Tidus

Tidus – un rêve éphémère

Cela faisait bien longtemps que je voulais reprendre les chroniques autour de la saga Final Fantasy. C’est en refaisant récemment en live les épisodes 3 et 4 que je me suis dit qu’il était grand temps de s’y remettre. Et pour ça, j’ai réfléchi à quel opus j’allais m’attaquer maintenant que j’avais déjà bien analyser tout ce qui tourne autour de FFIX. En effet, l’épopée de Djidane, Dagga et leurs amis a su m’inspirer de nombreuses chroniques. Mais cette fois, je me tourne sur le jeu qui a suivi celui-ci et je parle bien sûr de FFX. Ce titre a marqué un sacré tournant pour la franchise de par son arrivée sur PS2 et toute l’évolution graphique qui a suivi. Mais il est aussi le dernier épisode numéroté solo fait sous l’ère Squaresoft avant la fusion avec Enix. A présent, j’avais l’embarras du choix concernant les sujets à aborder au vu de tout ce qui gravite et constitue cette aventure. Et pour bien commencer, je me suis dit qu’on allait partir sur un exercice que je commence à maîtriser. Il s’agit de l’analyse des personnages qui façonnent cette histoire et on va commencer par celui que le joueur contrôlera. Je parle bien sûr de Tidus, notre joueur de blitzball vedette, qui a énormément de choses à raconter tout au long de ce récit. Soyez donc prêts, on retourne sur Spira en compagnie d’un jeune homme qui va grandir et comprendre ses origines.

Un personnage pensé comme agaçant

Quand on lit le titre de cette partie, cela peut provoquer deux réactions. L’étonnement pour ceux qui ne connaissent pas le personnage de Tidus et un sourire à ceux qui savent. Je vais expliquer la raison de ça. Quand on fait la connaissance de notre protagoniste pour la première fois, on découvre un jeune homme acclamé comme une star et qui semble totalement imbu de lui-même. Stéréotype de la célébrité qui joue à fond sur sa notoriété, il est un champion de blitzball adulé, mais dont le comportement amène malgré tout le joueur à être agacé contre lui. Il faut dire qu’il est très loin d’être exemplaire en n’hésitant pas à se comporter par moment comme un gamin capricieux ou en piquant des crises de nerfs quand il ne comprend pas ce qui se passe. Et cela a pour effet d’en faire un protagoniste loin d’attirer la sympathie du joueur de prime abord. On peut même dire que l’on préfère se focaliser sur les autres personnages quitte à le laisser de côté, car on supporte de moins en moins son attitude puérile. Mais pourtant, voilà une écriture qui est totalement voulue et on s’en rend compte en prenant du recul tout au long de l’aventure. Quand on débarque dans le jeu, nous sommes à Zanarkand qui est un peu le terrain conquis par Tidus. Un jeune homme qui semble tout avoir, mais dont on comprend aussi qu’il a réellement grandi sans de vraies figures auxquelles se raccrocher. Entre une mère qui est morte alors qu’il était gamin et un père absent et peu doué pour ce qui est d’élever un enfant, Tidus a finalement grandi dans un environnement qui l’a façonné comme ça. Autour de lui, il voyait des gens qui étaient bien plus concernés par la nouvelle star montante du blitzball que par un enfant perdu et seul.

Et finalement, là où beaucoup de protagonistes dans la licence Final Fantasy arrivent à s’attirer une certaine sympathie dès le départ, c’est le contraire qui se passe. Mais cela va avoir aussi un effet inattendu auprès du joueur au fil de l’aventure. Derrière son comportement souvent immature, Tidus possède quelque chose que les autres n’ont pas ou ont perdu. Il s’agit tout bonnement d’une sincérité qui le caractérise. En disant ce qu’il pense, c’est comme ça qu’il va bousculer les choses, aider Yuna à aller de l’avant et amener les autres gardiens à trouver une autre solution pour vaincre Sin. Comme il n’est pas originaire de Spira, son incompréhension et son attitude se comprennent de par cette peur liée à ce qu’il ne connaît pas. Après tout, il est projeté dans un “monde” qui s’avère vivre un vrai enfer alors qu’avant, il était la star aux yeux de tout le monde. Un changement drastique qui explique son comportement, mais va aussi permettre de mettre en lumière ce qu’il est réellement. En fait, on ouvre les yeux progressivement sur le fait que Tidus n’a jamais vraiment pu se détacher de ce gamin qu’il était qui criait son désespoir, mais que personne n’entendait finalement. Dans un environnement où on lui disait de ne pas pleurer, qu’il n’était qu’un morveux et sans de vrais repères, il a fini par conserver cette personnalité finalement enfantine. Ce n’est qu’en se lançant dans cette grande épopée qu’il va grandir et prendre conscience de ce qui importe vraiment pour lui tout en se réconciliant avec son passé. Ainsi, l’énervement que l’on pouvait exprimer durant toute la première partie du jeu finit par se transformer progressivement pour apprécier ce que devient ce jeune homme. De même, on arrive à avoir de l’empathie pour lui tant on va être témoin des souffrances qu’il a au plus profond de lui. Et cela passe forcément par Jecht, cette figure paternelle qui n’a jamais vraiment été là pour l’aider.

Tidus

Dans l’ombre de son père

Et oui, il est presque impossible de parler de Tidus sans évoquer Jecht, son géniteur. Il faut dire que leur relation est aussi intéressante que déchirante. En effet, on voit énormément de similarités entre les deux personnages alors que l’on cherche pourtant à nous montrer un Tidus ne voulant pas être comme son père. Mais quand on observe ça d’un peu plus loin, on se rend vite compte que notre protagoniste cherche finalement à suivre la même voie que la seule famille qui lui reste. Jecht, avant de disparaître, était lui aussi la star du blitzball. Une célébrité qui rendait tout le monde fou et qui semblait indétrônable. Mais depuis qu’il a été emmené sur Spira, Tidus se retrouve seul et a fini par prendre sa place de numéro un sur ce sport. Et rien que ça permet de souligner deux points très intéressants autour de ce personnage. La première est que malgré tout ce qu’il dit, il marche inéluctablement dans les traces de son père. Comme si tout ça était l’unique moyen de conserver le maigre lien qu’il pouvait avoir avec lui. Mais il y a aussi une volonté de prouver qu’il peut le dépasser après avoir passé toute une enfance à entendre ses remarques comme quoi il n’était qu’un pleurnichard. Un chemin qu’il décide de prendre pour le contredire, mais qui symbolise aussi son incapacité à se détacher de l’ombre de ce dernier. Même en étant la plus grande star du blitzball, il ne se sent pas totalement capable d’être à la hauteur du sportif que fut Jecht. Cela est même très bien représenté à plusieurs moments où notre jeune combattant se retrouve face à lui-même. Si Final Fantasy X est présenté comme une impressionnante épopée où l’on accompagne Yuna dans son pèlerinage pour sauver Spira de la menace de Sin, c’est un tout autre combat que mène Tidus.

Evidemment, il va être impliqué dans le récit de la jeune femme par la suite. Mais initialement, s’il est envoyé dans cet autre monde, c’est avant tout à cause de son paternel. Ainsi, on peut aussi voir cette aventure comme une tentative d’un jeune garçon d’enfin dire ce qu’il a sur le cœur à celui qui reste son père, mais aussi la cause de bien des maux. Et finalement, FFX arrive tellement à nous impliquer dans la mission de Yuna que l’on vient parfois à oublier cette autre quête qui est pourtant celle qui va motiver Tidus à avancer au départ. Et si j’évoque le fait qu’il reste dans l’ombre de Jecht, ce n’est pas uniquement par rapport au blitzball ou même au chemin emprunté. Toute l’aventure que l’on va vivre au cours de ce dixième opus, Tidus va marcher sur les traces de son père. Ce dernier fut un gardien avant lui et il va voir les mêmes paysages que celui-ci. En témoignent les nombreuses sphères de Braska que l’on peut trouver et qui témoignent du parcours du père de Yuna et de Tidus. Ainsi, même s’ils vivent leurs propres péripéties, notre groupe ne fait que suivre le même chemin que leurs prédécesseurs. Quand on voit ça sous cet oeil, cela donne encore plus de profondeur à ce lien si singulier entre notre jeune champion et son géniteur. Et même quand il apprend que Jecht n’est autre que Sin, Tidus ne va jamais réellement exprimer une haine à son égard, mais plus une incompréhension ou une colère liée à leur passé commun. Comme s’il criait “Regarde moi” même quand il est face à cette gigantesque créature. Il reste ce gamin cherchant désespérément à attirer l’attention du seul membre de sa famille qui lui reste. Et d’ailleurs, le combat final contre Jecht va être hautement symbolique tant c’est l’occasion pour notre héros de dire ses quatre vérités à ce père absent tout en parvenant à dire la haine qu’il ressent pour lui, mais aussi la fierté de l’avoir comme père. Des mots qui représentent parfaitement cette relation conflictuelle qui l’amène à mettre fin aux jours de Jecht pour le bien commun tout en parvenant enfin à faire la paix avec cette rage qui l’animait depuis toujours. Et si ce fut une des raisons principales de son voyage, Tidus va aussi voir un autre objectif naître en lui au fur et à mesure de son périple.

Une raison de combattre

Et oui, FFX c’est aussi l’histoire unie de Tidus et Yuna. Et pour traiter du premier, il est important de voir comment ils se sont influencés l’un l’autre. En effet, j’ai déjà pu parler un long moment de la personnalité de notre protagoniste au départ. Mais sa rencontre avec l’invokeuse va avoir un grand impact sur son développement. Dès le départ, leur relation semble dépasser le cadre de leur rôle respectif. Alors que Yuna sait parfaitement le poids qui pèse sur ses épaules et la finalité qui l’attend, Tidus est inconscient de ça du fait de son ignorance de ce monde. Il se retrouve embarqué malgré lui dans tout ça et son incompréhension des idéologies et problématiques liées à Spira va être une arme précieuse pour lui. C’est grâce à ça qu’il peut se rapprocher de Yuna et devenir un vrai confident. Quand il pose les yeux sur elle, ce n’est pas la possible sauveuse du monde qu’il voit, mais une jeune femme pour qui il va éprouver des sentiments et qu’il veut protéger non pas par rapport à son statut, mais parce qu’il le souhaite avant tout. Les moments de complicité qu’ils vont partager vont grandement renforcer notre attachement à ce couple et surtout vont amener quelque chose de très important dans l’écriture de Tidus. Alors qu’il était synonyme d’agacement ou même de colère, le jeune homme dévoile peu à peu une personnalité plus touchante. Son côté enfantin permet de dédramatiser la tension ambiante et ainsi offrir à sa nouvelle amie des moments de paix fugaces, mais précieux. Tandis que les heures passent et que l’on se rapproche des révélations autour de ce pèlerinage, une chose s’éveille dans le cœur de Tidus. Lui qui se laissait souvent guider par les autres en cherchant surtout à faire face à Jecht va trouver une nouvelle raison à tout ça.

Pour la première fois, la colère en lui s’estompe pour laisser place à l’amour. Un sentiment qui va l’unir à Yuna et le transformer en véritable acteur de cette histoire. C’est après avoir enfin accepté ce qu’il ressent et exprimer ses sentiments envers l’être aimé qu’il devient un vrai gardien. Et quand je parle de ce rôle, je ne parle pas de celui qu’il endosse depuis quasiment le début au même titre que les autres. Il est le vrai protecteur de Yuna qui va autant la défendre contre ses ennemis que contre le destin funeste qui l’attend. Il se bat maintenant pour une cause qui lui semble juste et où il est prêt à faire face au monde entier si cela permet de sauver celle qu’il aime. Et c’est vraiment à partir de cet instant qu’il atteint un nouveau stade dans son écriture. Le gamin qu’il était fini par grandir afin de devenir une personne en qui on peut avoir confiance. Un allié précieux pour l’ensemble du groupe, mais surtout le déclencheur de cette révolution à l’égard d’un dogme qui privilégie la mort et le sacrifice pour repousser l’enfer que de trouver une véritable solution. Oui, Tidus apporte une forme de chaos à Spira, car il est justement en dehors de tout ça et cherche surtout à penser à ses proches. Finalement, c’est même très intéressant de voir que pour mettre un terme à Sin, Tidus ne pense pas au bien de tous, mais avant tout de celle qu’il aime. Un souhait qui peut sembler égoïste au vu des vies qui sont dans la balance, mais qui va lui permettre de déclencher un véritable miracle. Grâce à Yuna, il devient un héros que l’on apprécie non pas pour sa grandeur d’âme ou ses principes, mais bel et bien pour cet amour sincère qu’il exprime. FFX aborde autant la vie et la mort que l’amour qui peut donner des ailes à ceux qui se sentent perdus et les amener à changer la vie de nombreuses personnes et en premier la sienne.

Tidus.Final-Fantasy

La fin du voyage pour Tidus

Pour cette dernière partie concernant Tidus, il est bien sûr nécessaire que j’évoque la conclusion de Final Fantasy X. Evidemment, je ne vais pas parler de la suite ici qui fera l’objet d’une autre chronique. Il est avant tout question ici de voir comment ce personnage fut abordé la première fois au sein de cette aventure. Et évidemment, la conclusion de son périple a été un véritable choc autant pour les compagnons de notre protagoniste que pour le joueur en lui-même. Car oui, Tidus, ainsi que sa Zanarkand, ne sont en réalité qu’une projection des rêves des priants. Des êtres qui ne sont finalement que des songes et dont l’existence est de disparaître une fois que notre groupe aura accompli sa tâche. En effet, en se débarrassant de ses chimères, Yuna condamne aussi par la même occasion cette idylle qu’elle vivait avec Tidus, car celui-ci, comme le montre bien la scène de fin, retourne d’où il vient auprès de Braska, Jecht et Auron. Une sorte de mort pour ce personnage qui, en réalité, n’a jamais vraiment existé de manière concrète. Alors que l’on pensait que c’était un voyage dans le temps qu’il avait vécu, c’est finalement une extirpation dans le monde réel qu’il connaît au début du périple. Si cela a pour effet de donner un coup de massue au joueur qui prend conscience, au fil de cette conclusion, qu’il s’agit d’adieux, ça va aussi provoquer quelque chose de fort en nous. On ouvre les yeux sur le fait que malgré son comportement au début et son attitude parfois puérile, on a fini par s’attacher à lui et à ce qu’il représentait pour Yuna. Au milieu de tous ces personnages qui combattaient pour leur avenir, Tidus se focalisait sur l’instant présent et a permis d’alléger ce voyage pourtant si éprouvant. 

Cette finalité qui a choqué énormément de personnes, dans le bon sens du terme, ne cherche pas uniquement à jouer sur les émotions que l’on va ressentir. Elle est aussi là pour mettre un point final à l’histoire de Tidus. Après tout, dès la scène d’intro, ce dernier nous dit bien d’écouter attentivement son histoire, car c’est peut-être la dernière chance d’être témoin de ce qu’il va accomplir. Et là on touche à quelque chose qui rend ce protagoniste encore plus tragique, car finalement il devient le sacrifice nécessaire à la fin de Sin. Pour briser le cycle de destruction perpétré par ce monstre de façon définitive, il va empêcher que Yuna donne sa vie. L’unique solution qui est trouvée alors passe par la destruction des chimères et de facto par celle de notre joueur de blitzball par rapport au lien qui l’unit aux priants. Et à aucun moment il ne semble terrifié à cette idée. Porté par l’amour qu’il porte à Yuna, il est prêt à prendre sa place pour amener une paix durable et surtout sauver celle qu’il aime. Un choix terrible qui rend cette scène finale à la fois belle et déchirante. Le garçon de début d’aventure est devenu le héros de sa propre histoire, mais surtout un soutien sans faille et nécessaire à ceux qui ne pouvaient se défaire des chaînes du destin. Un facteur inconnu dans cette impressionnante équation qu’est FFX et qui va bouleverser le résultat obtenu pour montrer qu’il existe bien d’autres réponses. C’est pour toutes ces raisons que je trouve que Tidus est un protagoniste bien plus complexe et attachant qu’il n’y paraît. L’énervement suscité pour nous au début de cette épopée est finalement un très bon moyen pour que l’on puisse encore mieux apprécier son évolution et nous rendre compte que les apparences sont souvent trompeuses. Un jeune homme qui n’aurait jamais dû “exister” au sens littéral, mais qui, le temps d’un rêve éphémère, a su changer l’avenir de tout un monde. J’espère que cette première chronique de cette vague FFX vous aura plus et on se retrouve très vite pour d’autres articles de ce genre. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de ce personnage et si vous avez su l’apprécier pour ce qu’il est réellement. Pour ma part, c’est un protagoniste qui, à chaque nouvelle run de FFX, a su me séduire un peu plus.

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