Marie la sorcière tome 1 : le calvaire d’avoir des pouvoirs
En cette période que l’on adore, on sent que la magie est dans l’air. D’ailleurs, c’est un sujet fréquemment traité dans le monde du manga. Sorcières, magiciens et autres lanceurs de sorts ont toujours eu leur place dans nos étagères. Il peut alors être captivant de voir comment les artistes décident de traiter un thème qui a pourtant déjà eu de nombreuses représentations au fil du temps. Si l’on parle de ça, c’est parce que l’on va traiter aujourd’hui d’une nouvelle licence qui part justement dans ce domaine. Il s’agit du premier volume de Marie la sorcière qui a fait ses débuts récemment dans le catalogue de Soleil Manga. Rejoignant la collection fantasy de l’éditeur, on était intrigué de voir ce que ce titre pourrait donner au vu de l’appréciation générale que l’on a des mangas de cette catégorie. On a donc pris le temps de savourer cette découverte et on a été surpris par la tournure de cette épopée. Un récit qui prend pour toile de fond la terrible chasse aux sorcières qu’il y a eue pour nous conduire à une histoire axée sur l’humour autour de ce personnage central. L’heure est donc venue d’apprendre comment dissimuler son identité en compagnie d’une pro !
Ne pas éveiller les soupçons
Marie la sorcière, imaginé par Azumi Kobayashi, nous emmène au XVIe siècle dans le Saint Empire romain germanique. C’est à cette période qu’un terrible phénomène s’empare des gens qui s’en prennent à plusieurs personnes. Il s’agit de la chasse aux sorcières. Nombre d’innocents sont accusés à tort pour simplement des questions de vengeance, de jalousie ou de pouvoir. Rare sont celles qui ont vraiment un don de sorcellerie et qui ont connu ce triste sort. C’est dans cette époque sanglante que l’on fait la connaissance de Marie. Cette demoiselle en apparence normale et un peu tête en l’air cache en réalité un lourd secret. Elle fait partie de ces gens traqués et harcelés de toute part. Ayant réussi à dissimuler sa nature, elle a fini par se construire un petit foyer reposant au cœur de la forêt. Accompagnée de Nacht, un corbeau dont elle arrive à comprendre les paroles, son quotidien semble enfin paisible. Même en allant en ville, personne ne l’accuse de quoi que ce soit tant elle arrive à sauver les apparences. En plus de ça, Marie ne comprend pas qu’on puisse s’en prendre à ses congénères. Elle qui se montre bienveillante, elle ne peut accepter le fait que l’on juge quelqu’un sur de simples capacités sans réellement connaître la personne. Malgré tout, cette demoiselle sait pertinemment qu’il est presque impossible de faire entendre raison à ceux qui se laissent emporter par ce climat de panique. Le plus important maintenant à ses yeux est de préserver cette quiétude qu’elle a mis tant de temps à obtenir.
D’ailleurs, elle en vient même à se persuader qu’elle n’est pas une sorcière, mais juste une jeune femme ayant quelques dons. Un discours loin d’être convaincant par son familier, mais qui lui a évité bien des déboires au cours de sa longue existence. Ce qu’il faut surtout éviter à ses yeux est de croiser la route de ces soldats de la foi qui ont dédié leur vie à exterminer ses semblables. Si jamais elle tombait sur l’un de ces énergumènes, elle sait pertinemment que sa petite mascarade serait difficile à maintenir. Malheureusement, il semblerait que le destin ait choisi de lui faire passer cette terrible épreuve le jour où elle tombe sur un membre de l’Eglise blessé et inconscient. Si son instinct lui dit de le laisser sur place tout comme son camarade à plume, son bon fond lui empêche de commettre un tel acte. Marie va alors le sauver, mais cela n’est que les prémices de nombreux bouleversements qui vont venir chambouler son mode de vie. Afin d’éviter que cet homme ne sache qui elle est réellement, elle va devoir faire attention au moindre détail. L’image de potentielles tortures à venir glace le sang de cette sorcière un peu gaffeuse qui retient son souffle à l’approche du danger. Mais heureusement pour cette dernière, il semblerait que cet homme soit loin d’être le plus futé qui soit. L’heure est donc venue pour Marie de faire encore plus attention à ce qui l’entoure. Ainsi débute le calvaire de cette sorcière qui désire juste vivre en paix.
Encore une fois, on est dans ce cas de figure où une œuvre va utiliser un sujet bien connu afin de le tordre à sa sauce. Marie la sorcière reprend cette terrible chasse qu’il y a eue concernant ses congénères, mais pour y apporter une dose d’humour et d’innocence au vu de notre héroïne. Un récit qui veut parler de cette période sombre tout en y apportant un décalage qui donne à sourire. Sans pour autant prendre à la dérision cette terrible époque, on nous montre juste le quotidien d’une jeune sorcière qui fait tout pour éviter d’être découverte. Tout cela est saupoudré de gags et quiproquos qui vont venir appuyer les divers messages de la série.
Entre histoire et comédie
Il ne faut que quelques pages pour comprendre que Marie la sorcière va nous emmener sur une voie bien singulière pour traiter de la fameuse et tragique chasse qu’il y a eu à l’époque. En effet, le récit va utiliser l’humour et la comédie de manière générale pour nous amener dans une direction inattendue. Il ne faut que quelques secondes pour voir cette spécificité qui va être le refus de cette demoiselle d’accepter le fait qu’elle est une sorcière. En fait, ce n’est pas tant qu’elle refuse de dire qu’elle en est une qu’une envie de se protéger. Elle sait très bien ce que lui réservent les hommes de l’église si son secret finit par s’effondrer. On est donc dans une auto-persuasion de la part de notre héroïne afin qu’elle ne fasse pas de gaffe dans son quotidien. Mais c’est justement le contraste entre son obstination de ne pas se présenter comme une sorcière et ses agissements qui reflètent parfaitement son véritable statut qui rend cette histoire aussi amusante. On se dit qu’il serait très facile de faire tomber son masque, mais c’est sans compter sur le côté un peu idiot des autres personnages et notamment de cet homme qui représente son pire cauchemar. Alors que l’on pourrait croire qu’elle finirait rapidement poursuivie, il y a toujours un quiproquo, concours de circonstance ou bien un gag qui vient désamorcer l’urgence de la situation. On rit un bon coup en voyant à quel point tout est pensé pour aller à l’encontre de tout ce que l’on connaît autour de ce terrible événement.
Si l’on nous montre tout de même à quel point Marie et ses congénères souffrent de cette traque, le sérieux de cette époque se confronte à cette atmosphère presque légère au sein de ce village. Le lecteur finit même par se demander qu’est-ce qui va venir sauver notre protagoniste alors que son ennemi naturel se rapproche d’elle. L’urgence et la précipitation deviennent des leviers pour créer des moments encore plus décalés. Si cela est aussi efficace, c’est justement parce que l’auteur a su créer des acteurs et actrices qui nous sont sympathiques. Même ce chevalier, trop dévoué à son devoir, finit par devenir source d’amusement tant il est à côté de la plaque. Chaque individu qui va rejoindre le récit ajoute une dose d’humour en appuyant sur le fait que l’on a l’impression d’être dans un village qui a conscience de l’idiotie de cette chasse aux sorcières. Même quand des accusations sont exprimées, ils sont rapidement détruits par d’autres discours, témoignages ou bien explications qui nous donnent le sourire. Ainsi, on arrive à traiter d’un thème fort dans cet ouvrage sans pour autant partir uniquement dans le drame. On nous conte tout bonnement le combat quotidien d’une demoiselle pour préserver cette paix qu’elle aime tant même si elle est souvent gaffeuse. De même, cette lecture va aussi offrir un merveilleux côté parodique à tout ce que l’on connaît de ces êtres magiques que sont les sorcières. Qu’il s’agisse des sorts, familiers ou même de son moyen de transport, Marie ne nous laisse nullement le temps de souffler. On ressort ainsi de cette aventure avec beaucoup de tendresse pour ce personnage qui arrive à désamorcer toute une époque tragique pour nous proposer des petits instants hilarants et chaleureux.
Marie la petite sorcière nous délivre une lecture à la fois agréable, drôle et intéressante dans sa manière de traiter cette période importante de l’Histoire. Un manga qui peut proposer une expérience calme et rigolote sans pour autant dénaturer ce décor de fond particulièrement oppressant. D’ailleurs, cette aventure réussit aussi à nous proposer des moments savoureux en compagnie de cette héroïne qui ne cesse de redoubler d’imagination, mais aussi de chance pour cacher son identité. On a envie de savoir si oui ou non elle parviendra à échapper à cette sinistre traque sans détruire son quotidien actuel.
Marie la sorcière et sa magie rayonnante
Cette découverte du premier volume de Marie la sorcière a été plus que plaisante à bien des égards. Bien sûr, on n’est pas dans une œuvre qui cherche à nous faire vivre la plus palpitante des aventures. On est avant tout devant une comédie qui reprend les codes des sorcières et de leur traque pour les amener sous un angle différent. L’auteur arrive, malgré ce tragique contexte, à nous donner bien des occasions de rire devant les idioties de ses divers personnages. Un résultat plus que probant qui montre que le plus important est de réussir à transmettre ce que l’artiste désire. Ici, on est avant tout dans une histoire qui met en scène bien des moments où la peur s’évapore pour laisser place à de francs sourires. Marie est une héroïne attachante et adorable dont on a envie de la voir persévérer dans sa voie sans qu’elle soit pourchassée par tous ces ennemis. Il ne lui faut que quelques instants pour réussir à désamorcer les pires situations afin que l’on puisse rire de bon cœur. De même, ce manga est aussi l’occasion d’appuyer ce message très important qui est que toute cette crainte de l’époque n’est due qu’à l’incompréhension et la peur collective. On nous conte, à travers l’humour, qu’il faut savoir regarder au-delà des apparences, mais aussi des jugements trop hâtifs qui peuvent créer de terribles drames. La comédie au service de propos importants et qui aura donné lieu à une introduction plus que réussie où l’on ne s’ennuie jamais.
En conclusion, Marie la sorcière nous délivre un premier volume fort attrayant et qui se concentre sur l’essentiel, à savoir nous divertir. Si l’on sait que la série se termine en quatre volumes, on sent déjà, dès ces premiers chapitres, que cette histoire est avant tout là pour nous faire passer un bon moment. Une excellente trouvaille pour la collection fantasy de l’éditeur qui recèle de petites pépites de ce genre. Une lecture idéale pour rêver et rire en compagnie de protagonistes assez barrés. On est devant une saga dont la plus belle ambition est de créer un instant où l’on oublie tout ce qui nous entoure pour simplement sourire en voyant les petites péripéties de cette sorcière. Une courte épopée qui pourra largement plaire au plus grand nombre tant on se laisse facilement emporter par cet enchaînement de gags et de quiproquos. Il ne faut parfois pas plus pour qu’une lecture nous marque ou juste nous fasse voyager dans son monde. A présent il est temps d’évoquer les quelques questions qui me viennent à l’esprit suite à cette découverte. Est-ce que Marie va réussir à conserver son secret ? Le chevalier finira-t-il par trouver celle qu’il recherche ? Sera-t-il possible de faire changer l’avis des gens concernant les sorcières ? Quelles autres péripéties attendent notre héroïne ? Le titre parviendra-t-il à conserver son côté drôle et bienveillant ? Il faudra voir ce que donne le tome 2.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Marie la sorcière. Avez-vous trouvé l’ensemble de cette lecture drôle et intéressante ? Trouvez-vous que l’on s’attache rapidement à cette demoiselle et à son familier ? Est-ce que vous êtes curieux de voir quel avenir attend Marie au vu de l’étau qui se resserre autour d’elle ? Croyez-vous que l’on perdra cette ambiance amusante pour un récit bien plus sombre par la suite ? Qu’attendez-vous pour le futur de cette licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2019 Kobayashi Azumi, MAG Garden