Death Game T1 : une chance de liberté
Il y a des thèmes qui reviennent assez fréquemment dans le monde du manga. Cela peut amener divers points de vues ou même des propositions scénaristiques différentes prometteuses d’une œuvre à l’autre. Et parmi ce lot de sujets ou de styles, les récits se passant en milieu carcéral ou mettant en scène des condamnés sont particulièrement présents. Il faut dire que c’est toujours l’occasion d’aborder des questions autour de la justice, de la moralité ou bien de l’humain tout en proposant des intrigues captivantes. C’est exactement le cas avec le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de VEGA-Dupuis. Il s’agit de Death Game dont le nom et la couverture nous font rapidement comprendre dans quoi nous allons nous aventurer. Toujours très curieux de ce genre d’histoires, je me suis plongé dans ce titre et j’ai été largement pris par tout ce que cette introduction avait à raconter. Une œuvre qui ne perd pas de temps pour lancer son scénario et qui va prendre des allures de jeux de survie pour chacun de ces participants cherchant à sauver sa peau. Préparez-vous donc à un récit où il peut être difficile de faire une vraie bonne action.
15 condamnés en liberté
Synopsis
Quinze criminels qui ont été emprisonnés pour des crimes graves au 8e pénitencier de Kanto ont été choisis comme sujets de test pour une certaine expérience. Ceux qui réussissent l’expérience seront récompensés par un « pardon total ». Kusunoki, un ancien détective de la police, a accepté de se joindre à l’expérience afin de réussir à prouver qu’il a été jadis emprisonné sur la base d’une fausse accusation de meurtre.
Auteurs : Miyatsuki Arata & Tanaka Motoi
Quand on s’arrête quelques instants sur le synopsis de Death Game, on peut avoir le sentiment d’être vraiment face à une variante d’un survival-game ayant ses propres règles. Mais si le titre s’inspire bien de ça, il faut aussi reconnaître que le titre arrive justement à se différencier des codes du genre en y insufflant sa propre approche de ce type de jeu morbide. De même, le titre va aussi s’axer énormément sur ces protagonistes qui sont loin d’être des enfants de cœur et qui vont prendre conscience qu’il est très difficile de réussir quelque chose de pourtant simple pour le reste de la population.
Combattre sa propre nature
Concernant l’analyse de Death Game, il faut vraiment s’attarder sur deux points essentiels et qui sont un peu les deux faces d’une même pièce. Tout découle de cette fameuse expérience que l’on nous décrit en début de tome et qui sera l’élément déclencheur de toute l’histoire. On nous fait comprendre que quinze condamnés vont avoir une chance d’être gracié s’ils parviennent à tenir pendant un temps donné en réalisant une bonne action par jour. De base, cette proposition est intéressante, car elle nous amène autant à nous questionner sur l’idée d’offrir une porte de sortie à des criminels qui ont commis des atrocités qu’à trouver pertinente l’idée de les pousser à faire le bien autour d’eux. Mais bien sûr, le “jeu” ne se limite pas à ça étant donné qu’il y a tout un système qui va punir le groupe si les participants n’arrivent pas à atteindre leur objectif journalier. Ainsi, on pose tout de suite le fait que pour s’en sortir, il faut pouvoir compter sur les autres. Et c’est là qu’est la première idée forte du titre étant donné que l’on est face à des condamnés. Ils ne sont pas du genre à se faire confiance et savent même pertinemment de quoi sont capables les autres. Un travail d’équipe compromis d’entrée de jeu et qui va justement les amener à se confronter à leur nature souvent monstrueuse, mais aussi à cette solitude qui les caractérise. Chacun va tenter d’arranger les choses tandis que d’autres vont faire cavalier seul.
Cette “expérience” est donc déjà à double tranchant, car elle amène ces gens à réfléchir sur la complexité de s’entraider surtout dans leur situation. Mais de plus, tout ce cirque va aussi les amener à réfléchir sur ce que c’est que de faire une bonne action. Là-dessus, l’auteur frappe encore un grand coup en développant grandement ce thème tout au long des chapitres. Il va même jusqu’à enrichir son expérience morbide pour pousser les participants dans leurs derniers retranchements. En fait, au-delà de l’intrigue qui existe autour de notre protagoniste et de sa possible innocence, ce premier volume est surtout là pour mettre en exergue ce qu’il peut y avoir de plus atroce chez l’être humain. Et cela est autant vrai du côté de nos condamnés que de cette autorité qui se joue d’eux et savoure les déboires de ces rats de laboratoire. On nous questionne sur notre propre moralité en mettant des êtres désignés par la loi comme des monstres face à une porte de sortie piégée où ils peuvent perdre la vie. D’un côté comme de l’autre, on ne voit ici que de l’obscurité et de l’horreur n’ayant aucun rapport avec la vraie notion de justice. Et plus on progresse dans cette aventure sanglante et plus on ouvre les yeux sur le fait que l’on a quasiment devant nous que des gens peu recommandables au niveau de ces gardiens tandis que certains de ces criminels se présentent comme des victimes d’un système qui les a piégés ou qui cherchaient juste à protéger leur entourage. Voilà une oeuvre où ceux qui cherchent réellement à purger leur peine pour retrouver le bonheur d’une vie simple peuvent totalement disparaître entre les mains des monstres existant des deux côtés.
J’ai vraiment été bluffé par la manière dont Death Game parvient à poser rapidement les bases de cette sinistre expérience. Et ce qui est intéressant avec cette introduction, c’est qu’elle vise aussi directement notre propre perception de la justice. On a beau être face à des criminels, on se dit que tout ça est une horrible situation même pour eux, mais l’auteur joue aussi sur cette nature qui revient chez ces condamnés qui peuvent si facilement franchir de nouveau cette limite. Un récit qui parvient à proposer de multiples nuances tout en nous amenant à réfléchir sur tout un tas de sujets importants.
Death Game rend son verdict
J’ai toujours trouvé le genre du survival-game intéressant, car il expose souvent ce qu’il peut y avoir de pire chez l’être humain. Mais le fait d’amener de tels codes dans un contexte carcéral et surtout de se concentrer non pas sur l’élimination des autres, mais le travail d’équipe est une proposition plus que prometteuse. Death Game offre ainsi un premier volume efficace et qui surtout nous plonge rapidement dans ce qu’il cherche à nous raconter. Si l’on tente de nous faire avoir de l’empathie pour certains de ces malheureux participants, cette oeuvre est avant tout là pour nous faire réfléchir à tous les sujets que j’ai pu évoquer plus haut. Par exemple, notre protagoniste, qui est un ancien policier, est le parfait symbole de cet aveuglement que peut avoir la justice. Un homme qui crie son innocence et qui finit pourtant par être condamné, mais dont on n’a finalement aucune preuve de sa culpabilité ou de cette erreur. Au travers de cette expérience, on se demande si la vérité ne va pas éclater et s’il va lui-même dévoiler le monstre qui sommeille en lui. Car si le titre s’axe autour de la notion de bonnes actions, c’est justement en voulant faire le bien que ces gens finissent par dévoiler leur sombre nature. Que ce soit par désir, haine ou désespoir, on nous présente des individus qui ne semblent pas pouvoir retrouver un vrai équilibre. On nous questionne donc sur cette part d’ombre qui existe finalement en chacun et qui peut s’éveiller à tout instant et consumer à jamais la vie d’une personne. Une œuvre qui se veut donc beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît.
J’avais pas mal d’attentes pour ce premier contact avec Death Game et je suis loin d’être déçu. J’ai beaucoup apprécié ce que j’ai pu découvrir même si le titre se réserve avant tout à un public averti au vu des thèmes abordés et de certains passages violents ou éprouvants. Nous sommes face à une série qui parvient à poser les bases d’un excellent mélange entre le jeu de survie et le milieu carcéral ainsi que la justice. Des éléments qui offrent une excellente alchimie et qui peuvent donner lieu à une courte et intense aventure où la moindre erreur peut être fatale. Et même en dehors de ce que traite le manga, celui-ci parvient aussi à créer une histoire qui nous tient en haleine et où l’on se demande qui finira par s’en sortir parmi ces quinze sélectionnés. Si vous cherchez donc une lecture qui pourra vous prendre aux tripes tout en abordant des propos intéressants sur ces divers thèmes, alors vous devriez largement apprécier cette histoire. A présent, j’ai évidemment plusieurs questions qui me viennent à l’esprit. Est-ce que la vérité finira par éclater au grand jour concernant le crime présumé de notre protagoniste ? Qui a raison et qui a tort dans cette affaire ? Est-ce que certains condamnés iront jusqu’au bout de cette expérience ? Que pourra-t-il bien se passer par la suite au vu du peu de temps restant pour ces criminels ? Est-ce que leurs geôliers tiendront finalement leur promesse ? Je suis intrigué de voir comment tout ça va évoluer par la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Death Game. Trouvez-vous que le manga parvient à jouer sur les deux tableaux avec brio ? Est-ce que vous trouvez que les enjeux proposés sont pertinents pour mettre en avant la moralité de ces personnages ? Avez-vous été impliqué dans ce possible faux jugement à l’égard de notre personnage principal ? Pensez-vous que l’on aura le droit à d’importantes surprises par la suite au vu du comportement de ces acteurs ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.