La valse des nouveautés – Meian

On est à la fin d’année et cela n’empêche pas que l’on puisse avoir énormément de nouvelles licences. C’est notamment le cas par rapport à une maison d’édition qui n’est autre que Meian. En effet, celle-ci nous gâte à l’approche des fêtes et je me suis donc dit que ce serait l’occasion parfaite de nous attarder sur l’ensemble de ces séries inédites à travers une nouvelle valse des nouveautés. Il faut dire qu’il y a eu un large choix dans ce qui nous était proposé tout en observant un important enrichissement de la collection Yuri de la maison d’édition. C’est ainsi une manière d’aborder ce genre qui n’est malheureusement pas si présent sur le devant de la scène. Aujourd’hui, je vous propose donc de nous attarder sur quatre titres qui viennent tout juste de faire leurs débuts et qui ont tous un quelque chose de fort à nous raconter. Entre romances, drame, harcèlement et fantasy, il y a de quoi faire avec tout ce qui vient de paraître. Des expériences bien différentes et qui peuvent aisément plaire à bon nombre de lecteurs. On est donc parti pour un tour d’horizon de ce quatuor et de ce qu’il peut offrir comme qualités.

Notre été éphémère T1 & 2

Notre été éphémère, imaginé par Yuama, nous raconte l’histoire de Shizuku Hoshikawa, une adolescente asociale qui passe le plus clair de son temps à tout faire pour éviter d’être au contact des autres. Semblant avoir énormément de mal à se tourner vers les gens, elle préfère sa solitude et souffrir en silence plutôt que de s’ouvrir à ses camarades. Mais en secret, elle écrit un roman tragique dont elle vient enfin de mettre un point final au dernier chapitre. Alors qu’elle devrait tenter sa chance en le publiant en ligne ou en trouvant un moyen de partager ses écrits, elle s’apprête à prendre une décision bien plus surprenante. Shizuku décide de se débarrasser de tout ça sans même laisser une chance à son œuvre de sortir de cette chambre. Une lecture que seule son autrice pourrait connaître avant de disparaître à tout jamais. Mais tandis qu’elle cherche un moyen de détruire ses brouillons, elle va faire la rencontre de Kaori Asaka. Cette camarade de classe s’avère être particulièrement populaire et se présente comme l’exacte opposée de Shizuku. Voulant à tout prix ne pas s’attarder à son contact, la jeune écrivaine va malheureusement être surprise quand son interlocutrice va prendre son ouvrage sans lui demander son reste. S’attendant à ce qu’elle se moque d’elle ou bien qu’elle la trouve sinistre au vu de la noirceur de ses propos, c’est finalement l’inverse qui se passe. Kaori est totalement emballée par ce qu’elle a pu lire et souhaite vraiment se rapprocher de celle qui fut derrière ce récit. Mais Shizuku n’imagine pas un seul instant que cette relation à venir va autant être une lueur d’espoir à ses yeux qu’une confrontation face à ses propres souffrances et son passé. C’est un été inoubliable et pourtant si court qui s’apprête à débuter pour les deux demoiselles.

J’ai été vraiment bluffé par la manière dont Yuama parvient à créer une profonde synergie entre ses deux protagonistes alors que tout les oppose. On voit ici une étudiante réservée et qui est littéralement pétrifiée de peur à l’idée de faire face aux autres. De l’autre, on a une demoiselle rayonnante et dont le sourire est communicatif. Et si l’on aurait pu croire à un schéma assez classique au départ, on se rend rapidement compte que ce récit regorge de surprises. Rien que dans l’écriture de Shizuku, la mangaka réussit à nous étonner et surtout à nous offrir un point de vue assez singulier par rapport à un problème de société et humain très grave. Cette histoire n’est donc pas uniquement une romance entre ces deux demoiselles, mais surtout une quête de rédemption pour aller de l’avant. On sent à quel point le poids de ses actes détruit la vie de cette jeune autrice qui nage dans un océan de sombres pensées. De même, Kaori est captivante dans la manière qu’elle a de symboliser un espoir et surtout une main tendue à l’égard de cette adolescente qui semble condamnée à vivre dans la solitude. En quelques mots, elle parvient à fissurer le mur qui s’est forgé entre sa camarade et le reste du monde. On a donc autant envie de voir comment va évoluer leur histoire que d’observer le développement de notre protagoniste au contact de sa nouvelle amie. Mais en plus de ça, on sent planer quelque chose pour la suite de cette tranche de vie. Une terrible ombre qui semble s’étendre petit à petit et dont on a envie de nier l’existence, mais qui nous semble de plus en plus forte au fil des chapitres. On se dit donc que l’on est face à une oeuvre qui cherche à apporter un peu de réconfort, de douceur et de bonheur, mais qui peut rapidement basculer dans le drame. Une lecture qui m’aura profondément bouleversé autant par le soin apporté aux personnages, la sincérité dans les émotions retranscrites et ce mélange d’ombre et de lumière qui se dessine devant nous.

Hell Mode T1 & 2

Hell Mode, réalisé par Enji Tetta d’après l’œuvre de Hamuo Mo, nous fait suivre Kenichi Yamada, un joueur passionné qui cherche à tout prix à trouver le jeu qui pourra lui donner le challenge qu’il désire. Voulant repousser ses limites, il va alors tomber sur un étrange jeu en ligne qui serait considéré comme le plus dur qui. Afin d’augmenter un peu plus la difficulté, il n’hésite pas une seule seconde à sélectionner le “Hell Mode” qui s’annonce comme le plus violent qui soit. Mais il ne s’attendait pas du tout à ce que ce choix le fasse réincarner au sein de ce monde fictif en tant que simple nourrisson. Ayant conservé sa personnalité et ses connaissances de son ancienne vie de trentenaire, le voilà qui doit rapidement s’acclimater à ce nouvel environnement. Pour ne rien faciliter, il est né en tant que fils de serf et se retrouve donc tout en bas de l’échelle sociale. A présent, il répond au nom d’Allen et doit tout faire pour survivre dans cet univers où tout lui est inconnu. En plus de devoir être vigilant à tout ce qui pourrait l’entourer, il devra lever le voile sur tous les secrets entourant sa classe “invocateur” pour utiliser au mieux les outils et armes à sa disposition. Si n’importe qui serait terrifié à l’idée d’un tel fardeau sur les épaules, Kenichi est surtout excité à l’idée de ce qui l’attend. Enfin, il a trouvé l’expérience qui pourrait bien lui procurer la joie qu’il recherche depuis tant d’années. Pour ne rien arranger à sa situation, le choix d’un tel mode de difficulté entraîne aussi un rythme bien plus lent dans son évolution. Il va alors devoir faire cent fois plus d’efforts que les autres personnages pour ne serait-ce que de monter un niveau. Tout a beau être contre lui, le jeune Allen a des étoiles dans les yeux à l’idée de voir ce que ces terres pourront lui offrir comme aventures et péripéties.

Au milieu des nombreuses tranches de vie qui sont sorties en même temps chez l’éditeur, Hell Mode apporte ici une dose de fantasy. En effet, on est dans un schéma qui peut sembler classique avec cette formule de la réincarnation au cœur d’un univers vidéoludique d’heroic-fantasy. Pourtant, le titre va réussir à se différencier sur un élément de taille et qui correspond directement au nom de la série. Le fait d’axer une grande partie de cette épopée sur le fait d’être dans un monde avec une difficulté infernale. Ainsi, on nous fait comprendre d’entrée de jeu que l’on va plonger dans une aventure qui s’annonce particulièrement éprouvante pour notre protagoniste. Cela amène donc une facette très importante à l’appréciation de la série. Il s’agit de l’aspect stratégique qui va régir toute la vie du jeune Allen afin d’optimiser son quotidien et surtout de réussir à tirer son épingle du jeu. Et cela s’exprime en premier lieu à travers sa classe d’invocateur. En créant un système spécifique et très bien conçu, cette histoire va réussir à donner vie à des combats où il n’est pas uniquement question de puissance. Au contraire, notre protagoniste va devoir établir bon nombre de stratégies et ruses en faisant attention aux spécificités de chacun de ses monstres pour faire face aux redoutables créatures rôdant dans ce monde. De plus, cette série réussit aussi à créer un univers qui soit attrayant malgré la difficulté que c’est de vivre sur ces terres. On sent qu’il y a justement énormément de potentiel qui s’en dégage. On a autant envie d’observer la progression de notre jeune héros que d’en apprendre plus sur tout ce qui façonne cet environnement. A travers ces deux volumes, Hell Mode réussit à accrocher notre regard en nous focalisant sur le quotidien de ce protagoniste tout en nous montrant que tout ceci ne sont que les balbutiements d’une épopée bien plus grande.

Anémone Flamboyante T1 & 2

Anémone Flamboyante, imaginée par Ren Sakuragi, nous emmène à la rencontre de la jeune Nagisa, une élève particulièrement brillante et assidue. Dédiant la majorité de son temps libre aux études, elle cherche à tout prix à entrer dans le meilleur lycée possible. Mais quand vient le jour J, un événement imprévu va venir bousculer ce concours qu’elle ne pourra passer. Obligée de se rabattre sur un autre établissement non loin de chez elle, cette mésaventure pourrait totalement nuire à ses ambitions. Malgré tout, Nagisa fait de son mieux pour rester optimiste et voir du positif dans chaque situation même quand cela bouleverse ses plans d’avenir. Mais malgré toute sa bonne volonté, elle ne peut qu’être surprise et chamboulée en remarquant que la jeune fille responsable de son échec se trouve être sa voisine de classe. Répondant au nom de Mashiro, cette étudiante semble avoir une constitution fragile et fait de nombreux séjours à l’infirmerie. Cette situation ne l’empêche pas d’avoir le sourire et de rapidement entrer en contact avec Nagisa. Pour cette dernière, la présence de cette autre étudiante ne fait que réveiller son traumatisme. Cependant, elle se dit aussi que c’est l’occasion de surmonter celui-ci et décide donc qu’elle va tout faire pour “aimer” Mashiro afin de ressortir du positif de cette rencontre. Elle ignore alors totalement que ce simple échange qui va les rapprocher va la conduire vers un lien bien plus fort qu’elle ne l’aurait imaginé et dont elle va avoir beaucoup de mal à trouver les bons mots pour le décrire. Alors qu’elle est constamment dédiée aux cours et à sa réussite scolaire, voilà pour la première fois un problème dont elle n’arrive pas à trouver la solution. Ainsi débute une relation qui va amener les deux jeunes filles à découvrir un futur bien différent de ce qu’elles auraient pu croire.

Pour le deuxième Yuri de cette vague de nouveautés, j’ai trouvé que Anémone Flamboyante parvenait à offrir une expérience bien différente de l’autre sortie de cette collection. Ce qui va avant tout être marquant dans cette histoire vient du décalage qui s’organise entre nos deux héroïnes. En effet, on est encore dans cette formule où l’on a devant nous deux personnes diamétralement différentes. Cependant, là où l’on jouait beaucoup dans “Un été éphémère” sur la noirceur et le fait de remonter la pente, cette série va prendre un chemin qui lui est propre. Beaucoup plus resplendissant et lumineux, on va surtout bien rigoler au contact de ce tandem qui se forme. On voit Nagisa qui découvre que derrière les études, il y a aussi une vie qu’il faut profiter et c’est au contact de Mashiro qu’elle va comprendre cette leçon. Le simple fait de passer de bons moments avec une personne qui nous est chère n’a pas de prix et c’est très bien représenté à travers ces deux volumes. De plus, cette tranche de vie va beaucoup plus nous amener sur une réflexion autour de la notion d’amour et des interrogations qui peuvent se former autour de ces émotions que l’on ne comprend pas toujours. On cherche ainsi ici à mettre des mots sur ce que le coeur peut éprouver au contact des autres et surtout de celle ou celui qui le fait tressaillir. Mais cela ne s’arrête pas juste à ça. Il y a aussi quelque chose de fort qui semble se préparer autour de cette recherche de l’amour et le fait qu’aller au bout de sa démarche peut autant être source de joie, de réconfort, mais aussi possiblement de souffrances. De ce fait, on va être intrigué par la manière dont cette relation va évoluer et surtout le destin qui attend nos deux héroïnes. Une bien belle surprise et qui va dans un autre registre par rapport à ses thématiques.

One Half of a Married Couple T1 & 2

One Half of a Married Couple, scénarisée par Yukino Natsukawa et dessinée par Akiyo Kurosawa, nous conte l’histoire d’Aya, une jeune femme de 29 ans, qui est mariée depuis deux ans à un homme qui semble formidable sur tous les points. Leur idylle semble perdurer et toutes les amies en couple d’Aya ne cessent de vanter l’équilibre qui semble régner au sein de leur union. L’honnêteté et le côté séduisant de son mari Kazuma font bien des envieux et tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais tout va s’effondrer le jour où Aya va tomber sur un message très étrange et lourd de sens sur le téléphone de son époux. Dès cet instant, toute cette quiétude, qui rythmait sa vie, vole en éclats dans la tête d’Aya. En plus de ça, Kazuma commence à rentrer de plus en plus tard qu’à son habitude. Prétextant la démission d’un de ses collègues pour justifier ses absences du fait de sa plus grande charge de travail, cela ne suffit pas à calmer les inquiétudes de sa femme. Au contraire, dès qu’elle se retrouve seule chez eux, son esprit ne peut s’empêcher d’imaginer le pire des scénarios alors qu’elle n’a pas de preuve concrète de ce qu’elle soupçonne. Dès cet instant, ces jours qui lui semblaient si heureux vont se transformer en un enfer quotidien dont elle ne peut se dépêtrer. Elle va sans cesse se questionner sur ce qu’elle doit faire et comment confronter sa moitié pour savoir ce qu’il en est réellement. La question est maintenant de savoir pour Aya si elle veut préserver ce quotidien qu’elle a connu jusqu’ici ou bien démarrer un nouveau départ l’amenant vers un horizon incertain. Ce qui devait être une vie de couple heureuse à ses yeux se transforme en un poids immense qui l’écrase petit à petit au fil des jours et de cette peur qui l’assaille.

Pour conclure ces avis en vrac des nouveautés Meian, j’avais envie de m’attarder sur One Half of a Married Couple. On est encore dans le domaine de la tranche de vie et plus particulièrement sur une œuvre qui cherche à s’attarder sur les relations de couple. On nous dépeint initialement un mariage qui semble aller au mieux avec un époux attentionné et bienveillant ainsi qu’une jeune femme pleine de vie. Cependant, on nous montre à quel point un seul élément peut venir tout bousculer et briser une entente si forte. Le récit va ainsi mettre en scène énormément de thèmes importants et capable de détruire un couple. Avec le message que l’on découvre rapidement dès le début de cette histoire, on veut nous créer une méfiance qui peut facilement tourner à la paranoïa. Evidemment, on nous montre une réaction tout à fait normale venant de notre protagoniste qui cherche juste à avoir des réponses, mais qui en même temps est terrifiée à l’idée de connaître la vérité. Ainsi, on se retrouve embarqué dans ce conflit interne qui ronge Aya et qui va la mener à ne pas savoir si oui ou non elle peut faire confiance à son mari. Ce qui est justement fort dans cette histoire, c’est que l’autrice parvient toujours à nous emmener dans cette zone floue où l’on est convaincu de la culpabilité de cet homme sans pour autant qu’il n’y est une preuve directe pouvant le relier à cette faute. De ce fait, on va être pris à la gorge au même titre que notre héroïne qui ne va pas savoir comment réagir et passer par de nombreuses réactions différentes. De même, on va aussi aborder d’autres points de vue à travers leur entourage, leurs amis et autres proches. Voilà un manga qui arrive à appuyer là où ça fait mal et à retranscrire avec brio à quel point une relation amoureuse peut devenir un véritable poison dès lors que la confiance mutuelle se fissure.