Pourquoi j’aime #12 : Insomniaques

Je vous propose en ce jour un tout nouveau numéro de “Pourquoi j’aime” et cette fois on va se rendre du côté de chez Soleil Manga. Cet éditeur possède énormément de belles surprises et qui ne sont pas forcément les plus connues du grand public. Pourtant, il y a largement de quoi plaire à un très large public et aujourd’hui je me suis dit que j’allais me pencher sur l’une de ces séries. Plus précisément, je vais vous parler d’une tranche de vie qui me fait fondre depuis le tout premier volume. Je parle bien sûr d’Insomniaques de Makoto Ojiro. Cette mangaka a déjà pu faire ses armes en France avec certaines de ses précédentes œuvres, mais c’est sûrement avec ce titre que j’ai été totalement séduit par son style et sa narration. Loin de nous délivrer une histoire folle où il se passe mille choses, ce récit n’en est pas moins bluffant et captivant pour bien des raisons. Il était impensable que je n’évoque pas ce petit bonbon qui a le don de donner le sourire et de nous attendrir. Une petite pépite qui a eu le droit à une adaptation anime et dont je vous parle maintenant. Donc posez-vous calmement pour un instant magique au coeur de la nuit.

Un sujet rare

La première chose que je tiens à souligner à travers Insomniaques est son sujet initial. En effet, nous nous concentrons avant tout sur deux personnages qui sont victimes d’insomnies et qui cherchent donc à nous raconter ce calvaire qu’ils peuvent vivre au quotidien. C’est très rare qu’un manga choisisse d’aborder un tel thème et de s’en servir comme contexte de base pour ensuite développer son récit. Mais ici, ce problème va être très important, car il est celui qui va déclencher tous les événements importants de cette histoire. C’est en partageant ce souci de santé que nos deux protagonistes vont se rencontrer. Et ce qui est bien, c’est qu’ils vont réussir, ensemble, à transformer ce manque de sommeil en une occasion pour eux de nous faire découvrir un autre visage de leur quotidien. La mangaka nous montre facilement dès les premières pages à quel point l’insomnie peut être une souffrance pour ses protagonistes qui n’arrivent pas à tenir la journée ou bien à se concentrer. Mais progressivement, elle fait de ce malheur un point commun qui va permettre à ces deux âmes d’avancer et surtout de trouver du réconfort. Cela va même jusqu’à nous délivrer des scènes très fortes où ils parviennent à surmonter ça ensemble là où seul il n’y parvenait pas. Je trouve ça à la fois pertinent et très ingénieux de la part de l’autrice d’avoir utilisé un tel sujet comme fondation pour son histoire. Il ne s’agit pas uniquement d’un élément qui apparaît au début pour disparaître par la suite. Dans ce manga, il est question de parler de ce trouble du sommeil sous un angle qui parvient à transformer cet enfer en un mode de vie beaucoup plus onirique. Sans pour autant dénaturer le fait qu’il s’agit d’un problème de santé, le titre va permettre à ce duo de trouver du réconfort au milieu de cette obscurité. Un message très poignant et plein d’espoir qui nous donne envie de voir comment va évoluer leur quotidien au fil des tomes.

Des personnages attachants

Evidemment, il est impossible d’aborder Insomniaques sans évoquer les personnages que l’on va rencontrer tout au long de l’œuvre. Si une grande partie du récit se focalise sur nos deux protagonistes, il y a aussi pas mal d’autres figures qui vont venir graviter autour d’eux. Ce que j’aime par dessus tout dans ce manga, c’est sa faculté à proposer des personnes très sincères dans leurs actions. Bien sûr, notre tandem est en tête tant ils vont illuminer notre périple. Dès le premier échange de regard, on sent que quelque chose naît entre eux et c’est si magnifiquement représenté que l’on ne peut que craquer devant eux. Ils ont beau être très différents, ils parviennent à s’entendre et à nous délivrer notre dose de rayons de soleil. Mais en dehors de ça, je trouve justement que ce récit veut nous présenter des individus qui cherchent juste à profiter de l’instant présent et ainsi savourer ce qui les entoure. Cela peut être de petites choses sans importance comme un spectacle inoubliable que l’on partage en compagnie des gens qui nous sont chers. On a alors envie de s’attacher à ces étudiants qui profitent de la vie et de ce tandem qui parvient à faire fi de ce problème d’insomnie pour nous montrer toute la beauté qui peut se trouver au cœur de la nuit. Tout respire la bienveillance et la joie même s’il y a des passages un peu tristes ou cherchant à créer une certaine opposition à notre duo. En fait, à chaque fois que je me plonge dans un tome, j’ai l’impression de retrouver de vieux amis qui m’accueillent à bras ouverts. Un sentiment qui montre tout le talent de l’autrice pour créer des personnages qui vont s’attirer notre sympathie et surtout nous offrir un moment de réconfort. Il n’y a pas un seul moment où l’on n’a pas le sourire en suivant nos protagonistes.

Une complicité folle

Pour faire écho à ce que j’ai pu citer précédemment, une des grandes qualités de Insomniaques provient de nos deux protagonistes. En effet, il ne faut pas longtemps pour que l’on soit conquis par cette alchimie naissante entre les deux. C’est d’autant plus vrai que l’on est face à deux caractères opposés et qui pourtant vont se rapprocher. D’un côté, on a un étudiant qui se moque du regard des autres et se présente comme studieux et peu enclin aux relations humaines. De l’autre, on a une demoiselle qui fait un peu ce qu’elle a envie, qui est populaire et qui aime bien laisser son esprit vagabonder. Deux êtres qui n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est cette insomnie qui les frappe quasiment chaque soir. Mais c’est justement dans cette opposition que va naître une formidable complicité amenant jusqu’à une relation amoureuse magique. Très souvent, l’autrice parvient à transmettre tout ce qui se passe par les dessins que par des mots et cela donne des scènes sans la moindre parole, mais où l’on comprend tellement le lien qui naît devant nous. A chaque fois, on est profondément touché par ce qui se passe devant nos yeux et ces instants privilégiés que l’on partage avec ces deux adolescents. On observe de loin ces deux âmes qui étaient épuisées retrouver goût à la vie grâce aux moments qu’ils vivent ensemble. Et finalement, sans même nous en rendre compte, on poursuit cette aventure dans l’espoir de voir nos protagonistes heureux et surtout épanouis l’un à côté de l’autre. Ils nous délivrent une formidable leçon d’amitié, d’entraide et d’amour qui ne peut laisser indifférent tant cela est fait avec brio. Sûrement l’un de mes couples préférés dans l’univers manga et qui saura vous toucher en plein cœur sans le moindre problème.

Des dessins somptueux

Un autre point qui m’a tout de suite sauté aux yeux et a grandement contribué à mon attrait pour cette œuvre est le trait de la mangaka. Si vous avez déjà pu lire une de ses précédentes séries, vous savez à quel point ses dessins sont d’une grande élégance. Cependant, je trouve que Insomniaques monte encore de plusieurs crans cet enchantement que l’on peut avoir en contemplant ces planches. J’ai parlé un peu plus haut du fait que le manga est loin d’être riche en dialogues. Cela ne signifie pas qu’il en est dénué ou que c’est mis de côté, mais tout bonnement que la mangaka réussit à transmettre énormément de choses rien que par ses dessins. En plus de nous délivrer des décors somptueux et des plans qui nous mettent des étoiles plein les yeux, l’autrice a un talent fou pour faire ressortir les émotions de ses personnages directement par leurs traits et leur attitude. Il suffit de poser les yeux sur nos deux protagonistes pour voir quand ils rougissent, quand ils sont heureux d’être ensemble ou même d’observer une petite espièglerie dans l’œil de l’un et le désarroi sur le visage de l’autre. Tout cela accentue à merveille notre immersion dans cette histoire. Surtout que le manga a aussi pour thème l’astronomie et c’est un magnifique sujet pour créer des scènes grandioses. Je repense encore avec beaucoup de tendresse et de joie à certains décors et paysages qui captent toute la beauté du ciel étoilé. Mais c’est aussi un formidable moyen de créer des souvenirs autour de ce tandem qui n’a nul besoin de mots pour exprimer ce qu’ils ont sur le cœur. Un petit bijou autant sur le fond que sur la forme et qui saura sûrement vous séduire rien que par ce trait qui donne un réel sentiment de vie au sein de ces pages.

Un vent de bonheur

Il est déjà grand temps de mettre un point final à cette chronique sur cette petite pépite qu’est Insomniaques. Pour clôturer au mieux ce douzième numéro, j’avais envie de vous parler de quelque chose qui me tient très à cœur dans ce manga. En effet, je trouve que cette œuvre arrive à transmettre un pur sentiment de joie et d’évasion quand on le lit. Il fait partie de cette catégorie de mangas dans lesquels je me replonge dès qu’il y a un petit coup de mou. Il suffit que je pose les yeux sur ces personnages, leur histoire et ces dessins pour retrouver le sourire. Nous sommes face à un titre qui a le don de nous réchauffer le cœur de par cette romance qui nous est proposée et surtout cette tranche de vie qui délivre un petit cocon réconfortant. Alors qu’au départ, la nuit était synonyme de souffrance pour ces protagonistes, elle finit par devenir un moment privilégié entre eux et le lecteur. On a l’impression que plus rien d’autre ne compte que cet instant présent où l’on voit deux personnages savourer ces fabuleux décors qui s’offrent à eux et la présence de l’autre. Comme je l’ai évoqué un peu plus haut, le titre n’est pas juste un récit où tout va bien. Au contraire, il y a des passages qui peuvent nous émouvoir profondément. Mais la mangaka ne veut pas que l’on se focalise sur le négatif. Au contraire, elle veut pousser ses personnages et le lecteur à surmonter tout ça pour prouver que derrière la tempête peut se trouver un rayon de soleil. Et il est important d’avoir des œuvres de fiction qui réussissent à nous transmettre des messages d’espoir et de bienveillance avec autant d’aisance. Sûrement l’un des slice of life les plus réconfortants et reposants que j’ai pu lire.