Violence Action-Vol.-1-2

Violence Action tome 1 : un petit boulot mortel

Depuis le début d’année, le marché du manga n’a cessé de monter en puissance. Il suffit de voir l’arrivée de toutes les nouvelles licences pour se rendre compte de cette progression. On ne s’arrête jamais alors d’être au contact d’aventures inédites qui peuvent nous enchanter ou marquer notre esprit. Récemment, on a eu le droit à une belle petite surprise concernant une licence dont nos attentes étaient assez nombreuses. Elle provient tout droit du catalogue de Pika et n’est autre que Violence Action dont le premier tome vient tout juste de sortir. On avait été interpellé par la qualité des planches, mais aussi par cette action frénétique qui semblait se dégager de l’œuvre. En plus de ça, on était très curieux de voir ce que nous réservait cette jeune femme dont le petit boulot est loin d’être anodin. Une anti-héroïne qui n’a aucun problème à se salir les mains et qui va ainsi nous plonger dans ce quotidien rythmé par les fusillades et les révisions. Une aventure sanglante et prenante qui va dévoiler bien des facettes captivantes. Il est donc grand temps d’accompagner cette étudiante en comptabilité dans ses divers contrats.

Une occupation sanglante

Violence Action - KeiViolence Action, scénarisé par Shin Sawada et dessiné par Renji Asai, nous plonge au Japon où l’on fait la connaissance de Kei Kikuno. Cette dernière s’avère être une étudiante en comptabilité et semble mener une vie tout à fait ordinaire. Passant ses journées à réviser pour réussir ses examens, elle doit aussi subvenir à ses besoins. Une problématique commune à la majorité de ses camarades de classe et qui se tournent donc vers un petit boulot afin de pouvoir s’en sortir. C’est aussi ce que décide cette demoiselle, mais elle est loin de prendre un poste classique. En effet, là où la plupart des autres élèves se contentent d’un travail banal et pouvant être ennuyant, Kei a décidé d’entreprendre une voie bien plus sombre. Elle est devenue une tueuse à gages. Mais cela ne suffit pas, car cette demoiselle va rapidement se hisser à la première place de ce milieu. Une artiste dans son domaine et qui va constamment être appelée pour remplir de nombreux contrats. Difficile alors de réussir à mêler ses études et son métier quand un examen est à préparer et qu’elle est appelée pour s’occuper d’un clan de yakuzas. D’ailleurs, ses cibles feraient mieux de se méfier, car une fois qu’elle est sur le coup il est très difficile de s’en sortir. Elle a beau avoir l’air dans la lune, ses capacités physiques et martiales ne sont plus à prouver. Vitesse, agilité et force sont autant d’atouts qu’elle possède et qui lui permettent de remplir ses obligations. Même ce qui semble improbable finit toujours par se concrétiser entre ses mains.

Il est vrai que cela peut paraître étrange, et même porté à la rigolade pour les mafieux et criminels les plus aguerris de voir débarquer cette adolescente semblant inoffensive. Mais il ne faut que quelques secondes pour que tout bascule et que les moqueries se transforment en cris d’agonie. Un véritable bain de sang où se repaît cette bête féroce dont la réputation ne cesse de grandir au fil des jours. C’est alors qu’un beau jour, elle reçoit une demande bien spécifique de la part d’un homme singulier. Ce dernier se fait appeler “le doc” et est un professionnel que l’on engage constamment pour faire disparaître ou torturer certaines victimes des organisations criminelles. Un nom bien connu du milieu et qui a pourtant pu se créer un quotidien chaleureux avec sa femme et sa fille. Une double vie qui va être brisée le jour où des yakuzas vont s’en prendre à sa famille. Si ce médecin morbide ne semble exprimer aucune émotion suite à cette tragédie, la haine est pourtant bien ancrée au plus profond de son cœur. C’est ainsi qu’il fait appel aux services de Kei pour assouvir sa vengeance. Dans ce domaine, la mort est omniprésente et il faut savoir l’accepter. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille rester sans rien faire quand la rage est là. Dans ce monde obscur où les monstres sont les rois, la colère et la rancœur sont les principaux moteurs permettant d’avancer. Et pour permettre à certains d’accomplir leur objectif, il suffit d’un appel pour que la faucheuse aux allures d’adolescente fasse une entrée fracassante.

Il n’est pas rare de voir des protagonistes qui cachent bien leur jeu et mènent une double vie. Violence Action mise justement sur cette approche du personnage de Kei pour la mettre à l’honneur et surtout rapidement dévoiler tout le charisme qui l’entoure. Ainsi, on va être totalement emporté par cette existence si singulière où les combats s’enchaînent comme si de rien n’était. Une destruction de l’adolescence pour mettre en scène un véritable monstre que rien ne semble pouvoir arrêter. Une figure centrale dévoilant deux visages et qui va sans cesse nous étonner dans son approche du monde qui l’entoure.

Un récit d’une grande intensité

Quand on s’attarde en détails sur ce que propose ce premier volume de Violence Action, on se rend compte d’un élément essentiel. Il s’agit de sa narration qui est bien singulière pour une introduction. En effet, à aucun moment on ne nous dépeint un fil rouge que l’on va suivre ou bien un objectif à atteindre. On nous présente avant tout le quotidien teinté de sang de Kei et de ce que cela implique que d’être tueuse à gages. Un parti-pris intéressant étant donné qu’il met avant tout l’accent sur le milieu dans lequel évolue cette demoiselle ainsi que ses prouesses en tant que combattante. Il ne faut clairement pas longtemps pour comprendre à quel point cette jeune femme est redoutable et peut venir à bout des pires adversaires. Dans un sens, tout ce premier acte est là pour créer la légende de cette spécialiste du meurtre et ainsi que l’on partage la même terreur et admiration que ceux qui la croisent. De même, on est face à une série qui veut mettre en opposition deux mondes diamétralement opposés. Il y a l’aspect scolaire qui, même s’il peut sembler assez fugace, est pourtant bien ancré dans l’écriture de notre protagoniste. Elle ne montre jamais son désir d’être totalement dévouée à son job et passe beaucoup de temps à nous signaler son intérêt pour la réussite de ses examens. Une contradiction très forte au vu de ce qu’elle commet à côté, mais c’est justement une force de cette lecture. On veut nous montrer une adolescente qui n’est pas totalement immergée dans ce milieu hostile et sinistre.

Elle a d’autres rêves et présente donc une forme d’innocence et de banalité qui réchauffe le cœur en même temps que briser ce cycle sans fin de violence. On se dit donc que rien n’est totalement perdu et qu’il y a toujours une forme d’espoir que ce sanglant sentier puisse prendre fin un jour. Mais en dehors de tout ça, c’est bel et bien dans l’action que ce premier volume va aussi se distinguer. L’ensemble des scènes de combat est magistralement mis en scène par le dessinateur qui rend ces confrontations aussi épiques que lisibles. On ne rate pas une miette des prouesses de Kei qui passe d’une expression un peu perdue à un regard qui en dit long sur ce qu’elle est capable de faire. Cela va ainsi de pair avec le second environnement dans lequel on va passer le plus de temps. Il s’agit de ce milieu criminel où l’argent, le pouvoir et les armes dictent la vie de tous ceux qui s’y engouffrent. Ce qui est brillant dans ces passages, c’est que notre protagoniste prend une grande partie de la scène, mais va toujours s’effacer à un moment ou un autre pour mettre en avant les autres acteurs de cette pièce. Qu’ils s’agissent des victimes, des criminels et autres malfrats, ils peuvent tous raconter quelque chose de fascinant sans même que Kei ne s’implique personnellement. En fait, notre tueuse à gages n’est que de passage pour accomplir ses contrats et les véritables sujets de ces segments sont ceux qui vont voir leur vie basculer à son contact.

Avec Violence Action, on a le droit à une introduction redoutable et qui va surtout amener une narration fort originale mettant surtout l’accent sur les divers défis que doit relever notre jeune tueuse à gages. Une lecture qui se lit facilement et qui va surtout offrir un divertissement d’une grande efficacité. On est totalement happé par la force qui se dégage de ces planches et où le sifflement des balles remplace la moindre parole. Une virée au sein d’un milieu où règne la loi du plus fort et où les perdants doivent se résigner à subir un sort pire que la mort. Un jugement rendu par cet ange des ténèbres que rien ne peut stopper.

Violence Action met dans le mille

Violence Action - combatIl est donc temps de se poser la question à savoir si l’on a apprécié Violence Action. Ce premier tome est pour nous une belle réussite dans la proposition qui nous est présentée. Même si l’on peut se demander où veut aller le récit, il est avant tout question ici d’exposition afin de montrer les talents mortels de Kei. On veut nous imprégner de son quotidien afin que l’on cerne au mieux le dilemme de son existence entre sa vie d’étudiante et celle de la tueuse à gages tant demandée. En plus de ça, il y a un vrai travail qui est fait pour rendre ce milieu malfamé le plus vivant possible. Ainsi, notre regard est justement attiré par ce qui se passe devant nous et surtout les petites histoires qui nous sont présentées. On a beau suivre notre jeune protagoniste tout au long de ses missions, c’est avant tout le destin des hommes et des femmes qui évoluent dans cet environnement qui va nous captiver. Kei est une artiste du meurtre qui est là pour faire figure d’ange de la mort qu’il est impossible de stopper. Une demoiselle entièrement dédiée à sa mission et qui va d’ailleurs amené certains plans très forts pour souligner à quel point elle est détachée de ce qui peut se passer devant elle. On est donc face à une série qui a su rapidement créer une figure imposante d’entrée de jeu et surtout attiser la curiosité du lecteur pour tout ce que ce monde de l’ombre peut raconter. Un récit qui trouve toute sa force dans sa mise en avant de ces quelques aspects qui forment un show qui nous captive au même titre que les cabrioles de cette tueuse qui virevoltent entre les balles comme si de rien n’était.

On a donc apprécié la lecture de ce premier tome de Violence Action. Il est vrai que l’on se questionne sur le chemin que l’on va suivre pour le futur de la série notamment concernant l’écriture d’une intrigue principale. Mais il faut reconnaître que ce contact aura été largement satisfaisant en matière de mise en place du décor et de position des personnages. Au même titre que les pauvres âmes qui ont le malheur de croiser Kei, on est ébloui par la facilité avec laquelle elle réussit tous ses contrats. Même quand cela semble impossible ou qu’elle est dos au mur, on se dit qu’elle va trouver un moyen de s’en sortir. Une œuvre au trait puissant et qui sait comment assurer le spectacle tout au long de notre périple dans les coulisses de ce monde. Un manga qui pourra plaire aux amoureux d’univers sombres et malsains et qui cherchent à suivre le parcours d’une anti-héroïne dont chaque apparition nous en met plein les yeux. A présent, les questions sont bien là après avoir assisté aux exploits de cette redoutable combattante. Est-ce qu’elle va pouvoir mener la vie qu’elle rêve et tirer un trait sur tout ça ? Va-t-elle finalement tomber de son piédestal face à l’horreur d’un tel monde ? Que va-t-il advenir de son entourage ? Son secret va-t-il être découvert ? Quels seront ses prochains contrats ? On a juste hâte de voir ce que nous réserve la suite de cette épopée littéraire.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Violence Action. Trouvez-vous que l’on est suffisamment intrigué par le destin de cette jeune tueuse ? Avez-vous été happé par le trait du dessinateur à la fois brutal et élégant ? Est-ce que vous trouvez que le manga parvient à trouver un juste équilibre entre les scènes d’action et le développement de certains personnages ? Croyez-vous que l’on aura le droit à un focus plus important du futur de notre protagoniste et de son avenir incertain ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2016 Asai Renji / Sawada Shin, Shogakukan

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