Toilet-bound Hanako-kun tome 1 et 2 : La valse des esprits farceurs
On le sait très bien, un manga peut faire l’objet de beaucoup d’attention et surtout un profond désir de la part des lecteurs de le voir arriver en France. Cela peut autant être dû à une renommée du titre au Japon ou bien à l’arrivée chez nous d’un anime permettant de promouvoir la licence. Une situation qui a eu lieu très récemment autour d’une saga qui vient tout juste de faire ses débuts chez nous aux éditions Pika. Il s’agit, vous l’aurez deviné, de Toilet-bound Hanako-kun dont les deux premiers volumes sont sortis il y a quelques jours. Ce titre a eu le droit à une adaptation en anime qui fut diffusée en simulcast chez Wakanim. C’est à travers cette série que l’on a pu connaître cette œuvre qui affichait une aura fort singulière. Très atypique, cette licence avait su capter notre attention par son esthétique, mais aussi ce qu’elle souhaitait nous raconter. On était donc très curieux de voir ce qu’allait pouvoir apporter le matériau de base dont l’annonce n’est pas passée inaperçue. Après lecture de ces deux tomes, on a pu renouer avec cet univers si particulier et surtout ce qui fait le charme de cette saga. Il est donc grand temps de partir résoudre les divers mystères qui pullulent dans cette école.
Les 7 mystères
Toilet-bound Hanako-kun, imaginé par Aidalro, nous plonge au cœur de l’école Kamome. Cet établissement est tout ce qu’il y a de plus banal en apparence. Les élèves suivent tranquillement les cours et profitent de leur vie étudiante sans se soucier du reste. Cependant, il existe une étrange rumeur à propos des toilettes du troisième étage. Il est dit que si l’on frappe trois fois à la porte de ces dernières, l’esprit de Hanako apparaîtra et exaucera l’un de vos vœux. Une proposition alléchante, mais qui reste dans le domaine de la légende urbaine pour la majorité des gens qui se trouvent entre ces murs. Cependant, ce n’est pas le cas de Nene Yashiro qui a un souhait qui lui tient particulièrement à cœur. Amoureuse fou d’un garçon de l’école, elle désire que ses sentiments soient réciproques afin de pouvoir vivre le grand amour. De ce fait, elle entend parler de la fameuse rumeur et décide de surmonter son inquiétude et de se rendre sur place. Suivant les instructions à la lettre, elle est alors surprise par une voix fantomatique qui l’aborde. Effrayée et n’osant pas regarder d’où provenaient ces paroles, elle décide finalement de prendre son courage à deux mains. La surprise est alors totale quand elle découvre que Hanako est un petit garçon portant un uniforme scolaire assez vieillot et qui lui accorde un grand sourire. Ne pensant pas que cela allait réellement marcher, le silence anime quelques instants Nene qui ne sait plus où se mettre.
Finalement, elle décide de lui répondre en lui demandant s’il peut véritablement exaucer son souhait le plus cher. L’être surnaturel lui confirme que c’est bien le cas. A ses mots, la jeune fille saute de joie à l’idée que son amour puisse enfin être réciproque. Le bonheur se lit déjà sur son visage sans se soucier une seule seconde qu’elle pourrait bien s’être jetée dans la gueule du loup. Pactiser avec les esprits peut avoir de grandes répercussions, mais il y a toujours un prix à payer. Hanako contemple donc la personne qui se trouve devant lui et un étrange sourire se dessine sur son visage. Il semble enfin avoir trouvé un nouveau jouet qu’il va pouvoir utiliser pendant un petit moment. Ainsi débute une collaboration entre ces deux individus que tout sépare, mais qui pourraient bien trouver quelque chose d’intéressant l’un dans l’autre. D’ailleurs, il se pourrait bien qu’il ne soit pas le seul pensionnaire mystère dans cet établissement. Après tout, il y a toujours un fond de vérité derrière chaque rumeur. La rencontre entre ces deux êtres risque fort de rapprocher ces deux mondes qui ne doivent jamais s’entrechoquer. Un simple désir d’être aimé en retour va alors totalement chambouler la vie de Nene, mais aussi des gens qui l’entourent. L’adolescente va alors devoir ouvrir les yeux sur ces forces qui dépassent l’entendement et qui tirent leur force de ces ragots que l’on fait circuler à leurs propos.
Toilet-bound Hanako-kun parvient rapidement à s’emparer de nous à travers ces deux volumes par l’atmosphère qui y règne. Jouant habilement sur le folklore japonais et sur ce mysticisme ambiant, le mangaka nous invite à un périple qui dépasse la simple compréhension humaine. On ouvre alors les yeux sur l’autre facette de ce monde et sur ceux qui hantent cet établissement. A la frontière de nombreux genres, ce manga ne s’arrête jamais de nous faire passer d’un tableau à l’autre avec une grande dextérité. Une faculté qui montre le talent de l’auteur à emboîter tous ces éléments à la perfection et nous immerger dans sa création.
Un récit à l’ambiance unique
Ce qu’il faut d’abord souligner concernant Toilet-bound Hanako-kun, c’est à quel point l’auteur maîtrise l’atmosphère de son récit. Cependant, il ne s’agit pas d’avoir une seule ambiance soignée tout au long de la lecture. Au contraire, ces deux premiers tomes nous font passer par de nombreuses étapes qui vont toutes apporter quelque chose en plus. En débutant cette lecture, on est frappé par le côté coloré et même mignon de cet univers. On a le droit à des personnages qui profitent simplement de leur quotidien et qui s’axent donc dans une volonté de se rapprocher du slice of life attendrissant. Dès l’instant où l’on fait la connaissance d’Hanako, Nene ainsi que le lecteur vont basculer dans une approche plus surnaturelle, mais sans pour autant perdre ce côté mignon et attendrissant. Tout est pensé pour que l’on baisse notre garde et que l’on se dise que l’ensemble de l’aventure sera ainsi. Cependant, plus on progresse dans l’intrigue et plus on ouvre les yeux sur ce qui se cache derrière tout ça. Il y a une sorte d’oppression qui nous assaille au fur et à mesure que l’on passe plus de temps avec les esprits qu’avec les mortels. C’est même pertinent de voir que les fantômes et autres créatures folkloriques vont prendre le pas sur la réalité et ainsi nous happer au sein de leur univers sans que l’on ne puisse rien y faire. Au même titre que notre héroïne qui se retrouve obligée de côtoyer le fantôme des toilettes, le lecteur a cette sensation d’avoir lui aussi fait un pacte avec ce dernier.
Ainsi, la suite du récit va nous envelopper d’une toute autre aura qui n’a rien de naturelle. Les esprits deviennent notre quotidien et l’on s’habitue donc à cette facette mystique qui grignote toujours plus de place. D’ailleurs, le fait d’être ignorant au départ de toutes les histoires autour de ces fantômes va contribuer à nourrir cette innocence. Il faut dire que la première impression que l’on a d’Hanako est celle d’un enfant espiègle qui aime bien taquiner sa nouvelle camarade. Pareil pour les autres, on reste dans cette optique de découverte, mais dès que l’on creuse plus en profondeur, il y a une noirceur qui vient déteindre sur ce tableau. On entre alors dans une autre phase de cette fiction qui va nous faire comprendre que derrière ce spectacle grandiose et la magie qui s’opère, il y a aussi bien des dangers du côté de ces êtres hors du commun. Ils ont tous un passé qu’ils ne veulent pas dévoiler et qui donne un tout autre regard sur leur existence, mais aussi leur véritable personnalité. On ne va donc avoir de cesse d’être balloté d’une ambiance à l’autre avec brio et cela contribue grandement à l’intérêt que l’on peut avoir pour la licence. En effet, cela donne lieu à un renouvellement constant de l’expérience où l’on est autant fasciné par ce que l’on voit qu’inquiet de se retrouver devant la vérité. On avance alors sans même sans rendre compte au sein de cet environnement qui nous berce, mais nous aussi quelques sueurs froides. Un parfait mélange qui permet d’enrober cette saga d’un emballage aux multiples nuances.
En dehors de cette atmosphère parfaitement installée par l’auteur, Toilet-bound Hanako-kun se démarque aussi par un autre atout de taille. Ce dernier n’est autre que cette brume omniprésente qui entoure cette école. On a beau rapidement s’habituer à la présence de notre jeune spectre, on a constamment cette sensation que ces couloirs regorgent d’autres secrets que l’on doit dévoiler. Une invitation à l’exploration, mais où le moindre faux pas peut être dangereux. L’aspect mignon et doux des premières minutes laisse ainsi place à une tension progressive qui va montrer que les êtres surnaturels n’ont pas toujours de bonnes intentions.
De secrets en secrets
L’autre grande force de Toilet-bound Hanako-kun dans ces deux premiers volumes vient de la part de mystère qui englobe constamment notre périple. Il ne faut pas longtemps pour que l’on ouvre les yeux sur ce qui se cache au sein de cette école. En utilisant d’ailleurs le cadre scolaire, l’auteur parvient aisément à nous rappeler cette époque où l’on s’imagine tout un tas de rumeurs sur des coins inexplorés ou étranges de notre établissement. Un retour à cette curiosité parfois maladive que l’on peut avoir et qui peut nous entraîner dans des situations assez dérangeantes. C’est exactement ce que l’on peut ressentir au sein de ces pages. Le lecteur renoue avec cette envie de résoudre tous les secrets que l’on nous fait miroiter. Même si cela peut nous jouer un mauvais tour, on a ce désir d’approfondir ce qui se dissimule derrière chaque rumeur. On est donc plus uniquement spectateur, mais aussi un peu acteur de ce qui va arriver. Les émotions sont alors partagées entre nous et ce groupe que l’on suit. En plus de ça, ces deux premiers volumes jouent à merveille avec cette approche presque onirique qui nous donne ce sentiment que tout ça fait partie d’un gigantesque rêve. Cependant, il ne faut pas croire que les mystères sont uniquement propres aux esprits que l’on rencontre en compagnie d’Hanako. Ce dernier aussi semble cacher un lourd passé qu’il ne préfère pas dévoiler. L’autre grand attrait va ainsi venir de ce personnage qui est constamment à nos côtés et dont pourtant on ne sait rien.
C’est dans ces moments où l’on commence à se questionner à son sujet qu’il montre un visage bien différent. Du fait de sa personnalité, on ne sait jamais si tout cela fait partie d’une comédie de sa part ou si c’est la vérité. On marche constamment sur des œufs et c’est ce qui rend ce protagoniste aussi captivant. A la fois drôle, taquin et mystérieux, il peut aussi dévoiler une part de lui bien plus sombre ainsi qu’une fragilité déconcertante. On va donc autant chercher à entrevoir la vérité sur les autres grandes énigmes de cette école qu’à mener une petite enquête sur ce garçon dont on ne sait réellement s’il est un allié ou pas. En dehors de ça, le mangaka a su parfaitement intégrer tous ces éléments folkloriques qui forment le cœur de son scénario sans pour autant que l’on ait l’impression d’avoir déjà vu tout ça. Il arrive que l’on aborde une affaire sous le ton de la comédie tandis qu’une autre sera bien plus tragique. En choisissant cette diversité comme ligne conductrice, le manga ne veut pas que l’on soit face au même problème à chaque chapitre. Un renouvellement constant qui s’exprime donc autant par son atmosphère que par son contenu. Le lecteur ne stagne jamais et il est soit emporté par une petite situation cocasse ou alors happé par une enquête prenant d’immenses proportions. Un mélange des genres qui transforme cette série en un ovni dont on peut détourner le regard tant tous ces petits détails s’assemblent habilement.
Toilet-bound Hanako-kun est clairement une œuvre qui peut paraître étrange au premier abord, mais qui regorge de qualités et surtout d’une ambiance magistrale. On est à la fois emporté par ce côté folklorique et mystique que fasciné par tout ce qui tourne autour de nos protagonistes. On a presque le sentiment de faire partie de la bande et d’essayer de résoudre tous ces mystères qui se cachent au sein de cette école. Colorée la plupart du temps, la série fait aussi preuve de passages bien plus sombres qui offrent un contraste fantastique concernant notre ressenti. Un voyage parmi les esprits qui sait comment capter l’attention du spectateur.
Toilet-bound Hanako-kun lance sa malédiction
Il est vrai que l’on attendait énormément de Toilet-bound Hanako-kun. Après avoir vu l’anime qui était à la fois fascinant et sublime dans son esthétique, on était impatient de voir si le manga parvenait à nous faire éprouver la même chose. Le résultat est bien là et l’on a été totalement emporté par ce qui nous fut raconté au sein de ces deux volumes. On avait beau connaître le début de cette aventure, on a pris énormément de plaisir à retrouver Hanako, Nene et tous les autres. Un retour aux sources qui permet aussi d’entrevoir tout le travail de l’auteur afin que l’on soit pleinement plongé dans ce monde. Une œuvre qui brille par son atmosphère unique en son genre et surtout cet éveil de notre curiosité qui nous donne envie d’explorer chaque zone de cette bâtisse. Une sorte de retour en enfance, mais qui n’empêche pas à ce conte d’être mature à de nombreux moments et de nous rappeler une réalité parfois bien cruelle. Le fantastique s’invite ici autant pour nous envoûter que pour nous mettre en garde que chaque pièce a deux facettes. Ce n’est pas parce que l’être en face se montre souriant qu’il est forcément empli de bonnes intentions. L’innocence se heurte alors à des épreuves qui poussent ces personnages à changer leur façon de voir les choses et surtout de grandir au fil de leurs expériences. Une lecture qui est à la fois originale et prenante tout en abordant de nombreuses thématiques propres à chaque acteur qui se présente sur scène.
Se lancer dans Toilet-bound Hanako-kun est toujours une expérience singulière qui peut autant plaire que laisser indifférent. On peut tout à fait comprendre que le mysticisme et l’étrangeté qui collent à cette série peuvent ne pas être au goût de chacun. Pourtant, cette série fait partie de cette catégorie de mangas qui sont à part de tout ce qu’on a l’habitude de lire. Pour nous, ce fut un vrai bonheur que de se plonger dans cette œuvre onirique qui nous a ravivé des souvenirs, mais qui a aussi su nous proposer une expérience comme rarement on en a eu. Un titre qui plaira à ceux qui aiment se plonger dans des ambiances surnaturelles où résoudre des mystères est le principal moteur. Une épopée à la fois enfantine dans son ton, mais qui prend rapidement une dimension plus grande et surtout plus profonde à travers des personnages aux multiples nuances. Une licence qui peut vous surprendre et dont ces deux premiers volumes montrent rapidement de quoi elle est capable. A présent, on va passer aux questions que l’on se pose concernant les prochaines péripéties de nos nouveaux camarades. Quel est le passé d’Hanako et pourquoi souhaite-t-il autant le cacher ? Est-ce qu’il est lui aussi un esprit malin cherchant à s’emparer des humains un peu trop crédules ? Nene parviendra-t-elle à retrouver une vie normale en résolvant les divers mystères qui existent dans son école ? Il ne reste plus qu’à attendre pour savoir ce qu’il en retourne.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Toilet-bound Hanako-kun. Avez-vous trouvé que cette série peut proposer quelque chose d’intéressant sur le long terme ? Trouvez-vous que l’atmosphère si particulière du titre contribue grandement à son efficacité ? Est-ce que l’ambiance de ce manga a su vous convaincre pour découvrir les prochains tomes ? Pensez-vous que l’on aura le droit à un traitement intéressant des divers personnages qui ponctuent cette aventure ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.