La Bibliothèque du savoir #06 – FFVII – la folie déchirante de Dyne

Il est grand temps, comme chaque samedi, de vous ouvrir de nouveau les portes de la “Bibliothèque du savoir”. On continue d’explorer la section dédiée à l’univers FFVII qui a encore tant de choses à nous raconter. Il faut dire que ce monde fictif n’a de cesse de nous surprendre par ses nombreuses histoires, secrets et son lore des plus conséquents. Après avoir abordé des sujets comme les divers types de matérias ou bien la faune et la flore de la Prairie, il est grand temps de revenir à un sujet beaucoup plus tragique. Pour ça, nous allons renouer avec le passé de Barret en s’attardant sur celui qui sera sa plus grosse épreuve, mais aussi qui représente au mieux son triste passé. Je parle bien sûr de Dyne, le meilleur ami du leader d’Avalanche qui, tel un fantôme, est revenu d’entre les morts pour nous délivrer l’un des moments les plus tragiques de cette épopée. Bien évidemment, si vous souhaitez vous garder la surprise de ce passage si important, mieux vaut s’arrêter là pour vous. Mais sachez qu’il y a beaucoup à dire sur cet homme qui n’est plus que l’ombre de lui-même et qui va provoquer un profond déchirement chez notre géant au bras mitraillette ainsi que chez le joueur. Préparez les mouchoirs, car je vais vous raconter ce qui se cache derrière ce père de famille qui a tout perdu en une journée.

L’homme ayant tout perdu

Comme j’ai pu l’évoquer dans mon précédent article sur Barret, Dyne est le meilleur ami de ce dernier. Originaire aussi de Corel, il est très important de s’attarder sur son histoire avant que tout bascule. Initialement, tout comme son camarade, il est un ouvrier passant ses journées à travailler à la mine dans le but d’extraire du charbon, la matière première du village permettant à ce dernier de prospérer. Mais alors que l’énergie mako se répand dans le monde, la demande pour cette ressource est de plus en plus faible faisant péricliter le quotidien des habitants. C’est là que Scarlet de la Shinra débarque pour faire sa proposition de créer un réacteur mako non loin du village. Il permettrait ainsi à tout le monde de profiter d’un plus grand confort et au vu de la situation actuelle, la majorité des représentants de Corel est pour accepter cette future construction. La seule et unique personne qui s’oppose à tout ça n’est autre que Dyne qui se retrouve isolé même face à son meilleur ami qui pense avant tout au bien-être de son épouse. Mais pour le jeune homme, il est inconcevable de faire une croix sur ce qui a permis à ce village de voir le jour et qui fut l’héritage de leurs parents et grands-parents. Il a beau avoir toute une famille à nourrir, Dyne maintient sa position et fait de lui une sorte de paria parmi ses pairs qui se tournent vers le “progrès” représenté par la Shinra. Obligé de se plier à la majorité, on commence à découvrir un homme particulièrement morose de ces changements qui s’opèrent sans qu’il n’ait pu réellement lutter contre eux. Avant même que la tragédie de Corel n’ait lieu, il représente déjà quelque chose de très fort au sein de ce monde en plein bouleversement.

En s’opposant à cette société qui a la mainmise sur l’énergie la plus demandée, il symbolise un héritage ancestral, un savoir-faire et surtout une culture qui s’efface pour laisser place à une mondialisation qui veut tout unifier sous une seule bannière. Un contraste bien plus grand que ce que l’on pourrait croire initialement et qui correspond bien aux nombreux niveaux de lecture de ce septième opus de la franchise. Et le fait que ce flashback centré sur Barret et Dyne ait lieu bien plus tard dans l’aventure est très intéressant autant dans le développement du leader d’Avalanche que dans la perception que l’on a de son ami. A ce moment, on a déjà été témoin des ravages causés par la Shinra et quand on voit cette scène où Dyne refuse ce marché, on partage pleinement la peine qu’il peut ressentir. On ne peut en vouloir aux autres de désirer le meilleur au vu de cet univers qui se tourne vers un futur sous le signe de l’énergie mako. Mais on est avant tout témoin de l’abandon que va vivre un homme dont une bonne partie de ses proches et amis lui tournent le dos. Ceci est le premier pas qui va servir à créer cette empathie à l’égard de cet individu dont les craintes allaient se justifier et le conduire à descendre en enfer pour finalement en revenir totalement transformé. Car si j’ai parlé de son refus, il faut aussi s’attarder quelques instants sur l’incident qui allait changer à jamais son existence. Je parle bien sûr de la destruction de Corel par la Shinra suite à l’explosion du réacteur mako. J’ai déjà pu évoquer cet événement tragique qui va amener Dyne au bord du gouffre. Alors que Barret l’empêche de tomber, l’assaut de Scarlet va provoquer la chute de ce dernier ainsi que la perte du bras droit de celui-ci ainsi que le bras gauche de Dyne. Alors que tout le monde le pense mort après avoir fait une telle chute, on découvre finalement qu’il a pu s’en sortir en étant témoin des attaques qui ont lieu au Gold Saucer. Des membres de la Shinra sont retrouvés morts, criblés de balles. Les témoignages font alors état d’un coupable ayant une prothèse à la place de la main. Ce qui nous laisse imaginer que le tueur pourrait être Barret n’est en réalité qu’un écran de fumée pour dissimuler le retour de celui qui fut autrefois un véritable frère pour ce dernier.

Le combat des anciens frères

Maintenant que l’on a pu mettre en place toute l’origine de ce personnage, il est grand temps de s’attarder sur le passage qui va pleinement le mettre en avant. Quand on y pense, Dyne est finalement un antagoniste qui n’apparaît que très peu de temps dans l’aventure FFVII. Pourtant, son rôle et l’impact qu’il a sur le joueur et Barret est sans commune mesure par rapport à d’autres parties du jeu. En fait, en survivant à sa chute, Dyne a donc été témoin de ce qu’il reste de son foyer. Il ne retrouve que des ruines fumantes et surtout il a perdu tout ce qu’il chérissait. Sa femme est morte et il est persuadé que Marlène a connu le même sort que sa mère. C’est largement suffisant pour que l’homme perde totalement goût à la vie et ne soit plus rattaché à ce monde que par son désir de vengeance. Mais contrairement à Barret qui va se lancer dans une croisade pour protéger la planète et, en parallèle, exprimer sa colère contre la Shinra et lui-même, Dyne ne va pas réussir à s’accrocher à un tel idéal. Son esprit est totalement brisé et il arpent ce monde comme une âme en peine dont le souvenir de sa défunte femme le hante constamment. Il en vient même à croire qu’elle est encore là, près de lui, et ne parvient donc pas à aller de l’avant. Au contraire, il est prisonnier de cet instant où tout s’est enflammé et le fait qu’il réussisse à s’extirper de ce fossé ne signifie pas pour autant qu’il en est ressorti vivant. En fait, on pourrait même dire qu’il est bien mort ce jour-là et que celui qui est sorti de cette faille n’est autre que la représentation de toute sa haine contre ceux qui ont détruit sa vie. Cela concerne autant l’entreprise dirigeant ce monde que ses anciens compatriotes qui ont refusé de l’écouter. Et parmi eux, Barret est devenu une cible prioritaire sur sa liste de personnes à abattre.

En fait, Dyne représente totalement ce qu’aurait pu devenir le leader d’Avalanche s’il n’avait pas trouvé Marlène et qu’il n’avait pas intégré la fameuse organisation. Mais surtout, les retrouvailles entre les deux ne vont rien avoir de réjouissant. Alors que Barret est heureux à l’idée de retrouver son ami, il se rend compte de l’état dans lequel ce dernier se trouve et c’est le désespoir qui s’empare de lui. Il fait face à un être qui n’a plus rien à voir avec l’homme qu’il a connu. Et il devient même un ennemi à abattre, car avec son attitude, ses attaques à l’égard de Barret et surtout ses propos, tout est pensé pour nous pousser à l’affronter alors que l’on ne veut pas. Nous ne sommes pas face à un combat où l’on veut gagner, mais face à un affrontement que l’on ne peut éviter. Le joueur et notre grand gaillard sont piégés par cette situation qui nous met face à un être qui a le sentiment de ne plus rien avoir à perdre et qui n’attend plus que la mort pour être enfin libéré. Et même au moment où son ami lui indique que Marlène est toujours en vie, rien n’y change. D’ailleurs, il y a une différence notable entre la version PS1 et Rebirth à ce niveau, car cette annonce de Barret n’est pas faite au même moment. Dans le premier jeu, il est dit avant que le duel ne débute et va donner lieu à une parole glaçante et pourtant très forte pour nous pousser à combattre Dyne. Ce dernier va ainsi dire qu’il doit s’occuper de Marlène afin qu’elle puisse retrouver sa mère au paradis. Des mots qui nous terrifient car il est même prêt à s’attaquer à son propre enfant dans cette folie qui le caractérise à présent. Des paroles qui ont disparu dans Rebirth pour appuyer un peu plus le fait qu’il a beaucoup trop de sang sur les mains pour s’occuper d’elle à présent. Quoi qu’il arrive, l’affrontement ne peut être évité et c’est la première fois que l’on doit non pas s’en prendre à la Shinra ou aux résidus de Sephiroth, mais bel et bien à une victime qui a tout perdu. En fait, à travers Barret, le joueur est chargé de mettre fin aux tourments de cet homme qui ne cherche plus à s’accrocher à ce monde et qui est même prêt à commettre l’irréparable dans son envie de réunir toute sa famille de l’autre côté de la rivière de la vie. Et d’ailleurs, c’est dans ses derniers instants que ce guerrier à l’arme greffée au bras va pleinement exprimer toute sa peine et sa colère.

La chute de Dyne

On pourrait se dire que c’est suite au combat entre ces deux anciens amis que Dyne va finalement trouver la lumière et revenir dans le droit chemin. Mais c’est justement une évolution beaucoup plus complexe qui va avoir lieu suite à tout ça. Il n’y a pas de rédemption possible concernant cet homme qui a déjà fait verser tant de sang et qui ne peut plus faire marche arrière. Si sa défaite va lui permettre de retrouver un peu ses esprits et de s’adresser plus calmement à Barret, ce n’est pas pour exprimer son pardon. Au contraire, il sait que son heure approche d’une façon ou d’une autre, que ce soit en se suicidant dans la version PS1 ou bien en subissant les tirs de la Shinra. Et même si Marlène est en vie, son père biologique n’a plus la force de vivre dans un monde où tant de malheurs existent et où l’amour de sa vie n’est plus. En l’ayant pris sous son aile tout ce temps, Barret est le plus à même d’endosser le rôle de père pour Marlène qui était bien trop jeune à l’époque pour réellement savoir qu’il n’était pas son vrai géniteur. En fait, le coup de grâce que l’on donne à Dyne durant notre combat contre lui va surtout être une occasion pour cette âme tourmentée d’enfin trouver ce qu’elle cherchait depuis tout ce temps : le repos éternel. Mais là où cette disparition est encore plus tragique, c’est que cet homme ne part pas en étant totalement apaisé. Au contraire, il continue de considérer Barret comme l’un des principaux acteurs de son malheur et veut qu’il vive pour eux deux en souffrant le plus possible. Et c’est en prenant conscience de ça que l’on voit à quel point l’écriture de ce personnage va encore plus loin que tout ce que l’on a pu citer auparavant.

Le Dyne que l’on n’a jamais réellement pu connaître était un père aimant et un époux attentionné qui voulait préserver cet héritage qui fut construit au fil des générations. Cet individu fut la victime, dans un premier temps, de cette mondialisation représentée par l’énergie mako qui a fait disparaître l’histoire de Corel pour finir par devenir une autre victime de la colère de cette société qui joue avec la vie des autres comme s’il ne s’agissait que de pantins. Tout au long de FFVII, on rencontre des gens qui ont été blessés, détruits ou bien meurtris par cette compagnie. Mais Dyne est sûrement celui qui synthétise toute la haine et le désespoir que peut entraîner cette entreprise à l’égard des citoyens ordinaires. Il n’est nullement question ici de Sephiroth ou du destin de la planète. Nous sommes tout bonnement face à un homme dont le monde s’est écroulé à cause de ceux qui tiennent cette planète entre leurs mains et de ceux qui ont pensé profiter des “bienfaits” promis par ces derniers. Quand il a chuté une première fois lors de l’incident de Corel, Dyne est bien mort ce jour-là. L’homme qui s’est extirpé de ce lieu ne fut que l’ombre de celui qu’il fut. Une carcasse vide de tout espoir et qui n’est empli que de haine, de larmes et de regrets pour tous les gens de ce monde. Greffé de cette arme à son bras, il est devenu un démon vengeur faisant écho à ce qu’aurait aussi pu devenir Barret. Mais au-delà de ça, cet homme que l’on affronte symbolise aussi un passé, des erreurs et un poids qui ne disparaîtra jamais du leader d’Avalanche. En faisant ses adieux définitifs à son meilleur ami, Barret ne tire pas un trait sur ce qu’il s’est passé. Au contraire, il l’accepte et décide d’avancer même si cela implique de porter un fardeau encore plus lourd sur ses épaules. Cette âme errante a donné vie à l’un des actes les plus déchirants de cet opus et surtout fut le fantôme d’un homme qui n’a jamais pu pardonner à ceux qui avaient fait ce choix fatidique.

J’espère que cette section de la Bibliothèque du savoir vous aura plu. Dyne fait partie des personnages secondaires que je trouve les plus réussis de Final Fantasy VII. Il regroupe tout ce qui fait la force émotionnelle de cet opus ainsi que les thèmes abordés durant notre périple. Mais surtout, il s’agit d’un antagoniste pour lequel on ne peut rester de marbre tant il apporte quelque chose d’important à Barret et au joueur. Il s’agit d’une parenthèse au milieu de notre quête pour sauver le monde et pourtant elle revêt une importance considérable. N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce personnage et si ce format vous plaît toujours. On se retrouve très vite pour de nouvelles chroniques au sein de ces milliers d’ouvrages.