Loner Life in Another World tome 1 et 2 : survivre avec des skills pourris
On le sait, le style de l’isekai est très présent dans le monde du manga. Si ce genre existe depuis longtemps, cela fait seulement quelques années qu’il s’est vraiment popularisé chez nous. C’est ainsi que l’on peut voir une déferlante de titres utilisant ce levier scénaristique pour proposer des aventures pouvant être drôles, rafraîchissantes ou spectaculaires. Il y a énormément de choses pouvant être racontées à travers ce type de récit et c’est le cas de l’ouvrage dont on va parler aujourd’hui. Il s’agit de Loner Life in Another World, édité chez Meian, dont les deux premiers volumes viennent de sortir il y a quelques jours. Si l’on pourrait croire, à son annonce, que l’histoire partait sur une base assez classique, la réalité est tout autre. Il est vrai que l’on retrouve des codes bien connus, mais qui vont être amenés de manière à ce que l’on ait un sentiment de découverte et d’inédit. Misant avant tout sur la maîtrise de mauvaises compétences, cette série nous délivre deux volumes qui méritent que l’on s’attarde quelques minutes dessus. On espère donc que vous êtes prêt pour un nouveau voyage où il faut se montrer ingénieux pour voir un autre jour se lever.
Dernier arrivé, dernier servi
Loner Life in Another World, scénarisé par Shoji Goji et dessiné par Bibi, nous plonge au cœur d’un monde tout à fait banal. C’est ici que l’on fait la connaissance d’Haruka, un lycéen ordinaire et solitaire ayant beaucoup de mal à s’intégrer au sein de sa classe. Il faut dire que la plupart de ses camarades sont déjà divisés en plusieurs groupes et que, par sa personnalité, il préfère faire bande à part. Entre le groupe des pestes, les athlètes de premier ordre et les voyous, il a l’impression de faire tâche avec sa simplicité. Cependant, son quotidien allait être bouleversé du jour au lendemain quand un immense symbole apparut sur le sol de leur salle de classe. En voyant ça, le jeune homme ne put s’empêcher de comprendre ce qu’il était en train de se passer. Tout ça lui rappelait les histoires qu’il lisait où des gens se retrouvaient propulsés dans un autre univers. Au départ intrigué par ce que cela pouvait entraîner, il finit par prendre conscience du danger que cela pouvait avoir pour sa personne. Il fit alors de son mieux pour échapper à cet appel tandis que les autres élèves étaient invoqués de force. Se croyant finalement en sécurité, il est malheureusement rattrapé par ce pouvoir divin. Le voilà à présent dans une immense pièce blanche où se dresse un vieillard se présentant comme un dieu. Pour Haruka, tout ça n’est guère surprenant étant donné que cela correspond parfaitement à tout ce qu’il a pu lire par le passé. Son absence de surprise a beau déstabiliser son interlocuteur, ce dernier continue malgré tout son discours.
Cette divinité lui déclare qu’il peut choisir des compétences parmi celles qui lui proposent tant qu’elles n’ont pas été prises par les autres lycéens. Acceptant son sort, le garçon s’approche de ce tableau et se rend compte que tout ce qu’il reste ne concerne que des skills inutiles voir pourris. Désespéré à l’idée de récolter seulement les miettes, l’être derrière son apparition ici va accepter de lui faire un petit cadeau. En effet, il lui permet d’acquérir l’ensemble des compétences restantes avant de le propulser dans cet autre monde sans qu’il ne puisse rétorquer. Le voilà à présent au cœur d’une forêt dense et inhospitalière avec pour seule arme des techniques ne servant pas à grand-chose. Malgré tout, Haruka est bien décidé à survivre sur ces terres et pour ça, il décide de s’exercer et tester ses nouveaux dons. Il va alors se rendre compte que derrière le désintérêt que peuvent avoir certains de ces atouts se cachent en réalité de nombreuses possibilités. Tout est une question d’utilisation et de situation afin de tirer au mieux tout le potentiel de ces arts. Isolé du reste de ses compagnons, il est maintenant forcé de vivre seul au sein de cette faune et flore dont il ignore tout. Chaque jour va donc être un éprouvant combat pour subsister et peut être devenir un être pouvant surprendre ses opposants. Il faut savoir faire avec ce que l’on a sous la main pour se sortir de certaines mauvaises situations. Une leçon que cet adolescent va rapidement comprendre et appliquer au vu des nombreux dangers qui le guettent.
Quand on s’attarde sur le synopsis de Loner Life in Another World, on pourrait croire que ce titre va suivre la même direction que beaucoup de ses congénères. Cependant, l’auteur va réussir à transformer cet a priori pour proposer une épopée qui se différencie intelligemment des autres œuvres du genre. Il est avant tout question de survie au sein de ces pages et pour cela il ne faut pas compter sur de redoutables sorts. Il faut se débrouiller pour faire d’une compétence nulle un atout de poids face à des ennemis qui sont alors totalement inconnus. Le récit d’un jeune homme dont les capacités d’adaptation vont être mises à rude épreuve.
Savoir s’adapter
Ce titre résume assez bien ce qui fait une grande partie du charme de cette licence. En effet, contrairement à certains titres du même genre où le protagoniste affiche rapidement une puissance incroyable, c’est tout l’inverse qui se passe ici. Haruka n’a absolument rien d’un guerrier redoutable pouvant venir à bout d’une dizaine d’adversaires en une fraction de seconde. Le fait qu’il n’est aussi que de faibles skills va jouer aussi sur ce ressenti qui nous montre un personnage qui démarre de zéro, et même avec un certain handicap par rapport à ses camarades de classe. Pourtant, c’est ce désir de fragilité à l’égard de cet adolescent qui va nourrir notre attrait pour lui. Tout repose sur son ingéniosité et sa manière d’aborder chaque situation. Ainsi, rien ne garantit qu’il pourra surmonter tous les obstacles qui se dressent sur sa route. C’est cette incertitude qui va rendre chaque chapitre aussi plaisant à découvrir, car on se questionne constamment sur comment il va bien pouvoir faire pour se sortir de ses mauvais pas. De même, le fait qu’il n’ait que des techniques en apparence inutiles va le pousser à réfléchir sur comment en faire des atouts. On ouvre alors les yeux sur cette notion d’utilisation qui montre que même ce qui peut sembler inutile au premier abord peut finalement sauver une vie ou bien faciliter la survie. On est constamment face à ce genre de moments où comprendre ce qui se passe et s’adapter priment sur la force brute ou une puissante magie.
On attaque donc le genre de l’isekai sous un angle spécifique et intelligent où le danger est palpable. Haruka doit faire avec les outils qu’on lui confère, mais aussi ce qu’il peut utiliser autour de lui. L’observation est donc primordiale et va accentuer cet aspect survie et combat quotidien pour en apprendre plus sur cet environnement. De même, il est important de noter l’influence que va avoir notre héros sur ce qui l’entoure. Ce n’est pas parce qu’il est un solitaire qu’il ne peut pas interagir avec les autres. Le fait de s’écarter de l’animosité des autres est une occasion pour lui d’aiguiser ses compétences et surtout de mieux cerner les menaces qui se dissimulent dans l’ombre. Un apprentissage constant qu’il va pouvoir diluer à ceux qui croisent sa route. Il est le symbole de ce qu’une aventure est réellement et où de grands pouvoirs ne suffisent pas à se faire une place dans un monde inconnu. C’est à force d’observation et de tests que l’on peut parfaitement cerner ce qu’il faut faire pour progresser sur ces terres. Sur ce point, Haruka se présente comme un véritable maître en la matière. C’est ainsi que celui qu’on nous présente comme un perdant au départ se transforme peu à peu en une référence en ce qui concerne l’apprivoisement de tout ce qui constitue ce monde. C’est face à cette hostilité ambiante que l’on assiste à la naissance d’un héros qui brille par sa banalité et dont il tire justement sa force de ses propres faiblesses. Un manga qui a ainsi su s’imposer une figure marquante rapidement et dont la personnalité parvient aussi à faire rire et sourire.
L’autre élément qui va aussi rendre l’épopée Loner Life in Another World aussi plaisante vient de ce sentiment permanent d’évolution. Cela peut sembler un détail, mais ce point joue énormément sur l’appréciation globale de cette épopée et surtout sur l’intérêt que l’on a pour le héros. Là où l’on peut souvent avoir l’habitude d’être en compagnie de personnages redoutables, Haruka se présente comme un adolescent devant tout apprendre. Un sentiment grisant rendant chaque chapitre potentiellement intéressant dans la construction de cet individu et de ce décor dans lequel il avance.
Un progression constante
Voilà un point qui nous tient très à cœur dans Loner Life in Another World. Il est vrai que dans beaucoup de isekai mettant en scène un système proche d’un jeu vidéo, beaucoup d’étapes peuvent sauter afin de renforcer rapidement le protagoniste. Dans cette série, c’est l’exact opposé qui se fait au travers de notre héros. Comme dit précédemment, il est loin d’avoir été gâté pour fêter son arrivée dans ce monde. On peut même dire que tout a été pensé pour l’enfoncer encore plus dans ce rôle de lycéen solitaire et faible. Cependant, qui dit débuter de zéro signifie aussi une immense marge de progression. On ressent pleinement ça au fil des nombreuses montées de niveau des compétences, mais aussi de la puissance grandissante d’Haruka. Même sur ces améliorations, tout est fait de manière sporadique de façon à ce que l’on ne croule pas sous un nombre incalculable de skills donnant naissance à d’autres capacités. On se concentre toujours sur seulement quelques techniques afin de bien discerner à quoi elles correspondent et surtout l’utilisation que l’on peut faire dans la pratique. C’est ça qui est formidable avec cette saga, car on assiste à tous les progrès de ce jeune homme comme s’il s’agissait d’un personnage de jeu vidéo que l’on suivrait depuis sa création. Ainsi, chaque victoire et perfectionnement de son arsenal apportent un côté grisant et sympathique qui nous pousse à vouloir continuer. On a l’impression d’être le témoin de la naissance d’un jeune héros qui se bat à sa manière.
On sent pleinement l’inspiration vidéoludique du titre et ces codes sont parfaitement utilisés pour contribuer à cette direction que prend le manga. Avec ce mélange de progression personnelle et d’éléments de survie, cette licence revient pleinement aux sources de ce type de voyage où la peur de l’inconnu doit servir de moteur pour se perfectionner. Rien n’est alors plus satisfaisant que de contempler les nouvelles acquisitions de notre protagoniste qui lui confèrent de nouvelles stratégies à élaborer. Une réinvention constante de ce qu’il peut faire et ainsi étendre le champ des possibilités, mais aussi notre désir d’en voir plus. D’ailleurs, on sent pleinement ce désir du mangaka de mettre en scène cette amélioration progressive en mettant en parallèle le cheminement d’Haruka et celui des autres élèves. Au final, on se rend compte que c’est en partant du début que l’on peut pleinement se renforcer au détriment de ceux qui ont déjà une redoutable capacité et qui se reposent bien trop sur celle-ci. Tout est mûrement réfléchi et transforme une aventure pouvant paraître distrayante en une épopée bien plus complexe qu’il n’y paraît. Ce parti-pris va permettre d’accrocher notre regard, mais aussi de nous projeter constamment sur l’avenir. Le lecteur va se demander jusqu’où il peut aller et ainsi attiser notre curiosité pour les prochains actes de ce récit. Une fresque de fantasy qui se construit petit à petit et où chaque pas que l’on fait peut cacher de formidables surprises.
En s’attardant sur ce manga, on a pu ressentir ce qui fait toute la magie de ce medium. Le simple fait de se lancer dans une épopée littéraire qui parvient à changer une simple impression en une excellente surprise est déjà fabuleux. En s’attardant sur ce principe d’amélioration, ce voyage a toujours quelque chose à nous raconter même si cela peut sembler n’être qu’un petit grain de sable. C’est ainsi que l’on pose notre regard sur chaque détail avec beaucoup d’attention, car c’est l’ensemble de ces petits éléments qui constituent l’âme de cette saga qui ne fait que débuter.
Loner Life in Another World débute sa nouvelle vie
Loner Life in Another World est un manga qui prend clairement son temps pour raconter ses événements. C’est loin d’être une mauvaise chose étant donné que cela permet de créer un univers assez dense et surtout de permettre au lecteur de pleinement s’imprégner de ce qu’il découvre. On a donc ici deux volumes qui nous ont largement satisfaits de par cette construction lente et posée qui va aussi contribuer à mettre en avant l’utilisation et l’optimisation des capacités de notre protagoniste. C’est d’ailleurs ce dernier point que l’on a grandement apprécié pendant cette escapade et qui ne se contente pas de simplement faire atteindre des sommets à notre héros en seulement quelques minutes. Au même titre que la majeure partie de ce début de série, tout se façonne progressivement et on a donc un fort sentiment de réussite en le voyant s’améliorer. Un élément crucial dans le plaisir éprouvé pendant cette virée et qui ne va avoir de cesse de se renforcer au fil des pages. Sans même s’en rendre compte, on suit avec le sourire les péripéties de cet adolescent qui tente de mener sa barque en solitaire dans ce monde inconnu. Même s’il y a l’intervention d’autres personnages, on est pleinement concentré sur la marge de progression de notre nouvel ami et de ce qu’il est capable de faire. Une manière ingénieuse de montrer que ce n’est pas la puissance d’un skill qui fait tout, mais surtout l’utilisation qu’on peut en faire. Tout ça donne une aventure que l’on savoure paisiblement et avec le sourire tout au long de ces deux volumes.
Nous ne sommes pas ici dans une œuvre qui se veut révolutionnaire. Ce n’est clairement pas l’objectif de l’auteur qui veut avant tout montrer que l’on peut prendre un genre bien connu, mais en le traitant à travers un point de vue assez différent. Ici, tout est question de tests, tentatives, échecs, mais aussi de réussites. On est si impliqué dans les efforts d’Haruka que la moindre victoire accentue le bonheur ressenti en tournant les pages. En plus de ça, il est captivant de voir comment un seul individu peut réussir à se créer un véritable cocon dans ce milieu hostile. Une licence qui plaira sans nul doute aux amoureux d’isekai, mais aussi à ceux qui veulent une épopée au rythme lent afin de ne rien laisser au hasard. On ressort de ce périple avec le simple désir d’en voir plus concernant le destin de ce jeune homme qu’il crée chaque jour de ses propres mains. Évidemment, on ne peut pas quitter une chronique sans évoquer les multiples questions qui nous trottent en tête pour l’avenir d’un manga. Jusqu’où pourront s’améliorer les compétences d’Haruka ? Va-t-il réussir à montrer de quoi il est capable à tous ses anciens camarades de classe ? Est-ce que sa vie d’ermite finira par le satisfaire ou bien le lasser ? Va-t-il jouer un rôle prépondérant dans la sauvegarde de cet univers inédit ? Réussira-t-il encore à nous surprendre par l’utilisation de ses sorts et autres techniques ? On a très hâte de voir ce que nous réserve la suite de son épopée.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Loner Life in Another World. Trouvez-vous que la série peut se développer de manière intéressante autour de son concept de base ? Est-ce que vous êtes curieux de voir jusqu’où notre héros va réussir à évoluer afin de survivre dans cet environnement hostile ? Cette série est-elle parvenue, selon vous, à tordre suffisamment les codes de l’isekai pour que l’on puisse vivre une aventure assez spécifique ? Avez-vous trouvé l’utilisation des skills ingénieuse ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.