Rock of destruction

Rock of Destruction : un voyage au coeur d’une terrifiante brume

Il y a parfois des œuvres que l’on n’attendait pas du tout et qui parviennent à éveiller notre intérêt rien que par ce qu’ils souhaitent proposer. On ressent alors rien que par ce premier aperçu ce que la personne derrière l’histoire souhaite nous raconter. L’inspiration se transforme alors en une forme d’hommage pouvant être efficace si celle-ci est soignée. La question est donc de savoir si cela est réellement le cas ou si l’on passe à côté de ce souhait. C’est pour ça qu’aujourd’hui on va aborder ce sujet à travers une œuvre qui vient tout juste de sortir. On parle ici du dernier titre en date d’Omaké Manga qui s’intitule Rock of Destruction. Se présentant sous la forme d’un one-shot, cette lecture nous a raviver de multiples souvenirs dans le domaine de l’effroi. Ce titre nous plonge dans une aventure horrifique possédant une ambiance qui va rapidement nous étouffer et nous plonger dans un abîme infernal. Une virée qu’il faut prendre dans son ensemble pour bien cerner ce qui fait toute sa force et surtout ce qui a voulu être conté au sein de ces pages. L’heure est donc venue de se plonger dans un périple d’adolescents qui va mal finir.

Des vacances inoubliables

Rock of Destruction - visiteRock of Destruction, imaginé par Norihiko Kurazono, nous plonge dans un établissement scolaire tout à fait banal. C’est en ce lieu qu’une bande d’étudiants va décider de profiter des vacances pour séjourner dans la maison d’un autre camarade. L’occasion parfaite pour eux de se détendre, de faire la fête et surtout de s’amuser. Ils ont beau ne pas se connaître pleinement, le groupe se forme et décide de prendre la route. Malgré certaines réticences de quelques-uns, la majorité l’emporte et ils finissent donc par rejoindre leur nouveau logis. Sur la route, l’un d’entre eux leur explique d’ailleurs que non loin de là où ils vont a eu lieu une tuerie de masse. En plus de ça, il paraît que de nombreux phénomènes paranormaux ont aussi eu lieu à cet endroit. Si cela suffit à effrayer les plus réservés du groupe, la plupart d’entre eux ne considèrent ça que comme des légendes et mythes locaux. Des affabulations qui sont juste là pour donner un peu de cachet à cette région paisible et où il n’y a pas grand chose à faire. Rien ne semble pouvoir alors entacher la bonne humeur ambiante à l’idée de picoler, manger et passer du bon temps en compagnie de la gent féminine. Malgré tout, une étrange atmosphère semble se dégager de ces terres dès lors qu’ils se rapprochent de leur destination. Si certains profitent de cette inquiétude pour jouer quelques mauvais tours, leur arrivée se fait sans encombre et tout semble indiquer que le séjour va être formidable.

Cependant, certaines vieilles légendes ne sont pas que des légendes. Leur virée censée être sous le signe de l’excès et de la bonne humeur va se transformer en véritable cauchemar. Dès l’instant où il découvre l’un de leur camarade atrocement mutilé et démembré, la peur s’empare de chacun d’eux. Qu’a-t-il bien pu se passer ici ? Il faut alors parfois se tourner vers les récits primitifs pour comprendre ce qui se cache dans l’ombre. Un épais brouillard apparaît et de nombreuses ombres se cachent à l’intérieur. Sortir ou rester n’a plus d’importance. Il faut maintenant réussir à survivre face à une horde de monstres qui ne semblent guider que par leur désir de tuer. C’est donc une très longue nuit qui s’apprête à débuter où la mort est partout et attend juste le bon moment pour s’abattre sur ceux qui osent fouler ces terres. La vérité peut se cacher derrière les mythes et il faut donc se méfier de ne pas réveiller un mal encore plus grand. L’espoir s’amenuise alors que le danger se rapproche de ces adolescents qui pensaient juste pouvoir passer du bon temps. Comment rester en vie dès lors que ce qui se trouve à l’extérieur n’a rien d’humain ? Pourtant, il existe peut-être une solution. Il faut juste être assez rapide pour la trouver avant que l’obscurité ne s’abatte totalement sur ces âmes égarées qui pourraient vivre leurs derniers instants. L’homme se confronte au monstre et il est clair que le rapport de force est déséquilibré. Une lune de sang s’élève et est alors le signe de grandes souffrances.

Il est clair que le synopsis de Rock of Destruction peut donner à sourire. Après tout, il est voulu de la part de mangaka de nous raconter une histoire qui peut parler à beaucoup de monde. Pour ça, on est plongé dans une véritable virée horrifique qui n’a rien à envier à la majorité des slashers et autres fictions d’effroi. Un parti-pris qui va être utilisé à travers de nombreux éléments efficaces et poser une ambiance qui va rapidement s’installer. En partant sur un one-shot, ce récit va ainsi nous plonger rapidement dans un rythme effréné et redoutable.

Un hommage aux films d’horreur

Il ne faut pas longtemps pour comprendre à quel point le mangaka a voulu utiliser à sa manière les codes du slasher. Rock of Destruction est une invitation à redécouvrir ce genre qui a fait les beaux jours du cinéma d’horreur il y a maintenant quelques décennies. Il est important de noter ça pour bien cerner ce que ce one-shot souhaite nous raconter. Bien sûr, l’histoire ou même l’intrigue principale joue autant sur ce qui est formidable avec ce type d’œuvres, mais aussi ce qui fait son côté surréaliste voire même nanardesque. Ce dernier point n’est clairement pas un point péjoratif, car il s’inscrit dans cette volonté d’hommage et de miser sur l’exagération pour raviver bon nombre de souvenirs. Le fait d’avoir une bande d’adolescents qui part en quête de sensations fortes et souhaitant juste s’amuser est forcément quelque chose qui nous parle tant cet élément est récurrent dans ce domaine. On peut donc aisément prendre leur périple infernal à la rigolade au départ. Pourtant, il y a quelque chose qui va venir bousculer tout ça et le petit sourire que l’on peut avoir en repensant à tous ces films que l’on a pu visionner. Il s’agit de cette ambiance qui parvient à se dégager du titre dès le moment où le rythme s’accélère. On est alors rapidement emporté par ce qu’il se passe et surtout on prend conscience de la menace qui se profile à l’horizon. Que ce soit par les scènes particulièrement gores ou malsaines, cet ouvrage réussit à nous prendre aux tripes et c’est encore plus vrai au fur et à mesure que l’on progresse dans l’intrigue.

 Il est clair qu’il ne faut pas prendre au sérieux tout ce qui nous est raconté au sein de ces pages, car c’est avant tout un manga qui souhaite proposer un moment aussi farfelu que sanglant. D’ailleurs, il est intéressant de noter à quel point la peur se fait crescendo dans cette lecture, mais en prenant bien des aspects. Au départ, on se questionne et l’on essaye d’imaginer ce qui se cache derrière le début de ce carnage. On est donc plus dans une terreur insufflée par l’inconnu. On a envie de savoir, mais en même temps on craint ce que l’on pourrait découvrir. Ce n’est que plus tard, quand on a pleinement compris l’origine de la menace, que va s’instaurer une crainte bien plus concrète. On connaît l’adversaire et de quoi il est capable. L’angoisse est maintenant de savoir si oui ou non il est possible de lui échapper ou de s’en débarrasser. Le final va alors nous mettre en contact face à une fatalité qui semble inaltérable et qui, en même temps, colle parfaitement à l’héritage porté par Rock of Destruction. On a ainsi la sensation de redécouvrir ce genre qui peut faire sourire maintenant, mais qui a aussi apporté de multiples codes importants concernant la construction d’une peur. Une virée qui ne sera pas forcément au goût de tout le monde, mais où l’on peut observer les efforts d’un homme pour simplement remettre en avant un genre qui a connu ses heures de gloire il y a bien des années.

En abordant le cas de Rock of Destruction, on a vraiment été fasciné par la manière qu’a eu le mangaka pour s’approprier tous ces éléments. On a eu cette sensation de nous plonger dans l’un de ces films que l’on a l’habitude de regarder. Un pari réussi et qui joue donc très bien la carte du divertissement où l’exagération est là. Bien évidemment, il y a un petit côté absurde, mais qui n’est pas péjoratif, car cela fait partie intégrante de cette identité. En se plongeant dans ce périple, c’est avant tout comme si on ouvrait une fenêtre sur ces œuvres qui ont permis aux récits horrifiques de s’inscrire dans la culture populaire.

Rock of Destruction fait un carnage

Rock of Destruction - monstresRock of Destruction est un one-shot qui va avant tout s’adresser à ceux qui apprécient le genre du slasher et du film d’horreur de manière générale. Le parti-pris fonctionne très bien et s’empare de nous par rapport à cette ambiance malsaine et macabre qui se construit au fur et à mesure des pages. D’ailleurs, il y a un petit côté amusant à retrouver certains stéréotypes que l’on peut bien connaître dans ce type de fiction. En dehors de ça, il s’agit avant tout d’un gros divertissement qui pose rapidement les bases de son périple afin de rentrer plus vite au cœur de l’action. Le format one-shot est idéal pour raconter un scénario pareil, car l’intrigue n’a clairement pas besoin de s’étendre plus en longueur. Une courte virée qui est une ode à un style qui peut paraître assez surfait maintenant, mais qui a grandement contribué à étendre l’horreur sous une nouvelle forme. On se prend donc rapidement au jeu de ce conte surréaliste et morbide où la menace est présente partout. De même, le fait d’avoir repris l’aspect légendes va contribuer à créer cette atmosphère si particulière et pourtant empreinte d’une certaine nostalgie. On peut ressentir l’envie de la part de l’auteur de faire honneur à cette forme d’expression et cela ne fait que rendre cette expédition encore plus marquante. En dehors du spectacle qui nous est proposé, il y a cet autre niveau de lecture qui se dessine derrière où l’on peut entrevoir le plaisir qu’a eu le mangaka a simplement laisser son imagination s’exprimer.

Vous l’aurez donc compris, on a beaucoup apprécié Rock of Destruction qui se présente comme une ode à toutes ces œuvres horrifiques qui ont ponctué la culture populaire. Bien sûr, il s’agit d’un titre qui va d’abord s’adresser à un public averti et qui sera surtout réceptif à ce genre si spécifique. Si vous avez été bercé par ces films d’épouvante ou autres slashers qui posent une ambiance unique et où le gore est présent alors vous devriez largement trouver votre compte avec ce titre. En plus de proposer une lecture qui débute et trouve sa conclusion en un seul tome, l’auteur parvient à partager sa passion pour ce style et à nous donner envie de replonger dans de vieilles licences. Un divertissement qui ne cherche pas du tout à se prendre la tête ou même à briller par son scénario. Il s’agit surtout d’un hommage et d’une certaine lettre d’amour à cet effroi que l’on pouvait avoir en se plongeant dans certaines fictions. Choquant par instant, captivant par son ambiance et nous faisant frissonner à certains moments, Rock of Destruction a su réussir son objectif. Il est clair que l’on n’a pas de questions en tête par rapport à la suite de l’aventure étant donné que l’on assiste déjà à sa conclusion. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de ressasser ce récit qui fait partie de cette catégorie de lecture que l’on pourra relire sans problèmes bien des années plus tard. Au même titre qu’un film d’horreur que l’on regarde une fois par an, Rock of Destruction est un plaisir immédiat qui maîtrise l’absurde pour nous donner envie d’y replonger dans le futur.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant le voyage proposé par Rock of Destruction. Avez-vous apprécié la manière dont l’auteur s’accapare les codes de ce genre ? Trouvez-vous qu’il a parfaitement su retranscrire ce qui pouvait être intéressant dans ce type d’histoire ? Trouvez-vous que l’ambiance est suffisamment oppressante pour s’emparer facilement de n’importe quel lecteur ? Pensez-vous qu’il s’agit d’un bon divertissement ? Est-ce que le périple de ces adolescents a su vous transporter dans cet enfer ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2019 Kurazono Norihiko

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