The Kingdoms of Ruin tome 1 : se venger à tout prix
On peut clairement dire que l’on a eu notre dose de nouveautés ces derniers jours. C’est alors toujours un pur bonheur que de se plonger dans des épopées inédites qui peuvent nous proposer des périples uniques en leur genre. Cela peut autant être poétique, contemplatif, spectaculaire ou même très sombre. D’ailleurs, c’est sur ce dernier point que l’on a décidé de se pencher aujourd’hui avec un manga qui vient tout juste de faire ses débuts. Provenant tout droit du catalogue de Kana, ce titre avait su éveiller notre curiosité dès l’instant où son annonce fut faite. Il s’agit de The Kingdoms of Ruin dont le premier volume est sorti. Si l’on a toujours un grand plaisir à faire nos premiers pas dans un monde dont on ignore tout, force est de constater que cette œuvre a su marquer les esprits. Se voulant très dramatique et même morbide, cette introduction nous plonge dans une épopée infernale où la vengeance est le seul moyen pour certains d’avancer. On a alors été scotché par la violence de cette base qui va nourrir de nombreux éléments intéressants. Le temps est donc venu d’assister à une confrontation grandiose entre un jeune homme et tout un peuple.
Un terrible prix à payer
The Kingdoms of Ruin, imaginé par Yoruhashi, nous plonge dans un monde fictif qui s’est développé grâce à la magie. Alors que les humains faisaient de leur mieux pour survivre, leur salut fut symbolisé par l’arrivée des sorcières. Ces dernières ont constamment fait de leur mieux pour apporter la lumière au reste du monde et les aider à créer une société où ils pourraient tous vivre en paix. Un rêve bien idyllique et qui semblait même s’être concrétisé avec le temps. Malheureusement, l’être humain ne peut s’empêcher de détruire le bonheur qu’il a dès l’instant où il se sent surpuissant. Celles qui leur avaient permis de survivre en répondant à la demande de la grande divinité devenaient une possible menace. L’humanité avait de moins en moins besoin de la magie étant donné que l’époque était maintenant à la révolution industrielle. Les sorts disparaissaient pour laisser place à un équipement fait de métal et de câbles. Les sorcières continuaient de vivre comme on le leur avait toujours enseigné tandis que les hommes ne cessaient de proliférer et d’étendre leur emprise sur le monde. Il n’aura pas fallu longtemps pour que le fragile équilibre entre les deux peuples se brise et tout débuta dans un lieu bien précis. C’est l’Empire de Rydia qui ouvrit les hostilités en lançant une gigantesque chasse aux sorcières. D’effroyables spectacles virent alors le jour sur toutes ces terres autrefois paisibles.
Ne pouvant rien faire face à la supériorité numérique et matérielle de leur opposant, les magiciennes furent capturées pour la plupart. S’ensuivit alors de terribles scènes de meurtres, d’exécutions et d’abus où personne ne semblait prendre la défense des victimes. Au contraire, les gens s’amassaient devant ces bûchers et autres lieux de mort pour contempler ces écœurantes scènes comme s’il s’agissait d’un simple divertissement. La haine était palpable dans l’Empire à l’égard de ces femmes qui avaient tout donné pour leur apporter le bonheur. Tout cela n’était motivé que par la crainte de toute cette sorcellerie inexplicable et pour asseoir leur pouvoir sur ce monde. Parmi ceux qui tentaient de fuir se trouvaient Adonis, un jeune homme qui a été élevé et formé à la magie, ainsi que Chloé, la sorcière qui était son mentor. Espérant pouvoir échapper à leurs poursuivants, le résultat fut au final bien tragique. L’évolution technologique des troupes adverses était sans égale et avait permis la construction de bien des inventions. C’est l’une d’entre elle qui condamna finalement la bien-aimée d’Adonis qui ne put qu’être impuissant devant cette purge. Devant tant de souffrance et de malheurs, la colère se mit à envahir le cœur du garçon. Il se jura alors de tuer tous les humains pour assouvir son besoin de vengeance. En se lançant dans une telle éradication, l’Humanité venait sûrement de créer son plus grand ennemi.
The Kingdoms of Ruin n’est clairement pas une œuvre à mettre entre toutes les mains. L’auteur a sciemment souhaité donner naissance à un univers qui se veut écœurant par la nature des êtres humains et ce qu’ils entraînent dans leur sillage. On a donc un étrange sentiment qui va nous accompagner tout au long de notre périple en compagnie de ce jeune homme qui a vu toute sa vie être détruite devant ses yeux. Un voyage où l’on a constamment la gorge nouée et qui va mettre en lumière ce cercle éternel de haine qui peut corrompre toute une espèce. La lumière n’a alors plus sa place dans ce monde fait de ténèbres.
Une oeuvre sombre et haletante
Il ne faut pas longtemps à The Kingdoms of Ruin pour poser son ambiance presque étouffante. Le lecteur va se retrouver rapidement en contact avec cette purge qui a été organisée et le fait de partir directement dans ce déferlement de violence n’est pas sans raison. Il ne faut même pas quelques secondes pour voir le bouleversement qu’il y a entre cette paix qui fut forgée auparavant et ces actes ignobles perpétrés à l’égard des sorciers. Cela permet de vraiment créer ce malaise qui va nous accompagner tout au long de notre lecture et qui ne va jamais diminuer. Il y a une telle escalade dans l’aspect morbide et corrompu de ce monde que l’on ne peut rester de marbre devant tout ce qui se passe. On comprend alors tellement la souffrance qui anime le cœur d’Adonis qui a tout perdu tout simplement parce que l’être humain ne peut tolérer ce qu’il ne comprend pas. L’écœurement est totale et fait partie intégrante de l’expérience souhaitée par l’auteur afin que l’on puisse partager la peine de cet anti-héros. D’ailleurs, il est intéressant de voir que l’histoire s’axe sur deux grandes parties qui vont permettre de contribuer à nourrir cette haine que l’on peut avoir et surtout démontrer la noirceur du cœur humain. Les années ont beau passer, on continue de nous dépeindre les hommes comme des êtres ne pouvant s’empêcher de détruire et de faire souffrir. La paix que l’on essaye de nous montrer n’est qu’une façade pour dissimuler la pourriture qu’il y a au cœur de ce pays.
C’est là qu’intervient justement la deuxième moitié du tome qui va brillamment mettre en scène l’aspect désastreux de ne vivre que pour la vengeance. On va assister à des scènes qui sont tout aussi brutales qu’à l’époque de la chasse aux sorcières et c’est justement là que se trouve tout le génie du titre. Si l’on ne peut se débarrasser de cette colère qui gronde un peu en nous après avoir vu tout ce qu’il s’est passé auparavant, le spectacle qui s’offre à nous prouve que cela ne s’arrêtera jamais. La haine entraîne la haine et se venger signifie créer d’autres gens désespérés ne pouvant se rattacher qu’à ce désir de faire payer le coupable. De même, il y a un très bon travail qui est réalisé au niveau de l’écriture d’Adonis. On voit à quel point il est rongé par ce sentiment qu’il nourrit depuis ce jour fatidique. Sa main est presque dictée automatiquement à faire subir ce qu’il a vécu. Un faucheur qui ne parvient même pas à trouver un peu de réconfort dans ce ballet mortel qu’il orchestre. Réussir à retranscrire tout ça en seulement un volume est remarquable et permet d’appuyer grandement le message souhaité en arrière-plan. C’est une fresque très sombre qui nous est présentée et qui nous plonge dans ce sombre abîme qui peut accompagner tous ceux qui ne vivent plus que par le sang. Il y a même un très bon travail de fait sur la notion d’espoir qui peut filer à n’importe quel moment au sein de ce monde qui n’est rongé que par la brutalité et les pleurs.
On savait pertinemment que The Kingdoms of Ruin souhaitait partir sur un récit d’une grande violence. Malgré que l’on se doutait de ce qui allait arriver, le mangaka a su faire preuve d’audace pour nous surprendre. Le lecteur sent vraiment ce sentiment d’impuissance qui le ronge petit à petit devant ces scènes intolérables où la mort prend le pas sur la vie. Il y a même un certain désir de la part de l’auteur de susciter une certaine haine dans le cœur de son lectorat afin de l’impliquer encore plus dans ce conte. Un périple qui ne nous épargne rien et sait comment frapper un grand coup.
The Kingdoms of Ruin débute sa destruction
Comme indiqué sur le manga, The Kingdoms of Ruin est réservé à un public averti par rapport à ses scènes crues, mais aussi la violence de ses propos. Cependant, tout cet aspect sanglant est là pour justement accompagner la thématique traitée tout au long de cette introduction et qui est bien mise en scène par l’auteur. Le personnage d’Adonis est captivant, car il n’arrive plus à se défaire de cette soif de vengeance qui le consume. Il a beau répondre à son appel, il n’est jamais satisfait et se rend même compte du triste chemin qu’il est en train de prendre. Au même titre que ceux qui ont détruit son existence, il finit par endosser le rôle du bourreau et devenir ce qu’il a toujours exécré. Un excellent travail d’écriture qui permet d’avoir un certain intérêt pour le développement de ce protagoniste qui est à la fois spectaculaire dans sa manière de combattre que triste dans tout ce qu’il ressent. Il a beau ne pas avoir subi le même sort que Chloé, il est aussi une victime de cette chasse aux sorcières ayant saccagé de nombreuses vies. L’exagération propre à cette confrontation entre magie et technologie va permettre de parler habilement de cette boucle éternelle qu’entraîne la rage. Si la lumière a autrefois existé dans ce monde, elle a depuis longtemps disparue, et même les quelques résidus qui restent sont rapidement balayés par ce royaume qui court à sa propre ruine. Un premier tome qui nous plonge pleinement dans ce contexte qui parvient autant à marquer les esprits qu’à mettre en lumière des sujets bien concrets.
A travers ces quelques lignes, on souhaitait vraiment traiter de ce qui fait la force de cette introduction à The Kingdoms of Ruin. Un manga qui nous montre que des éléments comme la brutalité, le sang et la mort peuvent être pertinents pour raconter une histoire s’ils sont bien manipulés. Le mangaka y arrive très bien ici et même ce sentiment de malaise que l’on peut avoir pendant une bonne partie de cette aventure est voulu. C’est une expérience littéraire qui souhaite justement nous mettre aux prises avec ce que l’être humain peut faire de pire et nous donner ce sentiment d’impuissance propre à notre statut de lecteur. Si vous souhaitez vous lancer dans une épopée sombre et tragique ou que vous désirez voir un récit qui met en avant les travers de l’Humanité alors cette série peut tout à fait vous convenir. On recommande en tout cas ce titre à tous ceux qui ont le coeur bien accroché, car derrière le massacre présenté se cache un message important et intéressant à analyser. Maintenant, on a de nombreuses questions qui nous viennent à l’esprit. Est-ce qu’Adonis va finalement pouvoir sortir de cette spirale infernale ? Les fantômes de son passé continueront-ils à l’amener vers sa propre destruction ? Quand est-il de ce royaume qui profite de l’annihilation de tout un peuple pour savourer son petit confort ? On est très curieux de voir ce que la suite nous réserve et où elle nous conduira.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de The Kingdoms of Ruin. Trouvez-vous que l’aspect très sombre du récit parvient à apporter quelque chose d’unique ? Avez-vous apprécié l’ambiance malsaine et macabre qui se dégage de ces cases ? Pensez-vous que l’on va avoir le droit à une évolution du personnage ou s’il va rester fixé sur son objectif ? Croyez-vous que l’intrigue proposée peut réussir à s’étaler dans le temps ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de cette nouvelle série.