Fends le vent

Fends le vent T1 : courir à en perdre haleine

Il y a des sujets qui sont toujours très importants à traiter, notamment à travers les divers mediums qui peuvent nous entourer. Cela permet de sensibiliser les gens à des problèmes bien réels ou bien de mieux comprendre ce que certaines personnes peuvent ressentir dans une société qui se veut souvent étouffante. Dans les nombreuses thématiques possibles, le handicap a régulièrement été au cœur de plusieurs mangas. Des séries devenues à la fois cultes et précieuses par rapport à ce qu’elles arrivent à nous transmettre et à nous raconter autour de ce sujet. Récemment, c’est du côté d’Akata que l’on a pu découvrir un titre ayant décidé d’en faire son thème principal avec “Fends le vent”. Dès son annonce et la découverte de son synopsis, j’avais vraiment hâte de me plonger dans cette histoire qui pouvait autant être une œuvre touchante qu’une formidable ode à l’épanouissement par le biais du sport. Finalement, en me penchant sur cette introduction, j’ai pu découvrir un récit qui va parler de ses diverses facettes avec justesse tout en laissant du potentiel pour la suite. Soyez donc prêts à courir en compagnie d’un étudiant qui s’apprête à retrouver un moteur lui permettant de revenir vers la lumière.

Retrouver goût à la vie

Il est vrai que ce n’est pas la première fois que la question du handicap est traitée dans le monde du manga. La question est donc de savoir comment ce premier volume de Fends le vent arrive à se différencier des autres. Et force est de constater que ce premier volume réussit à nous plonger rapidement dans son histoire notamment grâce à tout le travail qui va être fait au niveau du personnage central. Un jeune homme qui n’a même pas besoin de s’exprimer avec des mots pour que l’on puisse comprendre ce qu’il traverse et surtout à quel point son regard vide est représentatif de ce que cette perte lui a infligé.

Un sprint vital

Fends le vent - ShôtaLa première chose qu’il est crucial de noter dans Fends le vent est l’écriture du protagoniste. S’il s’agit toujours un élément primordial à la construction d’une histoire, ici tout passe par son prisme et il est surtout le personnage au centre de toute l’attention. En fait, le parti-pris est très intéressant dans ces premiers pas, car on nous le présente comme ayant perdu sa jambe sans jamais nous expliquer comment ou bien nous focaliser sur les instants qui ont suivi cette tragédie. Si l’on alterne de temps en temps entre le Shôta du passé et celui du présent, c’est surtout ce dernier que l’on va accompagner et qui semble avoir accepté son sort depuis déjà fort longtemps. Ainsi, nous ne sommes pas face aux conséquences directes d’une telle perte, mais plutôt sur ce qui se passe quand on finit par s’habituer à ça sans pour autant avoir choisi d’avancer. Et c’est là que réside toute la profondeur de son écriture. On veut nous montrer que même si le temps semble avoir fait son office, cela ne signifie pas pour autant que l’on a pour autant réussi à surmonter cette épreuve. Dans une bonne partie de cet ouvrage, on le suit dans un quotidien tout à fait classique où il est habitué à marcher avec sa prothèse et dont le regard est pourtant complètement éteint. Il suffit de quelques cases pour ressentir une sorte de mélancolie sur son visage quand il observe les joueurs de foot sur le terrain. On sent qu’il aurait aimé être parmi eux ou bien qu’il a peur de tenter ce qu’il pouvait accomplir si facilement auparavant.

La tristesse, les pleurs ou la colère laissent place ici à un sentiment de solitude et de désintérêt pour tout ce qui peut l’entourer. C’est finalement une représentation très sincère d’une autre manière de réagir et d’encaisser à un accident qui marque autant la chair que l’esprit. Une tranche de vie qui aborde avec brio ce thème et qui va entrer en résonance avec l’autre facette importante de cette histoire : l’athlétisme. C’est par un concours de circonstance et un événement inattendu que Shôta se retrouve embarqué malgré lui dans ce milieu sportif. Et là, on va voir pour la première fois une étincelle apparaître dans ses yeux. En découvrant qu’il lui était tout à fait possible de courir de nouveau sans ressentir la moindre gêne ou crainte, c’est comme si la lumière s’invitait de nouveau dans son monde. S’il y a un petit aspect compétitif qui semble se dégager, le véritable but ici est d’utiliser le sport comme une manière de chasser ses démons et d’aller de l’avant. Alors qu’il ne faisait que marcher jusqu’ici, on a l’impression qu’il s’élance enfin pour rattraper tout ce qu’il a pu perdre et surtout se libérer de ses chaînes qui sont apparues depuis ce jour fatidique. Nous ne sommes pas dans une volonté d’être focalisé sur un combat constant, mais plus sur un désir de s’épanouir de nouveau et enfin trouver une manière d’avancer. Ici, c’est la course qui symbolise cet espoir et qui va raviver cette flamme que Shôta pensait éteinte à tout jamais. Un message fort pour montrer qu’il y a toujours quelque chose qui peut nous amener du bonheur même dans les moments les plus difficiles.

En un volume, Fends le vent propose déjà un début prometteur notamment par rapport à la façon dont le titre parle de ce handicap et à quel point le sport, ici l’athlétisme, peut devenir un moteur pour continuer à avancer. Sans être dans l’expression éclatante d’émotions, le titre veut justement présenter un personnage qui a fini par se résigner à son sort et à vivre avec ce qu’il peut sans se mettre de nouveau à rêver. Cette histoire est avant tout celle d’un adolescent qui retrouve une source d’amusement et de joie qui le pousse à se dépasser sans faire fi du regard des autres et en s’acceptant soi-même.

Fends le vent dégage une brise agréable

Si j’apprécie énormément de voir des séries qui prennent le temps d’aborder des sujets aussi importants, Fends le vent a su proposer des premiers pas plus que convaincants. On a vraiment de la sympathie pour Shôta et tout ce qu’il traverse. Sans forcément nous plonger dans le cauchemar que cela aurait pu être de perdre une jambe, on prend le temps dans ce manga de mettre en place cette atmosphère si particulière. Une ambiance qui est le reflet de ce personnage principal dont les débuts se font sous un ciel grisâtre. Sans être totalement brisé, chacun de ses pas semble si lourd et l’on comprend aisément pourquoi il a du mal à trouver sa place suite à tout ça. Mais c’est en étant en contact avec le monde de l’athlétisme paralympique qu’il découvre un autre chemin possible. Un sentier où il pourrait de nouveau courir de tout son soûl. Et il y a un remarquable travail qui est fait de la part de Wataru Midori pour représenter ce contraste entre ce début nuageux et cet horizon qui laisse entrevoir des rayons de lumière. Tout comme cette piste d’athlétisme qui semble s’étendre au loin, le futur de cet adolescent semble maintenant sans limite. Même si cela implique de mener un tout autre combat, c’est surtout une occasion pour lui de retrouver goût à la vie. Et c’est pour ce message plein d’espoir que ce titre se montre brillant et si plaisant à suivre. Une œuvre qui combine parfaitement la question du handicap avec le milieu sportif pour un résultat qui nous donne envie d’encourager pleinement ce garçon dans sa nouvelle quête.

Je peux donc dire que Fends le vent est un coup de cœur pour ce premier tome. C’est autant pour ses thématiques que la manière de les mettre en scène que j’ai autant apprécié ce premier acte. De plus, on sent que l’on est seulement qu’aux balbutiements de cette histoire. En sachant que la série trouvera sa conclusion avec son cinquième volume, on peut se trouver devant une courte et intense aventure humaine et sportive. L’objectif ici ne sera pas forcément de voir tout le parcours d’un véritable champion de la course, mais de suivre un adolescent à la recherche de sa liberté perdue. Et c’est ce qui fait toute la beauté de cette histoire dont j’attends beaucoup pour le développement futur de son intrigue. Le genre d’œuvres qui arrive à parler avec habileté d’un sujet souvent compliqué et de le faire à travers son propre prisme. Une série qui pourra vous plaire si vous cherchez un titre qui aborde ce type de handicap et la manière de surmonter ça par le biais du sport. Comme toujours, j’ai quelques interrogations qui me viennent à l’esprit maintenant que je referme ce premier tome. Jusqu’où parviendra à courir Shôta ? Est-ce que l’athlétisme sera pour lui synonyme de nouveau départ ? Comment va évoluer son rapport aux autres à présent qu’il se lance dans cette compétition ? Ce qui est sûr, c’est qu’il risque de nous en mettre plein la vue sur ce nouveau terrain qui est le sien. Je serais de la partie pour le tome 2 tant j’ai envie d’encourager ce protagoniste dans cette course effrénée qu’il vient d’entamer.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Fends le vent. Trouvez-vous que le titre aborde avec brio le sujet du handicap et du sport ? Etes-vous curieux de voir jusqu’où peut aller cet étudiant dans cette nouvelle voie qui se dessine devant lui ? Pensez-vous que l’on aura le droit à un aspect plus compétitif par la suite ? Est-ce que cette introduction, selon vous, parvient à représenter tout ce qui est lié à la perte d’un membre et le combat que cela peut être de retrouver goût à la vie ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.