Ayashimon-Vol.1-2

Ayashimon tome 1 : le pire cauchemar des yokais

Comme c’est malheureusement le cas dans le monde du manga, il arrive que des séries se trouvent écourtées par manque de succès au Japon. C’est alors toujours une triste nouvelle de savoir que l’œuvre d’un auteur que l’on pouvait suivre par exemple via Manga Plus finisse par s’arrêter. Malgré tout, il est important de s’attarder sur ces séries qui, même si elles ont connu une courte vie, sont aussi des fenêtres ouvertes sur le travail d’artistes talentueux ou prometteurs. Sans oublier qu’elles peuvent aussi proposer un divertissement qui peut s’avérer efficace même s’il aurait pu être plus long. C’est exactement le cas pour le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous provient de chez Crunchyroll. Il s’agit du premier volume d’Ayashimon qui est prévu pour se conclure en trois tomes. N’ayant pas pris le temps de le découvrir lors de sa parution sur la plateforme de Shueisha, je me suis lancé dans cette nouvelle aventure sans savoir dans quoi je m’embarquais. J’ai alors pu découvrir une épopée bien rythmée et qui ne va pas perdre de temps pour nous amener au cœur de son histoire. L’heure est donc venue de partir à la rencontre d’une association explosive pour conquérir le monde des yakuzas yokais.

Le garçon voulant devenir un héros

Ayashimon Vol.1Ayashimon, imaginé par Yûji Kaku, nous emmène au Japon où l’on fait la connaissance d’un jeune homme semblant tout à fait ordinaire en apparence. Répondant au nom de Maruo, cet adolescent semble chercher à tout prix du travail. Malheureusement pour lui, il affiche une force aussi remarquable que destructrice qui fait qu’il casse toujours tout sur son chemin. Difficile alors pour un employeur de le prendre sous son aile quand celui-ci risque de tout exploser autour de lui. Désespéré par cette situation, le jeune garçon se voyait déjà comme un de ces héros de manga qu’il apprécie tant. Totalement obnubilé par cette idée depuis son plus jeune âge, il espérait secrètement que tout ce qu’il pouvait voir dans ces histoires pouvait un jour lui arriver. Il ignore alors que c’est une rencontre purement fortuite qui va lui donner l’occasion rêvée de poursuivre son but. C’est alors qu’il baisse les bras concernant son avenir et son souhait d’être un héros de bande dessinée que Maruo va se retrouver face à une jeune femme du nom d’Urara. Cette dernière semble avoir fort à faire avec une bande de mafieux qui lui colle de trop près. Ne pouvant qu’intervenir en voyant cette personne en danger, il n’hésita pas une seule seconde à s’en prendre à ses poursuivants. C’est alors qu’il va faire une découverte inattendue. Ces yakuzas sont en réalité des yokais qui gouvernent toute une partie du monde criminel. 

Obéissant initialement à un parrain d’un puissant syndicat du crime, la mort de ce dernier a fini par engendrer un vent de rébellion au sein des rangs de l’organisation. Les yokais autrefois unis par la crainte et l’autorité de cet homme se livrent maintenant à leurs désirs les plus bas tout en restant cachés aux yeux du reste du monde. Malgré toute cette agitation, quatre groupes ont su tirer leur épingle du jeu afin de devenir les nouvelles forces en présence dans ce milieu chaotique. La jeune Urara que Maruo vient de sauver s’avère être la fille illégitime de l’ancien boss disparu. Bien décidée à prendre sa revanche sur ceux qui osent souiller l’héritage de son père, elle veut se rendre à Kabukicho qui sert de repère à ces divers groupes. En étant témoin de la force de son sauveur, elle décide de lui faire une proposition alléchante. Devenir son protecteur pour qu’elle puisse accomplir son objectif. Il a beau n’être qu’un humain, il a su montrer ses capacités pour faire face aux yokais. S’il accepte de la suivre, elle lui promet encore bien des combats de ce genre. Rien qu’en entendant cette possibilité, Maruo ne peut qu’être heureux de savoir qu’il va pouvoir se lâcher. Alors qu’il avait perdu tout espoir de trouver sa place en ce monde, voilà qu’il peut enfin s’en donner à coeur joie en plongeant dans un environnement qui n’a rien d’humain. Cette alliance risque fort de faire des étincelles et de chambouler le rapport de force entre les diverses factions. Qui arrivera finalement à se hisser au sommet de cette organisation ?

On peut facilement se dire, en lisant le synopsis d’Ayashimon, que l’on est face à une œuvre qui veut rapidement nous jeter dans la mêlée. C’est exactement le cas ici, mais cela ne veut pas dire que le titre se limite à ça. Au contraire, ce manga réussit avec ce premier volume à nous offrir un divertissement qui se veut rapidement efficace et qui surtout va nous plonger directement au cœur de son intrigue. Une volonté de foncer dans le tas sans pour autant négliger la construction de cet univers qui se présente comme un terrain de jeu propice à de nombreuses expériences.

Une aventure qui a du punch

Dès le départ, on comprend rapidement où veut en venir ce premier tome d’Ayashimon. En effet, rien que par l’introduction de son personnage principal, l’auteur veut nous faire comprendre que le récit va être rythmé de nombreux combats. Dans ce domaine, on peut dire que l’on est déjà pleinement conquis. Dès les premières rixes, le manga réussit à nous délivrer des scènes épiques qui nous en mettent plein la vue. Maruo a ce quelque chose qui fait que l’on est totalement sous le charme de cette puissance inhumaine qu’il affiche. C’est d’ailleurs captivant de voir ce contraste entre sa force surhumaine alors qu’il est humain et ses adversaires qui sont des yokais et qui pourtant semblent n’être que des brindilles face à lui. Un décalage qui va justement contribuer à nous faire rire à certaines reprises, mais surtout à être admiratif de ce protagoniste qui arrive toujours à dépasser nos attentes. D’ailleurs, le mangaka a parfaitement su lui donner cette aura du héros de manga qu’il rêvait tant d’être. Un être humain qui n’a rien d’ordinaire et qui, pour trouver sa place, va finir par entrer dans un milieu qui n’a absolument rien de naturel. C’est là aussi où réside l’une des grandes forces de ce premier volume. Le fait de nous plonger dans l’univers de la mafia a bien sûr quelque chose de grisant et aussi d’angoissant. Mais le parti-pris d’avoir fait de ces criminels des yokais qui ont la mainmise sur ce royaume de la nuit est fantastique. 

Cela permet d’accentuer encore plus cette menace que représente cette organisation qui dépasse les lois humaines. De plus, ce choix sert aussi à offrir une grande diversité dans les ennemis que vont affronter notre duo. Des ennemis ayant chacun leurs propres capacités et rendant chaque confrontation unique à leur manière. Une galerie de créatures captivante et qui va en même temps servir à sublimer l’acharnement de Maruo face à de telles entités. On finit même par se prendre au jeu de savoir s’il y a un de ces opposants qui parviendra à décrocher la victoire face à cet intrus mettant déjà le bazar dans leur territoire. Cela va même ajouter un petit côté horrifique notamment par rapport à un personnage qui parvient, en seulement quelques pages, à créer un véritable sentiment d’angoisse pouvant même déteindre sur ses compères qui ne craignent pourtant pas la mort. Sans oublier aussi que l’intrigue proposée a de quoi nous accrocher tant il y a une part de mystère autour de la disparition de ce parrain et le rôle que va jouer sa fille dans la lutte de pouvoir qui se joue entre les forces se partageant ce quartier. On a donc autant envie de continuer l’aventure pour l’action proposée que pour ce désir d’en apprendre plus sur cet univers aux multiples promesses. Même si l’on sait malheureusement que la série ne connaîtra qu’une courte existence, cela ne nous empêche pas de voir ici les ambitions proposées par cet auteur dont le talent en matière d’histoire et de rythme n’est plus à démontrer.

Il est vrai que Ayashimon peut nous questionner étant donné que l’on sait que la série s’est terminée précipitamment avec son troisième volume. Cependant, il est toujours intéressant de voir comment un auteur a su développer un univers et aussi ce qu’il a voulu nous raconter à travers les prémices d’une épopée inédite. Ici, on constate rapidement une maîtrise de l’action et surtout l’envie de raconter une histoire qui se veut fun, épique et propice à toujours plus de combats grandioses. La bataille entre cet humain et ces yokais vient à peine de débuter et l’on est déjà emporté par ce contraste propice à un show spectaculaire.

Ayashimon assure le spectacle

Comme j’ai pu le dire en introduction, ce n’est pas parce que l’on sait qu’un titre a connu une fin abrupte qu’il n’est pas intéressant de se pencher dessus. Bien sûr, cela est du ressenti de chacun et il est aussi compréhensible de ne pas vouloir se lancer dans une épopée qui pourrait se montrer décevante sur la fin. Mais Ayashimon réussit quelque chose de fort dans ce premier volume. Il s’agit de sa capacité à être un divertissement qui peut se savourer rapidement. Avec ses combats frénétiques et son rythme soutenu, on n’a jamais le sentiment de rester sur place. Au contraire, on veut nous présenter ici une épopée nerveuse et qui peut autant être appréciée pour ce qu’elle souhaite construire en matière d’intrigue que pour son protagoniste désireux d’être un héros. On peut donc facilement prendre cette histoire comme un spectacle que l’on peut apprécier purement pour ce qu’elle veut nous proposer en matière de combats épiques. Un double visage qui sert pleinement à ce que le lecteur puisse entrer rapidement dans le feu de l’action en compagnie de personnages qui se démarquent rapidement. Rien que le fait de voir Maruo s’en prendre plein la tronche et pourtant continuer à se lever pour faire étalage de sa force a quelque chose de grisant et prenant. En ramenant ce personnage à ce qui fait l’essence de ce que l’on peut connaître en matière de héros de manga, on savoure l’instant présent et tout ce qu’il peut nous partager en matière de dépassement de soi et de courage.

Ayashimon se sera donc présenté comme une belle petite découverte qui m’aura donné le sentiment de voyager dans le temps avec ce protagoniste revenant à certaines sources du héros de manga. Un pur plaisir que d’assister à cet enchaînement de confrontations dantesques et surtout d’assister à la maîtrise de ce mangaka en matière de rythme et d’intensité dans ses scènes de combat. J’ai vraiment pris cette lecture comme un divertissement classique et efficace qui a su me tenir en haleine du début jusqu’à la fin. En plus de ça, je trouve intéressant tout ce qui a commencé à se mettre en place dès ces premiers chapitres. L’envie d’en apprendre plus sur les divers groupes qui luttent pour le pouvoir ainsi que le désir de voir d’autres yokais rejoindre ce champ de bataille. Si vous avez apprécié Hell’s Paradise du même auteur, que vous cherchiez une lecture intense ou bien un récit entrant rapidement dans le vif du sujet alors vous pourrez facilement y trouver votre bonheur. Evidemment, j’ai beaucoup de questions qui me viennent en tête après avoir lu ce premier acte. Comment va bien se développer l’intrigue par la suite ? Maruo va-t-il finir par se frotter à un ennemi bien trop retors pour lui ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière la mort de ce parrain qui amenait un peu d’équilibre parmi les siens ? Que risque de provoquer Urara avec sa venue au sein de Kabukicho ? Je suis très intrigué par la suite de cette aventure.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume d’Ayashimon. Trouvez-vous que cette introduction se montre efficace dans ce qu’elle raconte ? Est-ce que la série est, à vos yeux, un bon divertissement par rapport à ce qu’elle nous montre ici ? Avez-vous envie de voir ce qu’il aura été possible de raconter au travers des quelques tomes sortis ? Craignez-vous d’avoir une fin précipitée étant donné le destin qu’a connu le manga au Japon ? Est-ce que cette introduction a su vous offrir un spectacle grisant ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

AYASHIMON © 2021 by Yuji Kaku/SHUEISHA Inc.