Badducks--Vol.1-2

Badducks tome 1 : une cavale intense

Il est vrai que l’on continue d’avoir de très nombreuses nouvelles licences qui font leur apparition sur le marché du manga. Cela peut donner le tournis au vu de ce raz-de-marée qui déferle sur nous. Pourtant, c’est justement dans ce déferlement incessant que l’on peut trouver de belles petites surprises qui méritent l’attention par rapport à leur originalité ou l’histoire racontée. Ce fut exactement le cas pour le titre que je vais aborder aujourd’hui et qui nous provient tout droit de chez Ki-oon. Il s’agit de Badducks qui avait su capter mon intérêt dès son annonce que ce soit par son synopsis ou bien ses couvertures. Alors que le premier tome est sorti il y a peu, je me suis dit que ce serait l’occasion de se jeter sur cette introduction afin de voir ce qu’il en est vraiment. J’ai alors pu découvrir un premier acte fort intéressant dans sa manière de narrer son histoire et surtout les enjeux qui en découlent. Nous ne sommes pas face à une œuvre qui cherche à se concentrer sur un instant précis. Au contraire, nous avons ici un manga qui cherche à nous narrer une longue fuite qui s’étale sur plusieurs années. Il est donc temps de voir si oui ou non cette course-poursuite effrénée a su nous tenir en haleine.

La malchance d’un homme

Badducks Vol.1Badducks, imaginé par Toryumon Takeda, nous plonge dans un monde où les humains ne sont pas les seuls êtres sur cette planète. En effet, des non-humains sont aussi présents, mais préfèrent rester discrets plutôt que de s’exposer au grand jour. Pourtant, ils sont plus nombreux qu’il n’y paraît. Mais le plus grand danger qui règne pour les habitants est Nguyen, un être qui dirige le milieu du crime d’une main de maître. Il ne laisse jamais rien passer et est toujours décidé à obtenir ce qu’il considère comme lui revenant de droit. C’est pour ça qu’il s’apprête à rendre une visite qui va drastiquement changer la vie d’un homme. Ce dernier répond au nom de Morgan et on peut facilement dire qu’il n’a jamais eu de chance. Alors qu’il n’avait que dix ans, ses parents finirent par l’abandonner en commettant un soi-disant double suicide. Totalement désespérés par leurs nombreuses dettes, ils laissent derrière eux ce jeune garçon qui semble pleinement conscient que cela finirait comme ça. Malgré cette situation effroyable, Morgan semble imperturbable et est déterminé à redoubler d’efforts pour ne pas finir comme eux. C’est ainsi qu’enfant, il entra rapidement dans le monde du travail et ne connut aucune source de joie. Ce n’est que bien plus tard qu’il tomba sur une jeune femme avec qui il partage un quotidien commun. Une complicité naissante qui fait chavirer son cœur et lui donne l’espoir de connaître enfin le bonheur. A maintenant trente ans, il se dit qu’il est temps pour lui de goûter au bonheur.

Malheureusement, alors qu’il pensait enfin se déclarer à sa moitié, voilà qu’il reçoit la visite de Nguyen et ses hommes. Pointant une arme sur la tempe de sa bien-aimée, il est à la merci de ces gangsters. Le chef de ce groupe a décidé qu’il était temps pour Morgan de payer la dette que ses parents avaient accumulée de leur vivant. Les fantômes du passé refont surface et il semblerait que la malchance de cet homme ait de nouveau frappée. Ne pouvant payer une telle somme, il fut décidé qu’il servirait de cobaye pour les expériences orchestrées par ce mafieux et les scientifiques sous ses ordres. Morgan ne peut aller à l’encontre de celui-ci et fait ses adieux à cette vie heureuse qu’il était à deux doigts de connaître. Il se réveille un peu plus tard avec un tube dans la nuque et surtout une force accrue. A présent, il doit obéir aux ordres de son nouveau maître. C’est une vie de servitude qui l’attend et même s’il aimerait partir, son existence a totalement été effacée de la société. Il n’est plus qu’un cobaye devant obéir sous peine de terribles conséquences. C’est au moment où il croit que tout est perdu que Lisa, la dernière représentante de son espèce, fait son apparition devant lui. Elle lui propose de s’évader à ses côtés et de s’éloigner le plus loin possible de cet enfer. Mais il semblerait que ce plan ne se déroule pas comme prévu quand les deux nouveaux compères se retrouvent avec un bébé sur les bras. Ils vont devoir faire avec et se lancer dans une cavale infernale où leur désir de liberté va se confronter à bon nombre d’épreuves.

Ce qui m’a rapidement interpellé en lisant le résumé de Badducks était cette proposition intéressante au niveau du scénario. En effet, il est assez rare d’avoir une histoire qui se focalise surtout sur la notion de fuite et de road-trip. Si ce premier volume va surtout être l’occasion d’en apprendre plus sur l’origine de cette cavale, on peut déjà déceler plusieurs éléments prometteurs et surtout un très bon travail au niveau de la synergie entre les personnages. C’est justement en se sentant proche de nos protagonistes que l’on va se sentir impliqué dans leur quotidien mouvementé.

Une course-poursuite haletante

Ce qui va faire toute l’essence de ce premier volume de Badducks concerne cette fuite inlassable de nos protagonistes. Les premiers chapitres servent d’exposition afin de donner toutes les clés en main à la bonne compréhension du scénario. On va ainsi être témoin de l’horreur que peut représenter ce monde notamment quand les criminels prennent le pouvoir. Le personnage de Morgan est ainsi très intéressant dans ce qu’il raconte. Un garçon qui a dû apprendre à vivre seul et à se débrouiller par lui-même avant d’être finalement rattrapé par les fantômes du passé alors qu’il pensait goûter au bonheur. De même, son acolyte réussit à nous toucher en dehors de sa personnalité affirmée. En effet, derrière tout ça se cache surtout une femme qui a été captive bien trop longtemps et qui a perdu tout ce qui comptait pour elle. Nous sommes donc face à des personnages qui ont été profondément blessés par la vie et qui ne cherchent qu’une chose : la liberté. Cela est très bien représenté tout au long de cette introduction qui va ensuite nous conduire à cette fameuse évasion qui va se montrer retentissante. Avec leurs spécificités qui leur sont propres, mais aussi leur handicap, le binôme va rapidement se démarquer en cherchant à se sortir de multiples situations en cours de route. Cela est encore plus renforcé dès lors que le bébé fait son apparition. 

Nous ne sommes donc plus uniquement face à un duo pouvant aisément se séparer pour fuir. Voilà un trio où se trouve au centre un bambin qui n’a aucunement conscience de ce qui l’entoure. C’est ainsi que va réellement débuter cet excellent road-trip. Cette virée va être l’occasion d’observer de très bonnes interactions entre les personnages qui vont autant nous faire rire que nous dévoiler certaines facettes inattendues de leur personnalité. Des êtres que tout oppose et qui pourtant s’unissent dans l’unique but de fuir cette servitude pour vivre des jours paisibles. En prenant ce parti, l’auteur s’assure d’une chose. On a beau être emporté par les nombreuses escales et péripéties sur la route de nos héros, on garde au fond de nous cette peur que leurs poursuivants finissent par les rattraper. Il y a une telle sympathie qui se dégage de nos nouveaux amis que cela rend cette possibilité encore plus éprouvante pour le lecteur. On est littéralement emporté dans cette voiture qui va nous faire voir de multiples paysages, mais aussi symboliser l’unique espoir de liberté. Une course-poursuite effrénée qui a lieu même si on ne voit rien se passer directement. C’est justement le fait de se retourner pour voir s’ils ne sont pas suivis qui montrent que la menace est toujours bien présente. Sans oublier bien sûr cette notion de famille qui se forme petit à petit au sein de ce groupe. Que ce soit par leurs échanges ou bien le fait de s’occuper de cet enfant, il y a quelque chose de bien plus fort qui est en train de naître dans le cœur de ces évadés.

C’est donc un pari réussi pour Badducks qui arrive aisément à passer les vitesses pour que l’on puisse vivre une grande diversité dans les situations présentées. On peut passer d’une tension palpable à une scène hilarante d’un chapitre à l’autre sans que cela ne dénature l’âme de l’œuvre. Au contraire, ce sont toutes ces petites expériences sur la route qui rendent le voyage aussi grisant et qui montrent aussi que nos compagnons sont actuellement libres de leurs mouvements. Voilà un périple qui nous donne l’envie de prendre la route pour simplement profiter de ces instants où il n’y a rien de plus que nous et ce qui nous entoure.

Badducks file au loin

L’expérience vécue avec ce premier tome de Badducks est particulièrement efficace. Cela est tout d’abord dû au soin qui est apporté par l’auteur à l’écriture de ses personnages. Il ne suffit que de quelques pages pour bien cerner leurs blessures, mais aussi leur envie d’aller de l’avant malgré les difficultés. Ils ont beau vivre de larcins et être en cavale, ces deux protagonistes réussissent à attirer aisément notre sympathie. De même, l’ajout de ce bébé entre les deux amène aussi son lot de situations drôles et de moments plus intimes. Nos deux compères ont beau se chamailler très souvent, on sent que quelque chose de plus fort est en train de naître qu’une simple utilisation l’un de l’autre. Maîtrisant très bien l’aspect road-trip de son œuvre, le mangaka s’amuse à diversifier les escales pour que chaque arrêt soit l’occasion de vivre quelque chose de différent. Si cela peut sembler être des épreuves supplémentaires entre eux et leur liberté, on peut aussi prendre ces événements sous un autre angle. Dès le départ, on nous présente nos héros comme des gens ayant fini par vendre leur âme au diable. Des êtres brisés par la vie et qui n’ont jamais connu rien d’autre que la misère ou la souffrance. Le simple fait d’avoir trouvé le courage de s’évader pour prendre la route est alors une victoire en soi. S’ils veulent fuir pour être enfin tranquilles, leur liberté est déjà gagnée dès l’instant qu’ils sont dans cette voiture. S’évader ne signifie pas forcément atteindre un point précis et c’est ce que nous conte brillamment ce premier volume.

C’est une bien belle surprise que j’ai donc pu avoir avec cette introduction à l’univers de Badducks. Un titre qui pouvait nous sembler bien plus tourné vers l’action au départ et qui finalement a su nous proposer quelque chose d’assez différent. S’il y a bien sûr les intrigues qui viennent enrichir notre curiosité pour la suite, c’est bel et bien ce sentiment de liberté que l’on partage avec nos nouveaux amis qui rend cette épopée aussi rafraîchissante. Le simple fait de voir ces trois fuyards se poser quelques minutes aux abords d’un lac ou face à un sublime paysage suffit à nous faire oublier, l’espace de quelques secondes, le danger qui se rapproche. Une pause méritée avant que le récit ne reprenne un rythme soutenu où chaque seconde perdue peut être fatale. Une série que je recommande à tous ceux qui apprécient les histoires centrées sur une fuite effrénée ou qui cherchent un manga réussissant à parler de choses fortes autour de la liberté. Il y a bien sûr énormément de questions qui me viennent à l’esprit maintenant que j’ai fini ce premier volume. Est-ce que nos protagonistes vont finalement réussir à échapper à leurs poursuivants pour de bon ? Comment vont évoluer les relations au sein de ce trio ? Quels seront les prochains défis que devront relever nos compagnons de route ? Assisterons-nous à d’autres moments plus posés ? Est-il seulement possible pour eux d’espérer en un avenir plus radieux ? Je suis curieux de voir ce que donnera la suite du manga.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier tome de Badducks. Trouvez-vous que le titre saura maintenir l’intérêt du lecteur sur ses quelques volumes ? Avez-vous été emporté par cette intense fuite et tout ce qu’elle entraîne dans son sillage ? Est-ce que notre trio est parvenu à s’attirer votre sympathie au vu des interactions de ses membres entre eux ? L’univers proposé est-il parvenu à vous convaincre et à vous donner envie d’en voir plus ? La menace est-elle suffisamment présente selon vous ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

Badducks - Morgan

© Toryumon Takeda 2018 / Futabasha Publishers Ltd.

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