La dresseuse sans étoiles

La dresseuse sans étoiles parcourt le monde tome 1 : une autre façon de survivre

Dans le monde très large de la fantasy, il y a un style qui revient assez fréquemment ces derniers temps. Il consiste à proposer une histoire où un personnage va rapidement faire preuve de capacités extraordinaires, l’amenant à surpasser son entourage. Cependant, il est beaucoup plus rare de tomber sur des œuvres qui prennent le chemin inverse en nous faisant suivre des individus n’ayant absolument aucun talent à montrer. Après tout, il serait beaucoup moins spectaculaire de voir un tel protagoniste en action en comparaison des autres. Et pourtant, il est tout à fait possible de proposer une aventure qui soit plus que convaincante en prenant une telle direction comme nous le montre notre sujet du jour. Venant tout juste de rejoindre le catalogue de Meian, “La dresseuse sans étoiles parcourt le monde” est bien décidé à nous proposer une expérience assez différente de ce que l’on peut connaître habituellement. Une lecture surprenante à plus d’un titre et qui amène des thèmes et sujets captivants sur la table. L’heure est donc venue de suivre une jeune fille dans son combat quotidien pour se sustenter.

La mise à l’écart d’une jeune fille

La Dresseuse sans étoiles parcourt le monde Vol.1La dresseuse sans étoiles parcourt le monde, dessiné par Tou Fukino d’après l’oeuvre de Honobonoru 500, nous emmène dans un monde fantasy inconnu. Sur ces terres, tout semble aller pour le mieux pour les habitants qui apprennent à vivre en faisant face aux épreuves de la vie. Cependant, une particularité existe au sein de cet univers et qui régit l’existence de chacun. Il s’agit de la présence des “skills” qui apparaissent chez chacun au cours de l’enfance. Ces pouvoirs, métiers ou compétences particuliers dirigent l’avenir de tous les habitants. Certains se voient confier des destins hors du commun tandis que d’autres doivent se contenter d’un rôle moindre. C’est ainsi que cette société s’est forgée autour de ces talents innés ou non. Cela amène bien sûr à de nombreux écarts entre les puissants et les gens lambdas à tel point que la plupart des familles ont de grands espoirs sur leurs enfants. Pour Ivy, cela devait donc être un moment crucial de sa vie et l’occasion de gagner la fierté de ses parents. Malheureusement, la réalité est bien différente et va transformer son futur en un véritable cauchemar. Obtenant le travail de dresseuse de monstres, elle est au rang le plus bas de cette profession en n’ayant aucune étoile. Alors que la majorité des gens ont au moins un rang pour réaliser quelques exploits, la jeune fille n’a même pas ça. Aux yeux de son père et de sa mère, cela semble impossible et la colère monte en eux. 

A partir de cet instant, sa propre famille se met à l’ignorer ou bien à la repousser violemment. Le seul moment de répit qu’elle a est quand elle part en forêt pour se libérer de toute cette pression. Mais même ces instants de quiétude ne peuvent durer éternellement. Le village ne peut tolérer la présence d’un être aussi faible parmi eux et qui jette, selon le chef du village, l’opprobre sur l’ensemble des habitants. Alors qu’elle entend la conversation entre ce dernier et son père ainsi que le sort qui l’attend si elle reste, Ivy ne peut accepter ça. La jeune fille va alors s’empresser de partir de ce hameau qui n’a jamais été réellement un foyer pour elle. A présent, elle entame un long voyage qui va l’amener à visiter bon nombre de lieux. C’est durant ce trajet qu’elle va faire la connaissance d’un slime, monstre le plus faible, et va réussir à l’apprivoiser. Le renommant Sora, ce tandem continue donc sa route sans réellement avoir de but à atteindre. Tout ce qui importe, c’est de pouvoir vivre chaque jour sans être dans la crainte que le secret d’Ivy soit révélé. Mais elle aura beau s’éloigner le plus possible des siens, il y aura toujours cette peur en elle en observant le regard des autres. Dans un environnement où l’on ne jure que par les compétences et le rang, voilà une petite fille qui fait de son mieux pour juste survivre. Que lui réserve le futur ? Elle seule est capable maintenant de le façonner !

En accompagnant La dresseuse sans étoiles dans son périple, on se retrouve à lever le voile sur l’obscurité régnant sur ce monde. Nous faisons face à une société où les plus faibles sont considérés comme des pestiférés et chassés par leurs proches tandis que les “élus” sont amenés vers de grandes destinées. A travers ce récit, nous allons vivre à la fois des moments difficiles, mais aussi et surtout une banalité qui se présente comme un magnifique trésor pour cette jeune demoiselle qui rêve juste d’une vie paisible. On va alors être témoin des épreuves qu’elle doit surmonter, mais aussi de la joie qu’elle ressent dans cette simplicité.

Un voyage fascinant de simplicité

Comme j’ai pu l’évoquer en introduction, quand on parle de fantasy, on s’attend très souvent à vivre une aventure assez impressionnante et magique. Pourtant, La dresseuse sans étoiles fait l’exacte opposée de ça et parvient habilement à nous faire vivre une aventure brillante dans son écriture. Pour comprendre cela, il faut tout d’abord prendre conscience que l’on est face à une héroïne qui n’a absolument rien de fantastique initialement. Une jeune fille ordinaire qui va juste être qualifiée pour être dresseuse de monstres sans pour autant avoir la moindre étoile. Nous sommes ainsi dans le cas de figure où l’on suit un personnage tout à fait banal dans une société où tout le monde a un petit quelque chose d’extraordinaire. Cela donne alors un premier aperçu très intéressant où c’est le fait d’être lambda qui est presque considéré comme une monstruosité. Des convenances diamétralement différentes de ce que l’on peut imaginer en premier lieu et qui soulignent à quel point le pouvoir a finalement corrompu beaucoup de choses en ces terres. C’est en ça que la première partie de ce tome est particulièrement réussie. On ne peut comprendre cette haine à l’égard d’Ivy qui est une personne bienveillante et qui n’a jamais rien fait de mal. Juste parce qu’elle n’a pas eu de chance à la naissance, la voilà devenue une paria aux yeux des siens. Cette mise à l’écart, et même bien plus, est maîtrisée à tel point que l’on ressent une profonde injustice et surtout une peur pour cette demoiselle qui est entourée de menaces.

Dans un sens, c’est en laissant de côté ce village que l’on va réellement sentir un peu de répit pour elle alors que c’est un monde qui lui est inconnu qui se tient devant elle. On va alors entrer dans la deuxième phase du récit qui s’axe avant tout sur le quotidien d’Ivy pour vivre en errant d’une région à l’autre. Là encore, il n’y a pas de sorts puissants ou bien d’action grandiloquente, mais juste une petite fille qui va passer son temps à faire des pièges, trouver des ressources et faire de son mieux pour en tirer de l’argent. Les variations entre sa progression en forêt et ses visites dans les différentes villes vont être une chance pour elle de gagner en assurance et surtout de voir que tout n’est pas qu’une question de don. Dans un sens, avec ses maigres moyens, elle arrive pourtant à se débrouiller et à aider beaucoup de gens. C’est là toute la beauté de cette lecture qui nous montre qu’une jeune fille tout à fait normale peut contribuer au bonheur des gens sans avoir à réaliser de grands exploits. Cette histoire se veut comme une ode à cette banalité que l’on connaît tous et qui nous pousse à nous débrouiller pour s’en sortir, mais aussi à quel point chaque petite action peut avoir des conséquences sur les autres. Alors que l’on entend parler d’aventuriers qui se lancent dans de grandes chasses aux monstres, notre regard finit par se porter sur cette demoiselle qui se bat juste pour un quotidien paisible. La redondance de ses accomplissements est pour elle la plus belle récompense, car cela signifie qu’elle a trouvé une stabilité au sein d’un monde où elle ne semblait plus avoir sa place.

Cela peut paraître surprenant, mais La dresseuse sans étoiles est une œuvre qui a su me convaincre totalement par sa proposition. Un manga qui veut s’attarder sur ces bonheurs de l’instant présent et surtout nous donner envie de suivre l’épopée de cette héroïne qui cherche à se débrouiller par ses propres moyens. Nous faisons face alors à une aventure littéraire qui met à l’honneur les petites victoires de cette dernière et surtout son sens de la débrouille pour subvenir à ses besoins. Voilà une lecture qui va à contre-courant de ce que l’on peut voir et qui arrive aisément à capter notre attention.

La dresseuse sans étoiles atteint son objectif

J’ai beaucoup apprécié cette manière dont “La dresseuse sans étoiles parcourt le monde” parvient à nous offrir une autre approche de ce qui touche à la fantasy. Un premier volume qui veut nous présenter un monde magique sans pour autant que l’on soit au contact direct de cette féérie. Au contraire, on va nous ramener à une réalité finalement très surprenante tant on est habitué à certains codes classiques du genre. Cela donne vie à une aventure qui brille justement par cette simplicité et cet attachement que l’on a pour notre petit duo. Deux êtres considérés comme faibles par le reste du monde et qui pourtant vont tout faire pour survivre de leur mieux. On ne peut alors rester de marbre devant tous les efforts de ces derniers et chaque sou gagné devient une incroyable victoire à nos yeux. De même, il suffit de voir les réactions des autres personnages gravitant autour d’Ivy pour se rendre compte qu’elle apporte, elle aussi, sa pierre à l’édifice à sa manière. Une œuvre qui nous montre que chacun peut trouver sa place, peu importe que l’on soit quelqu’un de talentueux ou non. Une ode à l’acceptation de soi et surtout à cette banalité qui nous caractérise et qui n’est pas forcément péjorative. Au contraire, cette série nous montre que c’est justement cette normalité qui permet aussi de réaliser des petites prouesses qui ne vont pas changer le monde, mais juste apporter du bonheur à quelques personnes. L’instant présent devient alors un véritable trésor et l’on ne peut que s’attacher à cette petite fille qui vit au jour le jour.

C’est donc un beau petit coup de cœur que j’ai eu pour La dresseuse sans étoiles qui se permet de prendre à contrepied bien des éléments que l’on avait fini par prendre comme une norme. Il est génial d’avoir des œuvres de ce type qui ne cherche pas forcément à offrir un grand spectacle, mais une expérience plus intime et ancrée dans une réalité finalement proche de ce que l’on peut connaître. Alors que l’on a l’habitude de voir la fantasy sublimer un quotidien classique, c’est tout le contraire qui se passe ici. La beauté de cette œuvre vient justement de ce mode de vie simple et qui pourtant est suffisant pour cette jeune fille qui a su s’adapter petit à petit à ce qui l’entoure. De même, on apprécie l’esthétisme de l’œuvre qui réussit autant à sublimer les moments de douceur que les scènes plus angoissantes. Une lecture qui pourra convenir à ceux qui désirent une aventure mettant à l’honneur le fait d’être normal et qui véhicule des valeurs simples et pourtant si importantes. A présent, on a quand même le droit à quelques questions qui nous trottent dans la tête. Est-ce que Ivy va finir par faire face à des difficultés insurmontables pour elle ? Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière les capacités de Sora ? Existe-t-il une chance pour que ce duo puisse profiter paisiblement de ce quotidien sans avoir à craindre pour leur vie ? Comment ce tandem va-t-il se débrouiller pour la suite de leur périple ? Je suis très curieux de voir comment va évoluer le récit.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “La dresseuse sans étoiles parcourt le monde”. Trouvez-vous que ce récit réussit à proposer quelque chose de différent en matière de fantasy ? Avez-vous ressenti beaucoup d’empathie à l’égard de cette héroïne et de son slime ? Est-ce que le manga est parvenu à vous donner envie de voir jusqu’où ira son parcours ? Trouvez-vous que la simplicité dont fait preuve l’auteur est justement l’une des grandes forces de la série ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

La dresseuse sans étoiles - chapitre

© 2019 Honobonoru 500 / Fukino To, TO Books

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