The Bugle Call T1 : le clairon guidant la guerre
Il y a énormément de thèmes qui peuvent se montrer captivants par le biais du manga et la géopolitique ainsi que l’art de la guerre en font partie. Comme on a pu le voir à travers de multiples séries, cela peut donner lieu à des épopées grandioses tout en étant particulièrement marquantes ou tragiques. Mais ces histoires peuvent nous se montrer encore plus surprenantes quand les auteurs y insufflent un élément supplémentaire créant une identité unique. C’est exactement le cas pour le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui est la grosse nouveauté récente des éditions Ki-oon. Je parle bien sûr de The Bugle Call qui fut une découverte totale étant donné que je ne connaissais que peu de choses autour du titre. Si je savais à peu près de quoi allait parler ce manga, je ne m’attendais pas du tout à ce que ce premier volume puisse prendre une telle direction d’entrée de jeu. Une toute nouvelle aventure qui nous plonge dans un monde où la guerre semble constante et où un clairon peut changer la face d’une bataille. J’espère donc que vous êtes prêts pour la naissance d’un artiste musical qui va redéfinir ces conflits.
Un ménestrel sur le champ de bataille
Synopsis
Luka, orphelin recueilli par le chef d’un groupe de mercenaires, n’est pas comme les autres : une branche pousse sur son crâne et il peut voir les sons, matérialisés par des traits de lumière… Le seul à lui parler sans crainte est son père adoptif, aussi fin stratège qu’impitoyable au combat. À 14 ans, Luka a déjà vu assez d’horreurs pour une vie. En tant que clairon, il est de tous les affrontements, transmettant les ordres via son instrument. En réalité, il n’a qu’une envie : échapper à ce quotidien fait de violence pour devenir musicien…
Seulement, la bataille qui s’annonce pourrait être sa dernière : cette fois, il doit prendre les armes… et, surtout, parmi ses opposants se trouvent d’autres “branchus” dotés de divers pouvoirs surnaturels ! Ils font un massacre dans les rangs de Luka, et ce dernier, blessé, se saisit d’un clairon pour sonner la retraite… C’est alors que son véritable pouvoir se dévoile : tous ses alliés visualisent le son de son instrument et ses indications résonnent comme des ordres dans la tête des soldats de son camp ! Le garçon les sauve grâce aux stratégies de son père adoptif.
Témoins de son exploit, les énigmatiques adversaires s’emparent de lui. Luka s’éveille dans une ville entourant une tour immense, vestige des temps anciens et source de magie… Ses nouveaux compagnons sont les protecteurs du lieu, régi par un mystérieux pape. Celui-ci passe un accord avec Luka : si le garçon met son pouvoir et son don tactique à son service, il l’aidera à devenir musicien. Sans le savoir, le jeune prodige se retrouve embarqué dans une guerre dont les enjeux le dépassent !
Auteurs : Mozuku SORA & Higoro TOUMORI
Rien qu’en lisant son synopsis, on se rend compte que The Bugle Call a quelque chose d’assez unique. En effet, on a rapidement le sentiment d’embarquer pour une épopée qui s’annonce grandiose tout en se focalisant sur un art militaire teinté de fantasy. Mais surtout, on va être interpellé par cette notion de musique à travers le champ de bataille et qui va jouer un rôle primordial tout au long de cette lecture. Avec son protagoniste désireux de quitter au plus vite l’horreur du front pour se concentrer sur son rêve, on nous dépeint une fresque guerrière sinistre où l’espoir réside dans quelques notes.
Au rythme des notes
Il suffit de quelques pages pour que The Bugle Call donne le ton brutal de son histoire. Alors que l’on voit Luka, désireux d’être ménestrel, se mettre à souffler dans son clairon, on découvre avec stupeur et effroi le champ de bataille qui s’organise devant nous. Et c’est justement un très bon point d’être parvenu à amener le spectateur directement au cœur du conflit, car c’est ce qui va rythmer une bonne partie de cette lecture. Et dans un premier temps, il est important de s’attarder sur cette ingénieuse idée de centrer le scénario autour de ce personnage qui ne participe pas directement au combat, mais dont les actions vont grandement influencer celui-ci. On nous plonge dans le quotidien de ces musiciens dont les notes servent autant à enhardir les troupes qu’à diffuser des ordres sans que l’adversaire ne puisse interférer. Mais ce qui est encore plus fantastique, c’est justement de voir un protagoniste qui a justement un profond dégoût pour la guerre et qui est malheureusement obligé de participer à celle-ci. De même, son rapport à la musique est captivant étant donné qu’il ne souhaite pas jouer pour amener à de nouvelles tueries, mais pour enchanter le quotidien des gens en tant que ménestrel. Sans réellement savoir comment y parvenir, notre héros se montre déjà captivant dans son écriture par ce contraste qui se joue en lui. Il déteste le champ de bataille et pourtant il est obligé d’y être pour espérer s’en éloigner.
Un rapprochement qui se fera inexorablement même quand il pense que c’est enfin le moment rêvé pour démarrer une nouvelle vie. Une manière particulièrement intelligente de montrer à quel point ce monde dicté par les conflits influence la vie des gens surtout d’une personne comme Luka. Et plus on a l’impression qu’il se débat pour trouver une future porte de sortie et plus il va de l’avant vers un horizon sanglant. Cela me permet de rebondir sur un autre aspect très important de la série. Il s’agit de son traitement de l’art militaire qui est bien poussé et qui va utiliser au mieux la partie musicale pour créer un véritable sens de la stratégie à chaque bataille que l’on va suivre. On est emporté dans ces luttes entre nations pour acquérir toujours plus de territoires. Mais surtout, un autre élément de taille va venir s’incruster directement au cœur de l’action. Cela concerne la part de fantasy propre à cette histoire et qui va nous être expliquée pendant une partie de ce premier volume. En créant des êtres exceptionnels, le scénariste prépare le terrain à des affrontements beaucoup plus épiques sans pour autant mettre de côté l’importance des soldats ordinaires. Au même titre que des officiers dont le rôle est crucial, les personnages que l’on va découvrir vont tous réussir à se différencier d’une manière ou d’une autre par leurs spécificités. Tout se met en place pour nous décrire une impressionnante lutte géopolitique qui englobe l’ensemble de ce continent fictif et qui nous réserve une bien longue épopée semée de batailles spectaculaires, mais aussi de nombreuses tragédies.
Nous voilà face à un premier volume particulièrement complet et qui a parfaitement su poser son décor en très peu de temps. The Bugle Call est une œuvre qui nous laisse présager énormément de potentiel sur le long terme au vu de tous les mystères proposés, les conflits à venir et l’écriture des personnages qui commence déjà à s’intensifier. De plus, je trouve l’idée brillante de nous faire suivre toutes ces batailles à travers les yeux d’un musicien dont les notes se veulent joyeuses, mais aussi synonymes de sang et de mort. Un premier acte qui nous délivre une introduction sans réelle fausse note.
The Bugle Call sonne la victoire
J’ai été littéralement emporté par ce premier volume de The Bugle Call qui peut sembler imposant, mais qui se dévore si facilement tant on est pris par l’histoire. Parvenant, dès la première moitié, à nous délivrer une dose d’émotions réussie et surtout le lancement d’une grande épopée pour Luka, tout est bien pensé. Il suffit de poser les yeux quelques instants sur les toutes premières batailles pour cerner tout le potentiel de cette série. Mais en plus de ça, chaque nouveau chapitre vient apporter une nouvelle pierre importante à l’édifice en nous laissant présager tellement de possibilités pour l’avenir. Que ce soit par rapport aux cornus, aux nations voisines que l’on ne connaît pas encore ou bien les prochaines escarmouches à venir, il y a largement de quoi faire. Nous voilà face à un manga qui a su créer un terreau fertile pour que les idées du scénariste puissent pleinement s’épanouir. De plus, le dessinateur va aussi renforcer l’aspect spectaculaire de cette histoire par son trait, mais aussi son travail de mise en scène notamment quand les troupes se font face. Et en dehors de l’action qui se veut frénétique tout en étant réellement stratégique par le biais de ces notes qui vont guider les actions des soldats, il y a aussi la question du personnage de Luka. J’adore le fait qu’il soit pris entre deux feux du fait de sa nature l’ayant conduit dans les griffes d’une force bien particulière et son souhait de devenir ménestrel. Un être qui fait la jonction entre ces guerres qui semblent éternelles et cet espoir de paix qui réside malgré tout au plus profond de lui.
C’est donc, vous l’aurez compris, un énorme coup de cœur que j’ai eu pour ce premier volume de The Bugle Call. En plus de nous emmener vers un genre que j’apprécie tout particulièrement, le scénariste et le dessinateur réussissent à nous proposer une expérience qui se démarque fortement des autres titres du même style. On enchaîne les pages et on a autant envie de voir notre protagoniste réaliser son rêve que de le voir mettre à profit ses talents pour changer la donne sur les futurs champs de bataille. En plus de ça, il va être intéressant de voir comment vont se développer ses liens avec ses nouveaux compagnons et aussi ce qu’il va devoir accomplir au vu du statut qu’il acquiert dès ce premier tome. Une base solide qui laisse présager un nombre impressionnant de chemins possibles pour son développement futur. Si vous cherchez une œuvre qui arrive à proposer des confrontations impressionnantes entre armées tout en y insufflant une dose d’originalité alors vous serez sûrement conquis par cette nouvelle licence. J’ai maintenant énormément de questions qui restent en suspens suite à ce premier acte. Est-ce que Luka parviendra à atteindre son objectif ? Ne va-t-il pas finir par plonger bien trop profondément dans les horreurs de la guerre ? Quel plan lui réserve son nouveau mentor au vu de ses manigances et de son pouvoir ? Quels adversaires viendront se dresser face à cette nation et ses secrets ? Je serais en tout cas de la partie pour la suite de cette incroyable aventure.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de The Bugle Call. Trouvez-vous que le titre réussit à proposer un univers intéressant mêlant art de la guerre et fantasy ? Etes-vous intrigué d’en apprendre plus sur les mystères de ce monde et les nations voisines ? Trouvez-vous que le récit parvient à proposer une idée prometteuse autour de son protagoniste et de sa faculté si particulière ? Le titre réussit-il à aborder l’art militaire de façon efficace selon vous au fil des diverses batailles que l’on peut suivre ? Qu’attendez-vous pour la suite de la série ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.