The Fable tome 1 : savoir se mettre au vert
On le sait, il est récurrent dans le monde du manga de chercher à faire rire en provoquant un décalage entre deux thématiques totalement différentes. Cela peut ainsi donner lieu à des aventures délirantes et jouant parfaitement la carte de l’humour. Pourtant, il faut aussi bien savoir équilibrer le tout pour que cela ne devienne pas redondant. Une problématique loin d’être facile à régler. C’est donc par rapport à ce sujet-là que l’on a décidé d’aborder aujourd’hui une série inédite qui souhaite surfer sur ce type d’œuvres. Vous l’aurez compris, on va parler de The Fable, édité chez Pika, dont le premier volume est sorti il y a quelques jours. Un manga qui avait su éveiller notre curiosité par son synopsis, mais aussi le potentiel qui s’en dégageait. C’est donc avec beaucoup d’attentes que l’on s’est plongé dans cette aventure littéraire qui fut loin d’être décevante. Au contraire, on a trouvé beaucoup de choses à dire concernant le futur de cette saga et l’opposition qui s’organise au sein de ces pages. Quand le plus redoutable des tueurs à gages doit se faire oublier quelque temps, cela donne un cocktail explosif. Le temps est donc venu d’observer cet homme dans son nouveau quotidien.
Le tueur suprême
The Fable, imaginé par Katsuhisa Minami, nous plonge dans un Japon contemporain. Si le pays semble calme au premier abord, il est aussi victime de nombreux crimes qui restent cachés dans l’ombre. Cependant, mieux vaut se méfier dès lors que l’on a un peu de pouvoir ou fait trop de bruits. Il est dit que les plus forts deviennent des cibles alors pour celui que l’on a surnommé “Fable”. Cette personne, dont tout le monde ignore l’identité, est un assassin de génie. Muni de son arme favorite, un pistolet Nighthawk, il est le pire cauchemar de la pègre japonaise. A la fois craint et respecté, son nom est presque devenu une légende urbaine. Les malfrats réfléchissent donc à deux fois maintenant avant de sortir la nuit, car on ne sait jamais si le monstre cagoulé fera alors son apparition. Au même titre que la Mort qui fauche ses victimes comme si de rien n’était, rien ne semble pouvoir stopper ce tueur dès lors qu’il s’est mis en chasse. D’ailleurs, son champ d’action ne se limite pas qu’aux vulgaires criminels. Hommes politiques, mafieux et personnalités publiques sont aussi des proies potentielles dont il se fera un plaisir de raccourcir la vie. Ces ennemis n’ont alors aucunement le temps de répliquer. Visant toujours juste, il ne lui faut pas plus de six secondes s’il le souhaite pour en finir avec son contrat avant de disparaître dans la nuit. Malheureusement, même cet adversaire redoutable peut avoir des soucis à se faire pour son futur. Le génie de l’assassinat va devoir faire face à sa plus grande épreuve.
En effet, un beau jour sa vie entière va basculer. Son commanditaire va lui ordonner de tout mettre en pause et de prendre une petite année sabbatique. Une idée qui semble étrange aux yeux de Fable qui n’a jamais vraiment été autant mis sur la touche. A présent, il doit agir comme un citoyen ordinaire sans faire la moindre vague sous peine de terribles répercussions pour lui et son assistante. Pour l’aider dans ce changement soudain, il peut compter sur un clan de yakuzas qui lui laisse une petite planque afin de démarrer son nouveau quotidien dans la préfecture d’Osaka. Attention cependant pour Fable ! Il lui est interdit de tuer ou même d’attaquer, de blesser ou juste de s’en prendre à quelqu’un d’autre pendant cette période. Un sacré poids sur les épaules de ce tueur qui a été conditionné depuis des années à enlever des vies. Cette arme humaine doit donc accepter cette décision, mais son tempérament imprévisible pourrait bien lui jouer de mauvais tours. C’est encore plus vrai lorsque l’on est entouré de criminels en tout genre qui peuvent avoir la gâchette facile. Ainsi débute pour cet assassin le plus dur des contrats qu’il peut louper à tout instant. S’il lui est interdit de s’en prendre à quelqu’un, il va tout de même pouvoir utiliser ses autres atouts de tueur qu’il a pu exercer pendant toute sa carrière. Fini le sang et les morts et bonjour à la petite vie paisible où il va falloir trouver un travail, de nouveaux passe-temps et peut-être même l’amour. Enfin ça, c’est seulement s’il arrive à ne pas frapper quelqu’un avant d’arriver dans son nouveau foyer.
Rien qu’en lisant le résumé de l’histoire, on sent que The Fable cherche à miser énormément sur ce fossé qui sépare notre protagoniste de sa nouvelle vie. On découvre alors une introduction qui cherche avant tout à nous poser les bases, mais surtout à nous laisser entrevoir les nombreuses situations loufoques que l’on pourrait avoir. Porté par un personnage à la fois impressionnant et ridicule, le récit parvient donc à construire un premier segment au fort potentiel. On est alors tiraillé entre notre désir de voir cet individu agir comme il le fait d’habitude et d’observer sa manière de se fondre dans le décor.
Un décalage qui fonctionne
Bien sûr, le cœur de The Fable va être de savoir si notre tueur à gages va réussir à s’acclimater à son nouvel environnement. Sur ce plan-là, on peut dire que l’auteur maîtrise son sujet étant donné que l’on va rapidement être emporté par ce fossé séparant ces deux mondes. D’ailleurs, il est intéressant de s’attarder sur la manière qu’a le mangaka de nous préparer à ce qui nous attend. En effet, tout est pensé, à la base, pour que l’on soit captivé par les prouesses de notre personnage central. On le voit se débarrasser de nombreux hommes sans le moindre effort et on a donc l’image d’un tueur redoutable que rien ne peut arrêter. Donc, on part avec cette image dans la tête avant que n’arrive ce fameux rebondissement l’obligeant à changer totalement d’environnement. Il n’en faut pas plus pour imaginer tout un tas de situations absurdes où l’assassin réagit à sa manière à des problématiques lambdas. Un parti-pris que l’on a déjà pu voir dans d’autres œuvres et qui fonctionnent toujours très bien ici. En plus, là où la plupart se contentent d’être simplement un gag manga enchaînant les moments hilarants, The Fable souhaite proposer un fil rouge intéressant. Après tout, dès le départ, on est prévenu que cela n’est que pour une durée d’un an. On a donc ce petit compteur fictif qui vole au-dessus de notre protagoniste et qui va donc nous amener à réfléchir si oui ou non il est capable d’accomplir ce contrat. Il y a donc un objectif final qui est posé rapidement et nous donne donc une ligne d’arrivée à atteindre. C’est alors que va arriver le cœur du récit, à savoir la manière dont va réagir Fable au quotidien.
En abordant cette grosse partie de ce volume, on va alors avoir un tout autre regard sur cet adulte qui peut autant être impressionnant une arme à la main que puéril dans certains de ses agissements. Il y a donc deux approches qui vont se confronter tout au long de ces premières pages, car disons-le clairement l’humour n’est pas au centre du récit. Servant avant tout à poser les bases, on se rend très vite compte que le décalage créé peut donner à sourire et même faire rire, mais on est constamment rattrapé par les véritables capacités de cet homme. Le voir faire semblant d’être faible tout en parvenant à faire souffrir ses opposants est grisant et permet de donner une toute autre ambiance à l’histoire. On sent qu’il pourrait exploser à tout moment ou commettre l’irréparable tant il est formaté pour transformer chaque élément de son entourage en arme mortelle. Toute la question va donc reposer sur ce fragile équilibre qui est ce qui nous retient en haleine. Il a beau se présenter comme un gars nonchalant avec parfois une dégaine surprenante, il ne cesse de nous prouver qu’il est un danger qu’il ne vaut mieux pas réveiller. On est donc autant en attente de voir les situations dans lesquelles il va se retrouver mêlé et devoir agir comme un citoyen ordinaire que curieux de voir comment il va appliquer ses talents spécifiques pour réussir à accomplir son devoir. Un tueur qui utilise tout ce qu’il a appris pour être tranquille et qui donc allie parfaitement ces deux univers. Un manga qui surfe autant sur une vague comique qu’il peut proposer quelque chose de bien plus profond derrière tout ça.
Avec ce premier volume de The Fable, l’auteur sait comment poser les bases d’un récit qui nous interpelle. En effet, on a constamment envie d’avancer afin de savoir si oui ou non notre protagoniste va finir par céder à ses vieilles habitudes ou s’il va tenir jusqu’au bout de cette période. Un combat très personnel et qui permet de nous faire sourire et même de rire tout en laissant en arrière-plan cette aura funeste qui peut surgir à tout instant. On est donc heureux de voir les prouesses de ce tueur pour s’intégrer, mais on est aussi tenu en haleine par le fait qu’il pourrait à tout moment tout faire tomber à l’eau.
The Fable pose ses valises
The Fable propose un premier volume à la fois captivant dans son personnage central et sa nouvelle mission que prometteur pour la suite. Servant réellement de grosse introduction et surtout de mise en place du décor où va se passer l’intrigue, cette première escapade laisse donc juste entrevoir ce que l’on peut attendre pour la suite. A noter que Fable est un protagoniste qui marque rapidement nos esprits. Que cela par rapport à son don quand il s’agit de tuer que de son caractère parfois enfantin en dehors de son travail, il fait preuve de deux visages diamétralement opposés. Cela colle très bien à ce que l’on souhaite nous présenter et permet surtout d’avoir un anti-héros qui se dissocie de l’image que l’on peut avoir des assassins en temps normal. Un gars capable de se marrer à travers un comique à l’humour discutable avant d’abattre froidement sa proie. Outre tout ça, le mangaka souhaite aussi mettre en place une autre intrigue qui prend place en arrière-plan, mais va permettre d’ajouter énormément de rythme à l’histoire. Concernant le trait de l’auteur, celui-ci donne un certain cachet à l’ensemble de l’ouvrage qui colle parfaitement à l’ambiance de gangster qui gravite autour de nos nouveaux camarades. En plus de ça, il ne faut pas limiter ce récit à notre seul tueur à gages. Il y a tout un petit monde qui l’entoure et qui permet d’enrichir encore plus cet univers qui est très loin de nous avoir dévoilé tous ses secrets. Une belle mise en bouche qui n’attend plus que de prendre son envol dans les prochains tomes.
The Fable a donc su proposer un premier contact fort divertissant et qui ne va pas uniquement vers le chemin que l’on pouvait espérer. A travers un protagoniste à la fois charismatique et déconnecté de sa réalité, le mangaka parvient à retenir notre attention. Les déboires qui attendent le plus redoutable des assassins promettent donc d’être autant farfelus que potentiellement épiques. On recommande donc avec plaisir ce premier contact qui a su poser les bases pour que le récit puisse prendre plus d’essor par la suite. Si vous aimez les ambiances sombres liées à la pègre ou que vous souhaitez voir les aventures d’un individu redoutable dans un milieu qui n’est pas le sien alors The Fable pourrait grandement vous amuser. Bien sûr, on ne peut terminer une lecture sans se poser les nombreuses questions habituelles au lancement d’une épopée inédite. Est-ce que Fable parviendra à rester tranquille pendant toute une année ? Que lui réserve cette nouvelle vie ? Est-ce que cela lui permettra de trouver une voie inédite à prendre ? Finira-t-il par succomber à cet entraînement qui fut le sien ? Les gens autour de lui vont-ils découvrir son secret ? Il va cependant falloir prendre son mal en patience en attendant d’assister à la suite de cette histoire. On espère qu’en attendant, notre nouvel ami ne fera pas trop de vagues.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de The Fable. Avez-vous apprécié le décalage qu’il y a entre le caractère de notre tueur et ce qu’il doit maintenant faire ? Trouvez-vous qu’il y a de quoi raconter quelque chose qui puisse durer dans le temps ? Pensez-vous que cet homme parviendra à tenir parole au vu de ses compétences et de son tempérament ? Est-ce que vous êtes curieux de savoir s’il va réussir à se faire à l’idée de se reposer plutôt que de parcourir le pays à la recherche de cibles à abattre ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂