ACCA 13

ACCA 13 T1 : sous étroite surveillance

Quand on y pense, les récits autour de l’espionnage dans le monde du manga ne sont pas si nombreux. Si l’on a déjà pu voir quelques titres sortir leur épingle du jeu, et même devenir de sacrés hits, c’est malgré tout un thème qui est très peu présent sur le marché français. Et pourtant, cela peut donner lieu à des scénarios prenants et qui peuvent nous délivrer des expériences littéraires fortes. Ce fut exactement le cas avec le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous vient de chez Noeve Grafx. Il s’agit de ACCA 13, un nom qui peut vous dire quelque chose étant donné que l’on avait eu le droit à l’anime sur Wakanim. C’est maintenant au tour du manga de débarquer en France et j’étais vraiment très curieux de voir ce que cette œuvre pourrait donner, car je n’ai pas eu l’occasion de me pencher sur l’adaptation anime. C’est donc intrigué que je me suis penché sur cette introduction et je dois dire que j’ai été énormément surpris par ce qui se dégage de cette lecture. Une oeuvre atypique et qui est parvenue à retenir mon attention. Soyez donc prêts à vous aventurer au sein d’un royaume où l’on vous observe constamment.

L’avenir du contre-espionnage

Ce qui est bien avec ce synopsis de ACCA 13, c’est qu’il donne à la fois suffisamment d’informations et très peu de détails sur ce qui nous attend. Et c’est à l’image de cette histoire qui va jouer énormément sur les manipulations, complots et autres tentatives d’espionnage. En fait, on va faire face à une œuvre ayant deux visages et qui arrive à passer avec brio de l’une à l’autre sans jamais que cela nuise au récit. Alors que l’on fait face à un rythme qui peut sembler lent et léger, en arrière-plan l’auteur construit quelque chose de très fort et qui va grandement influencer notre manière d’appréhender ce récit et cet environnement.

A qui faire confiance ?

ACCA-13 T01-04Cette question pourrait très bien résumer une grande partie de mon ressenti suite à la lecture du premier tome de ACCA 13. Ce que je trouve remarquable dans cette découverte, c’est qu’elle se passe réellement en deux parties bien distinctes. Au départ, tout est réfléchi pour nous présenter une nation qui se dirige vers une paix durable. On nous fait comprendre que la menace est maintenant loin et surtout que l’organisation de contre-espionnage dans laquelle se trouve notre protagoniste n’a plus de raison d’être. De ce fait, on ressent cet espoir de lendemains joyeux dès le début du récit et il y a donc des premiers pas assez enjoués qui s’opèrent. En plus de ça, le style graphique si singulier de l’artiste joue aussi sur ce côté assez léger et même parfois comique dans les expressions des visages. Et alors que l’on se demande où veut nous emmener l’intrigue, on se rend progressivement compte qu’il y a une double lecture qui s’opère. Si l’on est témoin du changement ton progressif suite à certains événements venant bouleverser ce que l’on pouvait voir initialement, ce manga joue en réalité énormément sur tout ce qui est le double-sens. Plus on progresse dans cette lecture et plus on sent un sentiment de méfiance naître en nous. Comme si la personnalité de notre protagoniste avait un profond impact sur notre perception de ce monde. Mais c’est aussi à cause de tout ce que l’on va découvrir à son contact que l’on ouvre les yeux sur ce qui se cache réellement derrière cette quiétude de façade. 

On a beau avoir des visuels qui donnent une impression de légèreté, ce qui se passe en arrière-plan est beaucoup plus sombre. Comme le dit si bien Jean Ortas, il ne faut avoir confiance en personne. Et ses mots vont résonner très fortement chez le lecteur tout au long de sa progression. Sans même qu’il ne se passe de choses flagrantes, on ne peut plus se défaire de ces quelques mots qu’il prononce. Cela va nous conditionner pour nos futures rencontres avec le reste du casting qui se présente sous un autre jour. Alors que l’on pouvait admirer le rêve de paix et de liberté de certains, tous ceux que l’on va croiser vont faire preuve d’aprioris, de manigances et d’autres soupçons qui amènent à un climat bien plus oppressant. On apprécie la personnalité de Jean, mais en même temps on sent que tout le monde l’observe en attendant de le voir faire un faux pas. On en vient même à se demander s’il est vraiment fidèle à ce qu’il est au vu de tous ces gens qui doutent de lui. Cette atmosphère où l’on finit par regarder de travers tous ceux que l’on croise montre à quel point l’auteur est parvenu à ses fins. Il a su créer une histoire où l’on va, sans le vouloir, être conditionné à ce métier qui consiste à tout remettre en question. L’amitié, les liens et autres relations ne valent rien dans le monde de l’espionnage, car la tromperie peut prendre bien des formes. Et de ce fait, le lecteur se retrouve aspiré par cette lecture alors qu’il ne se passe pas tant de choses au premier plan. Nous faisons alors partie intégrante de cette organisation et de sa règle d’or qui est de ne jamais faire confiance à personne, même à celui qui nous sert de fil rouge.

Voilà sûrement pour ces raisons que ce premier volume de ACCA 13 fonctionne aussi bien. En apparence, on a l’impression de ressentir cette paix qui régit tous ces cantons. Pourtant, l’auteur parvient avec aisance à installer derrière tout ça une menace invisible et qui est peut-être totalement inexistante. Tout est justement question de ça et sans même le vouloir, le lecteur se met alors à se méfier de tous ceux qui croisent la route de notre protagoniste, y compris de lui aussi. Le genre de lecture qui nous immerge totalement dans son style afin de proposer une expérience sublimée à chaque page que l’on tourne.

ACCA 13 débute sa tournée

Au vu de comment l’anime avait été apprécié par bon nombre de spectateurs, j’avais hâte de voir ce que pouvait proposer ACCA 13 dans son format d’origine. Finalement, j’ai pu découvrir une histoire qui ne paie pas de mine en apparence et qui pourtant délivre un récit qui va grandement nous impacter. Dans un sens, le fait de côtoyer ce contre-espionnage va justement créer une forme de paranoïa constante en se demandant si telle ou telle personne est réellement comme elle se présente. Sans le vouloir, le caractère détaché de Jean ainsi que sa vision de la vie et des relations humaines finit par déteindre sur nous le temps de la lecture. Voilà en quoi ce premier volume fonctionne à merveille. Car il ne nous raconte pas uniquement une histoire efficace et qui nous divertit. On est face à un manga qui parvient à transformer cette virée en quelque chose de plus fort tant elle construit un regard spécifique en nous pour sublimer ce que l’on va découvrir. Comme je l’ai dit un peu plus haut, on est dans un premier acte où on a le sentiment qu’il ne se passe pas tant de choses étant donné que l’on suit notre protagoniste dans son quotidien. Et pourtant, tout est habilement dissimulé pour que le véritable attrait de cette histoire se fasse de façon discrète afin de mieux nous surprendre. Ce n’est qu’une fois bien entamée que l’on prend conscience de ce que l’on est en train de vivre et surtout de la façon dont elle influence notre manière de percevoir cet univers. Le genre de récit qui joue admirablement bien avec la vision du lecteur pour créer un récit qui le transforme en adéquation avec le contexte du titre.

J’ai énormément apprécié cette découverte, car ACCA 13 fait partie de cette catégorie de titres qui arrive à me surprendre de bout en bout. Parvenant à se jouer de moi, le titre est parvenu à créer une double lecture fantastique et qui donne toute sa saveur à cette aventure. On avance le cœur léger pour finalement que chaque pas finisse par être plus lourd que le précédent. Le côté ensoleillé et paisible des premières minutes s’estompe peu à peu pour ne laisser place qu’au doute et à l’incertitude. Réussir à amener le lecteur dans cet état sans jamais montrer réellement quelque chose de concret prouve le talent de cet artiste à exprimer ce qu’il désire. Il nous emmène là où il souhaite autant par le fond que par la forme pour que l’on ait plus qu’une envie qui est de connaître la suite. Si vous cherchez une expérience littéraire unique ou que vous aimez les récits centrés sur le milieu de l’espionnage alors vous devriez apprécier cette découverte. En plus de ça, nous partons pour une série assez courte étant donné qu’elle est terminée au Japon en six volumes. A présent, les questions fusent suite à tout ce que j’ai pu découvrir dans ce volume. Qu’est-ce qui se manigance dans les coulisses de cet État ? Est-il réellement possible pour ces treize districts de connaître une paix durable ? Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête de Jean au fil de sa mission ? Qui est vraiment digne de confiance ? La réponse se trouvera sûrement dans la suite de cette saga.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de ACCA 13. Trouvez-vous que le titre parvient à dégager une atmosphère singulière collant avec son thème principal ? Est-ce que vous êtes curieux de voir comment va évoluer cette mission et ce qu’elle pourrait entraîner chez notre protagoniste ? Le titre est-il parvenu à vous insuffler de la méfiance à l’égard de chaque personnage de cette histoire ? Pensez-vous que l’on aura le droit à une sacrée surprise au fil de l’aventure sur ceux qui pourraient jouer double-jeu ? Qu’attendez-vous pour la suite ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2013 Natsume Ono/SQUARE ENIX CO., LTD. © Noeve Grafx

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