Fermat Kitchen

Fermat Kitchen T1 : la formule parfaite

Il n’est pas rare de voir que la nourriture peut être une grande source d’inspiration pour les mangakas. En effet, nombreuses sont les histoires mettant en avant la cuisine, les plats et tout autre élément faisant partie de cet univers. Cela donne lieu à de multiples histoires différentes ayant toutes quelque chose à nous raconter sur ce domaine. Que ce soit sur le côté éprouvant du travail de chef, la créativité qui fait partie intégrante de leur quotidien ou bien tout ce qui est la gestion d’un établissement. Les sujets sont multiples et l’on peut alors se demander si tout a été abordé concernant ce thème. C’est là que le titre dont je vais vous parler aujourd’hui nous montre qu’il est encore possible de surprendre. Il nous provient tout droit du catalogue de Mangetsu. Il s’agit de Fermat Kitchen dont le premier volume est sorti il y a peu. Imaginé par Yûgo Kobayashi, auteur d’Ao Ashi, j’étais curieux de voir ce que pourrait donner cet artiste au travers de cette thématique. Je ne m’attendais cependant pas à ce qu’il réussisse à me fasciner autant dès cette introduction qui arrive à nous plonger rapidement au cœur de son sujet. L’heure est venue de réviser ses leçons de maths pour se mettre aux fourneaux.

Un passionné tombant au plus bas

Derrière ce synopsis de base, on peut se questionner où veut nous emmener Fermat Kitchen. Après tout, il existe bon nombre d’œuvres traitant de la cuisine et du monde gastronomique. Pourtant, ce premier volume va rapidement donner un ton très spécifique et singulier à l’ensemble de la série. Nous assistons à la jonction de deux milieux qui ont bien plus en commun qu’on ne pourrait le croire. A l’aide de formules, d’équations et autres réflexions mathématiques, on va être plongé dans une toute autre facette de ces restaurants où les chiffres ont un grand rôle à jouer.

Un plat aux nombreuses variables

Comme Fermat Kitchen se présente comme la réunion des maths et de la cuisine, il est important de s’attarder sur chacune de ces facettes et leur union. Tout d’abord, le récit nous plonge dans le premier milieu à travers notre protagoniste qui adore cette matière et tout ce qui en découle depuis son plus jeune âge. Cependant, cela va aussi se présenter comme une épreuve de taille pour lui au vu de toute la pression qu’on lui met pour qu’il soit à la hauteur de son talent. Ainsi, il y a une première chose de captivante qui va se dégager par le biais de ces nombres avant même qu’ils ne soient appliqués dans une cuisine. En fait, ce premier volume nous montre un étudiant passionné, mais qui perd progressivement des yeux ce qui l’intéressait tant dans les mathématiques. Il ne voit plus l’amusement à résoudre un problème, mais juste l’angoisse de ne pas être digne de la hargne dont font preuve les autres adolescents qui se lancent à corps perdu dans la résolution de ces équations. Là encore, l’auteur va montrer son talent en insufflant à son histoire une remise en question et surtout beaucoup de sincérité dans le traitement de son héros. Jeté par le directeur de son établissement et ayant perdu toute motivation, c’est finalement quand il semble au bord du gouffre que va arriver l’autre milieu qui nous intéresse. C’est au détour d’une scène finalement anodine que le mangaka va nous présenter la capacité de cet étudiant à créer un plat qui a l’air tout bonnement succulent.

On se questionne alors sur le fait qu’il s’est peut-être trompé de voie. Et pourtant, c’est en introduisant l’autre figure importante de son scénario que le mangaka va nous faire prendre conscience de quelque chose d’important. Les maths et la nourriture sont loin de n’avoir aucun lien entre eux. Au contraire, cette lecture nous montre à quel point un esprit scientifique et logique est nécessaire à la confection de recettes savoureuses. Et c’est là que le titre va rapidement se démarquer en amenant un apprentissage réussi et ludique de cette cohabitation constante entre ces deux mondes. Là où on a l’habitude d’assister à la confection d’un plat de A à Z, ici c’est une autre paire de manches. C’est justement en visualisant le produit final que notre protagoniste va chercher le cheminement pour parvenir à ce qu’il souhaite. Une approche mathématique et qui va donner lieu à des scènes à la fois spectaculaires et captivantes de par toute la réflexion qui en découle. On se retrouve à faire attention à chaque petit élément qui peut avoir son importance comme le fait de chauffer un peu les couverts pour que le repas soit encore plus agréable et la dégustation sublimée. Il y a ce sens du détail qui fait que l’on est happé par tout ce que nous racontent les personnages. Une combinaison qui fonctionne à merveille et qui amène surtout une grande originalité pour ce thème que l’on a déjà pu découvrir à maintes reprises. Sans oublier aussi le duo qui est en train de se former et qui est à la fois palpitant à suivre qu’inquiétant par rapport aux agissements d’un certain individu. On sent que l’on est à l’aube d’une aventure prometteuse et qui réussit déjà à merveille son premier acte.

Si l’on peut être étonné au départ de ce parti-pris de fusionner ces deux mondes qui peuvent nous sembler assez éloignés, Fermat Kitchen nous montre finalement à quel point ils peuvent être liés. Une toute autre approche de la gastronomie qui apporte une originalité tout en se voulant aussi assez instructif sur bien des points. En plus de ça, on retrouve la maîtrise de l’auteur concernant le développement des personnages et surtout le potentiel qui se dégage d’eux. Une œuvre qui a largement de quoi s’épanouir et nous servir encore bon nombre d’excellents repas.

Fermat Kitchen et son équation réussie

En seulement quelques pages, Yûgo Kobayashi nous montre son talent pour marier tous ces ingrédients et en faire naître un plat aux multiples saveurs. Fermat Kitchen est une excellente découverte notamment dans sa manière d’aborder la cuisine à travers le prisme des mathématiques. Avec un protagoniste qui a connu la déchéance et qui tente maintenant de trouver sa place dans ce nouveau milieu, cette histoire peut donner quelque chose de très puissant et captivant à suivre. De même qu’il combine ces deux domaines, l’auteur va aussi amener une association aussi prometteuse que dangereuse au travers de ses deux principaux personnages. On est donc autant attiré par les prochaines démonstrations de notre étudiant que les manigances de ce chef étoilé qui semblent avoir plus d’un tour dans son sac. Si la maîtrise des aliments, la créativité et l’assiduité sont essentiels au développement futur de notre jeune cuistot, c’est avant tout son arme de prédilection qui lui permettra de se faire une place dans ce milieu qui peut être éprouvant. Mais ce qui est encore plus fort, c’est que derrière toutes les désillusions et abandons présentés dans ce tome, la série veut tout de même nous apporter une lueur d’espoir. Elle veut nous faire comprendre l’importance de conserver cette passion pour ce que l’on fait. Il peut être très facile de la perdre en se comparant aux autres et il est donc vital de savoir prendre du recul pour se remettre en question et surtout retrouver cette flamme qui peut nous animer quand on parle de quelque chose qu’on aime.

J’ai donc été conquis par ce premier volume de Fermat Kitchen autant pour sa proposition initiale que pour le potentiel qui s’en dégage pour la suite. Une œuvre qui a tout pour captiver son lectorat et qui surtout arrive à créer une identité qui lui est propre dès les premiers chapitres. Il suffit de voir Gaku se lancer dans ses explications pour boire ses paroles et admirer le résultat de ses recherches et réflexions. Un artiste qui cuisine sans forcément voir en premier plan les ingrédients, mais les formules qui s’y rattachent. On se laisse ainsi facilement séduire par l’élégance de ces plats ainsi que tout le cheminement ayant permis d’arriver à leur confection. Une œuvre qui ne fait pas que nous mettre l’eau à la bouche et qui va aussi nous amener à réfléchir sur tout ce qui compose nos assiettes, mais aussi tout ce qui peut impacter notre dégustation que ce soit le plat ou même en dehors. Voilà donc un manga qui pourra largement plaire à tous les fans de cuisine ou bien ceux désirant une toute nouvelle formule dans ce genre. Après avoir savouré ce premier volume, les questions fusent dans mon esprit concernant la suite. Est-ce que notre jeune virtuose des chiffres parviendra à se faire une place derrière les fourneaux ? Quels peuvent bien être les plans de son nouveau compère concernant l’avenir de cet établissement et de leur collaboration ? Va-t-il se retrouver face à un problème qu’il ne pourra résoudre ? Qu’en est-il du reste de la brigade ? Accepteront-ils qu’un nouveau venu débarque comme ça sur leur terrain de jeu ? Il me tarde déjà de passer au plat de résistance avec la suite de cette licence.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Fermat Kitchen. Trouvez-vous que l’auteur a parfaitement su mélanger le monde des mathématiques et de la cuisine ? Est-ce que le titre a, selon vous, beaucoup de potentiel pour la suite ? Avez-vous été happé par le talent de notre protagoniste et cette possible collaboration avec ce chef intrigant ? Est-ce que les explications et la confection des plats ont été convaincantes à vos yeux ? Attendez-vous avec impatience la prochaine prise de parole de notre héros ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2018 Kobayashi Yugo, Kodansha

2 Comments

  • Docteurchips dit :

    Mélanger les maths et la cuisine pourquoi pas (même si ce n’est pas très vendeur dit comme ça x)), mais ça permettrait de donner un aspect plus réaliste à l’élaboration des recettes et des quantités à respecter, qui sont souvent trop vites expédier dans les autres séries du même thème.
    Après est-ce que ça suffira pour qu’elle se démarque et intéresse les lecteurs parmis les différentes séries qui parle de nourriture qui sont sortis récemment ? Rien n’est moins sûr.
    Peut-être que la popularité de Yûgo Kobayashi permettra à ceux qui apprécient son style de faire parler d’elle !

    • EspritOtaku dit :

      Je t’avoue que le mélange fonctionne très bien et permet justement à la série de se différencier de ce que l’on peut connaître dans le genre.

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