Ces pépites méconnues : Issak
Décidément, on profite de cette trêve estivale pour aborder bien des titres que l’on n’a pas souvent l’occasion de traiter. En effet, on s’est dit que c’était l’occasion parfaite pour continuer notre enrichissement de “Ces pépites méconnues” avec un nouveau numéro dédié à un autre récit historique. Si vous nous suivez depuis un moment, vous devez savoir que l’on est passionné par ce genre qui n’a eu de cesse de nous en mettre plein la vue au fil de nos découvertes. Pourtant, cela ne signifie pas pour autant que c’est un style qui attire forcément les regards comme ce fut le cas précédemment avec Isabella Bird. C’est pour ça que l’on avait envie de mettre en lumière un autre titre du catalogue de Ki-oon et qui n’est autre qu’Issak. Une série que l’on a découverte un peu par hasard au moment de sa sortie et qui nous a rapidement mis une claque autant sur l’intensité du conflit représenté que par la beauté des planches. Nous amenant à suivre le quotidien de ce mercenaire japonais en plein cœur d’une Europe en guerre, on va être emporté dans un désir de vengeance, mais aussi une volonté de servir à une cause. L’heure est donc venue de parcourir ces champs de bataille en compagnie de ce tireur hors pair.
Un mercenaire en quête de vengeance
Comme toujours, il est important de commencer par remettre en avant l’histoire d’Issak avant d’entrer dans le vif du sujet. Ce titre, scénarisé par Shinji Makari et dessiné par DOUBLE-S, nous emmène en 1620. A cette époque, l’Europe est le terrain d’un terrible conflit qui oppose les catholiques et les protestants. La guerre éclate un peu partout à travers les diverses nations en place et ainsi débute une ère sombre pour le vieux continent. Cette lutte religieuse va avoir des effets dévastateurs sur la population qui subit de plein fouet la violence des combats. Victimes collatérales ou paysans ayant perdu leurs terres, la souffrance se propage un peu partout comme une traînée de poudre. Au sein de la forteresse de Fuchsburg, en Allemagne, de nombreux réfugiés viennent s’abriter en vue du face-à-face qui s’annonce entre les deux camps. Mais à cet instant, tout le monde ignore qu’une personne parmi cette foule pourrait bien changer la donne. Son nom est Issak, un guerrier japonais hors pair et redoutable tireur. Il est évident que la présence d’un tel étranger au sein de ces habitants interpelle rapidement une bonne partie des troupes en stationnement ici. En réalité, il est un mercenaire ayant quitté sa terre natale pour louer ses services aux protestants qui semblent en mauvaise posture dans cette guerre. Si ses talents sont plus que bienvenus, la raison de sa présence ici est bien différente de celle de ses collègues.
Ce n’est ni l’argent ni la gloire qui l’ont poussé à faire un aussi long voyage. Son réel objectif se trouve dans le camp adverse en la présence d’un compatriote. Ce qu’il désire plus que tout est de pouvoir éliminer cet homme qui a bafoué son honneur et commis un crime impardonnable en assassinant son maître. Ce criminel aurait fui pour finalement trouver refuge parmi les catholiques. Il aurait ainsi proposé ses services afin d’aider à mettre un terme à ce conflit tout en promettant de partager son savoir. Ainsi a débuté une longue et épuisante traque entre ces deux tireurs d’élite qui sont passés d’un champ de bataille à l’autre. C’est maintenant l’occasion parfaite pour Issak d’en finir avec sa vendetta, mais un obstacle de taille se tient devant lui. Cette forteresse se trouve en mauvaise posture au vu de l’impressionnante armée qui l’encercle. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’un massacre s’opère devant et à l’intérieur de ces murs. La garnison en place tremble, mais est déterminée à combattre pour leurs idéaux. Cependant, il est inconcevable pour cette lame qu’ils ont engagée de périr maintenant. Il va alors devoir faire étalage de ses connaissances en matière d’art militaire, mais aussi prouver sa valeur avec son mousquet afin de provoquer une faille chez l’ennemi. Le calme s’installe avant la terrible tempête qui s’annonce. L’homme se tient alors au sommet des murailles, ajustant sa visée pour atteindre sa cible. Un seul tir peut-il changer la donne ? C’est en tout cas ce qu’il compte montrer en provoquant le chaos chez l’adversaire.
Derrière ce synopsis faisant la part belle à la guerre et à l’action, Issak est une œuvre qui ne s’attarde pas uniquement sur de grandes batailles épiques. Si cela fait partie intégrante de son identité, ce manga est surtout l’occasion de voir en action ce protagoniste dont les capacités peuvent faire trembler même les plus grandes armées. En accompagnant ce guerrier japonais dans son voyage, on ouvre les yeux sur un monde en plein bouleversement et on découvre surtout l’histoire d’un homme tiraillé entre son objectif et son devoir envers ses compagnons d’armes.
Une balle pouvant changer une bataille
Quand on se penche quelques instants sur Issak, on se rend compte que ce récit a beaucoup de choses à nous raconter. Tout d’abord, il est important de s’attarder sur le trait du dessinateur qui fait un formidable travail pour que l’on soit pleinement plongé dans cette période où les conflits sont nombreux. Si l’on retient notre souffle en voyant tout le travail de mise en scène autour des champs de bataille, ce qui se passe en dehors de l’action n’est pas en reste. On veut que l’on soit témoin du quotidien difficile des gens qui endurent cette guerre et qui font juste de leur mieux pour survivre. Tout ça s’exprime à merveille à travers les dessins et il n’y a souvent pas besoin de paroles pour que le récit réussisse à nous transmettre ce qu’il désire. Mais l’autre grande force de cette licence provient de ses personnages. Il est vrai que l’on est plongé au cœur d’une époque troublée où les soldats sont partout. Pourtant, notre mercenaire japonais va rapidement se hisser au-dessus du lot. Ce qui est captivant dans ce manga, c’est qu’il amène une autre manière de guerroyer qui est propre à son expérience personnelle et à tout ce qu’il a pu apprendre au sein de son propre pays. Il y a donc une confrontation culturelle qui se joue autant sur la manière de combattre que dans l’art de la guerre de façon générale. Le récit veut nous montrer au sein de ces pages que même au cœur de cette mêlée où se jouent de nombreuses vies, un seul individu peut faire basculer le rapport de force.
C’est justement en confrontant l’aspect encore très médiéval de cette Europe avec l’art du mousquet japonais que l’on obtient des affrontements spectaculaires. Là où des centaines de soldats se jettent les uns sur les autres, on observe ce champ de bataille de loin à travers le regard de ce sniper qui ne rate quasiment jamais sa cible. C’est en fait une toute autre forme de lutte que l’on contemple où le calme est la meilleure arme de notre protagoniste. En plus de ça, chaque nouveau tome nous donne l’occasion d’entrevoir un peu plus tout le potentiel d’Issak, mais aussi de son rival qui vont chacun amener cette guerre dans une toute autre dimension. Dans ce contexte militaire et politique tendu, on suit autant le déroulement sanglant de ce conflit que les pas de cet homme pour retrouver sa cible au sein de ce chaos. Si nos deux rivaux japonais vont être au centre de l’attention, il y a aussi un soin tout particulier qui est apporté au reste du casting. Ils ont tous le droit à leur moment de gloire ou bien leur utilité. Un scénario qui va grandement faire évoluer notre personnage principal qui va prendre conscience que sa quête de vengeance n’est que peu de choses par rapport à tout ce qu’il va obtenir au contact de ceux qui vont devenir ses nouveaux frères d’armes. Une fresque historique haletante, éprouvante et pouvant se montrer aussi très humaine où quelques personnes font de leur mieux pour survivre et trouver leur voie au sein de cet enfer.
Issak fait partie de cette catégorie de titres historiques qui peut autant nous en mettre plein la vue sans dire une seule parole que nous tenir en haleine au vu de la tournure des événements. On ne va avoir de cesse d’observer notre protagoniste se démener pour se sortir des pires situations imaginables et contempler cette confrontation au sommet entre lui et son ancien camarade. Un récit qui ne peut laisser de marbre tandis que l’on suit silencieusement cette lutte où le moindre tir peut être le dernier. Ce manga est là pour nous montrer que tout peut s’arrêter en seulement quelques secondes.
Issak ne rate jamais sa cible
Encore une fois, le genre du récit historique peut donner vie à des épopées palpitantes. Des œuvres qui mêlent habilement quête personnelle et conflits de grande envergure. C’est le cas avec Issak qui nous délivre une fresque dont on ne peut détourner les yeux. Que cela soit sur le plan visuel ou bien sur tout ce qui nous est raconté à travers ces pages, on se laisse facilement emporter par le combat de cet homme pour l’honneur. Ce qui se présente au départ comme une immense vendetta qui ne connaît nulle frontière va se transformer petit à petit en un combat plus important pour ce guerrier. Il va ouvrir les yeux sur ce que son devoir implique, mais aussi où va maintenant sa loyauté. Le spectateur est littéralement emporté par la progression de ce personnage qui est tellement loin de chez lui et qui pourtant va tout faire pour aider ceux qui sont dans le besoin. De même, il est excellent de voir cette période où l’art militaire évolue. Une fine époque où les lames se confrontaient à la poudre et où toute la stratégie se retrouvait chamboulée par cette nouvelle arme. On assiste à cela silencieusement en se demandant constamment si ce nouveau champ de bataille sera finalement le tombeau de nos amis où s’ils parviendront une fois de plus à s’en sortir. La tension est constante et nos yeux se fixent inexorablement sur ce mercenaire qui a su montrer toute l’étendue de ses connaissances et de ses talents en ce qui concerne la guerre. Un petit bijou qui nous fait voyager dans le temps.
Bien sûr, comme tous les autres titres, j’avais vraiment à cœur de parler de cette série que j’aime énormément et qui pourtant n’est pas si connue. Rien que le fait d’assister à cette double confrontation qu’il peut y avoir entre les armées qui s’entrechoquent et ce duel de sniper qui s’organise au-dessus est hypnotique. Un rythme maîtrisé d’une main de maître et qui n’empêche pas la série de nous offrir aussi des moments d’accalmie afin de souligner la difficulté à simplement vivre pendant cette ère. On fait face à une gigantesque toile où se dessinent au fur et à mesure des chapitres les prouesses de ces hommes et femmes qui luttent pour ce qu’ils pensent juste. Au-delà de l’aspect religieux propre à cette époque, la série tient à véhiculer des valeurs importantes telles que l’amitié. Une saga qui peut plaire à tous les amoureux d’Histoire, mais aussi à ceux qui désirent une épopée spectaculaire où tout se joue à un fil. Avec son douzième tome qui arrive prochainement et continuant encore au Japon, Issak n’a pas fini d’arpenter ces sentiers de guerre où ses compétences sont fortement demandées. Un guerrier qui a déjà trouvé quelques réponses à ses questions, mais qui pourrait bien encore évoluer au fil des prochaines épreuves. L’arme ne fait pas le combattant et il doit maintenant s’affranchir de ce désir qui l’anime pour pouvoir aller de l’avant.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Issak. Trouvez-vous qu’il s’agit d’un petit bijou dans le domaine du récit historique ? Trouvez-vous que le trait qui se dégage de l’œuvre arrive parfaitement à cerner le côté spectaculaire et terrible de ce conflit ? Avez-vous été subjugué par la quête de vengeance de cet homme qui le guide bien loin de sa patrie ? Est-ce que cette série est parvenue à vous tenir en haleine à plus d’une reprise ? Etes-vous impatient de connaître le dénouement de cette histoire ? Qu’attendez-vous pour la suite du récit ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.