Kuja---l’être-qui-voulait-exister--2

Kuja : l’être qui voulait exister

Il va être grand temps de refermer un chapitre en mettant un point final à la vague spéciale “Antagoniste FFIX”. En effet, après avoir abordé nombre d’ennemis qui se dressent sur notre route au cours de cette aventure, l’heure est venue de s’attarder sur le dernier adversaire qu’il restait à traiter. Évidemment, il n’y a pas de surprise à ce stade étant donné que l’on va parler aujourd’hui de Kuja. Il est sûrement l’antagoniste le plus marquant de ce neuvième épisode de la saga. Cependant, il ne faut pas croire que cet opposant a tout de suite été présenté comme le principal obstacle à abattre. Comme bon nombre de grands opposants de la franchise, il est un personnage qui va mettre du temps avant d’être réellement présenté comme l’antagoniste principal du récit. Mais en plus de ça, Kuja est loin d’être un méchant dont l’objectif central est purement la destruction ou l’obtention d’un plus grand pouvoir. Quand on prend le temps de s’attarder sur lui, on ouvre les yeux sur un individu qui a tout bonnement été rongé par la jalousie et qui a cherché, à sa manière, de briser ses chaînes pour finalement s’engouffrer dans un désespoir encore plus grand. L’heure est donc venue de rencontrer un homme bien décidé à laisser son empreinte sur ce monde.

Un mystérieux marchand

Avant toute chose, il est important de se focaliser sur la manière dont Kuja est introduit dans le récit. En fait, il faut quand même plusieurs heures de jeu avant que l’on ne fasse la connaissance de cet homme. C’est plus précisément quand on confronte la Reine Branet à Bloumécia que l’on va réellement avoir nos premières interactions avec lui. A l’image d’autres grands antagonistes comme Ultimécia ou bien Sephiroth, il faut du temps avant que l’on ouvre les yeux sur le danger que représente cet individu. Initialement, toute notre attention se focalise sur la menace que symbolisent Alexandrie et sa souveraine aux ambitions dévorantes. Notre but principal est de mettre un terme à ses agissements et c’est pour cette raison que l’on va se rendre dans la patrie de Freyja. C’est sous cette pluie battante que l’on va rencontrer cet homme androgyne qui accompagne notre ennemie. S’il y a beaucoup de mystères qui l’entourent à ce moment précis, on peut tout de même déceler quelques indices intéressants. Ainsi, on apprend que c’est lui qui est à l’origine de la conception des mages noirs qui font des ravages partout où ils passent. En réalité, Kuja est présenté comme un marchand d’armes ayant donné les outils nécessaires à Branet pour qu’elle concrétise sa soif de conquête. Ainsi, il est très malin d’avoir fait de Kuja non pas un personnage central d’entrée de jeu, mais un être qui semble presque sous les ordres de celle que l’on considère comme notre principal antagoniste. Cela permet en même temps de lui donner plus de place pour nous surprendre par la suite tout en réussissant tout de même à éveiller notre intérêt à son égard.

Il suffit de voir le moment où le groupe se fait écraser par Beate et est laissé à l’abandon pour ressentir quelque chose d’étrange à l’égard de Kuja. Il est le dernier à quitter la zone, observant les protagonistes impuissants avant de partir sur le dos de son dragon. Il y a presque un côté religieux à cette scène où il s’élève dans les cieux tandis que nous restons bloqués au sol sans rien pouvoir faire pour l’arrêter. Un contraste qui sera très fréquent dans la construction de cet antagoniste étant donné son obsession pour se grandir par rapport aux autres êtres peuplant ce monde. A partir de cet instant, Kuja va faire des apparitions, mais de manière sporadique. On reste tout de même dans ce sentiment où c’est Branet qui joue le rôle de l’adversaire à abattre et où chacun de nos pas va nous conduire à cette fameuse confrontation. Pourtant, chaque petite apparition de notre marchand d’armes va éveiller en nous une certaine méfiance. Comme si quelque chose clochait et que tout ceci faisait partie d’une machination bien plus grande qu’on ne pouvait l’imaginer. Mais malgré cela, on veut continuer à nous le montrer comme étant un être à part de ce conflit qui se contente surtout de fournir soldats et autres atouts. Il n’est réellement relié à aucun camp et va donc évoluer en marge de cette bataille que l’on mène. Il faudra finalement attendre encore bien plus tard pour que l’on ouvre les yeux sur qui est réellement Kuja et surtout sur le fait qu’il est loin d’être un sbire ou un acteur secondaire de ce récit. Un homme qui profite de l’obscurité pour préparer son plan. Le plus terrifiant est alors de savoir bien trop tard que l’on danse dans le creux de sa main depuis si longtemps et que tout ce que l’on fait n’était que le prélude à son ascension.

Kuja - début

Savoir manipuler avec élégance

Cette partie symbolise assez bien l’image que reflète Kuja au fur et à mesure de nos rencontres avec lui. Plus on progresse dans l’histoire et plus on se rend compte qu’il joue un double jeu. Alors que l’on cherche à l’éliminer dans l’unique but d’affaiblir la reine Branet, nous ne sommes pas encore conscients de toutes les manigances de l’ennemi. En fait, depuis le début, c’est lui qui dicte les agissements de la souveraine dans l’ombre. Sous couvert de lui fournir les mages noirs, c’est Kuja qui va lui suggérer d’arracher les chimères au corps de Grenat. On est encore loin, à ce moment précis, d’être conscient du combat personnel que mène cet homme pour se confronter à l’être que l’on croisera bien plus tard. Ce n’est réellement qu’au moment où on le croise à l’Ifa que l’on va ouvrir les yeux sur une partie de son plan. Patient et faisant preuve d’un talent fou pour tromper son monde, Kuja est un marionnettiste d’exception qui prend plaisir à voir les gens se débattre sans qu’ils ne sachent que c’est lui qui dicte la danse. C’est exactement ce qui va se passer avec Branet qui décide de s’opposer à lui sous prétexte qu’elle n’a plus besoin de ses services. Utilisant les armes que Kuja lui a fourni, notamment Bahamut, tout semble indiquer qu’elle va l’amener à sa destruction. Après tout, comment un seul homme pourrait faire face à toute une armada ainsi qu’à une créature céleste ? En réalité, il avait prévu tout ça et va justement profiter de la situation pour prendre le contrôle du seigneur des dragons pour exterminer la dirigeante et ses troupes. En un claquement de doigts, il renverse tout ce que l’on pensait connaître jusqu’ici. Il est celui qui se tient au-dessus d’une montagne de cadavres et prend le rôle d’antagoniste principal de cet épisode.

Mais qu’est-ce qui le pousse à mener cette course au pouvoir qui l’amènera à Alexandrie pour chercher à s’emparer d’Alexandre ? En fait, il est important de revenir plusieurs années auparavant pour comprendre toute l’écriture de Kuja. Il n’est qu’un Genome créé par Garland dont l’existence était dédiée à tuer le peuple d’Héra pour accélérer le processus de fusion entre les deux planètes. Il n’est donc qu’une création ayant vu le jour pour obéir à cet ordre sans jamais avoir réellement pu être maître de son destin. Mais conscient de son état et surtout le fait qu’il est considéré comme un raté par son créateur, il va développer un sentiment qui va dicter une bonne partie de ses actions. Kuja est une entité nourrie par la jalousie de ce que les autres ont. L’incarnation de l’envie qui va le pousser à se rebeller contre Garland et même à enlever Djidane, simple nourrisson, pour le cacher sur Héra. Les événements que l’on vit dans Final Fantasy IX ne sont en réalité qu’une toute petite partie du plan imaginé par Kuja qui a nourri sa haine pendant bien longtemps. Tout ce qu’il cherche à faire au cours de notre voyage est de trouver le pouvoir nécessaire pour mettre un terme à l’autorité de celui qui lui a donné la vie. Un marionnettiste refusant d’être une marionnette et désireux d’être celui qui écrira sa propre histoire au lieu que ce soit un vieil homme qui décide pour lui. Cette notion de jalousie est très importante, car elle dicte quasiment chaque action de cet homme qui n’est même pas conscient de tout ce qui entoure sa naissance. Il en veut à Garland de lui avoir retiré son droit d’exister par lui-même. Il déteste Djidane parce qu’il a ce qu’il n’aura jamais. Il a en horreur ce monde qui évolue alors qu’il stagne inlassablement. C’est pourquoi il mène sa vendetta depuis le début tout en cachant ses véritables intentions derrière ce rôle de marchand d’armes qu’il a imaginé. Un être sournois et particulièrement roublard qui pourtant ne va pas être un antagoniste purement néfaste comme on va le voir dès maintenant.

Un individu se sentant supérieur

Quand on s’attarde plus en détail sur ce que l’on peut apprendre concernant Kuja, on se rend compte qu’il est loin d’être un antagoniste comme les autres. En réalité, s’il se présente comme un ange de la mort, c’est parce qu’il a été créé dans cet unique but. Malgré tout, il fait de son mieux pour lutter à sa façon contre ce destin qu’il n’a pas choisi et cela à sa manière. Bien évidemment, cela montre aussi son peu de considération pour la vie humaine étant donné que tout ce qui lui importe est de terrasser son créateur afin d’exister pleinement. Quand on y pense, il ne voit même pas la reine Branet ou notre groupe comme un obstacle, mais comme de simples fourmis qu’il s’amuse à diriger là où il le souhaite. Il y a donc un contraste assez surprenant qui se dégage de ce dernier étant donné que son combat pour être entier est compréhensible, mais la manière d’y parvenir est effroyable. Mais le pire, c’est que cet antagoniste va surtout faire naître en nous une profonde pitié à son égard. Il a beau avoir été à l’origine de terribles souffrances, il est lui aussi une victime de ce qu’une poignée d’individus ont voulu faire pour continuer à vivre inlassablement. Sa lutte est justement là pour qu’il puisse récupérer son libre-arbitre. Une thématique très présente dans ce neuvième opus tout comme celle de chercher un sens à son existence. Un sujet qui sera aussi au cœur de l’écriture de Kuja notamment quand il apprend la vérité concernant son espérance de vie. Quand il découvre qu’il n’est qu’un pantin défectueux à l’image des mages noirs qu’il hait tant, c’est tout son monde qui s’écroule. Son maigre espoir d’être enfin quelqu’un de complet s’évanouit d’un revers de la main en apprenant que ses jours sont comptés. 

Il va alors basculer dans un désespoir sans nom et prend en fait le chemin qu’aurait pu prendre Djidane si ses amis n’avaient pas été là pour le retenir. N’ayant jamais eu personne sur qui compter et ayant toujours avancer dans la solitude, Kuja est condamné à s’enfoncer dans cette obscurité dont il est difficile d’en échapper. Ayant l’impression d’avoir tout perdu, il veut mettre un terme à l’ensemble des deux mondes. Il lui est inacceptable de voir les autres vivre tandis qu’il s’apprête à mourir dans très peu de temps. Encore une fois, c’est l’envie d’être comme tout le monde qui le pousse à mener ce sacrifice qui fait que s’il ne peut pas obtenir quelque chose, alors personne ne doit l’acquérir. En fait, quand on prend du recul, on se rend compte que c’est un cycle sans fin qui semble se perpétuer et qui ne peut être brisé que par la destruction totale selon Kuja. Le peuple de Terra a créé Garland qui a créé Kuja avant que celui-ci ne donne vie aux mages noirs. Une chaîne de maître-création qui va réellement se fragiliser avec notre sujet du jour qui va réfléchir à son propre statut. C’est pour ça que même s’il a besoin des mages noirs, il ne peut s’empêcher de les détester. Il a l’impression de se mettre dans le rôle de Garland et de voir en ces pantins un reflet de sa propre situation. C’est d’ailleurs finalement en prenant conscience du peu de temps qui lui reste que Kuja va pleinement s’éveiller à la Transe. Cet état qui lui était jadis impossible à pu être obtenu en s’accaparant les émotions des disparus et en étant frappé de plein fouet par cette réalité qu’il a toujours évité de connaître. Il devient alors à la fois victime et bourreau vers la fin de cette aventure. Pour le joueur, cet adversaire est impardonnable et pourtant on ne peut s’empêcher non pas de vouloir l’éliminer, mais de le stopper. Comme s’il pouvait exister encore une lueur d’espoir pour qu’il paie ses crimes sans pour autant devoir y perdre la vie.

Transe Kuja

La triste vérité derrière Kuja

J’avais vraiment très hâte de parler de Kuja, car il fait partie de ces antagonistes de la licence Final Fantasy qui sont loin d’être uniquement centrés sur leur désir de destruction. Au contraire, notre adversaire ici est surtout guidé par des désirs qui lui sont propres et surtout de profondes blessures qui l’amènent à emprunter cette voie obscure. Bien sûr, il reste un ennemi emblématique ayant causé bien des souffrances, mais il est aussi captivant de prendre du recul pour voir ce qu’il y a réellement derrière son histoire. Finalement, Kuja est avant tout une création considérée comme défectueuse et qui a été mise de côté par ceux qui auraient pu lui offrir un véritable foyer. Nourri par la jalousie et l’envie du fait d’être incomplet, il s’est lancé dans une bataille désespérée contre ceux qui sont à l’origine de sa création. Et au centre de cette lutte se trouvent les peuples de Gaïa qui font les frais de cette guerre de l’ombre opposant ce marchand d’armes à Terra. Il suffit d’ailleurs de voir le final de Final Fantasy IX pour se rendre compte que cet ennemi a un destin bien différent des autres antagonistes de la franchise. Seul et agonisant dans ce qu’il reste de l’Ifa, il est persuadé que sa fin est venue jusqu’à l’arrivée de Djidane. Celui qui fut son ennemi pendant si longtemps se présente à lui non pas comme son bourreau, mais comme un frère voulant lui montrer une autre voie. Il y a quelque chose de très fort qui ressort de cette dernière scène, car on ignore totalement ce qui a bien pu arriver à Kuja. A-t-il succombé à ses blessures ? Est-il finalement mort de sa courte espérance de vie ? Est-il toujours vivant quelque part dans ce monde ? 

Voilà en quoi cet antagoniste est si captivant à analyser et surtout à rencontrer au sein de cet univers vidéoludique. Un être qui, comme beaucoup de personnages dans ce neuvième opus, cherche juste à trouver un sens à son existence. Mais contrairement à Bibi ou bien Djidane, il n’a fait que combattre seul et être emporté par sa propre déchéance. Si on peut le détester, il est aussi un ennemi pour lequel on peut ressentir une certaine pitié, car tout aurait pu être autrement. Le marchand d’armes qui pensait pouvoir manipuler le monde entier ne se rendit même pas compte qu’il n’était aussi qu’une marionnette destinée à une courte vie. Mais comme le dit si bien les mages noirs, l’important ne sont pas les années que l’on vit, mais ce que l’on peut accomplir dans le laps de temps qui nous est imparti. Une leçon que comprendra Kuja sur le tard et une fois après avoir commis tant d’atrocités. Là où Final Fantasy IX frappe fort, c’est qu’une grande partie de ses antagonistes le sont, car ils sont poussés par quelqu’un d’autre. Si Kuja a fini par sombrer, c’est à cause de Garland dont il fut aussi l’objet de la destruction de ce dernier. Pareil pour Branet qui a été empoisonnée par les mots de ce Genome. On pourrait même dire ça pour les mages noirs qui ont été façonnés dans le but de tuer et qui ont fini par s’émanciper de ce sordide devoir. Un épisode absolument magistral dans ce qu’il traite et dont j’espère avoir su retranscrire une partie de sa force à travers ces chroniques autour de ces grands adversaires. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous en avez pensé et votre avis sur Kuja. A très bientôt pour d’autres virées vidéoludiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *