La Romancière et le Mercenaire T1 : un voyage mouvementé
On se demande souvent si une série courte est capable d’aller au bout de son développement et de ses idées. C’est encore plus vrai quand l’univers dépeint semble très prometteur et propice à de multiples péripéties. Mais c’est aussi tout l’intérêt que de voir comment un auteur peut réussir à projeter le lecteur dans une aventure qui se concentre sur un chemin bien précis tout en jouant avec notre propre imagination. C’est un sentiment que je ressens parfois à travers certains mangas comme ce fut le cas pour celui dont on va parler aujourd’hui. Il s’agit de La Romancière et le Mercenaire, édité chez Doki-Doki, qui signe la reprise des sorties de l’éditeur après la trêve estivale. Lors de son annonce durant le live, j’étais très intrigué de voir ce que pourrait donner cette histoire qui nous plonge dans un monde fictif, mais ayant pas mal de similitudes avec la période de la révolution industrielle. J’ai pu découvrir à travers ce premier volume un voyage bien mouvementé en compagnie de deux figures marquantes et qui vont donner le ton de ce périple. Préparez-vous donc à faire la connaissance d’un guerrier taciturne et d’une romancière qui n’a pas peur du danger !
A la recherche d’un garde du corps
Synopsis
À une époque de croissance rapide, marquée par les villes ensevelies sous la fumée des locomotives à vapeur après l’achèvement du chemin de fer transcontinental, le métier de mercenaire est devenu obsolète. C’est alors que Sword, un ancien mercenaire au chômage qui a du mal à joindre les deux bouts, reçoit un offre d’emploi de Valderon Forester, une célèbre romancière. Sa mission consiste à l’escorter jusqu’à une chaîne de montagnes maudite non-répertoriée sur les cartes. Mais leur voyage les entraînera très vite dans les machinations de l’État et de l’Église.
Mangaka : Asovu Minami & Nachiyo Murayama
Ce qui est bien avec le synopsis de La Romancière et le Mercenaire, c’est qu’il nous pose rapidement le décor et le fil rouge que l’on va suivre. Mais si on peut être interpellé par cet appel de l’aventure qui résonne au sein de ce résumé, on ne s’attend pas à ce que notre binôme soit l’une des principales qualités qui va nous pousser à aller toujours plus loin dans cette lecture. Avec ses deux protagonistes au caractère bien trempé, ce récit va autant nous faire sourire par leurs altercations que nous délivrer une courte épopée haletante au cœur d’un mystère pouvant cacher bien plus que ce que l’on peut croire.
Un tandem explosif au coeur de la tourmente
Il ne faut pas longtemps à La Romancière et le Mercenaire pour nous mettre au contact de l’un de ses principaux points forts. Je parle bien sûr du binôme que l’on va suivre et qui va rythmer notre périple tout au long de ce premier volume. Pour comprendre à quel point ce duo fonctionne, il faut voir à quel point Valderon et Sword sont deux êtres totalement à l’opposé l’un de l’autre. Notre ancien mercenaire est avant tout guidé par une forme de rationalité et d’excès de zèle qui font de lui un homme prudent en toute circonstance. Un jeune homme déboussolé par la perte de son travail et qui cherche maintenant à trouver sa place dans ce monde en plein changement. De l’autre, notre romancière est beaucoup plus portée vers l’appel de l’inconnu et son envie irrépressible de trouver de nouvelles sources d’inspirations pour ses écrits. Une demoiselle qui n’a peur de faire face au danger si cela lui permet d’écrire un nouveau chapitre. Mais c’est aussi une femme qui lutte chaque jour pour montrer que peu importe son sexe, elle est aussi capable de grandes choses. L’un représente la sécurité tandis que l’autre l’envie d’aventure. S’ils sont forcés de s’entraider, cela ne veut pas dire que leur contraste ne joue pas en leur faveur. Au contraire, c’est justement parce qu’ils ont des parcours différents, leur propre vision du monde et leur expérience personnelle que leur tandem fonctionne autant. En plus de nous faire sourire par toutes leurs petites embrouilles, il y a aussi une certaine alchimie qui va se dégager de ce choc entre eux. L’un comme l’autre, ils vont tirer des leçons importantes de ce voyage en commun.
Si notre duo fonctionne très bien et va être porteur d’échanges captivants, un autre élément rend cette courte série très prometteuse. Il s’agit tout bonnement du cadre dans lequel se déroule l’histoire et tout ce qui va s’inscrire dans son lore. Déjà, c’est assez rare d’avoir une œuvre qui va aborder une révolution industrielle en montrant que même si ces changements sont positifs, cela entraîne aussi de la casse comme pour Sword. On ressent pleinement ces bouleversements liés à l’apparition de nouvelles machines qui vont radicalement changer le paysage et la manière de vivre des habitants. Il y a un message très ancré dans la réalité qui se dégage de tout ça. Mais en dehors de ça, on va aussi être happé par cette dose de mystères qui va englober certaines parties du récit. Que ce soit par rapport à cette chaîne de montagnes et les étranges créatures qui y vivent ou bien les manigances qui semblent exister au sein du clergé, on nous montre rapidement que l’on est loin d’avoir toutes les cartes en main. Ce manque d’informations et cette invitation à mener l’enquête pousse le lecteur à stimuler son imagination afin d’envisager de multiples possibilités concernant la suite du scénario. On sent que notre attention ne doit pas être uniquement focalisée sur la destination finale de ce périple, mais sur tout ce qui gravite autour de nos protagonistes. Sachant pertinemment quand semer le doute et nous questionner sur une facette bien précise de son univers, le récit réussit à maintenir notre intérêt pour tout ça.
Ces deux éléments rendent la lecture de La Romancière et le Mercenaire particulièrement plaisante. On a autant envie de faire la lumière sur ces étranges événements que d’accompagner ce duo de choc dans leur voyage. Mais en plus de ça, ce récit se permet aussi d’aborder des sujets importants et qui s’inscrivent un peu dans cette représentation de cette époque où beaucoup de choses changent. Entre la place de la femme, les bouleversements technologiques, la religion et bien d’autres sujets, ce manga brille autant sur le fond que sur la forme.
La Romancière et le Mercenaire entament leur périple
Oui, La Romancière et le Mercenaire s’annonce comme une série courte trouvant sa conclusion avec son troisième tome. Et si l’on peut se demander si le récit ira jusqu’au bout de son histoire, force est de constater que ce premier volume rassure. Car en plus de proposer un univers attrayant avec ce qu’il faut de mystères et de complots, on est rapidement plongé au cœur de l’intrigue. Le voyage commence tout juste, mais on sent un rythme soutenu afin qu’il n’y ait pas de réel temps mort. Cherchant avant tout à nous faire adhérer à ce binôme, cette première partie réussit à accomplir tout ce qu’elle souhaite afin de préparer au mieux le terrain pour la suite. On se laisse facilement emporter par ces deux énergumènes qui n’en font qu’à leur tête, mais qui vont pourtant s’entraider pour atteindre leur destination. Encore une fois, je trouve que la complémentarité entre ces deux personnages principaux fonctionne très bien. On va rire en leur compagnie, apprendre beaucoup de choses, mais aussi découvrir une facette beaucoup plus touchante de ces derniers. Deux êtres qui n’ont pas été épargnés par la vie et qui doivent rapidement trouver leur place au milieu de tous ces changements tout en restant fidèle à leurs principes. Un objectif loin d’être facile à réaliser surtout quand cela amène ce tandem dans un lieu où la mort peut frapper à tout instant. Une bonne introduction qui a su poser toutes les bases nécessaires pour prendre ensuite son envol.
C’est donc une belle surprise que l’on a devant nous et dont il sera pertinent de voir ce que donnera l’ensemble de cette épopée une fois les trois volumes disponibles. Une œuvre qui dégage un sentiment bien particulier comme si on nous appelait aussi à l’aventure. Sans forcément être dans le gros spectacle avec énormément d’action, La Romancière et le Mercenaire délivre un voyage teinté d’un certain réalisme et où la curiosité est le principal moteur des personnages et du lecteur. On a envie de lever le voile sur ces monstres qui vivraient dans ces montagnes et cela donne presque à ce manga un côté polar qui fonctionne à merveille. De même, je trouve aussi très original de suivre une romancière dans sa recherche de matière pour écrire et tout ce que cela implique par rapport à son parcours dans ce métier, mais aussi en tant que femme dans une société très patriarcal. Si vous cherchez une petite aventure prometteuse portée par un duo attachant et explosif alors vous serez sûrement convaincu par La Romancière et le Mercenaire. A présent, j’ai pas mal de questions pour le prochain acte de la série. Est-ce que l’on va se retrouver devant cette fameuse menace qui plane sur ces montagnes ? Quel sera le rôle de l’église au milieu de tout ça ? Est-ce que nos deux amis vont réussir à mettre leurs différends de côté pour aller au bout de leur périple ? Il faudra attendre un peu pour avoir la réponse à toutes ces interrogations.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de “La Romancière et le Mercenaire”. Trouvez-vous que la série part sur de bonnes bases pour la suite du récit ? Appréciez-vous la combinaison formée par nos deux protagonistes ? Est-ce que leurs différents et leur personnalité explosive contribuent à créer un tandem attrayant ? Etes-vous intrigué par les nombreux mystères qui entourent cette fameuse chaîne de montagnes ? Pensez-vous que l’on aura le droit à de sacrés rebondissements ? Qu’attendez-vous pour le futur de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
