Chiruran-Vol.-1-1

Chiruran tome 1 et 2 : a la découverte du Shinsen Gumi

Vous le savez depuis le temps, mais on a une véritable fascination pour les mangas nous offrant un voyage dans le passé. Des séries historiques qui peuvent prendre bien des visages et ainsi aborder une époque, des personnages historiques ou des événements sans pour autant se ressembler d’une licence à l’autre. On peut autant avoir des lectures se voulant instructives tandis que d’autres vont miser sur un aspect plus spectaculaire. Si l’on parle de ça, c’est parce que le sujet d’aujourd’hui va nous amener dans l’une de ces sagas. C’est chez Mangetsu que l’on se dirige donc, car c’est le jour où débarque leur deuxième grosse série. Il s’agit de Chiruran qui fait ses débuts à travers ses deux premiers volumes. Nous plongeant dans une époque charnière pour le Japon, on va faire la connaissance d’un groupe qui va grandement impacter le pays et surtout le régime en place. On attendait énormément cette série qui a su combler nos attentes et surtout partir dans une direction aussi captivante que spectaculaire pour la suite du récit. L’heure est donc venue de faire notre petit baluchon et de suivre des combattants qui vivent au gré du vent.

Un précieux témoignage

Chiruran - histoireChiruran, scénarisé par Shinya Umemura et dessiné par Eiji Hashimoto, nous plonge au Japon, en 1912 plus exactement. C’est à cette période que Makoto Ichikawa, une jeune journaliste, est à la recherche d’un sujet pour son prochain article. Désireuse de trouver l’histoire qui pourrait marquer les esprits, elle va finalement trouver sa réponse à travers une rencontre qu’elle a organisée. Elle souhaite faire la lumière sur les origines et surtout l’existence du Shinsen Gumi et pour cela, rien ne vaut d’interroger une personne qui en faisait partie. Plus précisément, c’est Shinpachi Nagakura qu’elle va interviewer afin d’obtenir le témoignage qu’elle désire. Cependant, la demoiselle est très loin d’imaginer ce que cet échange va lui apporter et surtout le nouveau regard qu’elle va porter sur ces anciens combattants faisant partie de cette milice. L’Ex-capitaine du deuxième groupe de combat du Shinsen Gumi va alors débuter son histoire par l’arrivée d’un homme qui a grandement bouleversé leur vie. C’est en 1859 que nous guident les paroles de ce vieillard. Une époque où le shogunat Tokugawa semblait sur le point de vivre ses derniers instants. Le pays tout entier vivait de terribles bouleversements et il était évident que le reste du monde n’allait pas stagner en attendant l’ouverture du Japon vers l’extérieur. Des troubles éclataient un peu partout et l’insécurité était fréquente sur les routes.

C’est là que fit son apparition Toshizô Hijikata. Cet homme de 24 ans passait le plus clair de son temps à défier tous les samouraïs qui croisaient sa route. Une véritable tête brûlée qui ne semblait satisfait qu’en se jetant dans la mêlée. Il allait même jusqu’à défier toutes les écoles de la région pour simplement prouver qu’il était le plus fort. Tout cela était dans l’unique but de devenir le sabreur le plus puissant de la capitale. Mais comment un tel individu a pu faire la rencontre de Shinpachi et des autres acteurs de la création de cette milice ? Voilà une longue histoire qui débute et qui est là pour expliquer la raison pour laquelle on surnomma Hijikata, bien des années plus tard, le “démon du Shinsen Gumi”. Celui qui en était le vice-commandant avait su graver son nom dans les livres à travers sa maîtrise du sabre et sa soif de combat. Cependant, la réalité pourrait être tout autre. Après tout, personne ne sait réellement ce qu’il pouvait bien penser et ce qu’il cherchait à accomplir en compagnie de ses frères d’armes. Les vérités qui s’apprêtent à être révélées pourraient bien changer totalement la donne sur ce que les gens peuvent imaginer concernant cette troupe qui a fait couler beaucoup de sang. Voici donc le récit de ces quelques hommes qui ont su faire trembler le Japon et marquer à jamais l’Histoire par leurs actes et surtout par leur lame. La légende de cette bande de vauriens s’apprête à être dévoilée.

Chiruran va tout d’abord se démarquer par sa volonté de proposer un récit qui se veut spectaculaire. Loin d’être aussi sérieux que l’on pourrait le croire pour ce type de séries, l’auteur désire mélanger un contexte historique à des affrontements endiablés. Une collaboration qui fonctionne très bien et va permettre d’être ébahi devant les prouesses de tous ces hommes. On est clairement ici dans l’optique de retenir l’attention du lecteur avant tout par les techniques de chacun, l’action frénétique et le charisme de ces gens. C’est ainsi que l’on est hypnotisé par cette aura écrasante qui entoure ce manga.

De l’épique comme on aime

Quand on parle d’épique ou bien de spectaculaire, il ne s’agit pas forcément de voir des techniques grandioses où tout semble surhumain. Il faut avant tout que ce qui nous est montré puisse rapidement capter toute l’attention du lecteur. Tel un spectacle ou un film, il faut qu’on soit totalement pris dans ce qu’il se passe et que l’on n’ait aucune envie d’en rater une miette. Chiruran parvient avec brio à ce résultat à travers cette atmosphère qui gravite autour des différents personnages. Si l’action est trépidante et bien rythmée, on est avant tout fasciné par la manière dont se construit chaque scène. On pourrait croire que la majorité des individus que l’on rencontre dans cette série se jette à corps perdu dans la bataille. Cependant, si l’on s’attarde quelques instants sur ces affrontements, on se rend compte à quel point on apprécie toute la construction qui amène chaque coup. Il y a presque un moment d’attente qui contribue à l’impatience que l’on a de voir l’instant fatidique. D’ailleurs, tout s’enchaîne à une grande vitesse et cela contribue à souligner l’efficacité des techniques de chacun. On n’est pas pour l’instant dans des duels qui durent des pages et des pages. Il s’agit seulement de quelques secondes où le moindre écart peut être fatal. Une notion de danger qui va donc être constante et apporter beaucoup d’intérêt à n’importe quel face-à-face. En plus, il ne s’agit ici que d’un petit échantillon de ce que l’on aura plus tard quand les choses sérieuses vont commencer.

En dehors de ça, on sent qu’il y a une certaine diversité dans le déroulement des confrontations. Aucun duel n’est identique à un autre et surtout il y a un élément qui est particulièrement important. Il s’agit de la marge de progression. En effet, on a beau nous présenter ce groupe comme déjà bien expérimenté et capable de venir à bout de la plupart des adversaires, le manga ne nous donne jamais cette occasion de voir un véritable ascendant. Mis à part les quelques échauffements et petites altercations, les principaux combats laissent toujours place au doute quant au gagnant. Cela montre, dans un premier temps, que nos nouveaux amis ne sont pas intouchables. De plus, ce parti-pris va justement permettre de les faire grandir. C’est presque au cœur de l’action que l’on peut réellement voir qui sont tous ces gens et ce qu’ils ont bien pu connaître par le passé. Lutter est autant une question de plaisir pour eux que l’unique manière d’avancer et de construire leur propre destin. On n’est donc pas uniquement dans une œuvre qui souhaite être impressionnante pour juste nous en mettre plein les yeux. Chaque élément est pensé afin de renforcer l’écriture de chaque personnage et d’avoir un regard différent sur ces derniers qui ne sont pas uniquement qu’une bande de marginaux. Ils ont aussi des ambitions qui se retranscrivent à merveille dans leur façon de combattre et de survivre.

On ne peut évidemment pas parler de Chiruran sans évoquer cette bande que l’on suit dans leurs diverses péripéties. Ce qui est génial, dans un premier temps, c’est que l’on s’éloigne de l’image que l’on peut avoir d’eux. En nous plongeant dans les origines de ce groupe, on apprend à mieux connaître ces combattants et surtout à entrevoir les liens qui les unissent les uns aux autres. En dehors de ça, on a aussi ce petit plus qui fait que l’on va rapidement s’attacher à eux que ça soit par leur personnalité, leur manière de combattre ou leurs agissements. Une sorte de grande famille pour qui on a une profonde sympathie.

Une bande fantastique

Chiruran - combatCe qui fait aussi la grande force de Chiruran est évidemment toute cette bande que l’on va suivre. Si certains vont être mis plus en avant que d’autres au cours de ces deux volumes, on sent que chacun d’entre eux peut proposer quelque chose d’unique. Il y a une aura toute particulière qui se dégage de ces combattants qui nous sont présentés. On a même pas forcément besoin de les voir en action pour sentir cette pression qu’il dégage. C’est là que le titre prouve son talent. Avant même que l’action démarre, on a déjà ce désir de vouloir en savoir plus sur ce groupe. D’ailleurs, ces premiers pas réussissent habilement à cultiver le mystère afin que l’on ait envie de continuer cette série. Si l’on est happé par les origines du Shinsen Gumi, on avoue que l’on a surtout, pour l’instant, un fort attrait concernant le passé de tous ces gens qui vivent par l’épée. De même, il y a un aspect presque furyô qui est assumé tout au long de la lecture qui ne nous donne pas l’impression d’avoir devant nous des samouraïs, mais plus des vauriens et parias qui existent en marge de la société. Ils souhaitent constamment que l’on voit en eux des hommes qui n’ont que faire du regard des autres et qui se soucient avant tout de leurs frères d’armes plutôt que des hauts fonctionnaires et autres nobles. Cela provoque un rapidement attachement à l’égard de ces joyeux lurons, car ils ont beau être présentés comme redoutables, on discerne aussi un esprit de camaraderie qui fait très plaisir. Une équipe soudée dont chaque membre n’hésite pas à venir en aide aux autres.

D’ailleurs, voilà un autre point qui nourrit fortement notre intérêt pour eux. Ils ont beau être des escrimeurs de talent capable de vaincre un adversaire en une fraction de seconde, on ne part jamais dans l’optique du monstre. On est soufflé par les duels qu’ils font, mais on n’oublie jamais l’humain qui se trouve derrière. Cela crée donc un sentiment d’avoir juste en face de nous des individus ayant tout simplement transcendé leur manière d’être par leur dévouement à cette voie. On est donc plus dans l’approche d’un gang où se noue des liens particulièrement solides que des guerriers préférant la jouer en solitaire. De ce fait, cela nous fait nous poser énormément de questions concernant leur avenir au sein de la fameuse milice. Au vu de leur caractère bien trempé et de leur difficulté à se soumettre à une certaine forme d’autorité, on a envie de voir ce que cela pourrait donner une fois le Shinsen Gumi fondé. De même, on a toujours le droit à ce petit brin d’humour avec des personnages assez absurdes qui vont entrer en contradiction avec les plus sérieux du groupe. Des écarts de personnalités qui ne font que donner encore plus de vie à cette bande et procurer toujours plus d’animation pour le lecteur. On a donc un regard très singulier sur nos protagonistes qui sont à la fois épatants dès l’instant où il faut dégainer et amusant quand on quitte un peu l’aspect combat de l’œuvre. Un très bon mélange qui permet de donner naissance à une galerie de personnages tout simplement fascinante.

Chiruran réussit le pari qu’il avait lancé, à savoir nous donner envie d’en apprendre plus sur ces figures emblématiques du Japon tout en combinant ça à un divertissement de haute volée. Les deux points sont réussis et vont contribuer à nourrir cette envie d’aller plus loin dans cette épopée. Il y a une alchimie incroyable qui se forge entre ces guerriers et le spectateur qui a envie de les voir aller le plus loin possible. En plus, on sent totalement que l’on effleure à peine tout le potentiel de cette licence qui nous a juste donné un petit aperçu. Il nous tarde alors de voir s’exprimer tout le talent de ces artistes martiaux.

Chiruran dégaine son arme

Chiruran a su parfaitement nous combler à travers ces deux premiers volumes. Si l’on pensait que le titre allait proposer un rythme effréné, il a su proposer une alternative plus pertinente. L’histoire prend son temps afin de poser les bases de l’intrigue, mais va aussi proposer des moments plus explosifs à travers des scènes d’actions effrénées et splendides. Il ne faut pas oublier que l’on est ici dans les prémices de cette longue série qui souhaite juste nous montrer un petit aperçu de son potentiel. Cela marche à merveille et l’on est rapidement captivé par ce groupe que l’on suit et les péripéties qu’ils vivent au quotidien. Réussissant très bien à en faire des artistes martiaux accomplis sans pour autant en faire des individus intouchables, l’auteur nous captive par cette approche rafraîchissante et prenante. Si l’on est impatient de connaître tous les mystères qui entourent la légendaire milice, on est avant tout happé par ces gens qui n’ont leur place nulle part si ce n’est dans ce dojo en compagnie de ceux qui ont choisi le même mode de vie. Le lecteur pourra donc trouver ici un excellent divertissement qui saura le tenir en haleine et surtout mettre en scène des figures iconiques du Japon sous un angle atypique et bien pensé. On referme alors ces deux ouvrages avec cette unique envie de retourner rapidement observer ces hommes dont leur manière de combattre est teintée d’un peu de folie.

Vous l’aurez donc compris à travers ces quelques lignes, mais on a largement été convaincu par ces deux premiers volumes de Chiruran. On est clairement dans une phase de construction où l’on commence à entrevoir tout le potentiel de chaque personnage. A la fois élégant et puissant dans ses confrontations, le manga ne s’arrête jamais d’être un très bon divertissement et nourrit notre envie d’aller plus loin. Si vous aimez les récits à la fois historiques et épiques, vous devriez largement trouver votre compte dans cette nouvelle saga. On sourit, on rit et l’on est ébloui tout au long de cette expérience littéraire qui nous invite à une épopée ayant un fort potentiel à l’avenir. Le lecteur ne pourra alors s’empêcher de rêver à ce qui l’attend et surtout aux démonstrations de force que pourraient nous donner cette bande qui a déjà su avoir toute notre sympathie. Des marginaux qui brillent d’un éclat unique et qui n’ont pas fini de nous épater. Bien évidemment, on ne peut s’arrêter dans une chronique sans évoquer les questions que l’on a en tête. Comment va être créé le Shinsen Gumi ? Que vont bien pouvoir faire cette petite bande de voyous au sein de ce gouvernement en déclin ? Quels seront les prochains défis qui viendront s’interposer entre eux et leur rêve de grandeur ? Trouveront-ils d’autres adversaires capables de leur résister ? On a vraiment hâte de se plonger dans la suite de cette série où l’on a déjà nos petits préférés.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Chiruran. Avez-vous apprécié la manière dont nous est raconté l’histoire de ce groupe si important pour le Japon ? Trouvez-vous que les premières œuvres de Mangetsu sont intéressantes et prometteuses ? Quel est votre personnage préféré au sein de cette équipe assez hors du commun ? Pensez-vous que l’on aura le droit à des combats dantesques par la suite ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce titre ayant un fort potentiel.

© 2010 Hashimoto Eiji / Umemura Shinya, Tokuma Shoten
©Esprit Otaku

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *