#DRCL

#DRCL tome 1 : l’ombre de Dracula

On ne compte plus le nombre de mangas qui ont choisi de réinterpréter ou de s’approprier le mythe du vampire. Il faut dire que ces buveurs de sang ont toujours été la source d’une grande imagination de la part de nombreux artistes au fil du temps. Des monstres créés de toutes pièces et qui, aujourd’hui encore, subsistent à travers une multitude d’œuvres. On peut se demander alors s’il est encore possible de convaincre ou de séduire en prenant ces créatures de la nuit comme thème principal à un récit. Mais quand un tel sujet se retrouve entre les mains d’un mangaka au talent indéniable tel que Shin’ichi Sakemoto, on ne peut qu’être curieux de voir le résultat. C’est à présent chose faite avec la parution, chez Ki-oon, du premier volume de #DRCL. Derrière cet étrange nom se trouve une série qui va nous plonger dans une nouvelle histoire autour du célèbre suceur de sang au sein d’un cadre pour le moins surprenant et pourtant parfait pour lui. Je n’ai pas pu résister et je me suis plongé à corps perdu dans cette lecture qui a beaucoup de choses à nous raconter au vu de ce qu’elle propose d’entrée de jeu. J’espère que vous n’avez pas peur du noir, car préparez-vous à un voyage au coeur de l’obscurité et des êtres qui y vivent.

Des ados liés par la nuit

Dès son synopsis, #DRCL propose un contexte prometteur en nous plongeant dans cette Angleterre de la fin du XIXe siècle. Une immersion dans un cadre magnifiquement représenté par le mangaka qui va lui servir de base parfaite pour y introduire sa version du vampire et du plus célèbre d’entre eux. Prenant le temps de construire une atmosphère à la fois envoûtante et oppressante, ce récit va nous amener au contact de cinq personnages qui vont tous être en contact avec ce que la nuit peut dissimuler. Des êtres dictés par les codes de l’époque et qui se retrouvent face à quelque chose de menaçant et dont ils ignorent tout.

Entre envoûtement et effroi

Dès le départ, j’étais vraiment intrigué de voir comment un tel mangaka pourrait réussir à s’approprier la légende de Dracula surtout que son style colle parfaitement à l’élégance et l’effroi que peuvent inspirer un tel personnage. Il suffit alors de quelques instants pour être totalement ébahi par la qualité visuelle de cette œuvre qui réussit, dans un premier temps, à nous dépeindre des environnements fantastiques et remplis de détails. La contemplation qui s’en dégage va perdurer tout au long de notre lecture en même temps que l’on va s’enfoncer un peu plus dans la noirceur de cette histoire. Mais avant toute chose, il faut aussi souligner à quel point l’artiste a su retranscrire une époque de manière très fidèle autant dans ses décors que dans le comportement de ses protagonistes. On y voit des adolescents faisant partie de la haute société qui n’hésitent pas à se moquer ou à harceler une jeune femme sous prétexte qu’elle n’a pas sa place parmi eux. Une confrontation des sexes très ancrée dans cette période historique et qui résonne encore fortement aujourd’hui. Ainsi, le titre ne se veut pas uniquement tourné vers le fantastique, mais cherche aussi à mettre en avant le combat de notre héroïne face à ce monde qui ne tolère pas qu’une femme puisse être l’égale d’un homme. Ceci amène des situations qui vont, bien sûr, éveiller notre dégoût pour cette société aux idées archaïques jusqu’à ce qu’arrive ce navire qui embarque avec lui une menace que personne ne peut encore imaginer. Et là, on va toucher à l’une des grandes forces de #DRCL.

En effet, l’intégration de tout ce qui touche aux vampires est amenée de façon percutante tout autant que délicate. Tout dans cette œuvre respire une certaine sensualité, élément très ancré dans l’imagerie que l’on peut avoir de ces êtres de la nuit. Il y a donc un savant mélange qui s’opère entre l’effroi que l’on peut ressentir à la vue des entités qui naissent de cette obscurité et la beauté hypnotique dont on va être témoin au travers de certaines planches. C’est un combat sur deux fronts qui se joue et où l’on a le sentiment qu’être emporté par la délicatesse de ces dessins symbolise une plongée dans ces ténèbres dont il sera difficile de s’extirper. Et c’est justement là que réside toute l’ingéniosité de ce manga. Tout est réfléchi pour que l’on soit conscient d’être face à des événements dérangeants qui vont pourtant éveiller notre curiosité. La peur de ce qui nous est inconnu se confronte à l’envie d’en savoir plus et c’est ici très bien représenté par le prisme de ces étudiants. On sent le danger qui arrive, mais on cherche des réponses quitte à ce que l’on soit en contact direct avec un personnage qui change petit à petit pour devenir quelque chose d’autre. De même, tout cet imaginaire qui prend vie devant nous va aussi servir à mettre en lumière les vices et autres facettes plus ou moins macabres des divers personnages que l’on rencontre. Ils ont beau tout faire pour paraître parfaits aux yeux du grand public, on va être témoin de séquestration, lâcheté, jalousie et autres comportements qui sont très loin de ce que la noblesse souhaite montrer. Une double facette qui colle parfaitement avec l’apparition de cette menace qui montre que si le jour, tout semble aller pour le mieux, la nuit dévoile ce qu’il y a de pire chez chacun.

On peut clairement dire que #DRCL est une œuvre qui nous en met plein les yeux. Il faut dire que l’artiste derrière cette histoire possède un talent fou pour le dessin. Et surtout, ce style, qui lui est propre, va grandement jouer sur notre appréciation globale de l’œuvre et contribuer aussi à la narration. Nous sommes emportés par ces mystères de la nuit qui frappent cette ville et surtout ces étudiants qui sont coincés entre leurs désirs, leur mode de vie aisé et ces phénomènes incompréhensibles. Une plongée réussie dans l’aristocratie anglaise où surgit le roi de la nuit et ses semblables.

#DRCL plante ses crocs

Il y a un double effet qui s’exprime suite à ma lecture de ce premier volume de #DRCL. La première est que l’on reste, pour le moment, dans le flou concernant la direction où va nous amener ce début d’intrigue. On sent que les choses changent pour nos protagonistes suite à cet événement dont ils ont été témoins. Mais cela se fait de manière progressive et ce n’est qu’une fois que l’on est bien avancé dans le récit que l’on sent l’emprise de celui qui est le seigneur de la nuit. Un peu comme s’il était déjà trop tard et que ses crocs s’apprêtaient à fondre sur ses pauvres futures victimes. Un brouillard voulu et qui est maîtrisé de façon à ce que l’on n’ait jamais le sentiment d’être totalement perdu. On avance à la recherche de réponses et c’est là qu’intervient le second ressenti que l’on va avoir. Le titre arrive à nous hypnotiser tant on est face à une sublime fresque à la fois historique et fantastique. Il suffit de poser les yeux quelques instants sur certaines double-pages pour ne plus réussir à s’en détacher. On contemple ce qui nous paraît magnifique avant de nous rendre compte que derrière cette beauté se cache aussi une terreur qui s’empare petit à petit de nous et des personnages. Tout ici est là pour préparer et annoncer la venue de celui qui fera trembler tous ceux qui oseront sortir la nuit. Et dans ce sens, cette introduction est une franche réussite en réussissant à créer cet équilibre remarquable. Une réinterprétation de Dracula qui combine à merveille la fascination que l’on a autour de celui-ci et l’effroi qu’il fait ressentir.

Clairement, Shin’ichi Sakemoto est parfait pour nous délivrer une interprétation unique de Dracula à travers #DRCL. Il suffit de voir ce premier volume pour se rendre compte à quel point il a su s’approprier les codes de ce dernier sans pour autant qu’il soit directement mis en avant. Et bien sûr, son style graphique est juste idéal pour mettre en scène cette dualité qui forme l’essence de ce buveur de sang. Si j’attends de voir comment va évoluer l’intrigue pour dire s’il s’agit d’un coup de cœur, il me faut admettre qu’il est impossible de ne pas ressentir quelque chose face à cette fresque qui se dessine devant nos yeux. Un véritable tableau de maître qui peut donner lieu à une représentation mémorable de celui qui continue à faire trembler tant de mondes au fil de ses apparitions et des œuvres qui lui sont dédiées. Si vous appréciez les titres du mangaka ou que vous souhaitez vous plonger dans un récit qui vous en mettra plein les yeux sans laisser de côté le fond alors vous serez sûrement convaincu par cette nouvelle série. Et bien sûr, j’ai énormément de questions qui me viennent à l’esprit maintenant que je referme ce premier acte. Qu’est-ce qui se prépare pour le futur de nos jeunes étudiants ? Pourront-ils faire fi de leurs différences pour faire face au danger qui s’annonce ? Que va-t-il advenir de cet adolescent ayant été victime de cette impressionnante bête ? Quelle emprise va avoir celui que l’on connaît sous le nom de Dracula sur cette ville ? Il est sûr que je continuerais l’aventure pour voir ce qu’il en est.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de #DRCL. Trouvez-vous que Shin’ichi Sakemoto a parfaitement su se réapproprier le mythe du vampire et de Dracula ? Avez-vous été ébloui par la qualité de son trait ? Est-ce que ce dernier colle, selon vous, à merveille pour ce style d’histoire ? Etes-vous intrigué de voir quel sera l’avenir de ces étudiants qui ont tous quelque chose à raconter ? Le manga est-il parvenu à vous offrir un sentiment assez unique se trouvant entre l’envoûtement et l’angoisse ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

#DRCL MIDNIGHT CHILDREN © 2021 by Shin-ichi Sakamoto / SHUEISHA Inc.

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