Yôkai Wars T1 : quand la roue tourne

Parfois, il arrive que l’on tombe sur un titre qui pouvait nous intriguer et qui pourtant s’avère très différent de ce que l’on pouvait s’attendre. Que cela soit en positif ou en négatif, on va toujours avoir un rapport très particulier avec ces œuvres qui prennent un chemin inattendu. Mais cela peut aussi nous conduire à des histoires qui vont justement s’emparer de nous par cet effet de surprise et nous conter des épopées au fort potentiel. Ce fut exactement le cas récemment de mon côté avec une nouvelle licence ayant fait son apparition dans le catalogue de Mana Books. Il s’agit du premier volume de Yôkai Wars qui avait éveillé ma curiosité lors de son annonce, mais aussi en présence de sa couverture. Une série en dix tomes qui laissait présager un contact intéressant avec l’univers de ces esprits japonais. Cependant, ce premier contact va être l’occasion de voir que derrière ce synopsis se trouve une proposition cherchant avant tout à provoquer l’effroi face à ces entités loin d’être bienveillantes. Une plongée en enfer pour un jeune garçon qui va devoir s’adapter pour survivre. J’espère que vous êtes prêts pour un voyage qui s’annonce brûlant et où perdre signifie se rapprocher d’un destin tragique.

Un quotidien devenant brûlant

Yôkai Wars, imaginé par Misakix Yumisaki, nous fait suivre l’histoire de Masora, un jeune homme totalement lambda. Cet étudiant met un point d’honneur à mener une vie aussi ennuyeuse que répétitive. En effet, son objectif n’est pas de mener une existence mouvementée et pleine de rebondissements. Le plus important à ses yeux est de rester discret et ainsi ne pas éveiller l’intérêt des autres personnes de la classe. Plus on l’oublie et plus il se porte mieux. Un constat assez triste étant donné qu’il passe le plus clair de son temps à rester dans son coin et à manger seul dans le gymnase quand personne n’y est. La seule étudiante qui semble se soucier de lui est la représentante des élèves. Une attention dont il aurait très bien pu se passer étant donné son aversion d’être au centre de l’attention. Mais il n’imagine pas un seul instant que tout va basculer lorsqu’il perd connaissance dans son petit repère pour se réveiller dans un lieu qui lui est inconnu. Totalement déboussolé et désemparé, il cherche à comprendre ce qu’il se passe, mais les questions qui lui viennent à l’esprit ne peuvent être résolus. Pour ne rien arranger, il remarque qu’il n’est pas seul dans cette pièce qui a tout l’air d’un sanctuaire. La personne qui se trouve avec lui est une étudiante venant d’un autre lycée et répondant au nom de Mikako. Cette dernière semble particulièrement enjouée et fait de son mieux pour cacher son stress derrière sa bonne humeur et son énergie débordante. 

Malgré tout, cela ne suffit pas à rassurer Masora qui cherche toujours des réponses à tout ça. Ils vont alors découvrir qu’ils ont été envoyés dans le village des yokai et que le seul moyen de sortir d’ici est de vaincre le yokai désigné. Il s’agit ici de terrasser Wanyudo, un esprit qui a pris la forme d’une roue en feu avec un visage humain en plein milieu. Ne comprenant toujours pas la raison de tout ça, les deux compères se disent qu’ils doivent être en train de rêver. Mais il ne faut pas longtemps pour qu’ils comprennent que tout ça est bien réel. C’est au moment de voir l’arrivée de leur cible qu’ils prennent conscience du danger qui plane au-dessus de leur tête. Il leur faut à présent s’adapter au plus vite pour venir à bout de cet ennemi qui n’a rien de naturel. Avec ses flammes pouvant tout carboniser et le tranchant de cette roue, tout semble indiquer que mener un assaut de front ne conduirait qu’à un funeste destin. La peur envahit alors le cœur du jeune homme qui voulait juste mener une vie paisible sans le moindre ennui. A ses yeux, il est impossible pour lui de venir à bout d’un être qui n’a rien d’humain. Perdant pied, ce n’est que grâce à l’intervention de sa nouvelle camarade qu’il va trouver le courage de faire front à cet obstacle de taille. Au milieu de cet enfer, ce binôme va devoir redoubler de vigilance sous peine de connaître une finalité tragique. Mais est-il seulement possible de venir à bout d’un adversaire qui possède des capacités aussi extraordinaires ? Peu importe la réponse, car il n’y a plus aucune possibilité de faire machine arrière.

Au départ, on peut imaginer que Yôkai Wars va prendre une route convenue en nous mettant aux prises avec des ennemis spirituels particulièrement coriaces. Cependant, il était impossible d’imaginer que le récit allait prendre une telle dimension horrifique et sanglante au fil des chapitres. En plus de lancer son intrigue, ce premier volume va surtout se présenter comme une vitrine efficace pour que l’on entrevoit ce qui nous attend tout au long de la série. Une virée cauchemardesque au sein d’un village où les monstres existent et n’hésitent pas à s’en prendre aux vivants.

S’adapter ou connaître un triste sort

Ce qui m’a rapidement marqué en me lançant dans ce premier volume de Yôkai Wars, c’est la faculté de ce titre à nous plonger dans l’effroi. Quand on lit les premières pages, on ne s’attend pas forcément à ce que l’histoire puisse prendre une telle tournure horrifique. Même quand nos deux protagonistes se retrouvent dans ce mystérieux village, on n’image pas un seul instant l’enfer qu’ils vont connaître. C’est justement en créant ce décalage entre cette forme de banalité réconfortante propre à ce quotidien d’étudiant et ce revirement dans un endroit inconnu et sinistre que le récit va nous prendre progressivement à la gorge. Mais surtout, on va être sous le choc en voyant la violence de certaines planches représentant l’écart qu’il y a entre nos deux étudiants et ce monstre aux capacités inhumaines. Un titre qui appuie sur un système bien particulier autour de ces affrontements pour autant se permettre des scènes dramatiques en combat et créer un sentiment de malaise au moment où l’on sent que le couperet s’apprête à tomber. Ainsi, on va confronter ici des êtres humains lambdas à des créatures qui peuvent facilement les tuer en un claquement de doigts. Cela amène donc une dimension angoissante qui fonctionne à merveille surtout au vu du choc initial et de ce qui va découler ensuite. Mais surtout, cela va aussi créer des affrontements loin d’être basés sur le simple principe de qui est le plus fort. 

Au contraire, on nous fait rapidement comprendre que le rapport de puissance est totalement déséquilibré et que le moindre faux pas est synonyme de fin. Le lecteur va assister à un combat qui se joue avant tout sur l’adaptation et l’observation. Ce n’est qu’en étudiant ces ennemis du mieux possible dans le feu de l’action que nos héros ont une chance de trouver une faille. En partant dans cette direction, cela va autant créer de la surprise autour du déroulement de ces duels que renforcer ce sentiment d’inquiétude en nous à l’égard de nos personnages principaux. Sachant pertinemment qu’ils ne peuvent partir sans avoir accompli leur tâche, on est tenu en haleine afin de savoir si oui ou non ils seront capables d’y parvenir. Cela amène une forme d’excitation et de nervosité avant que chaque assaut ne soit donné. On se demande alors si une telle attaque sera suffisante ou si le retour de bâton sera terrible. Et si cela est aussi bien pensé à travers cette première opposition contre cette roue de feu, on imagine déjà ce que cela pourrait être pour de possibles futures rencontres. Une œuvre qui arrive à trouver un équilibre entre toutes ses facettes afin de nous offrir de l’horreur, du drame, de la tension et de l’action. Ce cocktail fonctionne à merveille et nous laisse sur une révélation qui frappe déjà assez fort par rapport à ce que l’on a pu lire au tout début du manga. Nous voilà face à une virée mortelle où il n’y a que deux conclusions possibles.

On peut le dire, Yôkai Wars a su surprendre énormément avec ce premier volume. Comme j’ai pu l’évoquer en introduction, je ne savais pas du tout où je mettais les pieds et l’étonnement fut total en voyant ce qu’il se passe au sein de ces pages. Avec un affrontement d’une grande intensité, ce début a su faire forte impression et surtout nous faire prendre conscience du danger qui plane sur les protagonistes. Avec énormément de questions qui restent en suspens, on a envie d’aller plus loin pour comprendre ce qui est à l’origine de ce cauchemar et des tourments au contact des yokais.

Yôkai Wars est tout feu tout flammes

Comme j’ai pu l’évoquer en première partie de ma chronique, Yôkai Wars fait partie de ces séries qui ont m’emmener sur un terrain totalement différent de ce à quoi je m’attendais. Un manga qui arrive à s’approprier tout le folklore autour de certains de ces esprits pour créer une identité propre et surtout une menace palpable. En plus de ressentir un certain malaise face à cette créature ressemblant à une roue en feu et au visage humain, tout ce qui va découler de cette confrontation ne va faire que renforcer ce sentiment. L’incompréhension et la crainte se transforment en une profonde peur dès l’instant où les hostilités sont lancées. Il y a une impressionnante maîtrise, de la part de l’auteur, des codes du récit horrifique pour les appliquer à un tel décor. Dès l’instant où l’on est témoin des atrocités que peut infliger ce monstre, chaque nouvelle case devient un supplice captivant à l’idée qu’il rôde non loin de nos protagonistes. On s’attend à ce qu’il apparaisse dès que l’on va tourner la page et infliger son châtiment à ces deux étudiants. De même, le fait d’avoir centré l’histoire autour d’adolescents totalement lambdas est excellent. En effet, n’ayant aucun pouvoir ou capacité extraordinaire, ils nous rappellent notre propre fragilité. On peut donc facilement se transposer à leur place et comprendre leurs craintes et angoisses par rapport à cette situation alarmante. Une série qui part avec une idée originale et qui arrive à en tirer une expérience saisissante.

C’est donc une très belle surprise que nous offre ce premier volume de Yôkai Wars qui flirte entre plusieurs genres. Une œuvre qui, dans la longueur, peut nous offrir quelque chose d’intéressant notamment avec encore neuf tomes à venir. C’est surtout dans sa maîtrise de l’effroi et du sens de la stratégie lors des combats que le titre se démarque. Ces quelques éléments suffisent pour nous délivrer une première impression marquante et où l’image de certaines scènes reste gravée dans notre mémoire. En plus de ça, l’auteur arrive, à travers ses dessins, à retranscrire avec brio ce sentiment d’angoisse qui va s’emparer de nos héros tout en appuyant l’aspect monstrueux de ces yokai. Sans oublier qu’instinctivement, on se dit que la série ne fait que commencer et que les prochaines confrontations pourraient encore franchir un cap à ce niveau. Une nouvelle série qui pourra donc plaire à ceux qui veulent un récit brutal, intense et terrifiant tout en souhaitant des affrontements où l’ingéniosité prime sur la force. A présent, il y a beaucoup de questions qui me viennent à l’esprit après avoir fini cette lecture. Est-ce que notre jeune homme parviendra à survivre à d’autres défis ? Quels seront les prochains yokai qui feront leur apparition ? Comment se déroulera la suite de cette aventure sanglante ? Qu’est-ce qui est à l’origine de ce jeu morbide impliquant d’innocentes personnes ? Il me tarde de connaître les réponses à tout ça dans le prochain volume.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Yôkai Wars. Avez-vous été surpris par la direction qu’a pris la série à travers cette introduction ? Trouvez-vous que le manga arrive à mélanger habilement surnaturel, horreur et survie ? Est-ce que cette première confrontation avec un de ces esprits a su vous tenir en haleine ? Etes-vous curieux de voir comment va évoluer le récit et surtout les prochains yokais qui croiseront la route de notre protagoniste ? Trouvez-vous l’idée pertinente et prometteuse ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2019 Yumisaki Misakix, Square Enix