Tokyo Revengers - Takemichi

Derrière le mainstream : Tokyo Revengers et Takemichi

Vous le savez, on aime parler de tous les titres. On a une telle diversité en France sur le marché du manga qu’il est tout simplement fabuleux de s’y perdre et d’en ressortir avec de belles petites pépites. C’est pour ça que l’on vous a proposé récemment le nouveau rendez-vous autour des “pépites méconnues”. Cependant, on ne voulait pas s’arrêter-là. En effet, notre souhait était aussi de pouvoir faire en parallèle un autre type de chronique où l’on abordera cette fois les titres dit “mainstream”. Ces séries qui se présentent rapidement comme de grands classiques pour les lecteurs sont énormément traiter au quotidien. Malgré tout, on avait à cœur d’amener une autre forme de réflexion sur ces sagas à travers divers axes spécifiques. Une manière de traiter ces œuvres, mais par des éléments qui ne sont pas forcément au cœur des discussions. Et pour débuter ce nouveau rendez-vous de “Derrière le mainstream”, on va s’attaquer à Tokyo Revengers, chez Glénat, et plus particulièrement à son protagoniste. Takemichi a beaucoup de choses à nous raconter et il est grand temps de l’accompagner dans son combat pour modifier le présent.

Un héros comme tout le monde

Tokyo Revengers-TakemichiMême si Tokyo Revengers est un titre dont le succès n’est plus à présenter, il est quand même important de remettre en place l’histoire. Une manière aussi de présenter Takemichi et ce qu’il doit accomplir tout au long de cette épopée. Ce manga, imaginé par Ken Wakui, nous fait suivre le quotidien de ce jeune adulte dont la vie est loin d’être reluisante. Se contentant d’un petit boulot pour subvenir à ses besoins, il est très loin d’être un modèle de réussite. Ayant totalement abandonné ses rêves d’antan, Takemichi se complaît dans une vie qu’il passe à bosser et à regarder la télé en mangeant des chips. Mais cela va changer le jour où il apprend une terrible nouvelle aux infos. On annonce le décès d’une jeune femme, victime collatérale d’une terrible attaque d’une organisation criminelle. Cette demoiselle n’était autre que l’amour de jeunesse de Takemichi avec qui il avait coupé les ponts depuis maintenant bien des années. Totalement bouleversé par ce drame, il ressasse le passé en se demandant ce qu’il aurait pu faire pour changer ça. Alors qu’il est plongé dans ses pensées sur le chemin du retour, il est poussé sur la rame de métro et est écrasé par celui-ci. Ce qui aurait dû signer sa fin va être en réalité une chance en or pour lui. En rouvrant les yeux, il est stupéfait de n’avoir aucune blessure apparente. Cependant, une surprise encore plus grande l’attend lorsqu’il se rend compte qu’il a rajeuni. Même s’il a du mal à y croire, il doit se rendre à l’évidence qu’il vient de faire un voyage dans le temps le ramenant à l’époque du lycée. Une période où sa seule lubie était de faire partie d’un gang et de se battre.

Malheureusement, il était loin d’être doué et lui et ses amis s’étaient rendus à l’évidence qu’ils ne pourraient jamais devenir des caïds. Mais le plus important ici n’est pas tant ce qu’il souhaitait être, mais ce qu’il peut accomplir. Il comprend vite que cet étrange pouvoir qui sommeille en lui consistant à le projeter dans le passé et le présent peut lui donner la force de changer les choses. Ressassant l’image de celle qu’il a toujours aimée en train de mourir, il se dit qu’il ne peut rester sans rien faire. Saisissant cette chance de repartir à zéro, il se lance dans un projet de taille et pouvant sembler totalement fou. Sachant pertinemment que le fameux groupe ayant causé cet incident découle d’un ancien gang de voyous composé de lycéens, Takemichi se dit qu’il peut influencer leur avenir. Pour ça, il décide de tout faire pour intégrer la bande même si cela implique de se prendre des coups. Après tout, cela n’est rien en comparaison de la souffrance engendrée par la perte d’un être cher. Il sait pertinemment que cela s’annonce difficile, mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’une détermination sans faille. Malgré la peur qui l’assaille, il continue d’avancer pour parvenir à bousculer cet avenir funeste. Mais il va très vite comprendre qu’influencer le futur a toujours un prix et qu’un simple changement peut avoir des conséquences irrémédiables sur le destin de nombreuses personnes. En choisissant cette voie, Takemichi renoue avec son ancienne ambition, mais non dans le but d’être respecté. Les combats qu’il est sur le point de mener n’auront pour autre objectif que la sauvegarde des gens importants à ses yeux. Le début du calvaire, mais aussi d’une croisade qui va le transformer à tout jamais.

Maintenant que l’on a bien remis en place le contexte de Tokyo Revengers et présenté l’axe de cette chronique, il faut prendre du temps pour s’attarder sur Takemichi. Si le manga multiplie les figures fortes qui n’hésitent aucunement à se jeter dans la mêlée, ce héros est bien différent de tous ces gens. Il évolue à leur côté, mais aussi en parallèle de leur propre voie. Si cela peut s’expliquer par sa faculté de passer du passé au présent, cela va bien plus loin que ça. Un gars qui doit faire face à un environnement qu’il a tant de fois rêvé, mais qui va aussi l’amener à se remettre en question.

Des larmes apportant une grande dose d’humanité

On a déjà pu parler par le passé de Tokyo Revengers. Mais maintenant que le titre s’est bien installé et que plusieurs tomes sont sortis, il est intéressant de voir ce récit à travers un prisme bien précis. Celui-ci n’est autre que le regard de Takemichi en tant que héros. Qu’est-ce qui fait que l’on puisse autant être interpellé par ce personnage qui est en totale contradiction avec l’environnement dans lequel il évolue ? En effet, Takemichi a beau vouloir depuis toujours être un voyou et faire partie d’un gang, il n’est clairement pas un combattant hors-pair. On peut même dire qu’il se prend beaucoup plus de raclées qu’il n’en met. Pourtant, il y a une sorte de magnétisme autour de lui qui attire notre regard tout autant que celui des autres protagonistes. Il n’a beau ne pas être le plus fort, le plus expérimenté ou bien le plus charismatique au départ, il est très difficile de détourner les yeux de celui-ci. C’est là que l’on va entrer dans ce qui est captivant tout en abordant son influence sur le récit en lui-même. Notre héros est, pour beaucoup, un pleurnichard qui pourtant va continuer à aller de l’avant. Il a beau essuyer de nombreuses erreurs, et même faire face à de terribles désillusions, il continue de croire qu’il peut changer les choses. C’est sa force de caractère et le fait qu’il continue à se tenir debout malgré le fait qu’il n’est pas de taille qui impose le respect. Quand on suit ce jeune homme, on ne cherche pas tant à le voir gagner physiquement, mais psychologiquement. 

Ses actes ne sont pas là pour décider du combat qui se tient devant nous, mais pour modifier les actions de tout un groupe. On se rend compte, au fur et à mesure de la série, que son influence est immense sans pour autant qu’elle passe par les poings. Il suffit de voir le dernier tome en date pour pleinement prendre conscience de ça. D’ailleurs, le fait qu’il évolue en parallèle des autres est aussi un détail très important. Il n’est pas un surhomme comme Mikey ou bien un stratège comme Kisaki. C’est un gars tout à fait lambda qui se rend compte de son pouvoir et dont cette quête pour changer le cours du temps va l’amener à grandir. Chaque nouvelle étape de son voyage lui fait prendre de l’assurance et c’est dans ce chaos qu’il s’épanouit afin de devenir l’homme qu’il a toujours souhaité. Un meneur dont les coups résonnent de tout ce qu’il a vécu, mais aussi de tout ce qu’il a appris. C’est pour ça que le personnage de Takemichi est aussi fascinant à suivre. On peut aisément se sentir proche de lui, car il est quelqu’un de lambda. Il n’est pas de base redoutable ou même impressionnant, c’est au fur et à mesure de cette épopée qu’il se transforme petit à petit. Il devient un loubard au grand cœur qui ne cache pas ses faiblesses, mais les utilise pour justement renforcer sa détermination. Il est l’âme de Tokyo Revengers et une des raisons qui fait que l’on est autant attaché par ce récit. Un manga qui est avant tout l’histoire d’un garçon qui veut reprendre sa vie en main pour être à la hauteur des gens qu’il aime.

Si Tokyo Revengers est aussi palpitant à suivre, ce n’est pas uniquement pour son action épique entre bandes rivales. Ce manga parvient à utiliser ce personnage principal qu’est Takemichi d’une manière absolument fantastique. Totalement en contradiction avec le reste des gaillards qui gravitent autour de lui, il est pourtant celui qui va symboliser le mieux cet esprit furyo. Un gars paumé et dont les larmes cachent en réalité une détermination remarquable nous faisant justement trembler d’excitation. Si Mikey, Draken et tous les autres débordent de charisme, notre héros parvient pourtant à tirer la couverture à lui.

Tokyo Revengers célèbre Takemichi

Tokyo Revengers T4-TakemichiIl est vrai que Tokyo Revengers a connu une montée fulgurante en termes de notoriété et aussi d’appréciation. Un manga qui a séduit de nombreux lecteurs et qui est devenu un thème récurrent dans de multiples discussions. Cependant, ce n’est pas parce qu’un titre est réputé ou dit “mainstream” qu’il n’est pas intéressant à analyser. Bien au contraire, il est important d’avoir autant un regard sur les autres séries gravitant autour de ces gros succès que de s’attarder sur ce qui fait l’attrait de ces derniers. C’est pour ça que l’on s’est attardé aujourd’hui sur cette licence, mais d’un point de vue bien particulier. En dehors de l’action frénétique, des personnages charismatiques et des émotions ressenties, l’œuvre de Ken Wakui est avant tout celle de Takemichi. Il est le héros, mais aussi un être ordinaire qui se retrouve au cœur d’une épopée extraordinaire. Il n’a rien de semblable à tous ces gars qui se jettent dans la mêlée avec plaisir. Pour lui, c’est la peur qui l’anime, mais aussi l’amour qu’il ressent et qui le pousse à faire face à sa propre crainte. Un personnage principal débordant d’humanité et qui est l’un des principaux moteurs de la saga tant on apprécie sa progression. En dehors de l’aspect fantastique concernant le voyage dans le temps, ce périple pourrait très bien se montrer réaliste par le biais de ce garçon qui n’a connu des regrets et qui décide finalement de se reprendre en main. Les hésitations sont là et c’est normal tant il part de loin. 

L’assurance se gagne petit à petit et même après 17 tomes, Takemichi ne peut s’empêcher de trembler face aux défis qui se dressent devant lui. Malgré tout, il avance pas à pas pour être fier de ce qu’il fait et surtout garder la tête haute devant ses proches et ses amis. Il a un nombre incalculable de façons d’analyser un manga et voilà une première version que l’on vous délivre pour ce premier numéro. On espère que cela vous aura plu et dites nous si vous aimeriez que l’on vous propose d’autres chroniques de ce style. Encore une fois, l’importance dans toutes ces lectures est le plaisir que l’on ressent et cela peut être propre à chacun. Que l’on aime les pépites méconnues ou les séries en tête d’affiche, la priorité est de toujours conserver cette petite flamme qui s’anime dès l’instant où l’on ouvre un tome. Tout comme Takemichi qui n’abandonne jamais, on continuera d’explorer et de voir ce qui fait toute la beauté de ce médium. A présent, on ne peut qu’espérer que cet homme redevenu adolescent va continuer sur cette voie afin qu’il puisse toucher ce rêve qui est le sien et être présent pour celle qu’il aime et pour ses compagnons. Le milieu du manga affiche une richesse incroyable et il faut en profiter chacun à sa manière. Voilà un bref regard sur une série qui a encore beaucoup de choses à raconter et qui fera peut-être l’objet d’une autre chronique dans le futur. A moins que Takemichi remonte le temps pour mettre son grain de sel.

N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Tokyo Revengers et la place de Takemichi dans l’œuvre. Pensez-vous que l’on aura le droit à un protagoniste qui va affirmer sa détermination et devenir un meneur digne de ce nom ? Va-t-il se faire dévorer par ce milieu qui ne laisse que peu de place aux moments de joie et de bonheur ? Croyez-vous qu’il va devenir un être à l’image des autres en oubliant cette peur qui l’assaille constamment ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence et du développement de ce jeune homme ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2017 Wakui Ken, Kodansha