Le rideau se baisse : Demon Slayer
Je vous ai déjà proposé pas mal de nouveaux rendez-vous depuis le début de l’année. Pourtant, c’est loin d’être fini car voici déjà une chronique inédite qui a pour objectif d’être récurrente. Cela faisait longtemps que je réfléchissais à un moyen de parler des séries qui se terminent. Après tout, c’est l’occasion parfaite de faire un bilan de ces dernières et ainsi voir tout ce qui ressort de l’épopée en question. C’est pour ça que voici “Le rideau se baisse” où je vais revenir sur diverses fins qui ont pu nous marquer et ainsi revenir sur tout ce qui a fait la force d’une licence. Pour inaugurer ça, je me suis dit que ce serait génial de s’attarder sur une grande saga. Voilà pourquoi on va s’attarder aujourd’hui sur la conclusion de Demon Slayer, édité chez Panini. Il faut dire que ce final a pas mal fait parler de lui et il était donc pertinent de voir ce qui se cache derrière celui-ci. Une conclusion finalement très symbolique et qui se présente comme une continuité assez logique du propos de l’œuvre. Les pourfendeurs tirent leur révérence d’une façon magistrale et poignante. Il est donc temps de revenir sur leur dernier combat.
La fin d’un combat
On a déjà eu l’occasion de parler à de nombreuses reprises de Demon Slayer tout au long de sa parution. Cette fois, on va vraiment s’attarder sur les derniers instants de cette histoire et si celle-ci clore de manière brillante ou décevante le manga. Pendant une bonne partie du dernier arc, on assiste au combat tant attendu entre nos épéistes et celui qui est à l’origine de toutes leurs souffrances. Voilà déjà une première chose importante à noter, c’est qu’il n’est pas question ici d’assister à un combat en un contre un qui décidera du sort du monde. Bien au contraire, on nous le présente comme bien trop redoutable pour être vaincu par une seule personne. Ainsi, même si Tanjirô va avoir son rôle à jouer, la finalité de cet affrontement se décide avant tout par l’effort collectif de l’ensemble des pourfendeurs. Les piliers ne cessent de dépasser leurs limites et même les plus faibles de ce camp se lancent dans la mêlée. Cela ajoute autant chez le lecteur une admiration sans bornes pour tous ces personnages prêts à donner leur vie pour leur cause qu’une profonde tristesse. On sait pertinemment que ce final fera des dégâts et que les morts seront nombreux. Un résultat qui est au final très représentatif de ce que l’on a pu connaître tout au long de la série. Cette œuvre n’a eu de cesse d’envelopper notre périple d’une profonde odeur de mort qui peut frapper à tout instant.
On a beau être dans un récit qui reprend beaucoup de codes du nekketsu, la mangaka a voulu y ajouter une importante part de drame afin d’appuyer ses propos, mais aussi l’intensité de cette guerre de l’ombre. Ce dernier acte symbolise parfaitement la brutalité de ce conflit et le fait que la paix recherchée ne peut être faite qu’à travers de terribles sacrifices. D’ailleurs, le fait de jouer autant avec la mort éventuelle des personnages ne fait qu’ajouter encore plus d’impact à chaque scène d’action. On se demande qui ressortira finalement vainqueur et surtout vivant. C’est encore plus vrai face à cet être hors du commun qui sert de boss final. Mais surtout, cette bataille va aussi souligner quelque chose d’important et qui a toujours été là tout au long de l’intrigue. Il s’agit du fait que tous les pourfendeurs ont quelque chose à défendre. Ils sont unis par leur désir de vaincre les démons, mais surtout par ce besoin de protéger ce qui est le plus cher à leurs yeux. Même ceux qui paraissent les plus insensibles de ces combattants sont en réalité des gardiens dévoués. Tanjirô, Zenitsu et même Inosuke sont guidés par cette envie d’être utile aux autres. Cela peut être à l’origine de leur combat ou bien naître plus tard dans l’histoire. Tout ça fait que ce combat final n’est pas uniquement là pour mettre un terme à celui qui représente ce mal absolu. C’est aussi une lutte pour sauvegarder l’existence de tous ceux qui continueront de vivre après tout ça.
L’affrontement contre Muzan a été un pan important de l’histoire qui se sera finalement construit tout au long de la série. Une écriture qui atteint son point culminant dans les derniers tomes de Demon Slayer. Cette lutte va autant être synonyme de pertes que d’un nouveau futur se profilant au loin. Pendant tout ce temps où on observait la lutte de ces hommes et femmes, on était le témoin privilégié d’une confrontation que personne d’autre ne connaîtra. La fin d’une ère et le début d’une nouvelle qui ne va pourtant pas faire une croix sur ces héros de l’ombre.
Un corbeau porteur d’espoir
On va maintenant aborder la dernière partie de Demon Slayer et mieux vaut prévenir que cela va spoiler pas mal d’éléments donc n’hésitez pas à passer ce passage si vous n’êtes pas encore à jour. Dans le dernier tome, on assiste à la victoire de nos amis sur le terrifiant et résistant Muzan. Un soulagement, mais qui laisse un sentiment amer au vu des dégâts subis par l’ensemble des pourfendeurs et des vies perdues. Pourtant, ce combat, qui a laissé tant de cicatrices, est porteur d’espoir. Même si les pertes sont nombreuses, les quelques survivants gardent le sourire, car ils savent que leur rôle est maintenant terminé et que le sacrifice de leurs camarades ne fut pas fait en vain. On enchaîne alors sur un dernier chapitre qui nous plonge dans un monde contemporain où l’on voit une paix durable s’installer et les descendants de nos héros profiter d’un quotidien paisible. Le lecteur peut se questionner sur l’utilité d’une telle conclusion tant elle semble distante par rapport à tout ce qui s’est passé. En plus de ça, cela permet aussi d’entrevoir quelques finalités dans certaines relations qui nous font comprendre ce qui a bien pu se passer après que les pourfendeurs aient rangé leur katana. En fait, on trouve que ces dernières pages sont une très bonne conclusion par rapport aux propos qui sont tenus depuis le début du manga. Tout au long de ce voyage, on ne cesse de nous raconter que nos héros sont des guerriers qui luttent en coulisses dans l’espoir d’amener la paix au reste de la population.
En effet, l’existence des démons est majoritairement tenue secrète et reste du domaine du mythe pour le commun des mortels. Il suffit de voir Tanjiro au début de la série pour voir qu’il ne croit pas en ça jusqu’au jour où tout bascule. L’événement tragique qui va lancer la quête de notre protagoniste n’est pas dans le but de demander vengeance. Il s’agit surtout d’empêcher à d’autres familles de subir le même drame qu’il a pu connaître. Un souhait partagé par les autres pourfendeurs qui ont tous été témoins de l’atrocité de ces monstres. Finalement, Demon Slayer met le spectateur dans une position de témoin privilégié qui sera l’une des rares personnes ordinaires à assister au triomphe de ces hommes et femmes. Le reste du monde ne saura jamais la catastrophe qui a été évitée et l’existence de ces gens qui ont veillé sur leur futur. Des héros de l’ombre qui ne demandent aucune gloire et dont la plus belle des récompenses est de savoir que les prochaines générations pourront couler des jours heureux. C’est ce qui est présenté dans ce dernier acte et qui donne encore plus d’impact aux agissements de ces chasseurs de démons. Pendant que les gens sourient et profitent de leur existence, le lecteur tourne la dernière page en étant le porteur des souvenirs de ces protecteurs. La gloire et le prestige ne sont pas les principaux moteurs de cette histoire. Il s’agit avant tout d’individus qui se sont dressés face à une menace grandissante pendant des siècles pour qu’enfin l’avenir s’illumine d’une lumière éblouissante.
Quand on y pense, le final de Demon Slayer joue finalement énormément sur le symbole que représentaient les pourfendeurs depuis le premier volume. D’ailleurs, on se rend compte à travers cette conclusion que cette histoire n’est pas celle de Tanjirô. On a fait face à une fresque mettant à l’honneur tout un groupe qui fut rejoint par un jeune homme ordinaire ayant apporté sa contribution à l’avènement de la paix. On est autant ému de voir ceux qui restent que triste en se souvenant de ceux qui sont tombés pour concrétiser ce rêve qui semblait pourtant si inaccessible.
Demon Slayer se bat pour les autres
En conclusion, on peut se dire que ce parti-pris pour le dernier acte est très loin d’être dénué d’intérêt. Au contraire, il permet d’appuyer un peu plus toutes les thématiques du manga depuis ses débuts, mais aussi d’offrir une conclusion qui soit logique dans ce que la mangaka désirait. Tout coïncide et l’on est juste observateur du nouveau futur qui se dessine après avoir suivi ces hommes et femmes lutter pour qu’il puisse voir le jour. C’est vrai que nos pourfendeurs ont su écrire leur légende dans le cœur du spectateur. Mais en réalité, toutes leurs souffrances resteront du domaine du secret ou bien réservées à quelques personnes. Des gardiens qui ont vaillamment combattu pendant 23 tomes pour que puisse s’écrire un nouveau chapitre de l’Humanité. En faisant ça, Koyoharu Gotouge nous montre que les grands héros ne sont pas ceux dont le nom résonne dans le cœur du plus grand nombre. C’est à travers ses actes qu’un individu parvient à s’élever et à concrétiser un rêve qui semblait encore impossible à une certaine époque. Il aura fallu qu’un jeune homme connaisse l’enfer pour que cet effet boule de neige puisse avoir lieu. D’ailleurs, il est important de souligner que ce n’est pas uniquement sa présence qui change la donne. C’est toute cette nouvelle génération de pourfendeurs qui a su porter le fardeau de ce combat et parvenir, au prix de nombreuses vies, à enfin supprimer cette peur de la nuit. Un conflit éprouvant, mais qui aura su faire ressortir toute la beauté de la nature humaine y compris chez l’adversaire.
A contrario de beaucoup de récits actuels où l’on met souvent en avant la part sombre de l’être humain, l’autrice propose le chemin inverse. Une quête sombre et violente qui va souligner à merveille à quel point l’Homme est capable d’exploits incroyables quand il est porté par une envie d’aider son prochain. Une route qui fut semée d’embûches, mais qui a su trouver le chemin jusqu’au cœur de nombreux lecteurs. Pour toujours, Demon Slayer sera la légende de tous ces pourfendeurs qui ont pris les armes pour venir à bout d’un adversaire monstrueux et qui pourtant n’était guidé que par la peur. Cette licence sera autant parvenue à créer tout un camp pour lequel on a de l’affection que de proposer des ennemis qui ne sont pas uniquement des cibles à abattre. Finalement, voilà une série qui aura toujours été fidèle à ce qu’elle voulait raconter et qui n’a fait que monter en puissance au fil des différents arcs. Si, comme le représente si bien la fin de ce manga, ce monde confinera cette guerre à un simple mythe, le lecteur sait pertinemment ce qu’il en est vraiment. Ainsi, le rideau se baisse sur cette pièce qui fut à la fois dramatique et émouvante mettant à l’honneur un horizon qui ne soit plus teinté du sang des innocents. Les corbeaux volent une dernière fois non pas pour amener certains à combattre, mais pour délivrer un message d’espoir. Une bien belle réussite pour cette saga qui a su frapper un grand coup à travers un nouveau souffle.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Demon Slayer et son dénouement. Trouvez-vous que ce final est réussi dans ce qu’il représente et l’héritage qu’il amène ? Pensez-vous que c’est une conclusion idéale au vu de tout ce que l’on a vécu jusqu’à cet instant ? Quel est votre meilleur souvenir de cette saga qui a grandement marqué le monde du manga ? Avez-vous été profondément touché par ce combat entre ces pourfendeurs et leurs ennemis jurés ? Pensez-vous que le titre a su raconter tout ce qu’il avait à dire ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2016 Gotoge Koyoharu, Shueisha