La valse des nouveautés : Ao-chan can’t study – Kageki Shôjo!! – Asobi Asobase
Il n’y a pas à dire, 2021 fut une année particulièrement riche en nouvelles licences. Même en ce mois de décembre, on arrive à avoir encore de nombreuses lectures inédites qui font leur apparition. Cette fois, c’est du côté de chez Noeve Grafx que l’on se penche. Après plusieurs retards dus à la crise des matières premières, l’éditeur voit trois séries faire leur début dans son catalogue. Si l’on était particulièrement intéressé par certains titres au sein de ce trio, on a été surpris de grandement apprécier l’ensemble de ces œuvres. En effet, ces épopées littéraires affichent toutes un petit truc en plus qui leur est propre et permettant de passer un excellent moment. Des lectures qui nous ont fait rire pour deux d’entre elles tandis que la troisième nous a ébloui par tout ce qu’elle raconte et les possibilités derrière cette introduction. On s’est donc dit qu’il serait intéressant de faire une chronique spéciale afin de parler de ces trois mangas qui visent chacun un public différent. Entre récits totalement barrés et découverte du monde du spectacle, on a ici de quoi passer un très bon moment. L’heure est donc venue de rêver et de rigoler à travers ces aventures prometteuses.
Ao-chan can’t study tome 1
Ao-chan can’t study, imaginée par Ren Kawahara, nous plonge au Japon où l’on fait la connaissance de la jeune Ao Horie. Cette dernière est une élève modèle, passant le plus clair de son temps à étudier contrairement à ses petits camarades de classe. Studieuse et déterminée, elle souhaite à tout prix rejoindre l’université de ses rêves afin de s’éloigner du domicile familial et vivre seule. Elle est même prête à renoncer aux petits plaisirs futiles de la jeunesse dont les autres étudiants ne se privent pas d’en profiter. Pour elle, il n’existe pas d’histoire d’amour ou bien de romance qui pourrait un jour faire chavirer son cœur. Toute sa concentration est focalisée sur les cours et ses devoirs plutôt que sur les garçons qui gravitent autour d’elle. De plus, elle est persuadée qu’ils ne pensent qu’à profiter des jeunes filles pour leur plaisir personnel et assouvir leurs pulsions animales. C’est donc avec beaucoup d’attention qu’elle évite le moindre contact humain avec eux. Malheureusement, il semblerait qu’un lycéen en particulier soit intéressé par elle. Venant constamment faire la conversation avec elle, il s’avère être l’idole de la classe. Ne sachant comment réagir pour lui faire comprendre qu’il doit prendre ses distances, ses seules références proviennent de son père. Cependant, un problème de taille concerne son géniteur qui n’est autre que le plus grand romancier “pour adultes” du pays. Avec son approche très crue des rapports humains, notamment charnels, voilà un exemple qui va provoquer en elle de nombreuses pensées obscènes. Ainsi débute un calvaire pour Horie qui ne peut empêcher son esprit de se fier à son inexpérience pour lui faire voir d’un œil très singulier ses échanges avec la gente masculine. Quand on a pour unique référence des histoires érotiques, il est parfois difficile de faire la différence entre la réalité et la fiction.
On doit l’avouer, Ao-chan can’t study n’était pas le manga qui nous tentait le plus au premier abord. C’est finalement par curiosité que l’on s’est penché sur ce titre et ce qu’il pouvait offrir. En s’attardant sur cette introduction, on a pu découvrir une comédie particulièrement efficace et jouant habilement la carte de la découverte des rapports intimes comme élément de base. Il n’est jamais question ici de montrer l’acte en lui-même ou d’appuyer des situations pouvant sembler malsaines, mais d’utiliser habilement le décalage entre ce que notre héroïne ne cesse de s’imaginer et la réalité. On a ainsi le droit à des moments particulièrement savoureux où l’on rit à gorge déployée en assistant à ce contraste bien conçu. Cela ne va jamais dans l’excès et c’est un petit plaisir que de suivre la pensée de cette demoiselle au contact du sexe opposé. De même, le titre va aussi mettre en scène une relation loin d’être classique entre notre protagoniste et le jeune homme qui l’approche. En abordant des questions parfois difficiles sous le ton de l’humour et de la dérision, la mangaka réussit à construire une romance loin des sentiers battus et à mêler habilement comédie et mise en scène d’une période complexe dans l’adolescence. L’ensemble fonctionne à merveille et l’on se prend au jeu de voir si Horie va finalement franchir le pas et changer sa vision des choses ou rester focalisé sur le bon déroulement de ses études. Les moments cocasses dont on peut être témoin ne sont pas là pour rendre ce personnage principal seulement naïf, mais de montrer cet apprentissage des rapports qui peuvent parfois mener à des questions ou des remarques pouvant sembler étranges, mais qui font partie de la découverte. Un récit aussi drôle qu’il peut être intelligent dans certains propos en plus de nous faire avoir une certaine sympathie pour cette jeune fille.
Kageki Shôjo!! tome 0
Kageki Shôjo, imaginée par Kumiko Saiki, nous plonge au Japon et plus précisément au cœur de l’école Kôka des Arts de la scène. Cet endroit n’est accessible qu’à une poignée d’élus ayant réussi à passer le concours d’entrée très sélectif. C’est ici que sont formés les artistes féminins de demain qui partiront dans le monde du spectacle. Sur des milliers de candidates, seulement une poignée sera choisie pour intégrer les rangs de cette prestigieuse académie. En entrant entre ces murs, c’est une chance inouïe pour ces demoiselles de pouvoir un jour intégrer la revue Kôka dont les représentations enchantent le public depuis maintenant un siècle. Faire partie de ces élèves est donc une occasion en or de briller, mais faut-il encore réussir à tenir une fois à l’intérieur. Les strates et paillettes que les spectateurs admirent cachent en réalité une bataille de chaque instant pour être la meilleure. Rivalité, mode de vie strict et surtout de nombreuses épreuves à surmonter font partie intégrante de ce quotidien qu’embrassent ces jeunes femmes. C’est là que l’on fait la connaissance de Ai Narata, une ancienne idole désabusée qui souhaite intégrer cette académie pour éviter tout contact avec les hommes. Elle ignore totalement que ce cursus va lui réserver bien des surprises et notamment une rencontre qui pourrait changer son existence. C’est en faisant la connaissance de Sarasa Watanabe que son monde va être chamboulé. Cette dernière est une fille de la campagne qui ne rêve que de pouvoir incarner le rôle de ses rêves. Naïve, innocente et ignorant beaucoup de choses de ce milieu, elle dégage pourtant une force d’attraction et une aura remarquable. Elles s’apprêtent à se lancer dans une aventure extraordinaire qui fêtera le centenaire de la revue Kôka !
On attendait énormément les débuts de Kageki Shôjo en manga surtout après avoir vu l’excellente adaptation en anime. C’est maintenant chose faite et l’on peut dire que cet ouvrage nous plonge totalement dans cette ambiance unique. Il faut savoir que ce volume 0 sert de prequel au manga sous le format d’un impressionnant one-shot. Le fait d’intégrer l’univers du spectacle et notamment une école aussi prestigieuse nous émerveille en un claquement de doigts. D’ailleurs, il est important de souligner à quel point le style de la mangaka va sublimer cette sensation de faire face à des personnages et un établissement brillant de mille feux. En seulement quelques pages, on est pleinement immergé dans ce quotidien éprouvant qui attend ces jeunes étudiantes. On va rapidement comprendre la difficulté des cours, mais aussi de ce mode de vie qui ne laisse que peu de place à l’échec. Malgré tout, le titre ne se veut pas totalement tourné vers cet aspect éprouvant. On sent cette volonté d’apporter de la lumière au sein de ce milieu si peu mis en avant et cela se reflète à merveille à travers les deux héroïnes. A travers elles, on sent toute la dualité de cette œuvre, mais ce qui fait aussi son charme. D’un côté, nous avons la stoïque et même inexpressive Ai qui, derrière son visage glacial, parvient à nous raconter une histoire émouvante. De l’autre, on a la pétillante Sarasa qui n’a besoin que de quelques secondes pour nous donner le sourire. Avec cette dernière, on a le sentiment que tout est possible et l’on est impliqué dans la concrétisation de son objectif. Ces deux personnages sont aux antipodes l’un de l’autre et pourtant elles se complètent à merveille. Le sérieux de ce manga se combine avec cette énergie et cette lueur qui nous donne cet espoir réconfortant. Un formidable ouvrage qui va autant aborder ce domaine artistique avec brio que nous offrir des messages plus poignants et importants autour de certains problèmes de société.
Asobi Asobase tome 1
Asobi Asobase, imaginée par Rin Suzukawa, nous fait faire la connaissance de Kasumi. Cette lycéenne tout à fait banale cache un secret qu’elle dissimule à son entourage. Elle déteste les jeux depuis sa plus tendre enfance après avoir connu de nombreuses défaites face à sa sœur. Forcée d’obéir à ses gages, elle a fini par se détourner de ce passe-temps qu’elle appréciait tant auparavant. Cependant, elle était loin d’imaginer qu’elle replongerait dedans suite à un échange avec deux de ses camarades. En effet, c’est suite à la demande insistante d’Hanako, une jeune fille au caractère bien trempée, qu’elle va se rapprocher d’Olivia, une étudiante d’origine étrangère qui adore les jeux japonais. Un marché est conclu entre les deux demoiselles pour qu’en échange de passer du temps avec elle, cette dernière lui donne des conseils pour améliorer son anglais. Tout semble aller pour le mieux, mais Olivia va très vite se rendre compte que cette proposition va la mettre dos au mur. Si elle aime se faire passer pour une Américaine, elle est en réalité une Japonaise pure souche qui ne connaît quasiment aucun mot d’anglais. L’objectif maintenant pour la jeune fille est de tout faire pour dissimuler la vérité tout en satisfaisant les demandes de sa camarade de classe. C’est ainsi que débute un quotidien mouvementé absolument déjanté pour ce trio qui va être rythmé par des parties endiablées et surtout des situations inattendues et hilarantes. Basé sur un mensonge, ce rapprochement pourrait bien faire naître une formidable amitié entre les trois jeunes filles qui vont tout faire pour profiter de leur adolescence et nous faire découvrir une multitude de jeux différents. Le plus important va maintenant être pour elles de s’amuser pleinement même si cela leur provoque bien des soucis.
Voilà un autre titre que l’on avait hâte de découvrir chez Noeve Grafx notamment après avoir vu l’anime disponible sur Crunchyroll. On fut plié de rire en regardant cette série humoristique et on était curieux de voir ce que rendrait le manga. Le plaisir fut pleinement au rendez-vous à travers ce premier volume qui nous plonge totalement dans cette ambiance absurde qui entoure ce club des joueurs. Avec un trio de jeunes filles en total décalage avec ce que l’on a l’habitude de lire, les nombreuses péripéties que vivent ces protagonistes sont tellement grisantes et absurdes. On éclate de rire en voyant les échanges qu’elles ont, mais aussi leur comportement face à une situation donnée. Un enchaînement de gags d’une redoutable efficacité et qui réussit aisément à nous changer les idées. On est ici dans une œuvre qui ne cherche pas à suivre un fil rouge précis. Il y a simplement un petit élément déclencheur qui va pousser nos trois héroïnes à se réunir pour ensuite laisser libre cours à leur talent d’humoriste. Ce qui est fantastique dans cette introduction, c’est qu’on est constamment surpris par la tournure que vont prendre les événements autour de ces demoiselles. Entre des quiproquos surréalistes, des réactions aussi étranges que farfelues et des jeux parfaits pour multiplier les actions drôles, c’est un florilège de moments comiques qui attend le lecteur. Il n’est même pas question ici d’aborder un sujet précis qui va leur permettre d’évoluer. Tout est une question d’amusement et cela fonctionne à merveille. Un manga dont le but premier est de faire sourire et rire son lectorat. Pari réussi pour cette mangaka qui a une imagination débordante quand il s’agit de provoquer l’hilarité. Que cela soit par l’écriture ou le dessin, on savoure chaque case pour ce qu’elle est, à savoir un pur divertissement pensé pour nous donner de l’énergie.