Iruma

Iruma et ses démons : échapper au monde réel

Vous le savez sûrement, mais j’ai un affect tout particulier pour la licence Iruma à l’école des démons. Une œuvre qui ne cesse de nous émerveiller à travers son récit enchanteur et surtout son univers décalé et attachant. Ce hit du catalogue de nobi nobi a su se faire une place dans le cœur de nombreux lecteurs et à l’occasion de la sortie du tome 12, j’avais envie d’aborder un sujet particulier. En effet, si l’on peut prendre cette saga pour le divertissement qu’elle est, il est aussi intéressant de voir ce qui peut être raconté à travers certains aspects de la saga. C’est notamment le cas par rapport à son personnage principal qui est bien loin d’être uniquement un simple adolescent se retrouvant propulsé du jour au lendemain chez des êtres surnaturels. Un garçon plein de bonnes intentions et qui semble avoir finalement trouvé sa place dans un lieu qui n’est pourtant pas propice à la vie humaine. Un moyen d’évasion qui est autant là pour le lecteur que pour ce protagoniste qui n’a pas forcément de bons souvenirs de sa vie sur Terre. Il est grand temps de retourner dans cet enfer si chaleureux.

Le calvaire d’un gamin

Iruma à l'école des démons Vol. 1Le manga d’Osamu Nishi, pour ceux qui l’ignorent, nous conte l’histoire du jeune Iruma qui se retrouve à être vendu à un démon par ses propres parents. Il va ainsi se retrouver dans un monde imaginaire entouré de créatures surnaturelles et dangereuses qui pourraient mal le prendre de voir un être humain parmi eux. C’est ainsi que débute sa nouvelle vie au sein d’une académie pour démons où il va devoir s’intégrer sans que son secret ne soit dévoilé. Quand on s’attarde sur cette œuvre, on se rend rapidement compte que cet environnement décrit comme dangereux est en vérité propice à de multiples aventures captivantes. Cependant, ici on va s’attarder sur la toute première partie du manga afin de pleinement expliquer le sujet que l’on va traiter aujourd’hui. A l’origine, le personnage de Iruma est un gamin qui vit dans le monde réel et qui n’a jamais connu une enfance comme les autres. Tout cela est dû à des parents totalement irresponsables qui se sont servis de lui pour leurs différents plans ou simplement partir en amoureux de leur côté. Ainsi, le jeune Iruma que l’on découvre au début du récit est un adolescent apeuré qui ne sait pas ce que c’est que de s’amuser ou bien d’avoir des amis. Bien évidemment, tout ça est porté à l’extrême au vu des situations qu’il a connu et de cette surenchère dans le comportement de ses géniteurs. Mais quand on y réfléchit bien, on nous raconte ici l’histoire d’un garçon brisé par la réalité de son quotidien.

Il passe son temps à devoir échapper aux problèmes dans lesquels ses parents l’envoient sans le moindre remords. Ainsi, si l’on peut prendre ça à la rigolade au vu du ton qui est pris dans la série, il s’agit aussi d’une forme de reflet de ces personnes qui n’ont jamais pu avoir ces années d’insouciance et de bonheur. C’est alors qu’arrive l’élément déclencheur de cette histoire concernant le rachat d’Iruma par ce “fameux démon”. En entendant ça, on se dit que notre pauvre protagoniste n’a pas de chance, car c’est clairement un abandon de la part de ses parents qui préfèrent leur petite personne que leur propre enfant. Ils n’hésitent nullement à le jeter dans la fosse aux lions pour aller se prélasser de leur côté. Ainsi, on veut nous faire réagir sur le fait que rien ne peut être pire que d’être livré à une entité qui est entrée dans la culture populaire comme un symbole néfaste. Les démons sont souvent dépeints comme des êtres malfaisants qui tourmentent le commun des mortels et peuvent se montrer d’une grande violence. Le surnaturel est ainsi introduit dans le manga comme un prolongement de cet enfer que vit Iruma depuis toujours et où il est presque résigné à son sort. Mais le fantastique va finalement prendre une tournure bien différente de ce qu’il imagine au même titre que le lecteur. C’est finalement dans ce qui semble être un cauchemar éveillé que le jeune Iruma pourrait bien trouver ce qu’il n’a jamais connu par le passé. Une forme d’évasion nécessaire pour ce dernier.

Quand on pense à tous ces éléments, on se rend compte à quel point Iruma est loin d’avoir une vie particulièrement joyeuse. Si cela contribue à jouer l’effet comique de la situation, cela montre aussi un certain mal-être de cet adolescent qui va finalement trouver sa place dans un lieu inconcevable pour la logique humaine. Après tout, on parle ici d’un adolescent qui a été vendu par ses propres parents pour qu’ils puissent avoir du bon temps quitte à le laisser aux prises avec des démons. Un rapport très fort et qui peut aller bien plus loin dans la symbolique quand on s’attarde sur la suite du manga.

La fantasy comme refuge

Après avoir posé les bases de ce drame qu’a vécu Iruma lors de son existence sur Terre, il est important maintenant de voir ce que lui procure sa nouvelle vie. En réalité, comme dit un peu plus haut, il semble vivre un rêve éveillé. L’image des démons est bien loin de ce qu’il pouvait imaginer. Bien sûr, il y a une envie de briser cette vision que l’on peut avoir de ces entités infernales en leur apposant un visage plus comique et chaleureux. Ainsi, la frayeur de ce jeune protagoniste va peu à peu se muer en une forme d’intérêt pour la vie dans cet autre monde. Même si la menace d’être découvert plane toujours au-dessus de sa tête, cela n’est au final pas grand chose par rapport au bonheur qu’il ressent en découvrant toutes ces choses qui lui sont inédites. Si tout colle à cette ambiance démoniaque, on se rend rapidement compte qu’en fait il mène une vie qu’il aurait rêvé d’avoir dans sa réalité. Un jeune garçon allant à l’école et qui se lie d’amitié avec ses camarades. Il profite de moments de joie et rigole de bon cœur en compagnie de ses amis et de cette nouvelle famille qui s’offrent à lui. D’ailleurs, la série ne s’arrête pas uniquement aux murs de l’école étant donné que l’on va aborder des éléments extérieurs tout aussi pertinents dans cette volonté d’amusement. On peut citer l’excursion au parc d’attractions, les soirées pyjamas et autres situations qui semblent tout à fait ordinaires pour un adolescent de son âge. C’est là qu’est tout le génie de cette série qui arrive à transformer des moments banals en quelque chose d’extraordinaire.

Après tout, on parle ici d’un jeune homme abandonné par sa propre famille qui ne faisait que profiter de lui. C’est en rencontrant le surnaturel qu’il va finalement trouver la vie de ses rêves. Iruma a enfin le droit à cette jeunesse qu’il pensait ne jamais connaître et qui lui paraissait n’être qu’un lointain rêve. Il a beau être au contact de nombreuses menaces, son aventure dans cet autre environnement est avant tout l’occasion pour lui d’avoir ce qu’il n’a jamais connu. Avec le fantastique naît un quotidien spectaculaire, mais qui déborde aussi d’une normalité chaleureuse. Il suffit de voir Iruma en compagnie de ses précieux amis pour sourire et être heureux de le voir enfin atteindre le bonheur. Ce qui se présentait comme un véritable cauchemar devient un paradis à ses yeux dont il ne veut plus sortir. Un refuge pour lui dont cet “enfer” devient un foyer pour lui. Après autant de tomes, on a encore le droit à ses précieux instants où l’on nous rappelle que l’on a devant nous un humain qui profite de cette joie d’être avec ses amis et de s’amuser. Même dans le tome 13, on a le droit à une scène fabuleuse qui nous évoque ce constat et nous montre un Iruma au comble du bonheur, car ayant enfin la chance de profiter de cette bienveillance et de toutes ces expériences qui lui étaient interdites. Le réel est synonyme de mauvais souvenirs tandis que l’imaginaire devient un terrain fertile où l’exagération peut aussi donner lieu à des situations mémorables et en conformité avec cette période de la vie de ce garçon.

Il est donc très intéressant de voir l’impact qu’a la fantasy et le surnaturel sur Iruma et sa vision du monde. Alors qu’on lui a toujours donné comme image que les démons sont des monstres terrifiants, il finit par trouver en leur compagnie cette famille qu’il n’a jamais eu. Des amis qui lui sont précieux et surtout un monde qui ne cesse de l’émerveiller et de lui réserver des surprises. Iruma n’est autre qu’un enfant abandonné qui trouve un peu d’espoir dans le fantastique. Une forme d’évasion qui peut parler à chacun d’entre nous et qui va s’exprimer dans chaque tome de la série.

Iruma a trouvé son bonheur

Iruma à l'école des démons Vol. 13Si j’avais à cœur de parler de Iruma et de ce que représente cette aventure à ses yeux, c’est parce qu’elle est empreinte d’une profonde sincérité. Pour comprendre ça, il suffit de voir ce que tout enfant aime faire. Si l’on est toujours à la recherche d’expériences incroyables et surtout de rire un bon coup, cela n’est pas forcément possible. La réalité peut se montrer brutale et difficile. C’est là qu’intervient le fantastique. A travers un ouvrage, un film ou bien une série, on peut s’évader vers de nouveaux univers. Iruma à l’école des démons est un divertissement d’une redoutable efficacité, mais est aussi cette représentation de notre besoin de rêver. En observant ce nouvel environnement qui entoure notre protagoniste, on ouvre les yeux sur le fait que tout est réalisable dès l’instant qu’il s’agit d’une fiction. Un lieu où les figures normalement néfastes se transforment en de solides camarades et où l’on peut rire et s’amuser comme si de rien n’était. La mangaka a fait un travail formidable sur ce point et l’on peut le ressentir tout au long de la série. Iruma est un jeune garçon qui trouve enfin son bonheur après avoir quitté le monde réel pour celui des démons. Une épopée qu’il n’aurait jamais imaginé concevable et qui pourtant lui permet de vivre ces moments qu’il a toujours souhaité. C’est aussi pour ça qu’il est un héros aussi marquant aux yeux du lecteur. On peut facilement s’identifier à ce personnage dont toute la partie magique provient de sa plongée dans cet autre univers. 

Il est avant tout un humain ordinaire ayant ses peurs et ses doutes, mais dont la détermination se forge au fur et à mesure de son parcours en tant qu’élève de cet établissement. Iruma à l’école des démons est avant tout la concrétisation d’un rêve pour cet adolescent qui peut enfin rattraper le temps perdu. Si l’on peut se questionner sur la réaction de ses amis en connaissant la vérité à son sujet, on profite surtout de ses instants de bonheur en compagnie de tout ce beau monde. Ils ont beau enchaîner les frasques et les situations mouvementées, cette classe reste avant tout un rassemblement d’individus qui s’entraident pour avancer. L’imaginaire est particulièrement important pour chacun d’entre nous, car il permet de s’évader et surtout de trouver parfois du réconfort dans une société qui peut se montrer étouffante. C’est en se plongeant dans la créativité de tous ces artistes que l’on peut parfois trouver notre propre force pour avancer et surtout transformer un quotidien compliqué afin de profiter aussi du bonheur. Cette série en est un très bon rappel et montre que chacun mérite d’avoir ces moments importants de la vie où les sourires et la camaraderie priment sur tout le reste. J’espère que cette petite chronique spéciale autour de cette licence vous aura plu. Je serais curieux de savoir si vous aimeriez plus d’articles de ce genre pour le futur. Quoi qu’il en soit, le manga est un médium fabuleux où l’on peut se laisser emporter par tant d’aventures. 

N’hésitez pas à nous partager votre propre opinion sur le sujet concernant Iruma et sa place dans ce manga. Trouvez-vous qu’il y a quelque chose d’intéressant à analyser derrière ce personnage et sa présence dans ce monde fantastique ? Avez-vous l’impression que le titre a une plus grande symbolique qu’il n’y paraît au premier abord ? Est-ce que, selon vous, Iruma ne serait pas une représentation du lecteur qui s’évade au travers de cet univers surréaliste et fictif ? Arrivez-vous à vous identifier facilement à ce protagoniste qui présente bien plus de facettes que l’on pourrait le croire ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2017 Nishi Osamu, Akita Shoten