Akane-banashi

Akane-banashi tome 1 & 2 : l’art du rakugo

Ce que j’apprécie particulièrement avec l’univers du manga, c’est la manière avec laquelle ce medium peut réussir à nous interpeller sur bon nombre de sujets. Cela peut autant être du domaine historique, artistique ou sportif. Il existe une multitude de possibilités de nous raconter des sujets divers. C’est ce qui fait aussi tout le charme de ce genre de récit qui peut nous ouvrir à tellement de nouvelles expériences. Cela permet aussi de s’ouvrir sur des éléments propres de la culture japonaise comme c’est le cas pour le titre que l’on va aborder aujourd’hui. Ayant déjà un beau succès depuis son lancement là-bas, Akane-banashi débarque enfin en France aux éditions Ki-oon. Les deux premiers volumes sont à présent disponibles et j’étais impatient de voir ce que donnerait ce manga qui me faisait de l’œil depuis son annonce. En plus de ça, cette aventure s’attarde sur un sujet très peu commun pour nous à savoir le rakugo. Un art qui a beaucoup de choses à nous faire découvrir par le biais de cette histoire. L’heure est donc venue d’assister à la naissance d’une future conteuse de légende et de son ascension dans ce domaine.

Perpétuer la flamme

Akane-banashi - héroïneAkane-banashi, scénarisé par Yuki Suenaga et dessiné par Takamasa Moue, nous plonge dans le quotidien d’Akane et de sa famille. Cette jeune fille pleine d’énergie n’a de cesse d’observer son père. La raison est qu’elle est totalement fascinée par son travail et le pouvoir qui semble avoir. En effet, Toru pratique le rakugo, une forme de spectacle humoristique datant d’il y a plusieurs centaines d’années. Un art ancestral qui peut sembler désuet à leur époque, mais qui attire toujours des fans de contes tout en misant beaucoup sur le talent du conteur. C’est ce dernier qui doit donner vie à l’ensemble des personnages de son histoire tout en restant parfaitement assis. Un travail compliqué qui ne peut être maîtrisé qu’après bien des années d’efforts, mais aussi une capacité à faire oublier la personne qui raconte pour donner vie à des figures fictives. Pour Akane, son papa fait partie de cette catégorie, car à chacune de ses représentations et de ses entraînements, elle a le sentiment de voir réellement les personnages incarnés par son père. Leur entourage a beau se moquer de la profession de Toru, sa famille est toujours là pour le soutenir et l’encourager dans son rêve de devenir maître. Ce serait pour lui la plus grande consécration qui soit et surtout un formidable témoignage de tout le travail abattu jusqu’ici. C’est là qu’une chance en or se présente à lui avec le fameux examen de passage pour changer de grade. 

Devant faire une représentation devant des professionnels du milieu, aucune fausse note n’est tolérée. Il suffit d’un rien pour que les rêves s’écroulent face à l’expertise de ce jury qui se montre intransigeant. Cependant, cette fois c’est encore plus symbolique étant donné que parmi les examinateurs se trouve Issho Arakawa, une légende de cette discipline. Un vieil homme connu pour être intraitable sur ceux qui osent se présenter à lui. Malgré la peur et le trac qui l’assaillent, Toru est déterminé à faire honneur aux siens. Il donne tout ce qu’il a et espère avoir su séduire le jury au vu des réactions du public. Malheureusement, tout s’effondre quand Issho prend le micro. Celui-ci déclare qu’il n’y a pas eu un seul candidat digne de cet art qu’est le rakugo. Il annonce donc que tout le monde est recalé, mais aussi que tous les participants sont bannis à vie de ce monde. C’est la fin de toute une vie pour Toru qui a du mal à se remettre d’une telle décision. Témoin de la scène, Akane ne peut contenir sa colère face à cet homme qui a piétiné le rêve, mais aussi le talent de son père. C’est décidé, elle est déterminée à suivre la même voie que Toru en pratiquant le rakugo. Elle reprend le flambeau et est prête à tout donner pour comprendre la raison de ce choix destructeur. Est-ce la naissance d’une nouvelle légende dans le milieu ? Ce qui est sûr, c’est que la jeune fille montre déjà un certain talent pour faire vivre tous ces personnages qui s’expriment à travers elle.

Il est évident que le monde du rakugo est loin de parler aux lecteurs français pour qui cet art est finalement très ancré dans la culture japonaise. Pourtant, c’est aussi ce qui est formidable avec le manga qui peut nous ouvrir vers des domaines dont on ignore tout. Akane-banashi en est un parfait exemple et il est alors important de voir comment ce titre parvient à nous amener vers cette discipline, mais aussi la manière dont il décide de la traiter. Il y a déjà quelque chose qui se dégage très fort de ces deux premiers volumes et qui concerne tout bonnement notre découverte de cette façon de raconter des histoires.

Un apprentissage réussi de ce milieu

Bien sûr, on ne peut pas parler de Akane-banashi sans évoquer justement son sujet principal qui est le rakugo. Comme je l’ai dit un peu plus haut, cet art est loin d’être connu par le public occidental et est très ancré dans la culture japonaise. Pourtant, ce début réussit très bien à nous présenter ce domaine sans jamais se montrer particulièrement lourd. En fait, on peut facilement découper ce premier acte en deux parties bien distinctes qui vont chacune avoir un impact sur notre perception de l’œuvre et du rakugo. Tout d’abord, on est face à Akane, quand elle n’est encore qu’une enfant, qui est admirative du travail de son père. On va donc avoir notre premier contact par le prisme du regard de cette gamine qui trouve toutes ses représentations absolument sublimes. Une excellente idée, car le fait de ramener cette forme d’expression à travers les yeux d’une jeune fille fait que l’on peut facilement comprendre ce qui en fait le charme. On comprend que tout est une question de ressenti et surtout de manière de transmettre une histoire au public en fonction du contexte du récit et de la manière dont le conteur va insuffler de la vie à ses divers personnages. On touche alors à quelque chose de très intéressant, car le titre parvient à utiliser le thème du rakugo, mais en y insufflant aussi une partie compétitive captivante où tout va être une question d’entraînement. 

C’est justement tout ce que l’on va observer dans la seconde partie englobant la seconde moitié du premier volume et le deuxième. Ce n’est plus le père qui est au centre de l’attention, mais cette gamine qui a grandi et qui est bien décidée à suivre cette voie qui pourtant n’assure en rien un avenir reluisant. C’est là aussi où la série réussit à nous émouvoir. Elle nous montre un domaine pouvant se montrer difficile, éprouvant et même déchirant quand on termine cette première moitié. Nous ne sommes donc pas uniquement dans un apprentissage de cet art, mais aussi face à une plongée immersive dans la vie de ces artistes qui peuvent autant connaître la gloire que le désespoir. C’est là où un autre élément va briller et il s’agit de notre protagoniste. Akane est une héroïne qui apporte tellement d’énergie à ce récit. Elle a beau n’être qu’au début de sa quête, elle arrive pourtant à nous partager toute sa témérité, mais aussi sa faculté à donner vie à ses contes. Une disciple prometteuse qui va se confronter à bien des obstacles dans son ascension vers le sommet. Et là où l’ouvrage va aussi être pertinent, c’est dans la manière de traiter le rakugo, mais aussi la fiction de manière générale. A travers cet art où tout repose sur le jeu d’acteur du conteur, on nous ramène à une forme d’origine de transmission d’histoire. Ici tout est basé sur le discours et afin de capter l’attention du spectateur, mais aussi d’ancrer ce récit dans sa mémoire, tout se joue sur la gestuelle, les expressions ou l’intonation de la voix. Divers éléments qui peuvent facilement être retranscrits par le biais du manga où l’on a le sentiment de faire partie des spectateurs.

Akane-banashi présente clairement tous les éléments nécessaires pour une bien belle et longue aventure. En plus de nous faire découvrir avec brio ce que c’est que le rakugo, le manga réussit à mêler émotions et apprentissage au sein de cet univers. On sent que même si notre protagoniste a une volonté de fer, son chemin est encore bien compliqué pour espérer atteindre son but. Une quête personnelle où le dépassement de soi va être au cœur du récit ainsi que ce qui fait toute la beauté de cet art. Une ode à ces histoires qui se transmettent par le biais de ces artistes et qui peuvent autant faire rire que nous toucher.

Akane-banashi entame son apprentissage

Oui, Akane-banashi nous montre clairement ses ambitions à travers ces deux premiers volumes sans pour autant chercher à suivre le même chemin que d’autres œuvres axées sur l’ascension d’une jeune pousse dans un domaine particulier. Ici, ce manga se veut autant comme une découverte du rakugo que l’histoire poignante et captivante d’une jeune fille désireuse d’honorer l’héritage de son père. En tant que lecteur, on est happé autant par ce que l’on nous enseigne au sein de ces pages que par ces divers contes que l’on nous présente. On a beau ne pas être familier de ces petites histoires, on se laisse pourtant convaincre par le jeu des divers personnages que l’on rencontre. Comme si ces artistes donnaient réellement vie à ces êtres fictifs et que l’on oublie, le temps de quelques cases, que l’on ne fait qu’écouter un récit. Il n’est pas question ici de simplement entendre, mais de vivre ce qui se passe et tout cela est entre les mains de la personne se tenant fermement assise devant l’assemblée. En plus de ça, le lecteur se laissera aussi facilement convaincre par cette petite phase d’entraînement que va subir Akane pour comprendre ce qui lui manque et ce qui fait réellement la beauté de ce métier. Si l’on passe par de multiples émotions tout au long de cette lecture, celle qui est la plus forte est l’envie d’encourager cette héroïne un peu rebelle et pourtant sacrément douée. Elle nous transmet son désir ardent d’aller de l’avant et nous n’avons plus qu’une idée en tête : la suivre !

C’est donc avec beaucoup de joie que je peux dire que ce début d’Akane-banashi est un très gros coup de cœur. Une excellente surprise pour plusieurs raisons différentes et qui concernent autant la mise en avant du rakugo, la notion d’être humain dans ce domaine et la manière dont est mis à l’honneur cette forme d’expression. Au même titre qu’un barde narrant autrefois le récit des gens du passé et autres fables majestueuses, nos artistes ici présents sont là pour donner un sourire ou émouvoir des gens par leur gestuelle, leur voix et leurs expressions faciales. Un travail qui peut paraître assez vieillot et singulier, mais qui pourtant parvient toujours à faire s’évader ceux qui daignent tendre l’oreille et ouvrir les yeux à l’égard de ces artistes. Que vous soyez ou non connaisseur de ce métier, vous pourrez aisément trouver votre bonheur dans cette lecture au même titre que ceux désirant suivre l’ascension d’une prometteuse disciple au sein de ce milieu exigeant. A présent, il est normal d’avoir quelques questions concernant la suite de la saga. Est-ce que Akane a une chance de convaincre ceux qui ont autrefois traîné le nom de son père dans la boue ? Parviendra-t-elle à se distinguer des autres artistes ? Quels défis l’attendent pour la suite de sa formation ? Parviendra-t-elle à atteindre celui qui a tant fait souffrir sa famille et à montrer sa vision du rakugo ? Il me tarde déjà de voir les progrès qu’elle va faire et surtout d’observer ses futures représentations.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Akane-banashi. Est-ce que le monde du rakugo vous intéresse-t-il ? Ce titre a-t-il su éveiller votre intérêt concernant ce domaine ? Pensez-vous que l’on peut avoir une évolution pertinente de notre héroïne au fur et à mesure de son apprentissage et de ses représentations ? Trouvez-vous que cette introduction réussit à donner un aspect assez compétitif à cet art ? Appréciez-vous le reste du casting que l’on peut découvrir ici ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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