I’m in Love with the Villainess tome 1 : une réincarnation idéale
Décidément, la fin d’année 2021 a vu l’arrivée de nombreux light novels en librairie. Une bonne chose pour ce genre qui fait de son mieux pour s’installer parmi toutes nos lectures. On a toujours hâte de voir ce que peut proposer un tel ouvrage en matière d’écriture, mais aussi de promesses concernant le récit qui nous est conté. Cela peut donner lieu à quelques belles surprises comme ce fut le cas récemment avec I’m in Love with the Villainess. Provenant tout droit du catalogue de LaNovel Edition, ce titre nous était totalement inconnu jusqu’à ce qu’on puisse le tenir entre nos mains. On était intrigué de ce que pouvait nous raconter cette lecture au vu du synopsis et surtout de l’évolution des divers personnages qui allaient ponctuer notre périple. La surprise fut grande quand on a pu entrevoir tout le potentiel derrière ce scénario et surtout les sujets traités à travers cette transposition dans un autre monde. En plongeant dans un monde fictif, on se retrouve directement face à des problèmes qui résonnent fortement dans la réalité. Le temps est donc venu de se tourner vers les péripéties d’une demoiselle ayant portée toute son attention vers la méchante de l’histoire.
Un jeu de drague bien différent
I’m in Love with the Villainess, imaginée par Inori et illustrée par Hanagata, nous fait suivre le quotidien de Rei Ôhashi, une simple employée de bureau d’une petite entreprise. Rien ne semble la démarquer des autres si ce n’est son immense passion pour un jeu de drague en particulier répondant au nom de “Révolution”. En effet, son intérêt pour celui-ci va bien au-delà du simple divertissement et elle a passé de nombreuses heures à décortiquer chaque élément de cet univers qui lui tenait tant à cœur. On peut ainsi dire qu’elle est une véritable experte dès lors qu’il s’agit de parler de cette aventure vidéoludique. Cependant, elle était loin d’imaginer que ses connaissances allaient très bientôt lui servir plus qu’elle ne pouvait le penser. Du jour au lendemain, elle se réveille non pas chez elle, mais dans le monde de Révolution. En plus de ça, elle ne s’est pas réincarné en une personne lambda, mais dans le corps de l’héroïne qui va devoir suivre l’une des nombreuses voies qui s’offrent à elle. Si tout ceci la déboussole quelques instants, elle finit rapidement par comprendre qu’il s’agit peut-être d’une aubaine pour elle. Après tout, son unique réconfort jusqu’ici était de s’aventurer dans ce jeu et maintenant ce dernier est devenu sa réalité. Avec ce qu’elle sait du scénario, mais aussi des gens qui peuplent ces terres, Rei sent que l’avenir ne pourra pas la surprendre. Pourtant, elle ne va pas profiter de son savoir pour s’assurer la belle vie en se tournant vers l’un des prétendants à sa disposition.
Bien au contraire, elle ne va avoir que peu d’intérêt pour ces hommes qui ne l’attirent nullement. Toute son attention va être focalisée sur Claire François, la méchante de l’histoire. En tant que Rae Taylor, son objectif devrait être de rester le plus éloigné de cette dernière et de suivre le destin qui l’attend auprès des princes de ce royaume. Mais pour Rei, tout cela n’est que banalité. Son cœur ne répond qu’à un seul appel et c’est celui de cette aristocrate qui aime prendre les roturiers de haut. Cela peut paraître étrange, mais aux yeux de la jeune femme, celle-ci est bien plus intéressante et cache quelque chose de bien plus profond que ces gravures de mode qui doivent hériter du pays. C’est ainsi que débute sa toute nouvelle existence dans ce monde où la magie existe et où sa place se trouve à côté de Claire. Malheureusement, il est fort probable que cet intérêt soudain trouble énormément cette noble qui ne s’attendait pas à ce qu’une personne de la plèbe puisse se montrer aussi entêtée. Un bonheur pour Rei, mais un calvaire pour sa nouvelle camarade de classe qui va avoir fort à faire pour tenir face aux nombreuses taquineries de cette demoiselle venant d’un autre monde. Cette nouvelle vie pourrait aussi être l’occasion de changer les choses et d’éviter que certains drames n’arrivent. Après tout, pourquoi suivre un chemin précis quand on a les connaissances nécessaires pour façonner son propre avenir. Il arrive que derrière certains comportements se cache un cœur blessé.
Ce n’est pas la première fois que l’on peut découvrir une histoire se basant sur un jeu de drague et où le personnage principal se réincarne au sein de cet univers. Cependant, I’m in Love with the Villainess va prendre rapidement une direction assez surprenante par rapport à ce que ressent notre héroïne. Une jeune femme qui connaît très bien ce terrain de jeu et ne veut pas du tout suivre les divers chemins qui lui sont proposés. Une aventure hors des sentiers battus en compagnie de la vilaine de l’histoire et ainsi nous montrer que chaque épopée se constitue avant tout de certaines décisions pouvant changer des vies.
Tout pour être avec la méchante
Cela peut paraître étrange de voir une héroïne se concentrer uniquement sur l’antagoniste du récit non pas pour la combattre, mais pour être à ses côtés. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que l’on cherche à utiliser la figure de la méchante dans les jeux de drague pour la montrer sous un autre jour. I’m in Love with the Villainess va pourtant réussir à proposer une approche assez singulière en nous faisant rapidement comprendre que derrière son côté peste, Claire est un personnage bien plus complexe qu’on pourrait le croire. En effet, Rei connaissant par coeur le monde de Révolution sait ce qui se cache derrière son attitude. C’est justement parce qu’elle fait preuve d’une profonde sincérité et d’une faiblesse très humaine qu’elle s’attire l’amour de notre protagoniste. Là où on a l’habitude de nous montrer des prétendants tout beau, charismatique et ayant de nombreux atouts, ce light novel souhaite nous prouver que cela n’a que peu d’intérêt. Un personnage n’est jamais aussi bien écrit que quand il présente des failles pouvant le pousser à mal se comporter ou à prendre une route que n’importe quel être humain égaré pourrait suivre. C’est exactement le cas ici et c’est remarquablement bien présenté au fil des chapitres tandis que l’on suit le “harcèlement” de Rae à l’égard de celle qui fait battre son cœur. En fait, on se rend compte que derrière son attitude hautaine et noble, Claire est une adolescente prise entre deux mondes.
Elle peut faire preuve d’attachement et de douceur à l’égard des personnes qui ont toujours été avec elle. Une forme de loyauté qui dépasse le simple cadre des statuts régissant ces terres. Malgré tout, elle est aussi tiraillée par son rôle en tant que membre de l’aristocratie qui la pousse à agir différemment à l’égard de ceux qui ne font pas partie du même monde qu’elle. On ressent donc plus une influence marquante du contexte de l’histoire et surtout de la politique de ce royaume sur sa personnalité. Après tout, elle n’a connu que ça depuis sa naissance et semble avoir été élevée dans ce sens concernant les rapports entre les deux groupes. Une direction qui va lui poser de nombreux problèmes, mais qui va aussi la pousser à réfléchir sur ce qui est vraiment important. C’est aussi pour ça que le rapport entre notre héroïne et son opposée est aussi bien amené dans ce premier volume. D’un côté, on a une jeune fille qui ne se soucie guère des convenances et qui taquine chaque jour l’élue de son cœur. De l’autre, on a l’héritière d’un grand clan qui a des responsabilités et pose les yeux sur un pays dont les fondations pourraient être bousculées du jour au lendemain. Plus le temps passe et plus le lecteur est intrigué et intéressé par le développement de ce personnage qui se retrouve à la croisée des chemins. Un parti-pris d’une grande efficacité mettant l’accent sur l’humain et l’influence que peut avoir son environnement sur les décisions prises.
En plus de proposer une relation intéressante entre ses deux principaux personnages, I’m in Love with the Villainess ne s’arrête pas là. Ce light novel va rapidement nous montrer que derrière les taquineries de notre protagoniste se cache un sentiment bien plus profond et intense. Proposant une construction narrative captivante, cette histoire veut nous montrer la difficulté pour certains d’être accepté comme ils sont, que cela soit dans ce monde imaginaire ou dans la réalité. Une lecture qui ne se veut donc pas uniquement divertissante, mais poussant aussi à la réflexion pour mieux comprendre les souffrances de certains.
Un récit plus poignant qu’il n’y paraît
Un autre point très important de ce premier volume de I’m in Love with the Villainess n’est autre que l’importance des messages véhiculés. On a pu l’aborder brièvement dans la précédente partie, mais l’univers que l’on nous dépeint est un incroyable terreau pour donner vie à des réflexions pertinentes sur d’importants problèmes de société. Il y a bien sûr le problème des classes qui obligent une hiérarchie empêchant certaines libertés et droits à ceux qui ne sont pas nés du bon côté du mur. Cependant, ce récit va aussi aborder des sujets plus personnels notamment à travers notre héroïne et certains personnages en particulier. Comme dit dans le résumé, Rei est attirée par Claire et a toujours eu un profond attachement pour ce personnage fictif qui débordait d’une réelle humanité rendant son comportement compréhensible même si écœurant pour le spectateur. Ainsi, le light novel va aborder avec délicatesse, mais aussi une profonde touche de drame la question de l’orientation sexuelle et ce qu’elle peut provoquer dans le regard des autres. Un problème qui ne se limite pas uniquement aux frontières de ce monde imaginaire et qui va aussi résonner dans cette société où elle a vécu pendant si longtemps. Même si certaines mentalités changent, on nous montre que Rei doit continuer à se confronter au regard des autres. Elle décrit sa souffrance de manière très juste et triste par rapport au fait qu’elle sait pertinemment que ses sentiments ne seront sans doute jamais réciproques.
Derrière les multiples taquineries qu’elle fait à l’égard de Claire et son running gag de lui déclarer à tout bout de champ qu’elle l’aime se cache en réalité une profonde souffrance. Quand on ouvre les yeux sur ce sujet qui s’exprime à de nombreuses reprises tout au long de cette aventure, on aborde le récit différemment. Dans un sens, on comprend le plaisir qu’a notre héroïne a être présente physiquement dans ce monde qui lui servait un peu d’échappatoire. Elle pouvait bien avoir un travail normal et des amis à ses côtés, son coeur ne se sentait pas à sa place. On a même l’impression que cette seconde vie est une occasion pour elle de combattre ses démons même si cela implique de se confronter aux mêmes aprioris que dans la réalité. I’m in Love with the Villainess n’est pas uniquement une licence qui veut nous faire voyager sur des terres emplies de magies et de créatures. C’est aussi une épopée humaine et personnelle pour cette demoiselle qui souhaite juste exprimer ce qu’elle a sur le cœur à celle qui a su faire naître des sentiments en elle. Un light novel qui brille par l’écriture de son personnage principal et de son combat contre cette pensée qui n’a eu de cesse de la mettre mal à l’aise. N’ayant jamais trouvé réellement sa place dans son ancienne vie, elle est déterminée à pouvoir le faire ici même si cela implique de prendre une route semée d’embûches. Un parcours qui nous touche profondément et nous donne simplement envie de l’encourager de toutes nos forces.
On n’aurait pas cru, au premier abord, que la lecture de I’m in Love with the Villainess puisse nous toucher autant. Si les premières pages sont pensées afin de nous plonger rapidement dans cette aventure, la suite ne cesse jamais de nous étonner par la profondeur des propos tenus. On découvre alors une intrigue qui va autant nous montrer la complexité de cet environnement que les soucis personnels de cette jeune femme souhaitant simplement répondre à cet amour qui guide son coeur. Un voyage émouvant et puissant qui fait fi des barrières pour créer un propos important.
I’m in Love with the Villainess entame sa conquête
On doit le reconnaître, on ne s’attendait pas du tout à être autant interpellé par ce que pouvait nous raconter ce premier volume de I’m in Love with the Villainess. Finalement, la surprise fut de taille notamment quand on s’attarde sur les différents niveaux de lecture que propose ce conte. Il peut autant être pris comme une aventure dépaysante au sein d’un univers magique qu’une virée plus humaine et personnelle en compagnie de personnages qui nous marquent par leur écriture. Un excellent travail sur ce point qui a permis de transformer une petite peste caricaturale au premier abord en une jeune femme tiraillée entre ce qu’elle ressent et le devoir qui incombe à son statut. Notre protagoniste n’est pas en reste avec une histoire qui parvient à nous émouvoir surtout concernant son combat interne entre son envie que ses sentiments soient acceptés et le regard des autres. Une lutte importante pour réussir à être heureuse de qui elle est réellement et qui doit se confronter à des avis tranchés sur cette question sans qu’il n’y ait la moindre tolérance. Un light novel qui cache bien son jeu et parvient à nous faire autant adhérer à l’univers présenté qu’aux gens qui vont vivre en son sein. Voilà une introduction efficace, puissante, et même bouleversante où les émotions se confrontent à une société qui n’accepte pas que l’on puisse sortir des cases établies. Une épopée qui nous fait voyager, mais nous pousse aussi à la réflexion sur tous ces sujets importants.
En lisant ces quelques lignes, vous aurez compris que l’on a été énormément séduit par ces premiers pas surtout au niveau des personnages que l’on nous présente. I’m in Love with the Villlainess est un très bon exemple de ce que peut apporter un individu dont l’écriture est pensée dans le moindre détail pour se rapprocher le plus d’une sincère humanité. L’auteure nous délivre un premier acte fort et qui n’en oublie pas pour autant de prendre son temps pour nous poser les bases de ce récit. Un light novel qui plaira à tous ceux qui ont envie de voir une autre manière d’utiliser la réincarnation dans un jeu de drague et qui conviendra aussi aux lecteurs désirant une histoire poignante. Une très belle découverte et qui nous laisse supposer des choses très intéressantes pour la suite de cette aventure. On attend énormément du développement de ces étudiants qui ne se limitent pas uniquement à notre principal binôme. Chacun peut écrire sa propre destinée sans forcément se contenter de ce que l’on a pu dicter pour eux. Avant de conclure cette chronique, il est grand temps de s’attarder sur les quelques interrogations que l’on peut avoir sur les prochains chapitres. Est-ce qu’il sera possible pour Rei de concrétiser cet amour qui semble à sens unique ? Ce pays finira-t-il par changer sa façon de séparer les gens par leur naissance ? Les autres élèves prendront-ils une direction inattendue en matière d’évolution ? Il nous tarde de connaître les réponses à tout ça.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ce premier volume de I’m in Love with the Villainess. Trouvez-vous qu’il y a quelque chose d’intéressant à raconter au travers de ces différents personnages ? Pensez-vous que notre héroïne va réussir à bousculer totalement ce monde qui, normalement, est régi par des règles strictes ? Avez-vous eu le sentiment que le récit évoluait grandement au fil des divers chapitres ? Est-ce que vous trouvez que ce light novel met en lumière de façon brillante certains problèmes importants de la société ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2018 Inori