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Le bestiaire du manga – les farces mortelles de Pumpkin Night

Cela faisait bien longtemps que je ne vous avais pas proposé un petit numéro de “bestiaire du manga”. Et pourtant, nombreuses sont les créatures, êtres surnaturels et autres entités fantastiques qui sont venus s’ajouter sur la liste. Je me suis donc dit qu’il était grand temps de corriger cette erreur et voilà pourquoi aujourd’hui on ressuscite ce rendez-vous. D’ailleurs, le retour est un peu le symbole de notre sujet du jour étant donné qu’elle ne cesse de revenir pour hanter ceux qui sont sur sa liste. Je parle bien sûr de Pumpkin Night du même nom que vous pouvez retrouver aux éditions Mangetsu. J’ai déjà eu l’occasion de parler du manga en lui-même, mais je me suis dit que cette fois-ci, j’allais me centrer sur la principale figure de ce récit horrifique. Grand amateur du genre, j’avais pu déceler énormément de potentiel derrière ce personnage afin de devenir un représentant marquant du slasher manga. Après maintenant plusieurs volumes qui sont sortis, il est grand temps de faire le point sur ce qui rend ce personnage aussi charismatique et terrifiant. Préparez-vous donc à frissonner, car je vous délivre un nouveau chapitre de ce bestiaire qui va vous donner des sueurs froides.

Pumpkin Night travaille son iconographie

Pumpkin Night Vol.2En premier lieu, je ne peux pas parler de Pumpkin Night sans évoquer l’iconographique qu’elle a façonnée dès le premier volume. A travers toute la première partie du manga, cette tueuse va constamment créer cette identité qui va faire d’elle une entité surnaturelle et angoissante. Une volonté qui s’inscrit de rendre hommage au genre du slasher avec ses méchants emblématiques qui ont tous quelque chose qui les différencie du reste. Et quoi de mieux pour commencer que son apparence. Si derrière l’identité de ce monstre masqué se cache une jeune femme profondément blessée par la vie, ce qui retient avant tout notre apparition ici est ce qu’elle expose. Et cela passe en premier lieu par cette citrouille qu’elle porte et qui dissimule son visage. Une idée vraiment pertinente, car cet élément s’est inscrit dans la culture populaire comme lié à l’horreur. On s’amuse à Halloween à faire la citrouille la plus terrifiante qui soit et c’est exactement le cas ici avec Pumpkin Night. Un peu comme si elle personnifiait l’effroi de cette activité initialement imaginée pour décorer et s’amuser. Rien qu’avec ça, elle parvient à imprégner son image dans l’esprit du spectateur ainsi que de ses futures victimes avant même qu’elle ne se lance à l’assaut de sa proie. Accompagnée très souvent d’un impressionnant couteau, elle est entourée d’une aura qui nous donne des frissons rien qu’en la voyant même si ce n’est qu’un bref instant. Son objectif n’est pas uniquement d’enchaîner les victimes, mais d’instaurer la peur chez elles avant que le couperet ne tombe. Elle souhaite que son image reste à jamais gravée dans la mémoire de ses cibles jusqu’au moment où elle décidera de leur ôter la vie. C’est pourquoi ces premiers éléments contribuent à son iconographie. Tout comme sa façon de parler qui va aussi la rendre unique et même encore plus angoissante.

Mais cette dernière ne s’arrête pas uniquement à quelques vêtements ou accessoires. Il s’agit aussi de ses actions qui vont contribuer au renforcement de son image. Et là, on retrouve justement des éléments bien connus des tueurs de slasher comme le fait de quasiment toujours se relever malgré ses blessures ou bien d’apparaître n’importe où alors que ses proies pensaient l’avoir semé. Oui, cela est bien sûr irréaliste, mais le but ici est de faire de Pumpkin Night une figure dont on ne peut s’échapper. Si elle décide de poursuivre une personne, cette dernière aura beau faire tout ce qu’elle peut, la citrouille finira toujours par la rattraper. Il y a autre chose qui va consolider l’angoisse de cet être vengeur et qui est justement dans l’air du temps, c’est sa présence sur les réseaux sociaux. En effet, loin d’être juste une entité maléfique qui va éliminer comme si de rien n’était les gens qui croiseront sa route, cette demoiselle va instiller la peur en créant une sorte de courrier funeste symbolisant son arrivée. Il s’agit tout bonnement du fait qu’elle va suivre ses futures victimes à travers les réseaux afin d’inaugurer son prochain acte. Il ne s’agit pas ici d’un avertissement, mais simplement d’une condamnation qui peut faire sourire au début en faisant penser à une blague de mauvais goût, mais qui va progressivement devenir réalité au fur et à mesure de ses meurtres. Ainsi, avant même qu’elle apparaisse devant la personne désignée, l’angoisse prend racine dans le cœur de cette dernière. En dehors de sa force surprenante, la plus grande arme de Pumpkin Night est l’effroi qu’elle fait germer et qui va conduire les gens désignés à créer une paranoïa constante qui ne pourra pourtant pas les protéger de la venue de la citrouille maléfique.

Le symbole de la vengeance

Si j’ai abordé dans la première partie tout ce qui fait l’identité de Pumpkin Night, il est tout aussi important de se pencher sur l’écriture du personnage en lui-même notamment autour de ses motivations. Si sur le plan visuel, tout est particulièrement réussi, il y a aussi beaucoup à dire sur ce qui se trouve derrière tout le gore propre à ce récit. En fait, Pumpkin Night n’est pas uniquement une tueuse qui va nous procurer notre dose de frissons à chacune de ses traques. Elle est aussi la représentante de quelque chose de bien plus fort. Quand on apprend son histoire et ce qu’elle a pu vivre, il va se passer quelque chose de très intéressant chez le lecteur. Si nous sommes terrifiés par ses actes, nous n’avons aussi que très peu de pitié, voire même pas du tout, à l’égard de la majorité de ses victimes qui sont pensées pour être des individus peu recommandables et surtout qui ont causé beaucoup de tort par le passé. Ce qu’elle souhaite avant tout, c’est s’en prendre à ceux qui osent détruire des vies par simple amusement ou pour se sentir supérieur. Évidemment, notre sujet du jour est loin d’être une sainte et est capable de s’attaquer à ceux qui osent se trouver entre elle et sa proie. Mais elle reste la principale figure de cette histoire et flirte donc entre antagoniste et protagoniste. Deux casquettes qui représentent bien le symbole qu’elle est. Notre demoiselle n’est pas devenue ainsi par pur plaisir de faire souffrir. Elle souhaite faire vivre l’enfer à ceux qui ont osé la défigurer et briser son existence. Dès lors, elle se transforme non pas en un monstre uniquement appâté par le sang, mais en une entité qui réclame vengeance. Elle est le reflet de la noirceur des gens qui harcèlent, brutalisent et tuent ceux qui n’ont absolument rien demandé.

Et c’est, je trouve, ce qui rend ce personnage aussi intéressant à analyser et qui peut faire de lui une véritable icône du manga horrifique. Et d’ailleurs, le manga nous a délivré la dernière partie de son premier gros arc qui se présente en réalité comme une introduction bien ficelée afin de construire le mythe Pumpkin Night. A l’image d’un Ghostface dont la représentation existe, mais qui peut être incarnée par bon nombre d’acteurs ou d’actrices, la rancœur qui animait cette demoiselle s’est comme matérialisée pour devenir cette entité qui poursuit sans relâche ceux qui sont sur la liste. Voilà pourquoi je trouve que la série fonctionne à merveille dans l’écriture de celle-ci, car plus on avance et plus on a le sentiment de ne pas avoir une personne derrière le masque, mais une sorte d’enveloppe animée par la haine et l’envie de faire justice elle-même. A quelques moments, on va renouer avec l’humanité de Pumpkin Night et cela ne va faire que consolider ce sentiment que si cette ancienne étudiante est celle qui a donné vie à cette tueuse à tête de citrouille, cette dernière a dépassé le cadre du réel. Ce titre est un fabuleux exemple de ce que le genre de l’horreur peut traiter comme sujet tout en gardant cette image fantastique. Ici, c’est avant tout le harcèlement scolaire et la monstruosité humaine qui a finalement donné naissance à une créature encore plus retorse pour éliminer ceux qui sont à la racine du mal. Pumpkin Night terrifie autant qu’elle fascine et c’est juste génial de voir à quel point l’artiste a su créer une histoire qui se veut simple, efficace et pourtant si profonde dans les thématiques et la symbolique apportées à sa figure de proue. Et cela permet de justement rebondir sur le dernier point dont je voulais parler.

Le croque-mitaine du manga

Je trouve que ce surnom est assez bien trouvé pour parler de Pumpkin Night notamment dans le développement qu’a ce personnage à la fin du premier acte du manga. Ce qui commença comme une vendetta personnelle de la part de la demoiselle dissimulée derrière ce masque a fini par prendre une toute autre tournure. On prend conscience que toute cette histoire n’est que la partie émergée de l’iceberg et que la tueuse à la tête de citrouille a pris une toute autre dimension. Elle est devenue une sorte de symbole pour ceux qui se sentent opprimés dans cet univers tandis que les actions commises dans ces premiers volumes résonnent comme un avertissement pour ceux qui tenteraient de s’en prendre à d’autres. A l’image de la fin du premier opus d’un slasher où l’on pense le mal éradiqué, mais que celui-ci nous fait comprendre qu’il reviendra inexorablement, Pumpkin Night laisse un héritage maudit qui viendra frapper de nouveau c’est une certitude. Oui, la série est loin d’être terminée et on peut donc en déduire justement que celle-ci va revenir, mais même sans savoir ça, tout est imaginé pour que le lecteur, ainsi que les survivants de cet enfer, prennent conscience que le temps est compté. Cela fait rentrer cette figure horrifique dans ce panthéon des êtres marquants du genre tout en créant une sorte d’attente par rapport à son retour. Le binôme derrière la série a parfaitement su insuffler tous les codes du slasher à qui ils rendent hommage, mais sans pour autant en faire une pâle copie. Quand je parle en titre de partie de “croque-mitaine”, c’est parce que Pumpkin Night donne ce sentiment. Alors que le premier a pris vie pour avertir les enfants de ne pas commettre de mauvaises actions, le second met en garde les gens qui voudraient écraser les autres.

Je trouve que cette figure de l’effroi a totalement sa place au sein de ce bestiaire et cela faisait bien longtemps que j’avais envie d’en parler. Il y a énormément à décortiquer de ce personnage tant il s’avère intéressant et s’inscrit autant dans une démarche d’hommage que de création d’une nouvelle entité forte du genre. D’ailleurs, il est assez rare en manga que les histoires d’horreur s’étalent sur énormément de tomes. C’est souvent un style d’œuvre dont le format court convient très bien afin de ne pas tirer sur la corde. Mais là, nous sommes face à une représentante plus que réussie de ce qui a donné son aura à tout un pan du cinéma d’horreur, mais par le prisme du manga. Et c’est ce qui peut rendre cette série captivante, même sur le long terme, si tout reste aussi pertinent dans l’approfondissement du personnage de Pumpkin Night. Elle qui fut humaine autrefois a dépassé ce stade pour devenir un visage que n’importe qui peut revêtir dans le but de punir ceux qui ont osé s’en prendre à plus faible qu’eux. Un monstre traqueur de monstres et qui expose aux yeux de tous la noirceur dont peut faire preuve l’être humain. En très peu de tomes, l’image de la citrouille n’a jamais été aussi angoissante et il suffit maintenant d’un rien pour que la nuit d’Halloween se transforme en véritable cauchemar pour ceux qui n’ont pas été sages aux yeux de Pumpkin Night. Et si jamais une étrange invitation est envoyée sur les réseaux par une personne du même nom, les futurs individus au centre du manga sauront qu’il est déjà trop tard. Evidemment, le titre est réservé à un public averti et j’espère que ce nouveau numéro du “Bestiaire du manga” vous aura plu. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous pensez de cette nouvelle icône du slasher et si vous êtes curieux de connaître la suite de son aventure.

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