Banana Fish-1-1

Banana Fish tome 1 et 2 : deux mots qui peuvent tout détruire

Il y a des œuvres dont le simple nom résonne pour beaucoup de fans. Des mangas qui ont su laisser leur empreinte dans l’esprit des lecteurs et proposer des scénarios haletants et captivants. On a alors parfois la chance de voir ces séries revenir sur le devant de la scène à diverses occasions grâce à certains éditeurs. C’est exactement le cas avec le titre dont on va parler aujourd’hui et qui fait justement son grand retour en librairie. On parle bien sûr de Banana Fish, édité chez Panini, qui revient à travers une toute nouvelle édition. Si l’on avait déjà eu l’occasion de se pencher sur la première version, cette réédition est l’occasion rêvée pour pouvoir parler de cette saga à la portée considérable. Se présentant sous la forme de volume double, ces deux excursions vont donc être largement suffisantes pour s’imprégner de ce récit et surtout de toutes les manigances qui gravitent autour des personnages. En relisant ces quelques chapitres, on a pris encore plus conscience à quel point cette épopée littéraire affichait de remarquables atouts. Il est donc grand temps de partir enquêter sur ces deux fameux mots qui causent tant de soucis.

Le lynx fait régner sa loi

Banana Fish - Ash

Le combat de Ash.

Banana Fish, imaginée par Akimi Yoshida, nous plonge aux Etats-Unis dans les années 80 et plus précisément à New York. C’est dans cette gigantesque métropole qu’une série de suicides étranges a lieu. Si tout semble concorder sur le fait que les victimes se sont données la mort, quelque chose semble se cacher derrière tout ça. Alors que la police piétine et cherche quelques indices, un autre incident va avoir lieu dans les bas-fonds de cette ville. Ash Lynx, un adolescent dont la beauté fait tourner les têtes, dirige l’une des plus impressionnantes bandes du secteur. Reconnu pour être un tireur hors pair et un chef remarquable, tout le monde semble apprécier de bosser pour lui. Cependant, l’existence du jeune homme va être totalement bouleversée le jour où certains de ses gars sont chargés de s’occuper d’un civil. L’ordre venant du parrain de la mafia corse « papa Dino », l’individu ayant pris Ash sous son aile, ils leur semblent impossibles de refuser. Les deux gamins vont donc désobéir aux ordres de leur chef et s’attaquer à leur cible. Malheureusement, celle-ci va réussir à fuir quelque temps avant d’agoniser dans une ruelle sombre. Alors que l’étreinte de la mort l’enserre petit à petit, un visage va apparaître devant lui. Il ne s’agit nul autre que d’Ash qui essaye de comprendre ce qu’il se passe. C’est alors que la victime va lui tendre un étrange objet et lui dire deux mots qui vont totalement renverser son quotidien déjà fort difficile.

Banana Fish. Voilà le nom qui résonne maintenant dans l’esprit de l’adolescent qui ne sait pas du tout à quoi cela correspond. Mené par sa curiosité, mais aussi son désir de savoir ce que cache celui qui l’a autant recueilli que fait souffrir, il ignore alors de la machination qui s’organise en coulisses. Cette ville va bientôt être le terrain de jeu de la mafia qui va tout faire pour grignoter toujours plus de pouvoir. Le bel éphèbe qui n’a eu de cesse de se battre dans l’ombre va maintenant devoir surveiller ses arrières. Une cible est dessinée sur son dos tandis qu’il fouille un peu partout à la recherche de renseignements. De nombreuses âmes vont être impliqués dans toute cette histoire alors que ces deux mots semblent apporter un funeste destin à ceux qui en cherchent la signification. Cette enquête pourrait bien aussi conduire cet adolescent à renouer avec son passé et surtout à découvrir des éléments lui permettant d’en apprendre plus sur le sort qui fut réservé à son frère. Voilà le début d’une histoire qui pourrait bien changer la face du monde. Mais que peut bien faire un simple individu mené par un sentiment de vengeance face à tant d’ennemis ? Il a beau ne pas savoir ce que tout cela implique, Ash est déterminé à se frotter à ses bourreaux même si pour cela il doit connaître l’enfer. L’heure est donc venue pour lui de résoudre cette énigme qui le hante et qui a déjà détruit tant de vies.

Ce qui est remarquable quand on se replonge dans Banana Fish, c’est la façon qu’a la série de nous immerger dans son histoire. Il ne faut que quelques minutes pour s’imprégner pleinement de cette ambiance à la fois sombre, oppressante et pourtant si captivante. Ce qui ne débute que comme une simple succession de coïncidences va rapidement devenir l’élément déclencheur d’une terrible traque. On est alors trimballé sur de nombreux lieux et l’on fait la connaissance de tout un tas de gens qui vont avoir leur importance tout au long du récit. Un manga qui sait parfaitement capter notre attention et surtout tisser une affaire qui nous tient en haleine.

Une enquête captivante

Ce qui nous a rapidement sauté aux yeux dès lors que l’on a replongé dans Banana Fish est la force de son intrigue. Toute cette histoire autour de cet étrange nom nous séduit rapidement et l’on se prend au jeu d’essayer de recoller les morceaux au vu de ce que l’on obtient. C’est là qu’on remarque la première grande qualité de la mangaka qui est de jouer habilement avec le lecteur afin qu’il ne soit pas uniquement spectateur. Cela s’exprime par de nombreux éléments se passant à diverses périodes et qui ne semblent pas forcément importantes dans le scénario. Pourtant, il suffit que l’on s’attarde sur quelques détails pour comprendre toute la complexité de cette affaire qui nous prend rapidement aux tripes. Si notre instinct d’enquêteur s’éveille, on va surtout ouvrir les yeux sur le danger qui entoure tout ça. Le récit va donc construire petit à petit un univers qui va grandement contribuer à l’impact que va avoir cette intrigue sur nous. Le fait de plonger dans cet environnement hostile où la mort peut survenir à tout instant nous fait prendre conscience de la menace qui attend ceux osant chercher la vérité. Là encore, il y a un juste équilibre qui est trouvé entre l’angoisse ressentie par rapport à l’adversaire présenté et ce désir de connaître le fin mot de toute l’histoire. On est dans un remarquable thriller tirant sur le roman policier, mais aussi une virée dans le quotidien de ces mafieux. D’ailleurs, il y a un excellent travail qui est fait de la part de l’autrice pour représenter cette époque où les gangs semblaient pouvoir faire ce qu’ils voulaient sans être inquiétés nullement par les forces de l’ordre.

Entre corruption, pots-de-vin, menaces et chantages, tout y est pour que l’on soit imprégné de ce sinistre quotidien. Concernant l’enquête en elle-même, on apprécie le fait que l’on avance en eaux troubles pendant un long moment. Cela donne une sensation d’inquiétude qui s’empare de nous tandis que l’on accompagne nos nouveaux amis dans leur recherche d’indices. Il est tout à fait possible de se retrouver pris dans une fusillade avant de se lancer dans une course effrénée pour échapper à ses poursuivants qui cherchent à taire la vérité. Plus on progresse dans l’œuvre et plus on ouvre les yeux sur les enjeux qui existent autour du Banana Fish. Même ce qui se cache derrière ce titre est à la fois symbolique et marquant pour le lecteur qui est totalement plongé dans ce polar redoutable. Un jeu de piste qui nous conduit à faire connaissance d’individus peu recommandables, mais qui peuvent se montrer utiles dans la quête que l’on mène avec Ash. Rien n’est laissé au hasard, et même la plus petite information peut devenir vitale dès lors qu’on sait parfaitement comment l’utiliser. On est donc à la fois tenu à la gorge par l’ampleur que prend l’histoire, mais aussi excité à l’idée d’être le témoin d’une telle aventure. Une épopée qui ne nous épargne rien et souhaite coller à la triste réalité de ce milieu où l’argent et le pouvoir sont rois. C’est là qu’est tout le génie de ce manga qui passe d’un tableau à l’autre sans même que l’on s’en rend compte pour mieux resserrer son emprise sur nous.

Si toute l’histoire autour de Banana Fish nous séduit et nous pousse à vouloir aller toujours plus loin, l’œuvre ne serait pas aussi fascinante sans un autre élément qui a son importance. On parle ici des multiples visages que l’on va découvrir au fil des pages et qui vont contribuer à enrichir notre expérience dans cette affaire. Des individus marqués par la vie et ayant tous un background les rendant pertinents dans ce qu’ils proposent. Chaque nouvelle rencontre apporte alors son lot d’informations, de surprises, mais aussi de problèmes pour nos protagonistes. Une œuvre qui montre parfaitement que l’écriture des acteurs et actrices se présentant sur scène est cruciale.

Une galerie de personnages mémorable

Banana Fish - mots

Deux mots funestes.

Il ne faut absolument pas confiner Banana Fish a son intrigue qui est déjà très bonne. Si l’on prend autant de plaisir à vivre cette aventure, c’est aussi grâce à tous ces acteurs qui se présentent devant nous. Ce qui est remarquable les concernant, c’est qu’il n’y en a pas un seul qui soit lisse. Ils ont tous un vécu qui les a profondément marqués, une histoire que l’on découvre au fil du temps ou tout simplement une personnalité collant parfaitement avec le décor posé. Qu’il s’agisse des gangsters qui nous écœurent par leurs actes immoraux, Ash qui fait de son mieux pour survivre quitte à se sacrifier à de nombreuses reprises ou ses alliés qui tentent de faire la lumière sur tout ça, il n’y en a pas un seul qui ne capte pas notre intérêt. D’ailleurs, c’est fascinant de voir à quel point on peut se souvenir d’un individu que ça soit par ses prouesses ou au contraire le dégoût qu’il nous fait ressentir. La mangaka a parfaitement su capter tous ces petits détails qui font que l’être humain est ce qu’il est et qui nous fait autant basculer dans une profonde obscurité qu’une lumière salvatrice. Cela contribue grandement à l’immersion que l’on peut ressentir et surtout notre désir d’encourager ce petit groupe à aller toujours plus loin malgré la menace. En plus de ça, il est important de noter que les protagonistes que l’on suit réussissent à amener des sujets à la fois durs et complexes sur la table. Il peut autant s’agir des questions d’abus que de la perte de confiance en soi, le désespoir que l’on ressent quand tout s’effondre autour de nous et la joie de trouver enfin des gens qui nous acceptent.

Banana Fish a beau être un thriller implacable dans le milieu de la mafia, c’est aussi une remarquable fresque humaine où tout se mélange habilement. Même l’écart qu’il peut y avoir entre Ash qui a passé sa vie à survivre par ses propres moyens et les adultes qui souhaitent l’aider est bien amené. On sent ce fossé qui existe entre ces groupes qui ne peuvent réellement comprendre tout ce qu’il a vécu par le passé. Ainsi, on a un protagoniste qui est loin d’être un enfant de chœur, mais qui parvient tout de même à s’attirer notre sympathie. Tout ça parce que l’on arrive à avoir une empathie à son égard et à voir au-delà de ce qu’il nous montre au premier abord. Ainsi, on a un personnage central qui parvient à capter une bonne partie des projecteurs, mais qui ne tire pas toute la couverture. Bien au contraire, il arrive même à laisser de la place et à s’effacer pour que les autres brillent et nous touchent par leur histoire respective. Tout s’emboîte alors parfaitement pour créer une bande qui essaye d’échapper aux griffes d’une menace particulièrement imposante. Cependant, l’aspect qui nous a aussi le plus bluffé vient des interactions entre les diverses personnes au centre du récit ainsi que leur évolution. Chaque épreuve surmontée, chaque dialogue et chaque coup reçu ne sont pas là uniquement pour nourrir notre aventure. Ils contribuent tous à leur manière à faire grandir ces gens qui sont plongés dans un monde où l’espoir n’existe pas. Une magnifique preuve du talent de la mangaka pour donner vie à une brochette d’anti-héros mémorable.

En proposant ces deux volumes massifs, l’éditeur nous donne toutes les clés en main pour que l’on puisse apprécier pleinement le début de cette épopée. Banana Fish affiche toujours cette qualité indéniable, que cela soit dans le fond ou la forme, qui fait que l’on a constamment ce désir de tourner les pages. Les rebondissements, la narration, mais aussi tout le travail autour du mystère entourant ce mystérieux nom suffisent largement pour nous convaincre de continuer. Ash et tous ceux qui le suivent nous rappellent alors à quel point une histoire peut être hypnotisante tout en nous décrivant les dérives qui ont lieu dans cet effroyable milieu.

Banana Fish lance de nouveau ses filets

Banana Fish est un monument du genre qui n’a absolument rien perdu de son aura. Bien au contraire, on a même plus apprécié le récit avec le regard que l’on a aujourd’hui que lors de notre première lecture. On a pu ainsi redécouvrir un titre qui maîtrise parfaitement les codes du polar mafieux et qui nous donne la sensation de voyager dans le temps. Avec ses actes crus, la violence de certaines scènes et surtout tout ce qu’endurent les protagonistes, on est clairement dans un manga qui ne souhaite pas nous épargner. Bien au contraire, c’est dans ce souci du détail que l’on apprécie encore plus ce que nos yeux observent. En proposant une quête bien ficelée qui prend de plus en plus d’ampleur au fil des pages et surtout en écrivant des personnages loin d’être purement manichéens, la mangaka dessine un titre juste inoubliable. Se lancer dans Banana Fish, c’est plonger dans une aventure littéraire où l’on est captivé du début jusqu’à la fin. Concernant l’édition en elle-même, on tient surtout à souligner le fait qu’il est intéressant d’avoir des doubles volumes. On peut donc pleinement profiter de ce que le début de la licence peut offrir et ainsi s’imprégner totalement de cette histoire qui flirte avec de nombreux genres. Les années ont beau être passées, voilà une saga qui semble intemporelle et qui nous happe totalement dans cette course-poursuite effrénée où la vengeance, la peur, la mort et l’amitié s’entrelacent.

On savait pertinemment ce qui nous attendait étant donné que l’on connaissait déjà la première version de Banana Fish. Pourtant, cela ne nous a pas empêchés d’apprécier pleinement ce retour qui fait plaisir et permet surtout de remettre cette licence sur le devant de la scène. Une œuvre que l’on ne peut que recommander si vous aimez les récits policiers, mais aussi que vous désirez une histoire qui met l’accent sur les personnages et leur propre combat à mener. Un grand classique qui vaut largement le coup d’œil et qui peut réserver bien des surprises que cela soit aux connaisseurs ou à ceux qui découvrent le manga en 2021. Suivre de nouveau le périple de Ash désireux d’en finir avec celui qui l’a tant fait souffrir a quelque chose de grisant et surtout de très profond. Son combat a beau être mené par son désir personnel, ce qu’il va entrevoir va le guider dans une mission bien plus périlleuse. Lui et son groupe continuent alors de nous faire rêver et surtout de nous émouvoir à travers leurs échanges et les relations entre les différents membres de l’équipe. Même si l’on connaît très bien le récit, cela ne nous empêche pas de se prendre au jeu et d’imaginer tout un tas de questions pour la suite. Où va les conduire leur enquête sur ce fameux Banana Fish ? Jusqu’où seront capables d’aller les criminels qui les poursuivent ? Qu’est-ce que cette affaire va bien pouvoir apporter à Ash mise à part de se mettre en péril ? Finira-t-il par laisser tomber au vu de la tournure des événements ? On a très hâte de continuer cette incroyable épopée.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Banana Fish. Trouvez-vous que le récit n’a rien perdu de sa superbe après tant de temps ? Etes-vous content de voir le retour de cette licence qui a marqué tant de monde ? Découvrez-vous la saga avec cette réédition ? Si oui, qu’en pensez-vous pour le moment ? Trouvez-vous que le rythme de l’histoire et les personnages sont intéressants ? Quelle sera, selon vous, la conclusion de toute cette affaire au vu des quelques éléments que l’on peut avoir dans ces deux ouvrages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour pouvoir échanger, discuter et débattre autour de ce sujet 🙂

© 1986 Yoshida Akimi, Shogakukan

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