Mao tome 1 et 2 : un mystère à travers le temps
Décidément, nos dernières lectures furent riches en matière de nouvelles licences. Alors que l’on vous parlait hier de l’une de ces séries inédites, cela va encore être le cas aujourd’hui avec un titre qui sent bon le shônen d’antan. Un récit qui nous plonge dans une quête aussi mystérieuse que captivante où la réalité et le folklore s’entremêle afin de donner un cocktail savoureux. C’est du côté de Glénat que l’on a pu découvrir ce titre qui n’est autre que Mao. Ayant fait ses débuts la semaine dernière à travers ces deux premiers volumes, on s’est dit que l’occasion était trop belle pour louper une épopée littéraire qui nous était totalement inconnu. De plus, le simple fait de voir le nom de Rumiko Takahashi sur la couverture a suffi à éveiller notre curiosité. Cette mangaka, qui a écrit des titres aussi magiques que Rinne ou Ranma ½, revenait donc pour une toute nouvelle aventure. On a donc succombé à cet appel et l’on peut dire que l’on est bien loin d’être déçu de ce que l’on a pu lire jusqu’à présent. Un manga aux multiples qualités et affichant un très grand potentiel pour la suite. L’heure est donc venue de partir à la chasse aux mauvais esprits.
Un chat loin d’être amical
Mao, imaginé par Rumiko Takahashi, nous plonge dans le quotidien de la jeune Nanoka Kiba. Cette demoiselle a été victime, à l’âge de sept ans, d’un terrible accident qui a coûté la vie à ses parents et dont elle ne se rappelle plus grand chose mise à part un détail précis. Elle revoit l’image d’une sorte de monstre devant elle avant que finalement tout s’embrume dans sa mémoire. A ses yeux, il s’agit sûrement d’un traumatisme violent dû au terrible choc vécu à ce moment précis. A présent, elle a finalement tourné la page et est en troisième année de collège. C’est un quotidien paisible qui l’attend malgré le fait qu’elle soit considérée comme une personne à la santé fragile. Un beau jour, elle entend de nouveau parler de l’incident ayant changé son existence et décide de retourner sur les lieux afin de se remémorer ce qu’il s’est passé et surtout vérifier une fameuse légende autour de la galerie marchande se trouvant juste à côté. Rien ne l’avait préparé à ce qui allait se passer par la suite dès l’instant qu’elle allait entrer dans ce lieu semblant abandonné. En effet, alors qu’elle ne remarque rien de spécifique, c’est en essayant de revenir par là où elle est entrée que tout va se transformer autour d’elle. Sans la moindre raison, elle se retrouve projetée un siècle plus tôt.
C’est donc en pleine ère Taisho que Nanoka va ouvrir les yeux et s’étonner de voir la galerie marchande reprendre vie comme s’il s’agissait d’une allée de l’époque. Des tas de gens se baladent et profitent tranquillement des différentes boutiques qui ponctuent cette route. C’est alors qu’elle est totalement déboussolée et perdue qu’une créature monstrueuse va venir s’en prendre à elle. Elle ne doit son salut qu’à l’intervention de Mao, un chasseur de yôkai, qui va voir en la jeune fille un mauvais présage. A ses yeux, Nanoka est semblable aux êtres qu’il pourchasse et ne sait vraiment pas quoi penser de son arrivée en ces lieux. La jeune fille a beau essayer de comprendre la situation, elle a du mal à croire qu’elle ai pu voyager dans le temps. Son sauveur va alors lui expliquer le but qui l’a poussé à venir jusque dans cette bourgade. Il cherche à tout prix le démon qui l’a maudit afin de mettre un terme à toutes ces années d’errance et pour qu’aucune autre personne ne puisse subir le même sort que lui. Curieuse et surtout impliquée malgré elle, la jeune étudiante va décider de faire de son mieux pour venir en aide à ce traqueur de spectres et ainsi essayer de lever le mystère sur toute cette situation. Elle ne sait pas encore qu’elle pourrait bien être lié à tout cela et que son implication risque fort d’amener de nombreux bouleversements.
Ce qu’il faut noter en premier lorsque l’on s’aventure dans cette série qu’est Mao, c’est à quel point on flirte avec la nostalgie. Que cela soit par le dessin ou même la narration, on a vraiment cette sensation d’avoir fait nous-même un bond dans le temps et de retrouver ce shônen qui a bercé notre enfance. Un parti-pris qui peut sembler peu original, mais qui est tellement maîtrisé que cela ne fait qu’accroître le plaisir que l’on a en s’aventurant dans ce monde. Une bien belle aventure qui s’approprie les bases de ses aînés pour encore mieux consolider cette expérience littéraire.
Un shônen maîtrisé
On peut le dire très clairement, Mao fait partie de ces shônens qui sentent bons les anciens titres du genre. En réalité, de par son design, mais aussi sa construction narrative, le titre nous fait voyager dans le temps au même titre que son histoire. Ainsi, s’il ne semble pas innover au premier abord, cela ne signifie pas qu’il est dénué d’intérêt. Bien au contraire, ces deux premiers volumes nous montrent parfaitement que la mangaka maîtrise son sujet et parvient à donner naissance à une épopée qui a un charme authentique. En plus de nous rappeler de nombreux souvenirs, cette balade en compagnie de nos nouveaux amis va aussi réunir tous les éléments qui font un titre prometteur. On peut déjà citer toute la mythologie autour des esprits qui amènent ainsi un côté très folklorique à ces deux lectures. On est alors en contact direct avec toutes ces légendes et mythes que l’on a pu découvrir au fil de nos voyages littéraires. Il y a ainsi quelque chose de grisant à suivre cette jeune demoiselle dans sa quête de la vérité et dans les combats dans lesquels elle se retrouve impliquée. En réalité, dès lors que l’on plonge dans cette série, on est assailli par tout un tas de questions qui font l’essence même de ces ouvrages.
Au même titre que Nanoka, on avance sur un terrain qui nous est inconnu et c’est notre curiosité qui parvient à nous faire aller de l’avant. On a beau voir que le danger est partout, on a cette envie irrépressible de comprendre ce qu’il se passe et de voir s’il est possible de changer les choses. Une épopée qui cache bien son jeu et ne cesse de s’étoffer à chaque nouvelle case. Il est impossible de progresser dans ce récit sans que notre esprit ne soit assailli par tout un tas d’interrogations venant créer notre attrait pour cet univers. Ainsi, on a envie de savoir ce qui se cache derrière telle histoire, ce qui a bien pu se passer dans le passé de Mao et aussi tout ce qui tourne autour de cette dimension parallèle où le temps semble s’être figé. Ce qui est remarquable, c’est que l’on a la sensation de progresser dans une aventure qui nous rappelle beaucoup de choses, mais qui arrive aussi à nous proposer un dépaysement total. Un juste équilibre qui montre que l’originalité n’est pas gage de qualité et que la maîtrise des codes du genre est aussi essentiel que de développer un univers à part. C’est un pari totalement réussi pour l’auteure qui nous immerge totalement dans ce monde où l’on ne cesse d’être projeté entre le présent et le passé.
Outre le fait que l’on voit le talent de la personne se trouvant derrière cette histoire, il y a un autre élément qui vient grandement jouer dans notre appréciation de Mao. Il s’agit tout simplement de cette atmosphère qui nous englobe tandis que l’on essaye de réunir les différentes pièces du puzzle. Un périple qui nous fait oublier tout le reste alors que l’on s’amuse à jouer les enquêteurs tout en se demandant quelle sera la prochaine menace que devra affronter notre onmyoji. Un combat intense face à une menace démoniaque, mais aussi contre le temps.
Une ambiance fascinante
Dire qu’il y a une ambiance particulière à ce titre serait un euphémisme. Dès la première minute de lecture, on sent qu’il y a quelque chose qui plane dans l’air. Cela s’accentue encore plus dès lors que l’on se retrouve propulsé dans cette dimension parallèle et que l’on fait la connaissance de Mao. Cette réalité qui semblait parfaitement ancrée dès les premières pages de l’oeuvre se transforme afin d’évoluer en une atmosphère fantastique. Cela s’explique bien sûr par la présence des nombreuses créatures folkloriques et imaginaires que l’on peut observer, mais aussi par le changement de ton. En réalité, on est tellement plongé rapidement dans le quotidien de notre héroïne que l’arrivée de tout ce surnaturel va avoir l’effet d’une bourrasque balayant tout sur son passage. Ainsi, on est encore plus émerveillé et stupéfait par ce que l’on découvre que si cela avait été d’emblée introduit dans le récit. Il y a donc une montée en puissance du fantastique qui sert pleinement à divertir et immerger le lecteur. D’ailleurs, la notion même de temps se fait de plus en plus flou alors qu’un simple voyage entre les deux dimensions peut durer seulement quelques minutes à un mois complet. C’est donc cette perdition et cette sensation de perdre pied qui nous accroche tout d’abord aux personnages que l’on rencontre qui sont telles des bouées de sauvetage.
Outre cela, il faut aussi que l’on parle de tous ces mystères qui prennent vie dans ces quelques pages. En effet, on a déjà eu l’occasion d’en parler un peu, mais tous ces secrets contribuent à créer cette ambiance mystique propre à ce manga. On avance à tâtons en essayant de comprendre ce qu’il se passe et c’est cette obscurité dans laquelle on progresse qui rend cette lecture aussi palpitante que par moment angoissante. On a ce besoin de connaître la vérité afin de pouvoir éclairer notre route jusqu’au dénouement final. De ce fait, chaque énigme que l’on pose sur notre route retient notre attention et nous permet autant d’avoir une nouvelle approche de toute cette histoire que de contribuer à mieux discerner l’endroit où l’on nous mène. Une excellente maîtrise du suspens qui tient le lecteur en haleine afin qu’il ait constamment ce désir de s’aventurer plus loin dans les tomes. Il y a donc un parfait équilibre entre le fait d’avoir des réponses et la faculté de ces dernières à créer d’autres questions. Une série qui approfondit constamment sa nature paranormale afin de nous donner autant un spectacle de qualité qu’une aventure dont a l’impression d’être l’un des rôles principaux. Une belle manière d’inviter le lecteur à faire partie intégrante de ce périple.
Mao est donc une oeuvre qui, comme dans son scénario, nous fait voyager dans le temps à l’époque des anciens shônens. Une excursion qui joue beaucoup avec la nostalgie que l’on peut éprouver, mais qui n’en oublie pas de nous proposer une histoire captivante. On se laisse donc bercer par ce conte qui a su poser des bases aussi intrigantes qu’intéressantes. Deux lectures qui nous auront profondément marqués de par la myriade de secrets qu’il reste encore à découvrir. Un moyen parfait de nous pousser à vouloir avoir la suite.
Mao maîtrise son job
Alors que l’on cherche souvent à se lancer dans des mangas qui révolutionnent le genre ou qui peuvent apporter quelque chose d’inédit à tout ce que l’on a l’habitude de voir, Mao prend le chemin inverse. Voici le parfait exemple que l’on peut faire une histoire prenante et divertissante sans pour autant chercher à changer absolument nos habitudes. Tout le long de notre exploration au sein de cette licence, on a pu ressentir la volonté de l’auteure à créer un univers qui puisse intéresser avec des codes parfaitement établis. Le résultat est sans appel et c’est un grand oui pour Mao qui nous propulse au coeur d’une enquête aussi mouvementée que magique. On apprécie grandement les relations entre les personnages qui commencent tout juste à apprendre à se connaître tandis que la menace se fait de plus en plus grandissante. Cependant, là où le titre se démarque absolument, c’est dans sa culture du secret. Un brouillard épais entoure ce conte dont il est difficile d’en ressortir même après avoir fermé le second volume. En effet, notre esprit reste prisonnier de cet univers qui nous appâte aisément à travers tous ces secrets à élucider. Une façon efficace et pertinente de montrer à quel point il y a un immense potentiel derrière cette saga.
Vous l’aurez donc compris rapidement en lisant ces quelques lignes, on a grandement apprécié notre escapade dans le monde de Mao. Un titre qui parlera autant aux vieux lecteurs de mangas qu’aux nouveaux arrivants cherchant une première aventure à vivre. Voilà le genre de récit qui peut devenir universel de par sa structure narrative efficace et qui cherche avant tout à amuser et occuper le lecteur le temps d’une lecture. En seulement deux volumes, on se rend compte que l’on a tout juste effleurer tout ce qu’il est possible de raconter sur cette recherche du démon. Une voie qui nous semble bien connue, mais qui laisse de nombreux embranchements possibles pour le reste du voyage. Comme dit un peu plus haut dans la chronique, il est quasiment impossible de quitter nos deux amis sans se poser une tonne de questions. A quoi ressemble vraiment ce démon que pourchasse Mao ? Quel est le mystère entourant la survie de cette jeune demoiselle ? Pourquoi cette dimension parallèle existe-t-elle ? Il ne s’agit-là que d’un bref aperçu de tout ce qu’il peut y avoir comme interrogations. En tout cas, on sera au rendez-vous pour voir l’avenir de cette licence.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Mao. Trouvez-vous que l’on a là une histoire aussi prometteuse que captivante ? Avez-vous apprécié toute l’atmosphère particulière qui se dégage de ces pages ? Pensez-vous que nos nouveaux compagnons de route pourront éviter le danger qui se rapproche à grands pas ? Selon vous, quel est le mystère qui se cache derrière cette autre dimension ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de cette série. 🙂
© 2019 Takahashi Rumiko, Shogakukan