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Bocchi the Rock T1 & 2 : le combat d’une rockeuse

La musique peut être un formidable moyen pour une personne de s’épanouir. Il suffit de voir les mangas traitant de ce thème pour observer très souvent des jeunes gens qui vont trouver leur voie à travers leur instrument. Un art qui peut sembler terrifiant pour celui qui s’y lance, mais qui peut aussi être source d’un bonheur incommensurable quand on arrive à franchir cette première marche afin de se confronter au public. Nous avons un très bel exemple de ça dans le titre que l’on aborde aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de Meian. Il s’agit du très attendu Bocchi the Rock qui débarque enfin chez nous. Après avoir conquis le cœur de nombreux fans par le biais de son adaptation anime, l’œuvre d’origine est maintenant disponible en France et beaucoup l’attendait. Si j’ai beaucoup apprécié sa version anime, j’étais intrigué de voir ce que pourrait donner le récit de base autant dans sa forme que dans son fond. J’ai alors pu découvrir une expérience assez unique et qui surtout va parfaitement utiliser son sujet initial pour traiter de sujets importants. Il est donc temps d’assister aux débuts d’un jeune groupe plein de potentiel.

L’envie de changer

Bocchi the Rock - musiqueBocchi the Rock, imaginé par Aki Hamazi, nous plonge dans le quotidien de Hitori Gotô, surnommée Bocchi. Depuis toujours, cette jeune fille a un mal fou à discuter avec les autres ou même à s’approcher d’eux. Faisant preuve d’une grande timidité, elle se lance alors dans l’apprentissage de la guitare dans l’espoir de se rapprocher des autres. Se donnant corps et âme dans cette nouvelle passion, elle fait preuve d’un impressionnant talent pour la musique, mais cela ne va malheureusement rien changer pour elle. Ses années au collège sont passées à une vitesse folle et sans qu’elle puisse se faire la moindre amie ou vivre une expérience digne d’une adolescente. Un trauma qui va être profondément ancré en elle et la rendre encore plus asociale qu’elle ne l’était déjà. Cependant, elle ne baisse pas les bras et se dit que le lycée sera l’occasion parfaite pour arranger tout ça. Elle s’imagine déjà être populaire et faire tout un tas d’activités et de sorties avec ses futures amies. Mais malgré toute sa bonne volonté, les vieilles habitudes ont la dent dure. En classe, elle reste enfermée sur elle-même et les autres élèves semblent avoir du mal à lancer la conversation. Un mur invisible se dresse entre elle et le reste de la classe alors qu’elle aimerait juste pouvoir discuter avec eux. Même le fait de venir avec sa guitare ne change rien à la chose si ce n’est paraître encore plus étrange aux yeux des autres étudiants. Rien ne semble pouvoir changer cette situation qui amène toujours plus de désespoir dans le coeur d’Hitori.

Mais en parallèle de cette vie loin d’être réjouissante, cette lycéenne passe aussi beaucoup de temps à poster des vidéos de ses prestations musicales qu’elle effectue seule. Cachant bien sûr son visage, l’ensemble de ses abonnés trouve qu’elle a un talent incroyable et l’encourage à fond. Un petit cocon pour cette demoiselle qui a énormément de mal avec le reste du monde. Une double identité qui se montre particulièrement forte du fait que son pseudo est reconnu par les gens là où Bocchi passe inaperçue dans la vraie vie. Mais tout va basculer le jour où elle fait la rencontre de Nijika Ijichi, une étudiante provenant d’un autre lycée, qui lui fait une proposition assez folle. Elle lui demande d’intégrer son groupe de musique “Les Attaches” après que leur guitariste leur ait faussé compagnie. Une chance inespérée pour Bocchi de changer les choses. Mais l’adolescente va rapidement se rendre compte d’une chose importante. Si elle a passé toutes ces années à jouer seule dans sa chambre et à perfectionner son talent, elle n’a encore jamais partagé la scène avec d’autres musiciens. Une épreuve qui pourrait bien être trop difficile pour Hitori qui se demande bien comment il serait possible qu’elle puisse y arriver. Que ce soit autant la confrontation avec le public que la peur d’être un poids pour les autres, son esprit s’imagine déjà les pires scénarios possibles. Et si ce défi était ce qu’il fallait à Bocchi pour enfin franchir ce cap qui lui semble si lointain ? La voilà prête à entamer un long et difficile sentier qui pourrait bien lui réserver nombre de surprises.

Derrière le synopsis de Bocchi the Rock se trouve à la fois une histoire qui va chercher à amuser son lectorat qu’une ode au dépassement de soi. Ce qui fait la principale force de ce manga vient justement de cette fusion entre humour et développement personnel qui va se ressentir tout au long de ces pages. On assiste alors au rêve d’une jeune fille asociale et terrifiée par le monde qui l’entoure. Elle a beau être terrorisée par le fait d’échouer ou d’être en public, elle va pourtant se lancer dans une aventure lui permettant, à sa manière, d’avancer et surtout de grandir pour enfin faire pleinement face à ses démons.

Une comédie aussi drôle que touchante

La première chose qui va nous sauter aux yeux en lisant Bocchi the Rock, c’est la dimension comique de l’œuvre. En effet, si l’on aborde ici le récit d’une personne introvertie cherchant à s’ouvrir aux autres, cela est fait de manière à provoquer les rires chez le lecteur. Cela est dû, en grande partie, aux réactions disproportionnées de notre héroïne qui a l’impression que tout s’effondre dès lors qu’elle tente quelque chose dont elle n’a pas l’habitude. Un côté excessif qui fonctionne très bien étant donné que cela amène une certaine légèreté rapidement tout en provoquant l’hilarité au vu des situations totalement loufoques que l’on va vivre. De même, le reste du casting contribue aussi à cet amusement en nous proposant des caractères bien différents, décalés et pourtant complémentaires. Ainsi, si Bocchi peut sembler être constamment sur le devant de la scène au vu de son attitude, ses partenaires vont aussi réussir à déclencher de nombreux rires. C’est justement parce qu’elles sont diamétralement différentes de notre protagoniste que cela crée une grande diversité dans les échanges loufoques ainsi que dans les événements qui vont se produire. Aki Hamazi parvient ainsi à traiter cette peur des autres et à forger des liens par le prisme de l’humour sans pour autant que cela parte dans de la moquerie ou bien dans de la pure dérision de ce problème pouvant être éprouvant. En réalité, si les gags sont là pour nous divertir, ils vont aussi, par cette forte accentuation, nous faire prendre conscience à quel point vivre en société peut être terrifiant.

On touche alors à ce que le manga cherche à nous raconter au travers de ces enchaînements de chapitres mettant l’accent sur la comédie. Quand on s’attarde sur le personnage de Bocchi, on a beau rire de son comportement, on ressent aussi pleinement sa détresse. Elle se sent mise à l’écart du fait de son côté introvertie et à l’impression que le regard des autres porte de lourdes moqueries. Malgré son désir de se rapprocher des autres, elle nous montre à quel point cela peut être un pas difficile à franchir tant on craint de faire une erreur ou simplement de ne pas être accepté. En se lançant dans la musique, Bocchi parvient progressivement à briser ce mur qui la sépare des autres. Même si cela ne se fait pas en un claquement de doigts, chaque petite fissure amène une lueur d’espoir de la voir enfin s’épanouir. Cette série nous raconte un profond mal-être qui peut toucher n’importe qui et qui peut nous ronger de l’intérieur chaque jour. Voilà pourquoi ce titre arrive autant à être saisissant. L’humour est avant tout ici une composante servant à mettre en avant un réel mal que l’on a tous pu connaître un jour dans notre vie. Cette aventure qui donnait à sourire au départ va rapidement se transformer en une ode au dépassement de soi et surtout à la camaraderie. En faisant la connaissance de son groupe, cette étudiante va enfin trouver ce qu’elle a toujours souhaité. Un lieu où elle puisse se sentir bien et entourée par des amis proches. Elle a beau avoir encore un long chemin à parcourir, ces deux volumes nous montrent déjà des petits pas qui sonnent déjà comme de grandes victoires.

Ainsi, ces deux premiers volumes de Bocchi the Rock ne sont pas uniquement là pour nous faire rire. Ils sont aussi chargés d’une profonde volonté de se dépasser de la part de cette adolescente et de ses camarades. Même si cela peut sembler peu de choses pour beaucoup, le simple fait d’avancer petit pas par petit pas est déjà une grande victoire. On observe d’un œil à la fois attendri et heureux ce groupe prendre progressivement son envol. Si les rires sont multiples, la véritable joie derrière ce manga est le fait de voir cette héroïne qui affronte ses peurs chaque jour durant.

Bocchi the Rock réussit son premier concert

Bocchi the Rock - écoleCe qui est bien avec Bocchi the Rock, c’est qu’il est tout à fait possible d’apprécier la série autant pour son humour que pour ce qu’elle souhaite transmettre comme message. Pour ma part, j’ai aisément pu m’identifier au travers de cette héroïne même si son comportement est poussé à l’extrême. L’auteur nous prouve aussi l’importance d’avoir quelque chose qui nous tient à cœur et nous permet de nous épanouir. Ici, ce moyen est représenté par cette guitare qui ne quitte jamais les mains de Bocchi. Un art qu’elle a voulu apprendre pour des raisons précises et qui maintenant fait partie intégrante de son identité et lui permet de partager un rêve commun avec son entourage. Bien sûr, le titre joue habilement sur ses gags pour nous faire apprécier chaque chapitre que l’on va suivre. On rigole en voyant ces quatre demoiselles nous partager leur quotidien mouvementé et finalement synonyme d’une adolescence animée. Sans même s’en rendre compte, notre héroïne accomplit progressivement tout ce qu’elle voulait faire, mais qu’elle pensait ne jamais réaliser au vu de sa trop grande timidité. Dans sa vie de tous les jours, cette lycéenne nous fait bien rire, mais dès qu’elle monte sur scène, l’amusement laisse place à l’admiration. Nous ne sommes pas uniquement émus par son talent, mais aussi par le fait de la voir prendre son envol. Cela a beau être décrit de manière très lente, cela nous prouve juste que l’empressement ne sert à rien et qu’il faut savoir aller à son rythme pour finalement être heureux.

C’est donc une belle découverte que j’ai pu vivre en compagnie de ces deux premiers tomes de Bocchi the Rock. Il est tout à fait vrai que le format et la narration de l’œuvre ont de quoi dérouter au premier abord. Pourtant, on se laisse rapidement convaincre par cette histoire profondément humaine qui se joue devant nous au fil des prestations de ce groupe. De plus, il y a vraiment une très belle alchimie qui se dégage de nos quatre compères et qui appuie encore plus l’attachement que l’on va avoir pour elles. Si ces deux volumes servent principalement à lancer l’intrigue et à nous imprégner de leur quotidien, on peut déjà observer de nombreux petits combats que “Les Attaches” a mené. Un titre qui nous donne une belle leçon de courage en plus de nous divertir le temps de cette lecture. Une série parfaite pour les amoureux de musique, de comédie ou ceux désirant une histoire montrant la complexité de s’ouvrir aux autres. Maintenant, après avoir pris le temps de savourer ces deux volumes, je me pose plusieurs questions pour la suite. Est-ce que Bocchi va réussir à dépasser sa timidité ? Comment va évoluer le groupe au fur et à mesure de leurs représentations ? Est-ce qu’elles réussiront à réaliser leur rêve ? Est-ce que les gens découvriront qui se cache derrière cette talentueuse guitariste qui fait un tabac avec ses vidéos ? Il me tarde en tout cas d’assister à la prochaine représentation de ces quatre artistes en herbe.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur les deux premiers tomes de Bocchi the Rock. Avez-vous été interpellé par la forme que prend le récit ? Vous êtes-vous attaché à ce groupe venant tout juste de naître et qui a encore un long chemin à parcourir ? Est-ce que cette héroïne a su vous toucher en dehors de son aspect purement comique et décalée ? Avez-vous trouvé l’humour efficace et en adéquation avec le message transmis par l’œuvre ? Etes-vous curieux de voir jusqu’où cette team ira ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2018 Hamaji Aki, Houbunsha

2 Comments

  • Docteurchips dit :

    Super article.

    J’avais peur que le manga ne soit pas aussi drôle et intéressant que l’adaptation animé. Mais rapidement on retrouve le même charme qu’on à pu découvrir dans la série.

    Le format du manga en 4 cases et très particulier à lire quand on à pas l’habitude (j’ai plusieurs fois enchaîner par la case de gauche au lieu de celle d’en bas par reflexe) mais on s’y fait et ça permet de rendre le retour à une mise en page normal plus marquante (j’ai été sublimer dans le tome 1 au moment ou bocchi fait son solo et ou le dessin prend une part plus importante de la page).

    Très heureux en tout cas que Meian et osé sortir un manga de ce type en France. Je pense qu’il n’y avais pas meilleurs série pour faire découvrir le genre et j’espère que ça motivera d’autres éditeurs pour sortir plus de série du même genre.

    • EspritOtaku dit :

      Merci beaucoup Doc !

      Oui, je suis d’accord que le format peut dérouter au premier abord surtout quand tu as l’habitude de lire des mangas 🙂
      En effet, surtout que d’après les premiers retours, c’est un très bon lancement ^^

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