Polaris Will Never Be Gone-Vol.1-2

Polaris Will Never Be Gone T1 : faire perdurer une mémoire

Si l’on a le droit à un florilège de nouvelles licences au quotidien, il est parfois difficile de s’y retrouver dans ce raz-de-marée. Pourtant, il arrive que l’on tombe sur de petites pépites dont on ne s’attendait pas du tout à être aussi réceptif. C’est ce qui est formidable avec ce medium qui ne cesse d’avoir des surprises à nous offrir. Ce fut le cas avec la toute dernière licence en date des éditions Chattochatto. Il s’agit de Polaris Will Never Be Gone dont le premier sort cette semaine. J’apprécie beaucoup le fait que cette maison d’édition arrive toujours à trouver des expériences qui sortent de l’ordinaire. C’est encore une fois le cas ici avec une série qui offre un début assez intrigant. Je l’avoue, je me suis tourné vers cette histoire par simple curiosité et j’ai été agréablement surpris par ce qui fut proposé. J’ai alors pu découvrir un récit parlant de nombreux thèmes captivants autour de la disparition d’une célébrité, le souvenir qu’il peut en rester, mais aussi l’impact que cette personne a pu avoir de son vivant. Préparez-vous à découvrir le combat d’une étudiante pour faire perdurer la mémoire de celle qui lui a donné de l’espoir.

Une disparition de quelques instants

Polaris Will Never Be Gone Vol.1Polaris Will Never Be Gone, imaginé par Eke Shimamizu, nous raconte l’histoire de Mizu’umi. Cette lycéenne, en apparence ordinaire, possède une passion dévorante pour une idole du nom de Sora. Se montrant régulièrement la tête dans les nuages, cette adolescente s’ennuie de ce quotidien qu’elle considère comme barbant. Ce n’est qu’en faisant la rencontre de cette star qu’elle a vu son existence s’illuminer. Enfin sa solitude semblait prendre fin tandis qu’elle ne loupait aucune représentation de la chanteuse. Mais malheureusement, ce rêve éveillé finit par s’écrouler le jour où le monde apprit la mort de Sora. Fauchée dans la fleur de l’âge, l’étoile montante du showbiz n’avait pu s’élever au firmament. Cette nouvelle fait l’effet d’une bombe dans la vie de Mizu qui n’arrive pas à encaisser cette disparition. Mais le pire pour elle dans cette histoire, c’est qu’il n’aura fallu que quelques jours pour que tout le monde finisse par oublier l’existence de Sora. La tendance est maintenant ailleurs et ce changement dans l’esprit des gens ne fait que dégoûter un peu plus l’étudiante de ce monde qui l’entoure. A ses yeux, il est inacceptable de faire comme si tout ça n’était que de l’histoire ancienne alors que Sora a tant contribué à son bonheur. Cela fait maintenant deux ans que ce drame a eu lieu et plus personne ne cite le nom de cette étoile disparue. 

Au contraire, tout le monde se tourne vers d’autres groupes et idoles à admirer comme si ces stars étaient jetables. Un constat qui ne fait qu’ajouter encore plus d’amertume à Mizu’umi qui se questionne sur ce qu’elle doit faire à présent. Il est impossible pour elle d’accepter cette situation et de faire comme si rien de tout ça n’avait existé. C’est en voyant les prestations de Sora qu’elle pouvait sourire et retrouver un peu d’espoir. C’en est trop pour la demoiselle qui décide de transgresser la morale pour prouver la suprématie de son idole. Une décision qui va avoir de lourdes conséquences sur son existence, mais aussi sur le regard des autres envers ceux qu’ils admirent. Faire perdurer un souvenir peut être une bonne chose, mais quand cela prend des proportions démesurées, cela peut amener bien des problèmes. C’est ce que Mizu’umi s’apprête à découvrir alors que la détermination se lit dans ses yeux. Pour elle, son projet est une cause nécessaire. Mais pour beaucoup de gens, cela peut être considéré comme un terrible manque de respect. Pour l’aider dans son entreprise, elle va faire appel à un autre élève de sa classe du nom de Kôriyama. Ce dernier a toujours cherché à ne faire aucune vague en cours, mais ses pensées diffèrent totalement de ce qu’il peut exprimer au quotidien. Un lycéen qui ne trouve pas la moindre source de bonheur dans cette vie qui lui semble si fade. La rencontre des deux pourrait bien faire des étincelles, mais aussi changer à tout jamais leur existence.

Polaris Will Never Be Gone nous montre assez rapidement le principal enjeu de cette histoire à travers son synopsis. En suivant notre protagoniste, on va assister à une lutte singulière qui va autant nous amener une réflexion intéressante sur la notion de souvenir et de disparition que nous proposer une représentation forte de ce à quoi on peut s’attacher pour tenir. Il ne faut parfois qu’un instant pour trouver une source d’espoir et l’on se met alors à tout faire pour la conserver même si cela implique des décisions inattendues. C’est exactement le cas ici avec ce que nous raconte ce premier acte.

Un retour qui dérange

Rien qu’avec ce premier volume de Polaris Will Never Be Gone, il y a énormément de choses à dire. En fait, ce récit réussit à aborder avec brio et sans que cela soit lourd une flopée de thématiques fortes. Pour cela, il faut se concentrer sur le personnage de Mizu qui est au centre de l’intrigue. Rapidement, on voit à quel point elle se démarque des autres par cet attachement qu’elle a pour Sora. Même après la mort de cette dernière, elle continue de l’idolatrer et de croire en elle. On touche alors à quelque chose de très important du titre qui est de nous mettre dans une situation délicate concernant notre perception de cette adolescente. En effet, quand on la rencontre, on sent rapidement une étudiante qui n’a pas la sensation d’être à sa place et d’être heureuse au quotidien. Au contraire, on nous précise bien que tout était sombre autour d’elle avant qu’elle ne découvre la fameuse chanteuse. C’est là que son existence s’est illuminée et qu’elle a pu trouver du réconfort au quotidien. Cette première approche amène de l’empathie à l’égard de la lycéenne, car elle représente habilement un vide que l’on peut tous connaître et encore plus à un âge où l’on se construit. Quand tout va mal, il suffit d’une petite lueur pour enfin sourire de nouveau et cela montre l’importance d’avoir quelque chose que l’on chérit. De même, notre protagoniste a des mots très justes concernant le fait que l’on passe d’une tendance à l’autre sans réellement se soucier des personnes que l’on oublie. 

C’est encore plus vrai ici avec la tragique disparition de Sora qui ne devient qu’un ancien fait divers pour la population qui semble déjà passer à autre chose. Elle veut nous montrer l’importance de faire perdurer le souvenir de ceux qui ne sont plus là au lieu de simplement faire comme si ce n’était qu’une passe dans la vie. Quand on écoute ça, on arrive à comprendre ses propos ainsi que sa vision des choses. Mais c’est ensuite que l’histoire va réussir à nous troubler en nous montrant jusqu’où elle est capable d’aller pour accomplir son objectif. Dans l’espoir de maintenir la mémoire de cette étoile disparue trop tôt, elle n’hésite pas à aller contre la morale et l’éthique. Quand on voit ça, on ne peut s’empêcher d’avoir une boule au ventre en ouvrant les yeux sur le problème qui dévore le cœur de cette adolescente. Si ses intentions premières sont louables, elle finit par montrer un visage où l’admiration devient une obsession. Le tendre souvenir qu’elle chérit finit par devenir une entrave pour aller de l’avant et elle en est parfaitement consciente. Il y a donc autant une empathie que l’on ressent à son égard qu’un certain malaise en voyant dans quoi elle s’aventure pour juste ramener un peu de lumière dans sa vie. On peut aussi citer l’excellent travail autour de son camarade de classe qui va être un peu l’exact opposé de celle-ci et cherche à son tour ce qui pourrait vraiment faire battre son cœur. Nous sommes face à une excellente tranche de vie qui aborde autant des sujets difficiles concernant des problèmes de société que des traumatismes personnels. 

J’apprécie beaucoup tout ce que Polaris Will Never Be Gone cherche à nous raconter à travers ce premier acte. Le désespoir d’une adolescente qui s’accroche au souvenir d’une idole disparue et qui va tenter, à sa manière, de faire perdurer sa mémoire. Il y a à la fois quelque chose de tragique et de difficile dans cette lecture où l’on se questionne réellement sur les intentions de notre protagoniste. On se demande si tout cela fait juste partie d’un moyen pour elle de garder pieds ou bien une stratégie mûrement réfléchie. C’est en tout cas une franche réussite pour cette introduction.

Polaris Will Never Be Gone entame sa renaissance

Encore une fois, si je connaissais le synopsis de Polaris Will Never Be Gone, je n’étais pas prêt à ce que j’allais découvrir au sein de ces pages. Une œuvre qui joue avec nous afin que l’on réfléchisse sur ce qui est juste ou non dans le comportement de notre protagoniste. On voit progressivement à quel point son désir de faire renaître Sora peut se montrer effroyable dans l’héritage que cela laisse. De plus, voilà une œuvre qui arrive à nous tirailler sur des questions éthiques, morales et humaines. C’est brillant de voir à quel point l’artiste derrière cet ouvrage a su capter cette détresse qui peut frapper ceux qui doivent survivre à la perte d’une personne. Un vide qui peut entraîner bien des conséquences. Si l’on peut avancer en conservant le souvenir de ceux qui ne sont plus là, d’autres n’arrivent pas à faire ce pas si important. De plus, on touche ici à un domaine bien précis concernant le monde des idoles et ce qu’elle représente pour les fans. Cela peut n’être qu’une tendance, mais aussi une source de joie pour des gens qui se sentent perdus. Voir ce petit bonheur s’éteindre peut alors créer des failles difficiles à colmater surtout si cela enferme un peu plus dans une solitude pesante. Mizu est à la frontière de tout ça et l’on passe d’une émotion à l’autre en sa compagnie. Une adolescente que l’on a envie de voir remonter la pente, mais qui, progressivement, nous fait nous demander s’il n’est pas déjà trop tard. Pouvant à la fois avoir un discours effrayant et un comportement mélancolique, ce titre sait comment troubler son lectorat.

C’est donc un très grand oui pour ce premier volume de Polaris Will Never Be Gone qui a su proposer une expérience aussi saisissante que troublante. On ressort de cette lecture en se questionnant fortement sur ce que va proposer la suite du manga. Après tout, avec ce que l’on peut voir dans cette introduction, on peut autant se dire que cela va aller de pire en pire pour Mizu ou bien que tout ça fait partie d’un plan bien précis de sa part. L’hésitation est totale et offre une sensation étrange au lecteur qui le pousse à en vouloir plus afin de réellement comprendre vers quoi se tourne ce récit. Réussir à offrir une telle fragilité et incertitude au sein d’un seul volume est remarquable et représentatif du talent de Eke Shimamizu pour retranscrire la complexité de l’être humain. Une lecture qui pourra plaire autant à ceux qui raffolent des tranches de vie sombre qu’à ceux désirant une histoire menant à bien des réflexions. A présent, il est grand temps d’évoquer les multiples questions qui me viennent en tête suite à cette découverte. Est-ce que Mizu va continuer à s’enfoncer un peu plus dans cette admiration qui s’est transformée en obsession ? Quel rôle va jouer son compère dans ses futurs plans ? Comment va réagir le monde si la vérité éclate concernant le manège de la lycéenne ? Est-ce que tout ça fait partie d’un plan plus élaboré de la part de l’étudiante ? Ce qui est sûr, c’est que je serais au rendez-vous pour connaître la réponse à tout ça.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Polaris Will Never Be Gone. Trouvez-vous que l’idée initiale est prometteuse et propice à traiter de nombreuses thématiques pertinentes ? Est-ce que vous arrivez à comprendre ce combat que mène cette adolescente pour faire perdurer le souvenir de son idole favorite ? Pensez-vous que l’on va avoir le droit à une évolution intéressante des quelques personnages qui ressortent de ce premier acte ? Est-ce que vous pensez que cette décision va avoir un gros impact sur la vie de cette adolescente ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2021 Shimamizu Eke, Square Enix

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