SHY tome 1 et 2 : les tracas d’une héroïne
On le sait depuis quelques temps, mais le mythe du super-héros a le vent en poupe. A travers de nombreuses œuvres, ces justiciers sont mis sous le feu de projecteur afin de traiter de multiples sujets différents. Que cela soit pour aborder un style plus nekketsu ou personnel, ce genre a de quoi proposer des histoires captivantes et pas uniquement centré sur l’action. C’est exactement le cas du manga dont on va parler aujourd’hui et qui nous vient tout droit du catalogue de Kana. Dernière licence en date de l’éditeur, il s’agit de SHY dont les deux premiers volumes sont sortis il y a quelques jours. Ce qui nous a rapidement intrigué en découvrant l’annonce fut le concept de base de suivre une jeune héroïne timide. Là où d’habitude ces êtres légendaires explosent à l’écran par leur charisme et leur force, ici c’est totalement l’opposé. On va alors se retrouver dans un quotidien bien plus complexe où une adolescente se demande vraiment si elle mérite d’avoir ce statut impliquant de grandes responsabilités. L’heure est donc venue de rendre une petite visite à une super-héroïne qui va devoir ouvrir les yeux sur son devoir, mais aussi sur ses propres capacités.
Sauveuse et timide
SHY, imaginé par Bukimi Miki, nous plonge dans un monde contemporain où tout semble aller à merveille. Il faut dire que la population de chaque pays peut dormir sur ces deux oreilles, car chacun d’entre eux à le droit à son propre héros. Ces justiciers que l’on croyait n’exister que dans les comics sont bien réels et chacun d’entre eux est chargé de protéger un territoire de la planète. Ils n’ont pas mis longtemps à devenir des symboles qui combattent l’injustice et les criminels en tout genre. Tous ces individus impressionnent les foules par leur charisme, leurs aptitudes et leur désir de venir en aide aux autres. Enfin, il existe un cas à part parmi toute cette galerie de gardiens de la paix. En effet, c’est au Japon que l’on fait la connaissance de Shy. Cette demoiselle fait de son mieux pour répondre aux appels au secours de ses concitoyens. Malheureusement, il est souvent compliqué d’intervenir quand on est timide et peu sûr de soi. Hésitant souvent quand les choses se corsent, la protectrice de l’archipel nippone n’est clairement pas très populaire. Elle va même jusqu’à se demander comment elle a pu être choisie pour endosser ce rôle alors qu’elle n’a aucune des qualifications requises pour remplir son devoir. Malgré cela, Shy fait des efforts incroyables pour arranger ça et faire de son mieux pour que ces gens continuent de vivre paisiblement.
Elle a beau avoir des doutes, craindre pour la survie des victimes de ces crimes ou catastrophes, sa détermination la pousse à se surpasser. Il va lui falloir quoi qu’il arrive réussir à vaincre tout ce qui la ronge, car un danger sans précédent menace la planète. Pour pouvoir espérer être d’une quelconque aide, cette jeune femme va devoir entamer un long entraînement sur elle-même, car le pire adversaire qu’elle devra affronter n’est pas l’ennemi qui se trouve devant elle. Son plus grand obstacle sera de vaincre cette peur grandissante qui s’empare d’elle dès lors qu’elle doit intervenir. Alors que les ténèbres s’apprêtent à se répandre un peu partout sur le globe, Shy va devoir redoubler de vigilance pour être enfin prête le moment venu. Après tout, un super-héros doit être capable de risquer sa propre vie pour sauver celle des autres. Une leçon que va devoir apprendre cette étudiante qui n’est pas au bout de ses peines avec cette double vie. Les héros s’apprêtent à entrer en action pour une collaboration encore jamais vue. Qui ressortira vainqueur du conflit qui s’annonce ? La lumière a beau avoir été apportée par ces justiciers masqués, il existe toujours au fond de chaque être une obscurité qui ne demande qu’à s’éveiller. Peu importe que le monde soit en paix ou non, la noirceur est toujours là à attendre le bon moment pour agir.
SHY prend un parti-pris très intéressant en nous mettant en contact avec une justicière dont la timidité va jouer un grand rôle sur ses interventions. Si l’on a souvent l’habitude d’avoir un personnage principal introverti qui s’ouvre finalement aux autres, le fait de l’amener dans un contexte se rapprochant du comics est pertinent. Cela permet de contempler l’évolution de cette demoiselle qui va passer par de nombreuses épreuves compliquées à cause de cette peur d’échouer. Un récit qui se veut autant spectaculaire qu’intime et qui va donc jongler entre ces deux tableaux de manière particulièrement efficace.
Un personnage en constante progression
Teru Momijiyama ou de son nom d’héroïne Shy est celle qui va grandement contribuer à l’attrait que l’on peut avoir pour l’œuvre. Bien évidemment, la majorité de l’action va graviter autour d’elle. Cependant, le plus intéressant n’est pas de la voir combattre, mais d’assister à toutes les hésitations qui la hantent. Par son côté introvertie, timide et peu sûre d’elle, on ne cesse de se demander comment cette adolescente a pu être désignée comme la protectrice du Japon. Une interrogation que va partager cette demoiselle avec le lecteur et ainsi nous rapprocher d’elle. En fait, son inquiétude est amenée de manière à non pas forcément la présenter comme faible, mais surtout d’amener sur la table des sujets pertinents concernant ce qui fait un vrai héros. Souhaitant bien faire, elle essaye de son mieux d’assurer ce rôle qui semble ne pas du tout être fait pour elle. Même dans le feu de l’action, on la voit se lancer pour sauver les gens, mais toujours en conservant cette peur d’échouer. Une crainte compréhensible étant donné qu’avant de devenir des gardiens de la paix, tous étaient de simples humains. Ils n’ont pas forcément été préparés pour accomplir ces missions où de nombreuses vies sont en jeu. On est donc bien loin de l’image de l’individu pouvant tout surmonter et aider tout le monde et c’est là que le manga brille. Chaque situation apporte une tension supplémentaire, car le constat est très simple. Il est tout simplement impossible de sauver chaque vie même pour quelqu’un qui a des pouvoirs dépassant l’entendement.
C’est en prenant conscience de cela que Shy va ouvrir les yeux sur son rôle tout comme le spectateur qui va entrevoir le chemin que prend cette série. On a beau être aux prises avec une menace servant de fil rouge, ce qui nous a avant tout fasciné est cette manière de rappeler à ces justiciers et plus particulièrement à notre nouvelle amie leur propre humanité qui implique de pouvoir faire des erreurs ou d’être fragile. C’est en abordant ce thème que l’on va découvrir une toute autre facette de cette lecture qui se veut plus personnelle pour Teru. C’est avant tout l’épanouissement de cette jeune fille qui est au cœur de nos préoccupations. La voir surmonter ses angoisses et apprendre à s’aimer est en réalité la plus belle récompense de cette lecture. Il y a une telle emphase entre le lecteur et cette dernière qu’on a envie de la soutenir peu importe qu’elle soit hésitante ou terrifiée à l’idée de se lancer face au danger. On finit même par apprécier de voir une héroïne faisant preuve d’autant d’humanité dans ses actions que de suivre un justicier lambda pouvant tout surmonter. Chaque obstacle devient alors un moyen de se perfectionner et d’assister à la naissance de ce que l’on pourrait qualifier de véritable héroïne. Une forme de symbole qui fait rêver et qui est surtout porteuse d’espoir pour l’ensemble de la société. On tient donc à souligner ce très beau travail d’écriture autour de Shy qui dénote totalement de ce que l’on a l’habitude de voir et nous donne cet envie de voir jusqu’où elle est capable d’aller dans cette double vie qu’elle mène.
En plus de nous proposer un développement intéressant autour de son personnage central, SHY va aussi se permettre de proposer un univers qui attire le regard par ce qu’il propose. En effet, le fait d’avoir un super-héros par pays va ainsi provoquer quelques échanges captivants et surtout une tentative de stabilité permettant de voir surtout à quel point tout peut être différent d’un lieu à l’autre. Ce début de manga va alors prouver que derrière chaque sauveur se cache avant tout un être humain ayant ses propres inquiétudes, doutes et un passé pouvant le ronger. La figure du super-héros devient alors presque un prétexte pour surtout mettre en avant des gens profondément humains.
Un univers captivant abordant de nombreux sujets
Si l’on a déjà beaucoup parlé du personnage principal de SHY, il faut aussi reconnaître que la série se démarque en de nombreux autres points. Celui qui a aussi su nous captiver lors de ces pérégrinations fut sans conteste l’univers présenté. Si l’on est plongé sur notre bonne vieille planète Terre au sein d’une société contemporaine, c’est surtout la façon dont est travaillée l’installation des héros qui a su capter notre attention. Déjà, on est ni dans un récit comportant seulement un justicier ou une myriade de protecteurs. Tout ici est limité à un super-héros par pays. Cela permet donc de limiter les personnages tout en prenant le temps de les introduire correctement. On a même ce petit plaisir de voir les différences qui séparent un personnage à l’autre par rapport à son terrain de jeu. Ce qui est bien aussi, c’est que l’on va avoir le droit, à travers ces deux premiers volumes, à quelques moments privilégiés en compagnie des collègues de travail de Teru. Ces instants vont ainsi permettre de briser la barrière qu’il pouvait y avoir entre eux et nous alors qu’on les imaginait grandioses ou impressionnants. Encore une fois, l’auteur fait un travail remarquable pour aller au-delà de ce que représentent ces hommes et femmes costumés pour donner quelques pistes concernant leur passé et leur personnalité. En effet, dès qu’on apprend à connaître certains d’entre eux, on se rend compte qu’ils sont bien loin de ce que l’on pouvait imaginer venant de sauveurs.
En fait, il n’y en a vraiment aucun qui correspond parfaitement à ce stéréotype qui a construit l’image du super-héros dans l’imaginaire collectif. Ils ont tous leurs défauts, leur caractère bien trempé et surtout leurs propres aspirations. Cela donne des rencontres mémorables et surtout des échanges importants sur leur vision de ce métier qu’ils doivent accomplir même s’ils ne sont pas forcément doués pour combattre ou prêt à risquer leur vie. En réalité, chaque rencontre est là pour nous indiquer qu’il n’y a pas qu’une seule voie pour être un justicier. Chacun, à leur manière, réussit à apporter un peu de réconfort et d’aide à leur patrie. Que cela passe par des soins, des œuvres caritatives, des arrestations ou des sauvetages, tous ont un domaine de prédilection. On apprécie alors énormément le fait de souligner l’importance de ces petits gestes qui peuvent pourtant avoir de grandes conséquences. Pas besoin de se jeter dans un immeuble en flamme ou d’arrêter une catastrophe naturelle pour être un héros. Savoir être à l’écoute et apporter le bonheur autour de soi est aussi un bon moyen pour donner le sourire aux gens. C’est donc une construction intéressante et en concordance avec ces propos que nous propose le mangaka concernant son univers où les héros n’ont jamais été aussi proche de nous. Une œuvre qui souhaite mettre en avant cette part d’ombre et de lumière qui peut vivre dans le cœur de chacun et les conduire autant sur la voie du bien que du mal.
SHY est clairement un titre qui avait éveillé notre curiosité, mais qui a pris une route fort surprenante. On ne s’attendait pas du tout à ce que cette licence puisse autant appuyer le côté très humain de chaque protagoniste. En tant que lecteur, on apprécie énormément ce choix qui va permettre d’avoir une certaine empathie et sympathie pour ces gens qui étaient ordinaires et qui se sont juste vu confier un pouvoir les propulsant au rang de super-héros. C’est donc autant un récit où la protection du monde est en jeu qu’une œuvre désireuse de montrer que ce n’est pas le costume qui fait le justicier. Un premier coup d’essai plus que réussi.
SHY réussit ses premières missions
SHY n’est pas vraiment une œuvre de super-héros comme les autres. Si l’on se doutait que le postulat de base allait nous emmener sur un terrain différent de d’habitude, on ne s’attendait pas forcément à être autant happé par ce conte. Le résultat est là, on a grandement apprécié que ces premiers pas soulignent un autre aspect de la vie de ces protecteurs. Sous le feu des projecteurs se tiennent des justiciers faisant leur maximum pour être à la hauteur de ce rôle, mais dès que les lumières s’éteignent, l’humain refait surface. Teru en est le parfait exemple et va même briller par cette sincérité qui se dégage d’elle à chaque seconde que par ses interventions. Le fait d’avoir un personnage principal qui doute, soit timide et peu sûre de lui peut souvent paraître énervant chez beaucoup de lecteurs si cela se prolonge dans le temps. SHY a beau nous présenter une demoiselle suivant ce schéma, l’histoire, l’écriture et la narration font que l’on accepte tout ça, car cela colle parfaitement avec le message transmis. A travers cette étudiante, on est capable d’entrevoir une jeune fille tout à fait banale qui pourrait tout à fait être remplacée par n’importe qui. Une très belle façon de prouver que chacun peut être source d’espoir, même si cela passe par des épreuves difficiles et surtout éprouvantes. En plus de ça, le manga se permet aussi de nous offrir des passages bien plus épiques pour coller aussi à cette ambiance où le surnaturel a sa place dans la réalité. Un combat est sur le point d’être mené par toute cette clique de personnages grandioses qui vont alors devoir faire face à la noirceur qui se cache derrière chaque cœur.
Vous l’aurez donc compris à la lecture de ces quelques lignes, mais on a beaucoup aimé cette virée que nous a proposé cette introduction à l’univers de SHY. Une série que l’on recommande pour tous les férus de récits héroïques, mais qui cherchent aussi à entrevoir ce qui se cache derrière le masque de ces gens qui consacrent leur vie aux autres. En utilisant ce thème comme toile de fond, l’auteur parvient aussi à aborder de nombreux sujets importants tels que le développement personnel, l’acceptation de soi ou bien le fait d’avancer malgré les doutes et les incertitudes. On apprécie et on admire cette fusion des deux mondes qui donne un mélange pouvant autant être explosif dès lors que les choses sérieuses débutent que plus calme et posé pour souligner l’écriture de ces acteurs et actrices. Bien évidemment, qui dit fin de lecture dit aussi de nombreuses questions qui nous trottent dans la tête. Il est donc normal qu’on en parle afin d’imaginer ce qu’il pourrait advenir par la suite. Est-ce que Teru va réussir à surmonter ses angoisses et à devenir l’héroïne qu’elle souhaite être ? Quel est le but final de cet ennemi de l’ombre qui a fait son apparition ? Est-ce que tous les autres super-héros vont finalement rentrer dans la danse ? La victoire devra-t-elle obligatoirement passer par la destruction d’un des deux camps ? On va prendre notre mal en patience pour savoir le futur de cette saga.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de SHY. Appréciez-vous le fait d’avoir une héroïne qui change de ce que l’on a l’habitude de voir ? Trouvez-vous que son combat contre sa timidité est bien amené ? Croyez-vous qu’elle sera l’élément clé pour venir à bout de la menace grandissante ? Que pensez-vous de l’univers dépeint et de ce principe de n’avoir qu’un héros par pays ? Avez-vous une profonde sympathie pour cette jeune fille qui lutte constamment pour pouvoir avancer ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂