûtante dès les premières cases. Soloist in a Cage propose un spectacle aussi oppressant qu’accrocheur notamment à travers deux aspects spécifiques. Le premier vient tout simplement de cette Cité-prison qui va jouer un rôle capital dans l’intérêt que l’on va avoir pour cette histoire. Dès le départ, on nous plonge dans ce ghetto qui est en proie au chaos constant. On veut nous montrer qu’il n’y a pas la moindre lueur d’espoir qui existe au sein de cette zone. Une leçon que l’on va constamment nous rappeler tout au long de notre lecture. En fait, ce lieu, qui peut nous paraître être un enfer pour le commun des mortels, est finalement un paradis pour les pires criminels qui soient. Un véritable terrain de jeu pour eux qui s’en donnent à cœur joie pour assouvir toutes leurs pulsions bestiales. Ainsi, cela est habilement organisé par la mise en scène et le dessin qui vont contribuer à la noirceur de cette ville. De ce fait, on se sent étouffé et à l’affût de la moindre menace à chaque fois que l’on tourne une page. Comme si l’on était propulsé dans ces bas-fonds et que l’on redoute ce qui peut être tapi dans l’ombre. Cette sensation va être accentuée dès lors que l’on fait la connaissance de Chloé et son frère. En mettant en scène deux enfants au milieu de cette ville maudite, l’auteur réussit à créer un malaise encore plus profond. En faisant ça, il nous offre un espoir qui nous bouffe, car on a peur pour eux. 

On est autant heureux de voir leurs interactions que terrifié à l’idée que le pire puisse arriver. Une excellente utilisation de la symbolique de l’enfant au sein d’une prison où la majorité des gens n’ont plus rien d’humain. C’est là qu’arrive le second point qui nous a totalement séduits. C’est l’évolution de Chloé entre ce qu’elle est au début du récit et ce qu’elle devient quand elle décide de revenir dans la Cité-prison. Initialement, on découvre une jeune fille toujours souriante qui fait de son mieux pour protéger la seule famille qui lui reste. Une enfant qui évolue dans un milieu sordide, mais qui garde pourtant l’espoir de jours meilleurs. Pourtant, la réalité de ce monde et aussi certaines de ses décisions vont la conduire à basculer dans un profond abîme. En perdant son frère, elle met le pied sur un sentier baigné de ténèbres et dont elle continuera d’y avancer malgré ce que cela signifie. On nous raconte avec brio la chute de cette figure d’innocence qui a finalement été une victime de plus de ce monde tragique. Elle revient alors aux yeux du spectateur sous la forme d’une demoiselle qui va, à l’image des autres résidents des lieux, devenir un monstre. Malgré tout, la tueuse qu’elle devient n’est pas pour autant totalement identique aux autres. Là où les criminels nous écœurent, on ne peut que ressentir de la tristesse pour ce personnage qui arrive encore à montrer sa peur, ses craintes, mais aussi son désespoir. Des émotions qui sont comme des déclencheurs pour lui permettre de franchir cette ligne qu’elle n’aurait jamais cru passer un jour. Ainsi, au milieu de tout ce chaos, on assiste à la quête personnelle d’une âme égarée qui virevolte avec élégance en laissant derrière elle un sentier ensanglanté.

Avec Soloist in a Cage, on embarque pour un récit qui veut nous prendre aux tripes. En dessinant un tableau aussi sombre et violent de la nature humaine, le mangaka parvient avec brio à nous faire goûter au désespoir de tous ces gens. On est alors autant époustouflé par les capacités de cette demoiselle que terrifié par ce qu’elle est devenue. Poussée par un objectif tout à fait louable, elle doit pourtant commettre l’irréparable pour l’atteindre. Un contraste qui symbolise à quel point cet endroit funeste finit toujours par déteindre sur ceux qui ont malheureusement fini dans ces ruelles.

Soloist in a Cage nous tient à la gorge

Comme on a pu le dire un peu plus haut, ce début d’année est vraiment remarquable en matière de surprises. Soloist in a Cage en fait clairement partie au vu de toutes les qualités qui se dégagent de ce premier volume. Une introduction qui se veut brutale, sanglante et pourtant très touchante dans l’expression de ce désespoir qui assaille Chloé. On voit ce changement qui s’opère entre le début et la fin du tome pour elle et cela exprime à merveille à quel point sa vie a basculé à cause de cet endroit, mais aussi par rapport à ses propres failles. Avec ce titre, on nous montre à quel point un bonheur que l’on peut éprouver peut radicalement nous transformer dès lors qu’il disparaît. Ici, cela est représenté par Locke et dès l’instant où il n’est plus là, on sent pleinement le vide qui s’est installé chez sa grande sœur. Une absence qui fait ressortir toute sa détresse, mais aussi la violence dont elle est capable. En fait, plus on observe l’évolution de cette jeune fille au sein de cet environnement néfaste et plus on a une profonde empathie pour elle. Ce lieu de perdition et de mort est la principale cause de ce qui a provoqué les malheurs de notre héroïne. Dans l’espoir de retrouver ce qu’elle a perdu, elle devient cette arme silencieuse capable d’éliminer tous ses adversaires. Une danseuse qui fauche les habitants de cette prison à l’image des autres criminels présents sur place. Mais là où les autres font ça pour leur petit plaisir, la déchéance de Chloé est dans l’unique but de sauver une vie. Un contraste qui ne peut nous laisser de marbre et qui va justement nous donner envie de voir jusqu’où elle arrivera.

Vous l’aurez donc aisément compris en lisant ces quelques lignes, mais Soloist in a Cage est rapidement devenu un coup de cœur. Une ode à l’espoir, mais dans ce qu’elle peut aussi conduire comme souffrances. On ne peut détacher le regard de cette quête sanglante au milieu des pires criminels qui soit dans l’unique but de réunir une famille séparée depuis trop longtemps. De même, il y a aussi un très bon travail qui est fait concernant les autres personnages qui vont graviter autour de Chloé. Une demoiselle qui ne cherche plus à suivre les notions de bien ou de mal et qui se concentre juste à avancer quitte à laisser derrière elle bien des corps. A la fois terrifiante et envoûtante, l’auteur a su donner vie à une danseuse dont on peut détourner le regard. Des traits qui s’expriment aussi magnifiquement par le dessin qui accompagne parfaitement chaque geste de cette ballerine dansant un requiem pour ses ennemis. Si vous avez envie d’une œuvre à la fois sombre, difficile et pourtant fascinante alors ce manga pourra aisément vous plaire. A présent, il est clair que l’on a pas mal de questions qui nous viennent en tête pour cette courte série qui se terminera dans deux volumes. Est-ce que Chloé a encore une chance de retrouver son petit frère vivant ? Quels dangers l’attendent au sein de ce terrain de chasse où se battent constamment de terribles gangs ? Parviendra-t-elle à ressortir avec Locke de cet enfer ou se fera-t-elle engloutir par celui-ci ? On a hâte de voir les réponses à ses questions.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Soloist in a Cage. Avez-vous été happé par cette expédition dans ce lieu sinistre ? Trouvez-vous que l’on arrive facilement à avoir de l’empathie pour cette jeune fille ayant connu un terrible malheur ? Etes-vous curieux de voir ce qui peut se cacher d’autres au sein de cette ville servant de prison à tous ces criminels ? Est-ce que vous trouvez que le titre arrive à nous faire ressentir une certaine oppression en parcourant ces rues où la moindre inattention peut être fatale ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

Soloist in a Cage - danse

ORINONAKANO SOLOIST © 2018 by Shiro Moriya / SHUEISHA Inc.

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