MAGICA tome 1 : une fable magistrale
Il arrive parfois que l’on tombe sur un manga qui nous émerveille autant sur le fond que sur la forme. Une œuvre à part entière qui se distingue aisément des autres et fait tout pour que l’on soit pleinement immergé dans ce qu’elle nous raconte. C’est souvent assez rare de tomber sur ce genre d’expérience littéraire, mais quand cela arrive c’est toujours synonyme d’un voyage marquant. On a justement connu ça très récemment avec l’arrivée d’une nouvelle licence du côté de chez Meian. Il s’agit bien sûr de MAGICA dont le premier volume est sorti il y a peu. Dès son annonce, ce titre dégageait une aura singulière qui attirait notre regard à travers sa couverture et son pitch de base. Notre intérêt n’a fait que grandir une fois l’extrait disponible et que l’on a pu entrevoir tout ce qui nous serait raconté. Finalement, on a pu mettre la main sur cet ouvrage et c’est une claque que l’on a prise autant au niveau de l’écriture que du visuel. Une fresque envoûtante teintée de nombreuses tragédies qui va réveiller l’enfant qui sommeille en nous. L’heure est donc venue de se laisser bercer par les histoires que nous raconte ce formidable conteur.
Le temps des conteurs
MAGICA, imaginée par Yuzuko Hoshimi, nous emmène dans un monde bien éloigné du nôtre. Un lieu où la magie existe et qui abrite un être très singulier même au sein de cet environnement extraordinaire. En effet, il existait dans cet univers un jeune mage bien loin d’être comparable à ses congénères. Ne possédant qu’un pouvoir, celui-ci était aussi très étrange. Il n’était pas question pour lui d’émerveiller le monde à travers un déluge de capacités surnaturelles. Son unique don était de pouvoir cristalliser l’éclat de la vie sous forme de gemmes. C’est ainsi qu’il entreprit un long voyage sur ces terres qui étaient une mine d’informations, d’anecdotes et d’histoires à raconter. Grâce à sa faculté, il devenait le témoin privilégié de toutes ces joies et ces drames qui allaient perdurer pour l’éternité à travers ces pierres brillantes. Les années passèrent et les souvenirs de ces instants privilégiés continuaient de vivre pour l’éternité dans leur prison dorée. Un beau jour, le magicien impuissant disparut sans laisser de traces et ne laissa derrière lui que son impressionnante collection de gemmes. Un héritage qui allait se retrouver entre les mains d’un nouveau narrateur. En compagnie d’un jeune garçon, cette étrange créature baptisée “MAGICA” veillait sur lui et décida qu’il était enfin temps de lui raconter ces nombreuses et courtes histoires. Le récit d’individus qui ont existé il y a fort longtemps et qui ont connu autant certaines joies que des moments tragiques.
Le jeune public de ce conteur n’imagine pas alors que tout ce qu’il va découvrir au fil de ces quelques mots est teinté d’une profonde vérité. Quatre histoires l’attendent et vont le plonger dans un pays singulier où le temps ne semble pas avoir d’emprise sur les gens. Il partira sûrement ensuite dans un petit établissement chaleureux où une rencontre va grandement bouleverser deux êtres pourtant diamétralement différents. Et puis, il y a ce monde étrange, connu de peu de voyageurs, où la vie est réduite à l’état de monnaie. Une richesse qui ne peut que causer la mort sur ces terres où l’espoir a disparu. Pour finir, il pourrait bien faire la connaissance d’une créature de légende dont le tourment est de vivre et mourir chaque jour avant de renaître et de recommencer ce cycle. Une entité dont l’existence est à la fois brève et éternelle qui va côtoyer une demoiselle qui l’accompagnera tout au long de sa propre vie. C’est donc avec beaucoup d’attention que cet enfant s’apprête à écouter les paroles de son ami qui va lui donner la chance de partager les souvenirs de toutes ces personnes avec lui. Plus qu’une simple balade narrant des faits dont on ne peut établir la véracité, ce petit moment de lecture va ouvrir les portes de nombreux lieux qui ont bien existé. Alors que l’imaginaire et le réel se confondent, ces deux individus se laissent bercer par le périple de ces âmes inconnues qui ont juste fait ce qui était en leur pouvoir pour que leur vie ait un sens. L’heure de la magie est venue !
Quand on s’attarde sur ce premier volume de MAGICA, on se rend compte à quel point on est face à un ouvrage aussi sublime que qualitatif. En dehors de l’ouvrage en lui-même qui est absolument somptueux, cette lecture est avant tout l’occasion parfaite pour le lecteur de replonger en enfance à travers quatre contes aussi magiques que tragiques. En fait, il y a un sentiment unique qui nous submerge dès l’instant où l’on tourne la première page et que l’on se laisse emporter par cette atmosphère féérique. Un recueil qui va autant nous en mettre plein les yeux que nous offrir des messages forts dignes des plus grandes fables.
Entre enfance et drames
Il n’est pas rare de voir débarquer dans nos librairies des séries qui se présentent sous la forme de recueil. Nous délivrant plusieurs petites histoires, il faut alors voir si l’on peut réussir à s’intéresser à ce contenu qui doit parvenir à son objectif en seulement quelques pages. Cependant, MAGICA se sert de cette succession de courts récits comme un élément essentiel pour l’univers qui se développe tout autour. En effet, tout cela s’inscrit dans cette optique que l’on fait face à un narrateur qui nous conte ces bribes de souvenirs. Rien qu’à travers cette mise en scène, l’attention du lecteur est totale étant donné que l’on nous ramène à cette époque où l’on pouvait être bercé par les petites histoires que l’on nous racontait avant d’aller dormir. Ainsi, cet ouvrage fait directement appel à une nostalgie qui fut peut-être absente depuis fort longtemps. Pour consolider cette sensation, il y a évidemment le trait de la mangaka qui nous fait tout de suite comprendre que l’on va vivre un moment féérique. Il suffit de poser les yeux sur ces sublimes dessins pour que le lecteur disparaisse en ne laissant derrière lui que ce gamin rêveur désireux de connaître les fables qui se cachent au sein de ces gemmes. Pourtant, il ne faut pas croire que cet ouvrage désire juste avoir cet effet sur le spectateur. Il va aussi être une véritable claque au niveau des quatre fables que l’on va découvrir et qui vont être l’âme véritable de cette série. Des histoires qui retiennent notre attention, mais qui sont loin d’être irradiées de bonheur.
En fait, on retrouve cette volonté d’inculquer une morale à la fin de chaque conte en passant autant par des scènes d’une grande tendresse que d’une profonde tristesse. On est témoin ici de véritables drames qui, même s’ils ont lieu au sein d’un monde féérique, nous touchent personnellement. S’il y a pourtant un point commun à toutes ces petites aventures, c’est leur manière de mettre à l’honneur la vie et la beauté qui s’en dégagent. C’est justement en mettant en contraste des environnements ou des thèmes obscurs et violents que la mangaka parvient à montrer la valeur de cette douceur qui peut exister au plus profond de chaque individu. Même les créatures fantastiques se présentent avec des failles qui vont les rapprocher des hommes. La magie est ici autant une toile de fond qu’un instrument pour créer des relations et des échanges qui vont nous faire vibrer. On voit ce fantastique qui nous fait tant rêver être teinté d’une noirceur qui veut souligner des peurs concrètes. La mort, l’abandon ou la perte d’un être cher sont des éléments importants de ces histoires qui veulent aussi nous montrer que derrière ces craintes peuvent exister aussi des moments de douceur qui apportent un peu de lumière dans ce quotidien souvent sombre. Une rencontre, des paroles échangées ou bien une simple visite deviennent alors des souvenirs précieux et impérissables qui nous font verser une petite larme. Quand le surnaturel sert le réel en donnant lieu à des scènes exceptionnelles, le spectateur que l’on est ne peut rester de marbre.
En s’aventurant au sein de l’univers de MAGICA, on vient d’ouvrir une porte vers une myriade de petites histoires qui ont toutes un propos à nous raconter. Des bribes de souvenirs qui vont nous éblouir et nous émouvoir comme savent le faire si bien toutes ces fables qui ont traversé les âges. A travers cet ouvrage, la mangaka nous délivre sa vision de ce qu’un conte peut apporter à celui qui va le lire. Au fil de son trait, elle parvient autant à régaler notre regard qu’à nous toucher en plein cœur et cela prouve l’efficacité incroyable de cet instant magique. Un moment hors du temps où l’on se laisse juste bercer par ces récits.
MAGICA nous ensorcèle
MAGICA est clairement une œuvre qui a su nous parler par rapport à ce qu’elle désire apporter au lecteur autant sur le plan visuel qu’émotionnel. Se plonger dans ce premier volume est une incroyable expérience littéraire où le dessin porte énormément de sentiments. Il est remarquable et important de voir à quel point l’autrice est parvenu à parfaitement marier ces deux facettes pour un résultat exceptionnel. On a devant nous un manga qui a su capter tout ce qui fait la force des comptines pour enfant tout en y incorporant des messages forts et sombres. Une manière d’autant parler au gamin qui sommeille en nous que d’éveiller notre conscience d’adulte à des sujets graves et qui méritent toute notre attention. On est littéralement hypnotisé par ces fresques qui s’enrichissent au fil des pages pour créer une histoire où la magie rencontre l’humain. Un recueil de fables aux morales importantes et qui va aussi nous délivrer des moments où les larmes et les sourires prennent le pas sur tout le reste. Un travail d’artiste où, le temps de quelques minutes, on quitte notre réalité pour être avec cet enfant à écouter ce remarquable narrateur. L’imaginaire nous montre ici toute l’étendue de sa créativité et qui n’en oublie pas pour autant de parsemer ces récits oniriques d’une réalité nécessaire. Après tout, le fantastique est un outil idéal pour traiter de sujets bien concrets qui vont parler au plus grand nombre. Voilà une épopée à la fois originale et puissante.
Avec MAGICA, on a devant nous une œuvre qui nous parle profondément. Cette série nous montre l’importance de rêver, de croire en l’imaginaire et aussi qu’il est possible de trouver des réponses ou des réflexions au sein de chaque fable. Visant avec justesse le cœur de chaque lecteur, ce titre est semblable à une peinture dont l’attrait n’a d’égale que l’interprétation de chacun à l’égard de ces fabuleux dessins. Un trait remarquable qui porte chaque conte vers d’impressionnants sommets où l’imaginaire du spectateur est en effervescence. Si vous cherchez une aventure littéraire qui vous ramène en enfance et est en même temps une formidable estrade pour des pièces émouvantes et apportant une morale, alors ce titre est fait pour vous. Alors que l’on tourne la dernière page de ce livre de contes, on se met à rêver de nouveau à toutes ces histoires qui ont existé, existent aujourd’hui et verront le jour prochainement. C’est donc avec joie que l’on sait qu’une suite est prévue et dont on espère qu’elle ne sera tout aussi envoûtante. A présent, les questions fusent dans notre esprit en repensant à ces quatre récits qui nous furent présentés. Qu’est-ce que ce magicien a-t-il pu voir d’autres au cours de ses pérégrinations ? Quel est le but de ce dernier ? Que nous réservent les futures fables de ce conteur aussi charmant qu’étrange ? On est juste impatient de pouvoir replonger dans les méandres de ces gemmes débordantes de vies et de mémoires.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de MAGICA. Avez-vous été envoûté par la qualité de cet ouvrage ? Trouvez-vous que les contes proposés peuvent être appréciés de tous ? Est-ce que vous avez été conquis par cet habile mélange entre ce côté œuvre d’art et comptine pour enfant ? Quel est votre récit préféré parmi les quatre qui rythment cette lecture ? Cela vous a-t-il donné le sentiment de replonger en enfance à travers cette narration et cet aspect fable ? Qu’attendez-vous pour le prochain volume qui devrait faire son apparition cette année au Japon ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.