Mon bourreau de père est enfin mort

Mon bourreau de père est enfin mort : un récit choc et poignant

On l’a très souvent dit, mais l’univers du manga est un lieu propice pour traiter de très nombreux sujets. Cela peut aller du plus anodin aux thèmes bien plus sombres et tragiques. Ce médium devient alors une tribune permettant d’exposer de graves problèmes de société pouvant influencer grandement la vie de nombreuses personnes. Il est très important de voir ce que peuvent raconter ces œuvres qui décident de quitter l’aspect divertissement pour traiter d’un sujet important afin de mieux sensibiliser le lecteur. C’est encore plus fort quand l’histoire qui nous est contée est celle de l’artiste derrière les dessins. On a récemment pu découvrir un titre de ce genre chez Meian avec Mon bourreau de père est enfin mort. Ce one-shot, dont le nom nous fait rapidement comprendre où l’on met les pieds, va être un véritable coup de poing. Même en sachant pertinemment que l’on allait se lancer dans une aventure traitant de la maltraitance, on ne s’attendait pas du tout à ce que ce titre puisse être aussi violent dans ce qu’il raconte. Une lecture dont il était très important pour nous de traiter dans une chronique. Soyez prêts à découvrir les tourments d’une mangaka dans sa jeunesse et les répercussions que cela a eu sur sa vie.

Des cicatrices qui ne s’effacent jamais

Mon bourreau de père est enfin mort - détresseMon bourreau de père est enfin mort, écrit par Piroyo Arai, est un manga autobiographique de la mangaka qui nous conte sa vie détruite par la violence d’un père et tous ses efforts pour recoller les morceaux. Quand on évoque les souvenirs de l’enfance, elle n’a en tête que des moments douloureux où elle devait éviter au mieux les crises de colère de son géniteur qui était un peu trop porté sur l’alcool. Son esprit se rappelle très bien des tentatives de sa mère pour calmer la situation et finir par devenir celle qui recevait le châtiment de ce chef de famille. Effrayée et angoissée à l’idée que ce dernier lui rende visite à tout instant pour déverser sa haine, la jeune fille de l’époque n’a eu de cesse de se poser tout un tas de questions. Pourquoi personne ne vient l’aider ? Comment se fait-il que les voisins trouvent son père sympathique et irréprochable ? Est-ce que l’amour existe vraiment entre un parent et ses enfants ? Tant d’interrogations qui vont hanter ses pensées et la conduire peu à peu à s’écarter des autres en rêvant juste de pouvoir quitter un jour ce lieu infernal. Alors que les autres enfants s’amusent et rient ensemble, son quotidien à elle n’est fait que de larmes et de sang. C’est donc avec la boule au ventre qu’elle doit endurer en silence cette maltraitance qui s’accentue un peu plus chaque jour. Aucun bonheur ne semble pouvoir percer cette aura funeste qui entoure cette maison.

Cependant, elle qui croyait que tout s’arrêterait une fois qu’elle quitterait le domicile familial va découvrir un tout autre problème. S’étalant sur plusieurs années de sa vie, Piroyo témoigne de l’impact qu’a eu cette période où les cris de joie laissaient place à des frissons de terreur. Un monde sombre qui était loin d’avoir disparu même après avoir claqué la porte de chez elle. Souvent, les cicatrices psychologiques peuvent se rouvrir quand on s’y attend le moins et nous conduire sur un chemin obscur que l’on aurait préféré éviter de prendre. L’image de ce père en colère ne la quitte jamais totalement et va jalonner son parcours de nombreux obstacles qu’elle ne va pas forcément éviter. Un récit bouleversant qui expose ce cercle de la haine qui finit toujours par engendrer plus de rancœur et se répercuter sur les prochaines générations. Un esprit presque détruit qui doit se reconstruire à travers de multiples efforts et un combat presque éternel contre un passé qu’il est compliqué d’abandonner. Voilà un one-shot qui est là pour éveiller les consciences et surtout montrer les terribles conséquences que peuvent avoir de tels abus sur le développement d’un enfant et se répercuter sur l’ensemble de son avenir. Voici simplement le récit d’une femme qui a lutté constamment pour simplement exister et ne pas réitérer les erreurs du passé d’un père qui, même après sa disparition, reste ancré dans sa mémoire.

Autant prévenir tout de suite, Mon bourreau de père est enfin mort est destiné à un public averti. Même si les dessins peuvent sembler enfantins, ils vont justement être redoutables pour coller au contexte du récit, mais aussi souligner la violence qu’a subie cette femme depuis son enfance. On plonge alors dans un quotidien cauchemardesque qui ne s’attarde pas uniquement sur cette cohabitation terrible avec ce père brutal. La mangaka souhaite aussi montrer toutes les conséquences que cela a entraînées sur des années entières même après avoir quitté le domicile familial.

Un combat de tous les jours

Comme dit plus haut, Mon bourreau de père est enfin mort n’est pas à mettre entre toutes les mains par rapport à la violence du sujet traité. On sent, dès les premières pages, à quel point ce titre va être éprouvant par rapport à tout ce que subit cette jeune fille et ses frères. Cependant, il ne faut pas croire que ce one-shot se concentre uniquement sur ces années où elle était en compagnie de ses parents. Le récit veut aller au-delà de ça en nous montrant les conséquences de cet enfer même après que ces enfants aient pu partir de cette maison maudite. Rien ne nous est alors épargné et l’on constate, à chaque nouveau chapitre, la détresse toujours plus grande de cette jeune fille qui grandit avec l’image de ce père effroyable dont les cris retentissent encore à ses oreilles. Même si les dessins peuvent sembler simplistes au premier abord, ils soulignent parfaitement cette innocence brisée sans même qu’elle ait eu le temps de se développer. On passe alors d’une épreuve terrible à une autre en se demandant seulement si elle pourra retrouver un jour quotidien normal. Ce qui est justement très important dans cette lecture, c’est que la mangaka ne veut pas seulement mettre en lumière la maltraitance et ses conséquences, mais aussi montrer tous les facteurs qui font que cet enfer peut être encore plus violent. On traite ainsi le regard des autres, leur refus d’accepter une telle situation, la jalousie, le mépris et bien d’autres éléments qui contribuent à nous serrer la gorge.

Le fait de la suivre tout au long de sa vie permet au lecteur de mieux cerner à quel point ce cauchemar ne quitte jamais vraiment la personne ayant été victime de tels abus. Il ne s’agit pas uniquement de traumatismes qui refont surface, mais aussi de développement personnel où la colère subit finit par être transmise par cette dernière envers d’autres. Une souffrance qui s’étend de plus en plus et qui entraîne de nombreux drames. Le simple fait de la voir batailler pour simplement espérer avoir une existence normale est un véritable crève-cœur et l’on passe alors par toutes les émotions possibles au cours de ce manga. C’est des années de doutes, d’inquiétudes et de malheurs qui attendent cette femme pour avoir grandi dans cet environnement hostile où l’amour n’avait pas sa place. Un témoignage d’une puissance et d’une portée incroyable qui ne laisse rien de côté et souhaite nous présenter chaque épreuve qu’a dû surmonter l’auteure, mais aussi les moyens pour s’en sortir. On ouvre alors les yeux sur un cycle éternel de rancœur, de haine et de rage qui se transmet d’une personne à l’autre en détruisant tout sur son passage. On est simplement sous le choc tout au long de ce périple qui expose parfaitement ce problème grave et qui reste pourtant si silencieux dans l’esprit collectif. En nous racontant tout ça, on sent que la mangaka désire éveiller les consciences pour que les gens ne restent pas sourds aux cris d’alarmes de ces victimes dont la vie est devenue une lutte constante pour ne pas plonger totalement dans le désespoir.

Mon bourreau de père est enfin mort est un one-shot qui nous a serré le cœur tant on était pris dans cet enfer qu’a vécu la mangaka. Un récit autobiographique qui nous prend aux tripes et expose de manière sincère et violente tout ce que la maltraitance peut engendrer chez les victimes et leur futur. On ne peut tout simplement pas rester de marbre devant ce témoignage qui montre que tous ses abus peuvent avoir des conséquences encore plus graves que ce que l’on pourrait croire. Une œuvre brutale, mais réfléchie et qui expose parfaitement ce problème d’une très grande gravité.

Mon bourreau de père est enfin mort laisse son empreinte

Mon bourreau de père est enfin mort - appelEn découvrant Mon bourreau de père est enfin mort, on a ouvert une porte vers un sujet qui s’empare rapidement de nous. Il n’est pas question ici d’offrir un divertissement comme la majorité des mangas. Cette fois, il s’agit d’utiliser ce médium pour dessiner un récit très personnel, mais dont la portée est universelle. En quelques secondes, on comprend où l’on a mis les pieds et ce qui nous attend. Une escalade de violence, de tristesse et de combats pour simplement éloigner la silhouette de cet homme. Chaque page fourmille alors de détails, de propos et de situations qui contribuent à exposer de manière pertinente et surtout frappante l’horreur engendrée par la maltraitance. Allant encore plus loin que des coups, cette virée dans les souvenirs de la mangaka ne nous laisse nullement respirer et l’on est simplement terrifié en voyant ce qu’elle a subi au sein de cette famille. Cependant, le plus effroyable dans cette œuvre, c’est la manière dont les gens gravitant autour d’elle semblent déconnectés de ce qui lui arrive. Une retranscription réaliste et tragique de ce que subissent les enfants victimes de maltraitance où se confier est un pas très difficile à franchir et qui peut parfois conduire à une profonde désillusion. Cependant, c’est justement en nous montrant l’effroyable parcours qu’elle a eu et tout ce qu’elle a dû faire pour se construire une nouvelle vie que la mangaka veut ouvrir les yeux des lecteurs sur ce problème qui est bien plus répandu qu’on ne le croit.

Il est évident que Mon bourreau de père est enfin mort est une lecture où il faut être conscient de ce qui nous attend. Un récit poignant et déchirant où les sourires n’existent pas. Plus on avance dans cette lecture et plus on sent cette tristesse qui s’empare de nous tant tout est réel dans ce qui nous est présenté. Une lecture compliquée par rapport au thème abordé, mais qui n’en est pas moins importante pour changer les mentalités. A travers cette œuvre, on voit que le manga n’est pas uniquement un format servant à nous faire vivre de grandes aventures. Cela peut aussi servir à mettre en scène des histoires plus intimes qui s’inscrivent dans une volonté d’envoyer un message au plus grand nombre. Il n’est pas question ici de recommander ou non ce one-shot, car le message est si important et effroyablement bien retranscrit que c’est une lecture qui mérite amplement de trôner dans n’importe quelle bibliothèque. Encore une fois, cet ouvrage n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais se doit d’être mis en avant pour lutter contre cette maltraitance qui peut prendre bien des formes. On n’imagine même pas à quel point cela a dû être compliqué d’écrire et dessiner cette œuvre pour cette artiste qui a dévoilé son combat et dont on espère de tout cœur qu’elle parviendra à surmonter certaines réminiscences pouvant refaire surface. Un moment qui fut éprouvant, mais nécessaire pour découvrir un one-shot à la fois très humain et magistral dans ce qu’il raconte.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Mon bourreau de père est enfin mort. Avez-vous été profondément marqué par le récit de cette mangaka et des stigmates qui l’assaillent encore ? Trouvez-vous que le sujet est bien abordé et montre vraiment tout ce qui découle de ce sujet grave ? Est-ce que ce récit a su démontrer, selon vous, la détresse de ces enfants maltraités ? Pensez-vous que l’auteure a su retranscrire tout ce qu’elle souhaitait aborder à travers ces quelques pages ? Trouvez-vous important d’avoir ce genre d’ouvrage choc ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce récit.

© 2019 Arai Piroyo, Takeshobo

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