Greed : l’avarice dans toute sa splendeur
Après avoir déjà évoqué quelques personnages par le passé, on s’est dit que l’on allait se tourner vers un autre antagoniste. Si on avait l’embarras du choix concernant les individus que l’on pouvait traiter, notre attention s’est finalement portée sur un adversaire en particulier. Celui-ci nous provient de Full Metal Alchemist. Cette excellente série s’avère être un véritable nid de sujets potentiels à traiter. C’est au sein de cette œuvre que l’on a décidé d’aborder le cas de Greed. Cet homonculus représentant l’avarice a une place toute particulière dans le cœur des fans ainsi que dans le nôtre. Sa présence est très intéressante à analyser au sein de ce titre, car il n’a pas du tout le même parcours que les autres adversaires. Incontrôlable, déterminé et puissant, voilà bien des termes que l’on pourrait appliquer à cette créature qui impressionne par son caractère et sa prestance. Et si cela n’était qu’une infime partie de ce qui fait son intérêt. On pourrait presque dire que c’est la liberté qu’il chérit tant qui le rend aussi unique. L’heure est donc venue de se pencher sur le destin de cet être qui a clairement la peau dure et dont le danger qu’il représente n’a d’égale que la sympathie qu’on a pour lui.
Celui qui voulait absolument tout
Alors pour commencer, pourquoi s’attarder sur Greed parmi tous les ennemis qui vont croiser la route d’Alphonse et Edward ? Une question tout à fait compréhensible et c’est justement parce que cet opposant a une place tout particulière dans le récit qu’il est important de s’attarder sur lui. Là où l’on peut percevoir plusieurs camps se dessiner et avoir un objectif les liant à l’intrigue principale, le groupe de cet homonculus est un peu différent. Pour cela, il est important de noter la première apparition de cet homme aux allures de voyous. En effet, force est de reconnaître qu’il arrive un peu de nul part en cherchant simplement à récupérer l’armure d’Alphonse afin de comprendre le secret derrière son état. Désireux d’être immortel, il se dit qu’il pourrait bien s’agir de la solution pouvant résoudre son problème. On entre alors dans ce qui semblerait être une opposition toute trouvée entre le groupe de ce monstre et le duo d’alchimistes. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir un étrange sentiment qui accompagne cette rencontre. En effet, il a beau être un de ces terribles homonculus à la force prodigieuse, son caractère ne peut qu’attiser notre intérêt. En fait, il est loin d’être un être existant simplement pour la destruction. Bien au contraire, il préserve jalousement tout ce qui l’entoure et fait ainsi honneur au péché qu’il représente. Jusqu’à maintenant, on a toujours une image très néfaste de ces créatures créés artificiellement par ce fameux Père que l’on découvre plus tard. Pourtant, Greed nous montre que cette première impression n’est pas forcément exacte.
Il est un voyou et un guerrier hors pair capable de détruire ceux qui se mettent sur sa route. Cependant, il ne tombe jamais dans ce travers. A l’image de ses homologues, il a développé une personnalité correspondant à ce qui le ronge au plus profond de lui. On le voit se prélasser et profiter de tout ce qu’il considère comme lui appartenant sans vraiment avoir d’intérêt pour cette course à la pierre philosophale. Il a son propre but qui n’est partagé par personne d’autre et cela fait de lui un individu unique en son genre. Il n’y a qu’à voir, il a beau avoir kidnappé Alphonse, il ne souhaite pas lui faire le moindre mal. On peut avoir l’impression qu’il se montre sympathique par instant, même si cela joue dans son intérêt. Pareil pour son combat contre Edward. Il a beau donner tout ce qu’il a et faire pas mal de dégâts, on n’a jamais la sensation qu’il est un antagoniste désireux de mettre des bâtons dans les roues de son adversaire. C’est presque comme s’il trouvait une excitation à voir ce gamin parvenir à le faire vaciller au bout d’une lutte intense. Jusqu’au bout, il garde ce sourire qui le caractérise tant. Celui d’un individu qui reste fidèle à ses principes, même si cela se contente juste de satisfaire sa propre personne. Un caractère à la fois simple et complexe qui contribue grandement à la sympathie que l’on a pour cette figure de la licence. L’homonculus s’efface peu à peu pour laisser uniquement un homme au pouvoir surprenant ressemblant bien plus à un humain que ses congénères. Après tout, il est l’un des représentants les plus fidèles de cette avarice et jalousie qui peut ronger n’importe quel cœur humain.
Un homonculus incontrôlable
Comme on l’a dit un peu plus tôt, Greed fait un peu exception à la règle au sein des autres homonculus. Alors que tous ses frères et sœurs suivent les ordres que leur donne le Père, ce dernier n’en a que faire. Il préfère voler de ses propres ailes et surtout la jouer solo pour accomplir ce qu’il désire. En fait, Greed est un personnage qui est bien à part de toute l’intrigue principale. C’est aussi ça qui le rend si intéressant et captivant. Faisant fi de ce qu’il est censé chercher, il va plutôt obéir à sa propre avarice pour tout garder pour lui. Cela comprend aussi ce que souhaite sa famille. Préférant les doubler plutôt que de bosser main dans la main, cet être artificiel est celui qui reste le plus ancré dans le péché qu’il représente. C’est ainsi que plus on apprend à le connaître et plus on ne peut s’empêcher d’être intrigué par lui. Une créature aux pouvoirs exceptionnels, mais qui pense avant tout à sa petite personne. Il n’est donc ni un ennemi officiel des frères Elric ni un allié des Homonculus. Un véritable électron libre qui, s’il représente un vice très risqué, nous éblouit aussi par son désir de liberté. Il a beau dire justement qu’il suit juste le chemin qu’on a tracé pour lui depuis sa naissance, on sent aussi son souhait de ne pas être limité par des chaînes. Cela s’exprime autant dans sa manière d’être, ses paroles, mais surtout ses actions. Si la majorité des homonculus ont une histoire intéressante et jouant grandement avec ce désir de se rapprocher d’une condition d’être humain, Greed est sûrement l’un des meilleurs représentants de cette volonté.
On ne peut tout simplement pas l’enfermer dans une cage et c’est ce qui fait que l’on est autant attaché à lui. Le combat qu’il mène n’est pas contre un gamin ou sa “famille”. Sa lutte le conduit à se battre face au monde entier. Les seuls alliés sur lesquels il peut compter sont les hommes et femmes qui ont accepté de le suivre et qui font partie de ses possessions. Si sa tendance à tout vouloir à l’excès est symbolique et cherche à nous montrer son côté néfaste, cela n’est au final que peu de chose face à la sympathie que l’on exprime à son égard. On y voit avant tout une créature cherchant à prouver qu’elle existe et à voler de ses propres ailes sans que personne ne lui donne d’ordre. Un souverain ne s’entourant que de ses richesses. Cependant, la plus belle chose qu’il désire est tout simplement la liberté. Ce sentiment de n’avoir de compte à rendre à personne et d’être libre de ses choix et surtout de sa vie. Une quête qui peut parler à tout le monde même au plus lambda des êtres humains. On est tous en quête de cette liberté qui nous permet d’être tels que l’on est sans avoir à être forcément conditionné par ce qui nous entoure. Greed est le parfait reflet de cette facette de l’Homme et l’on ne peut donc rester de marbre en le voyant en action. D’ailleurs, ce sentiment d’être proche d’un antagoniste n’est pas si rare dans Full Metal Alchemist. Après tout, chaque homonculus n’est autre qu’une représentation de ce que le cœur humain peut cacher au plus profond de lui. La colère, la gourmandise, l’envie, la paresse, l’avarice, la luxure ou bien l’orgueil sont des sentiments qui font partie de nous et ces êtres n’en sont que les agents suprêmes.
Un monstre fidèle
Cela peut paraître paradoxale de parler de fidélité lorsque l’on évoque un homonculus ou même une créature dans le sens large du terme. Pourtant, Greed brille aussi par cette faculté qu’il a de s’attacher à ce qui lui appartient. Il suffit de noter sa relation avec les membres constituant son gang pour ressentir ça. Son avarice ne se limite pas uniquement à des biens, mais aussi à l’égard de personnes. Ainsi, il considère que toute personne sous ses ordres lui appartient et cela entraîne deux choses. La première est bien sûr de créer d’accentuer à quel point son péché est au paroxysme de ce que peut connaître un être humain. On peut donc s’imaginer cela comme une relation fort toxique avec un être dominant tous les autres. Pourtant, ce n’est pas du tout ce que l’on peut ressentir quand on s’attarde plus en détail sur cette rencontre. Les chimères qui sont à ses côtés le considèrent comme un chef, mais aussi un sauveur. Auprès de lui, ils ont pu retrouver cette liberté qu’il n’avait plus en tant que sujets d’expérience. Ainsi, les raisons qui l’ont poussé à les aider sont personnelles et même égoïstes, mais ce n’est pas ce qui ressort le plus. On attaque alors la deuxième partie qui montre que Greed n’est pas un si mauvais gars, malgré les airs qu’ils se donnent. S’attaquer à ses précieux sujets, sbires ou ressources l’oblige à devoir se défendre. Son avarice est donc autant quelque chose de néfaste qu’une motivation supplémentaire de venir en aide à ceux qui le suivent.
Un parallèle qui ne fait qu’enrichir ce personnage déjà captivant. C’est un homonculus. Un être créé de toutes pièces pour accomplir la volonté d’un autre. Pourtant, il s’est défait de ses liens et s’est presque créé une famille dont chaque membre lui est loyal. Au même titre qu’un grand frère protégeant ses cadets, il ne se retient pas quand quelqu’un s’en prend à l’un des siens. Cela ajoute énormément à l’intérêt, mais aussi à la sympathie que l’on a pour cet antagoniste qui prend une route bien différente de ce que l’on a l’habitude de voir. Il a beau avoir un rapport singulier avec ces compagnons qu’il considère comme ses biens, on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine forme d’affection. Il a beau avoir l’air d’être détaché de tout au vu de son statut, cela provoque toujours un sentiment étrange de le voir s’attaquer à ceux qui s’en prennent à ses trésors. Après tout, par son avidité, il a sauvé un nombre incalculable de vies en leur offrant une existence bien plus confortable que ce qui les attendait. Dans l’esprit du lecteur ou du spectateur, il est donc impossible de le voir comme un méchant à part entière. On renoue donc avec l’idée d’avoir devant nous un personnage aux compétences extraordinaires, mais qui se dissocie totalement de tout ce qu’il y a autour de l’intrigue principale. Il est la preuve vivante qu’en seulement quelques apparitions, on peut avoir un adversaire marquant, nécessaire à la progression du héros, et très bien écrit par rapport à l’univers dans lequel on évolue. Un ennemi que l’on adore et qui, à l’image de son caractère, apparaît par surprise pour s’en aller avec panache.
Une exception au sein de sa famille
Si l’on s’attarde sur Greed, il faut aussi prendre en compte sa place au sein de cette grande fratrie qu’il constitue avec les autres être artificiels. Ce qu’il est important de noter au premier abord, c’est que chacun d’entre eux est guidé par son péché. Malgré tout, ils ont tous une profonde obéissance pour celui qui leur a donné la vie. Tous sauf un. En effet, l’homme au corps d’acier nous montre rapidement son aversion pour son paternel qu’il n’hésite pas à renier pour mener sa propre barque. C’est donc quelque chose d’important à souligner. Greed est le seul à s’être défait de l’emprise de cette figure supérieure pour simplement suivre son ambition personnelle. Cette direction est loin d’être anodine, car ça fait de lui autant un opposant aux alchimistes qu’une épine dans ceux qui devraient être ses alliés. C’est pour cette raison que l’on parle ici d’exception. Un être unique en son genre qui est encore plus spécial que les autres homonculus. D’ailleurs, ces liens fictifs qu’il pourrait avoir envers ses congénères ne sont pas représentés comme une force, mais bien plus comme une entrave. On en revient alors toujours à la même symbolique et qui renforce cette attirance que l’on peut avoir pour ce renégat qui vit comme il le souhaite. Mais on peut même avoir l’impression que sa condition de créature artificielle est autant un bienfait qu’un profond poids à porter. Il a beau agir comme un humain et profiter de tous ses vices, Greed ne sera jamais vraiment comme le commun des mortels.
Il aime autant qu’il se fiche de la vie en elle-même. En fait, il profite tout simplement de l’instant présent, car il sait pertinemment qu’en désobéissant aux ordres, il risque fort d’être condamné. On se dit qu’il pourrait alors faire abstraction de ça et faire semblant d’accepter la place qui lui a été désignée, mais cela serait contraire à sa nature même. Plus qu’un homonculus, il est l’avarice. Son désir de tout posséder ne se limite pas uniquement à quelques ressources. Cela s’étend aussi à des concepts tels que la liberté, la vie, mais aussi la mort. C’est là qu’arrive alors la fameuse scène où il est ramené parmi les siens. Après avoir mené un terrible combat contre Wrath, le voilà maintenant sur le point de disparaître à tout jamais sous les yeux de son “Père” et de ses homologues. On entend alors le chef de ce groupe lui donner une dernière chance de rejoindre leurs rangs. Dans l’esprit du lecteur, on se dit que cela serait une chance pour Greed de continuer d’exister et de pouvoir retenter sa chance plus tard. Cependant, c’est tout le contraire qui se passe. Son esprit de contradiction lui intime l’ordre de mourir plutôt que d’accepter un tel marché. Jusqu’au dernier acte, il n’aura jamais flanché. Il a autant choisi comment vivre que la manière dont il souhaitait en finir. Une scène cruciale, car elle sert de cerise sur le gâteau quant à l’écriture de ce personnage. Il part la tête haute, le sourire aux lèvres et en laissant derrière lui des paroles cinglantes et collant à l’individu. A cet instant précis, on a ce sentiment que l’on a assisté à un moment aussi déchirant que grandiose. Un final qui n’aurait pas pu être plus parfait pour ce vagabond étincelant dont sa ténacité ne pouvait qu’imposer le respect.
Greed ne disparaîtra jamais
Dans l’univers de Full Metal Alchemist, Greed a clairement une place à part. Véritable renégat qui fait juste ce qui lui plaît, il est une épreuve que doit surmonter Edward pour progresser, mais aussi grandir. Ne rejoignant réellement aucun camp, cet homonculus nous captive autant qu’il nous éblouit par son charisme. On peut bien sûr parler de sa personnalité ou bien de la forme qu’il peut prendre. Deux atouts incroyables qui ont permis de créer sa légende. Malgré tout, ce n’est pas ce qui fait le cœur de cet être si unique en son genre. Exception au sein de sa famille, chef ayant la loyauté de ses subordonnés, l’avarice incarnée. Bien des titres, mais qui cachent en réalité un être désireux de vivre selon ses propres règles. On en a parlé un peu plus haut, mais Greed nous fascine parce que jusqu’au bout, il aura été fidèle à ses principes. Bien sûr, il y a aussi son retour dans le corps de Ling qui est pertinent à étudier étant donné que les deux personnalités doivent cohabiter. Mais cela pourrait faire l’objet d’une toute autre chronique. Ce que l’on souhaite avant tout parler à travers ces quelques lignes, c’est surtout le fait que cet antagoniste est bien différent de tous ces autres opposants que l’on a pu croiser sur la route des deux frères. Un homme pour qui on a un affect tout particulier et dont le charisme ne se limite pas uniquement à son entourage. Il a beau désirer tout ce qu’il y a en ce monde, il est sans doute l’un des plus humains au sein de ce cirque de monstres qui n’aurait jamais dû exister.
Hiromu Arakawa nous montre tout son talent pour transformer chaque personnage de son œuvre en une forte symbolique de la nature humaine. On avait pu citer autrefois l’innocence et l’enfance des frères Elric. Pour Greed, il n’est pas uniquement l’avatar de ce fameux péché. C’est avant tout la représentation de cet homme qui ne peut accepter d’être comme tout le monde. Un être pour qui la liberté s’exprime par l’obtention de ce qu’il désire. Un caractère propre à l’Homme et dont l’excès n’empêche pas de s’attacher à lui. L’homonculus est la preuve parfaite que l’on peut avoir un antagoniste pour lequel on a une sympathie. On sent la volonté de l’autrice d’en faire un paria parmi les siens et surtout que le lecteur puisse se sentir proche de lui malgré ses origines. Il suffit d’entendre son nom pour se remémorer son combat contre Ed, son attitude si désinvolte, mais surtout le fait qu’il n’a jamais plié le genou. Même en étant balafré, tranché, transpercé ou sur le point de disparaître, le visage de cet individu a toujours conservé ce sourire carnassier. Un faciès qui nous montre qu’il a gagné peu importe la conclusion qui l’attendait. Après tout, son désir d’immortalité n’était rien face à son souhait d’être délivré de ses chaînes. Et puis l’avarice ne peut disparaître totalement. Elle continuera de vivre à jamais dans le cœur de chacun et ainsi faire perdurer cette vie qu’il a toujours voulu. On espère que vous aurez aimé cette chronique et dites nous si vous souhaitez d’autres articles de ce genre. N’hésitez pas à écrire dans les commentaires votre avis sur Greed.
© Arakawa Hiromu / Full Metal Alchemist / Square Enix / Bones