MonsTABOO tome 1 : le danger vient des adults
Il y a de plus en plus de titres qui font leur apparition dans nos librairies. On peut alors de plus en plus être exigeant en cherchant à trouver la perle rare au milieu de toutes les sorties. Cependant, il faut aussi souligner qu’il est parfois important de s’arrêter sur des œuvres qui ne cherchent pas forcément à être extraordinaires, mais simplement à nous faire vivre un bon moment. Le manga est avant tout un divertissement et c’est déjà amplement suffisant pour nous faire passer un excellent moment. Si je parle de ça, c’est parce que la série dont je vais vous parler aujourd’hui est exactement dans cette approche et nous provient du catalogue d’Omaké Manga. Il s’agit du premier volume de MonsTABOO qui vient tout juste de sortir. A l’annonce de ce titre, j’étais intrigué de voir comment allait se développer cette histoire opposant conflit entre adolescents et adultes monstrueux. Une licence se voulant avant tout tourner vers l’action et qui va appuyer à fond la carte du divertissement tout en faisant preuve de certaines subtilités prometteuses. L’heure est donc venue de faire la rencontre de monstres aussi déroutants que spectaculaires.
Une déclaration inattendue
MonsTABOO, scénarisé par Yuya Takahashi et dessiné par Tali, nous emmène dans un monde contemporain où tout semble aller pour le mieux. Les gens vaquent à leurs occupations et tout le monde profite d’un quotidien paisible. Cependant, dans l’ombre, une menace existe et plane sur ceux qui se retrouvent isolés. En effet, certains adultes ne sont pas ce qu’ils paraissent. Derrière leur attitude tout à fait normale se trouve en réalité des déviants qui se transforment au contact de leur proie. Ils laissent alors exprimer leurs instincts les plus sauvages et n’hésitent pas à s’en prendre aux innocents. Malgré les victimes de plus en plus nombreuses, la majorité de l’opinion est ignorante de l’existence de ces individus monstrueux. C’est là que l’on fait la connaissance de Maruka, une étudiante modèle qui semble conforme à cette image qu’elle reflète par rapport à ses études. Cependant, s’il y a bien une chose qu’elle cache, c’est sa haine à l’égard de ces “adults” dont elle connaît l’existence. En effet, alors qu’elle n’était qu’une gamine, elle a été témoin des atrocités commises par l’un d’entre eux. Le monstre lui a alors donné l’ordre de ne rien dire à personne sous peine de connaître le même sort que sa dernière victime. Totalement apeurée, cette image s’est incrustée à jamais dans l’esprit de cette lycéenne dont les années ont transformé sa peur en une colère à l’égard de tous ces adultes qui se laissent submerger par leurs pulsions les plus basses.
Elle finit même par n’avoir qu’une envie. Maruka désire au plus profond d’elle tomber sur l’adulte qui mettra un terme à son existence afin de confirmer le fait que la mort de sa mère n’était pas un rêve. Que tout ceci est bien réel et qu’elle puisse enfin en terminer avec cette existence où plus rien ne semble avoir d’intérêt à ses yeux. Mais alors qu’elle s’est juré de trouver la monstruosité pouvant accomplir son souhait, le destin décide de modifier drastiquement l’avenir qu’elle désire. C’est en quittant l’école qu’elle va faire la rencontre d’un monstre ressemblant à un énorme lapin humanoïde. Une apparence pour le moins surprenante et qui n’éveille aucune peur chez la demoiselle. En voyant qu’une humaine est en face de lui, cette créature s’apprête à faire tomber le couperet sur elle jusqu’à entendre ce qu’elle a sur le cœur. Il décide alors de lui laisser la vie sauve, ce que ne comprend pas Maruka. Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’elle est attaquée par un autre de ces déviants, qu’elle va être sauvée par ce monstre à l’allure de lapin. En voyant qu’elle ne risque plus rien, elle ne peut retenir ses larmes de couler. Alors qu’elle avait perdu toute volonté de vivre, l’adolescente venait de trouver une personne lui redonnant goût à l’existence. C’est ainsi que va débuter une singulière collaboration entre ces deux êtres dans le but d’éradiquer tous les adultes déviants qui se présenteront à eux. Le début d’une association dépassant de loin le cadre du simple profit mutuel.
MonsTABOO se veut, à travers son synopsis, une aventure cherchant à nous plonger rapidement dans le combat qui se profile au loin. Mais c’est justement à travers celui-ci que le titre va réussir à capter notre attention et notamment autour des divers couples qui vont se former. Tout va graviter autour de ces binômes qui vont mener la même lutte et pourtant qui vont tous réussir à dégager quelque chose d’unique. Des oppositions qui vont se créer et qui vont amener diverses thématiques intéressantes au cœur de ce champ de bataille urbain. Une épopée qui se veut aussi bourrine qu’affichant une ambiance qui lui est propre.
Entre action et questionnements
Pour bien cerner tout ce qui constitue ce premier volume de MonsTABOO, il est important de se pencher sur deux facettes bien précises de cet ouvrage. Pour commencer, et c’est ce qui fait l’épine dorsale du manga, il s’agit de l’aspect purement action du titre. Il ne faut pas le nier, cette lecture est l’occasion de se pencher sur des affrontements plus que réussis et qui vont jouer de la symbiose entre monstres et humains. Si l’on est encore aux balbutiements de l’œuvre, celle-ci arrive déjà à proposer des duels qui fonctionnent très bien et qui sont surtout faciles à appréhender. A la fois lisible et spectaculaire, cette aventure veut plonger le lecteur bien vite dans l’enfer qui peut y avoir dans l’ombre de ce monde. Ainsi, on se laisse facilement emporter par cette escalade de puissance, mais aussi de violence qui accompagne chacun de nos pas. Réservée à un public averti, cette introduction veut justement que l’on soit rapidement confronté aux atrocités que peuvent commettre ces déviants qui laissent derrière eux de nombreux cadavres et victimes. D’ailleurs, les affrontements dont on va être témoin vont justement servir de terrain de jeu au scénariste et dessinateur pour éveiller les divers stigmates de nos protagonistes. C’est là que le spectacle à la fois grisant et puissant auquel on assiste prend une autre tournure. On a beau suivre principalement Maruka et son acolyte, ils ne sont pas les seuls acteurs à être sur le devant de la scène.
En réalité, notre regard va se porter sur plusieurs duos qui vont suivre le même principe initial que nos deux personnages principaux, mais poussés par des raisons bien différentes. On entre alors dans une dimension plus psychologique où l’on va chercher à mieux comprendre ce qui pousse ces étudiants à se jeter dans la mêlée. Parvenant à nous faire détester certains individus lors du premier contact, notre duo d’artistes va ensuite nous amener progressivement à lever le voile sur ce qu’ils sont réellement. Ainsi, chacun va lutter pour des raisons précises et surtout nous dévoiler les blessures propres à chaque protagoniste humain. Pour ne pas spoiler concernant les autres, on s’attardera juste ici sur Maruka. Derrière son tempérament calme et la jovialité dont elle fait preuve par la suite, on reste tout de même face à une adolescente ayant vu la mort de sa mère alors qu’elle n’était qu’une enfant. Toute sa quête initiale pour en finir avec ce poids qui pèse sur son coeur est assez fort et montre qu’au plus profond d’elle, plus rien ne compte. Ce n’est qu’en voyant la main tendue par cet être qu’elle considérait comme un monstre que la jeune fille va finalement retrouver goût à la vie. Une simple présence qui peut changer beaucoup de choses et qui va l’amener à faire face à ses propres démons et à se lancer dans cette chasse aux “adults”. Quand on prend conscience de ça et que l’on voit tout ce qui gravite autour de ces tandems, on constate que le titre a aussi une pertinence dans l’écriture qui appuie notre intérêt pour l’avenir de ces gens.
Plus on s’attarde sur ce premier volume de MonsTABOO et plus on se rend compte que le titre joue plutôt bien sur ces divers tableaux. Que ce soit dans l’écriture de ces acteurs ou bien la mise en scène autour des combats, l’efficacité est là sans pour autant faire dans le complexe. On savoure alors ce qui nous est proposé et prouve que ce manga arrive à remplir son rôle initial qui est de nous divertir. Un but qui se suffit largement à lui-même tant on ne voit pas le temps passer. Un rythme soutenu et une bonne dose de combats pour un résultat plus que probant.
MonsTABOO ne fait pas dans la dentelle
Il est évident que ce premier volume de MonsTABOO réussit à éveiller notre intérêt tout autant qu’il se présente comme un bon divertissement. Si l’on peut se demander où l’histoire va nous amener, il faut avant tout prendre conscience que ce titre se veut avant tout tourné vers le spectacle et l’action. Ainsi, on peut aisément se laisser séduire par les combats qui vont s’enchaîner et surtout par les spécificités propres à chaque tandem que l’on va suivre. Ce que j’ai apprécié dans ce titre, c’est la manière avec laquelle il utilise la figure de l’adulte pour en faire un ennemi à abattre et surtout transposer ça à travers le prisme de ces adolescents. Une forme de conflit entre les générations qui est accentuée ici par cette corruption propre à ces monstres. Sans oublier aussi une certaine originalité dans le dessin et la création de ces êtres néfastes et qui pourtant sont aussi le seul moyen d’éradiquer leurs semblables. Cela peut paraître farfelu au premier abord, mais ce parti-pris colle finalement très bien à l’ambiance globale de cette introduction. Des premiers pas qui vont ainsi être l’occasion de se familiariser avec cet univers, les divers personnages que l’on va rencontrer et surtout cette menace qui plane sur la ville. D’ailleurs, le développement des trois principaux personnages que l’on va suivre se montre assez captivant entre ce qu’ils montrent aux autres et ce qu’ils ont réellement sur le cœur. Une entrée qui se veut donc encourageante pour la suite.
Si nous ne sommes pas ici face à un coup de cœur, il serait difficile de dire que je n’ai pas apprécié la lecture de MonsTABOO. Au contraire, la série joue clairement son rôle à fond en misant sur cette idée de base aussi originale que pouvant être assez loufoque. De ce fait, on finit même par avoir une sympathie pour notre tandem de base qui va à l’encontre de cette lutte qu’il mène. En dehors des phases d’action, ce sont ces duos qui vont naître entre ces pages qui vont se présenter comme le principal atout de la série. On apprend à les connaître, à en haïr certains, à apprécier la compagnie d’autres et surtout à voir ce qui se cache derrière ces collaborations. De fortes personnalités qui arrivent à se démarquer au milieu de ce chaos nocturne où les victimes sont de plus en plus nombreuses. Une courte série qui pourra plaire à ceux qui désirent une bonne dose d’action et une galerie de personnages séduisante par sa diversité. Mais comme à chaque fin de chronique, il est grand temps de vous partager les quelques questions qui me viennent à l’esprit. Est-ce que nos nouveaux amis vont réussir à s’entendre ? Cette bataille contre ces êtres monstrueux ne va-t-elle pas les amener à connaître bien des souffrances ? Comment vont évoluer les relations au sein de ces différents binômes ? Il faudra attendre le second tome pour voir ce que donnera le futur de cette licence. Il y a en tout cas pas mal de points positifs qui donnent envie de poursuivre l’aventure.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de MonsTABOO. Trouvez-vous que l’on a devant nous une série qui peut fonctionner sur ces quatre premiers tomes ? Est-ce que vous avez apprécié les duos qui se forment tout au long de ce premier volume ? Pensez-vous que l’on soit surpris par l’évolution du combat qui est mené entre nos protagonistes et ces ennemis ? L’idée de montrer les adultes sous une forme difforme et monstrueuse est-elle pertinente selon vous ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.