MARS RED-Vol.-1

Mars Red tome 1 : les vampires font une entrée théâtrale

Il y a parfois des titres qui font leur apparition et dont on n’attendait pas forcément grand-chose au départ. C’est la curiosité qui fait que l’on se penche sur ces derniers. On peut alors découvrir d’incroyables surprises qui nous tiennent en haleine ou bien des œuvres qui suscitent notre intérêt pour la suite. Le manga dont on va parler aujourd’hui en est un parfait exemple. Il s’agit de Mars Red, disponible chez Panini, dont le premier volume vient tout juste de sortir. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est parce que l’on a déjà eu le droit à l’adaptation en anime sur Wakanim. C’est d’ailleurs après avoir vu cette dernière que l’on s’est dit que cela pourrait être intéressant de se pencher sur la version papier afin de mieux cerner ce qui nous est raconté. Après lecture de celle-ci, on a pu se rendre compte de pas mal de qualités propres à cette histoire et surtout à sa construction narrative. Une aventure littéraire qui respire les codes du théâtre japonais propre à l’œuvre d’origine, mais qui va aussi se démarquer par bien des aspects. On espère donc que vous êtes prêts pour rendre visite à une escouade aux longues canines.

Une renaissance

Mars Red - VampireMars Red, scénarisé par Bun-O Fujisawa et dessiné par Karakara Kemuri, nous plonge en pleine “démocratie Taishô” au Japon. Une époque importante pour le pays qui s’ouvre au reste du monde et où les gens souhaitent simplement profiter de la paix. Malgré tout, les inégalités existent et la haute société profite des bienfaits et des spectacles venus d’ailleurs tandis que les simples habitants mènent un quotidien lambda et loin du faste propre à l’aristocratie. Si tout semble être assez calme au premier abord, les gens sont loin d’imaginer ce qu’il peut sortir de l’ombre dès que la nuit tombe. Les vampires, ces êtres que l’on pensait n’être qu’imaginaires, existent. La plupart font de leur mieux pour se fondre dans la foule en tentant de vivre une vie normale. Cependant, certains ne peuvent lutter face à la soif de sang qui les dévore et finissent alors par sortir à visage découvert pour s’en prendre aux innocents. Des cauchemars ambulants qui ne laissent que des cadavres dans leur sillage. Considéré comme des attaques nocturnes par certains malandrins ou bien des bêtes sauvages, la population ne s’inquiète pas outre-mesure de ces tristes spectacles qui semblent pourtant se multiplier. Ainsi se tient un fragile équilibre entre les vampires et le commun des mortels qui peut basculer à tout moment si les premiers empiètent trop sur le terrain des seconds. Heureusement, un groupe va voir le jour pour préserver la paix ambiante en surveillant les agissements de ces intrus.

Quoi de mieux pour traquer un vampire qu’un autre vampire. L’armée a mis en place un peloton composé de quatre soldats transformés afin de protéger la cité des attaques possibles des suceurs de sang. Ils sont le principal rempart face à ces crocs qui attendent patiemment de mordre dans la chair. S’ils ont eux aussi les mêmes faiblesses que leurs congénères, ils peuvent compter sur les technologies modernes pour pallier ça. Quatre individus qui ont dû tirer un trait sur leur passé pour renaître comme arme dans les mains du gouvernement. Condamnés à ne plus jamais vivre sous le soleil, ils parcourent les rues une fois la nuit tombée pour éviter que le pire arrive. Des justiciers de l’ombre, mais qui peuvent à tout moment basculer de l’autre côté. Appelé “Code zéro”, cette unité doit maintenant prouver ses capacités pour ne pas devenir un objet que l’on jette après utilisation. Nos quatre vampires au service de l’armée de terre japonaise s’envolent maintenant au secours de la capitale impériale qui pourrait bien devenir un véritable champ de bataille si jamais la vérité éclatait. Voici donc le récit de ce groupe qui lutte vaillamment chaque soir pour empêcher un terrible drame, mais aussi contre leurs propres pulsions. Une nouvelle ère s’ouvre sur ce pays. Il faut maintenant savoir si le futur de ce dernier s’écrira dans la joie ou le sang et les cris. Ce qui est sûr, c’est qu’il suffirait d’une étincelle pour que tout vole en éclats et que le chaos s’empare de cette cité.

En s’attardant sur le contexte de Mars Red, on se rend vite compte de quelque chose d’important. Cette histoire cherche à offrir une proposition différente de ce que l’on a l’habitude de voir concernant ces êtres nocturnes. Les vampires ont beau reprendre ici bon nombre de clichés propres à leur légende, ils vont aussi évoluer dans un environnement original. On va ainsi suivre tout un groupe qui va nous permettre d’ouvrir les yeux sur ce que peuvent raconter les vampires à travers une histoire plus humaine, mais aussi beaucoup plus tragique qu’on ne pourrait le croire au premier abord.

Un récit élégant et tragique

Comme on avait pu le ressentir dans son adaptation en anime, Mars Red nous propose dans ce premier volume une expérience singulière. En effet, il va planer une ambiance un peu unique tout au long de notre voyage qui donne ce sentiment de faire face à une immense pièce de théâtre. Un sentiment voulu de la part du mangaka qui a souhaité incorporer cette âme si propre à l’œuvre d’origine. Cela donne un contraste très particulier entre notre habitude de lecteur et ce que l’on nous montre ici. En dehors de ça, cette série va surtout se démarquer par la manière dont sont utilisées ces créatures légendaires. Ces dernières sortent un peu du cadre dont on a l’habitude de les voir pour les incorporer dans un contexte historique et ancré dans la culture japonaise de l’époque. Une manière de créer une impression de renouveau par le décor, mais qui va aussi s’exprimer dans le fond concernant la façon dont est traité le mythe du vampire. On le sait, cette créature suceuse de sang a toujours été montrée comme un monstre sans vergogne qui s’attaque aux humains dès que la soif se fait sentir. Ici, on garde cet aspect, mais pour montrer ces gens maudits comme des êtres tragiques. Ils ont beau avoir une force plus grande que la normale et même pour certains des capacités extraordinaires, ils restent des entités particulièrement fragiles. Ils sont presque amenés ici sous une vision miséreuse de par leur condition qui les condamne à ne jamais être en paix.

De ce fait, on arrive à avoir très rapidement une empathie pour ces “monstres” qui sont décrits comme des humains n’ayant pas eu de chance. S’ils succombent à la faim, ce n’est pas par choix, mais par nécessité. Il y a donc un aspect dramatique qui s’exprime à merveille par les dessins de l’artiste, mais aussi le développement de certains personnages. Il suffit de voir les membres de l’escouade “Code zéro” pour que cela nous saute aux yeux. On peut même dire qu’ils sont plus à plaindre que leurs congénères étant donné qu’ils ne sont plus que des outils entre les mains des puissants. Tout tourne autour de ce triste sort qu’est la condition de vampire et le fait de devoir dire adieu à toute une vie pour mener un quotidien fait de souffrances, de peur et d’une probable mort prématurée. On désacralise ce statut autrefois source de peur pour le ramener à un sort peu enviable tout en gardant l’aspect terrifiant que peuvent avoir ces victimes. Un premier acte qui donne clairement le ton de ce que l’on va vivre par la suite et nous happe dans ce qu’il raconte par rapport à cette réécriture de ces créatures nocturnes que l’on prend en pitié. Un formidable parti-pris qui fonctionne très bien et nous motive à vouloir connaître la suite tout en se permettant des moments d’accalmie déchirants. On ne voit plus alors l’être mythique qui pouvait hanter nos rêves, mais simplement des hommes et des femmes qui vivent en paria dans une société qui ne pourra jamais les accepter.

Mars Red nous propose un récit aussi étrange que fascinant dans la vision qu’a l’auteur de ces créatures surnaturelles et pourtant pas si éloignées de nous. On a été bluffé par l’excellent travail qui fut fait au niveau du dessin, mais surtout concernant les émotions retranscrites qui transforment un concept de base assez classique en une expérience touchante. En seulement quelques pages, on a un certain affect pour ces combattants qui luttent dans l’ombre pour la sauvegarde de la population. Un premier acte époustouflant sublimé par la qualité des acteurs présents sur scène.

Mars Red lève le rideau

Mars Red - combatSi l’on avait apprécié l’anime sans qu’il soit dénué de défauts, on a été bien plus conquis par ce premier volume du manga Mars Red. Un récit qui parvient facilement à nous séduire par son ambiance incroyable, son traitement des vampires, mais aussi le développement des personnages. On a eu une vraie sympathie pour ces quatre maudits qui tentent de faire un trait sur leur passé et de se donner à fond pour leur mission. Parfois drôle, souvent dramatique, cette introduction propose une excellente entrée en matière dans cet univers où les suceurs de sang arrivent à éveiller notre empathie. De plus, on sent totalement le souhait du mangaka de réussir à retranscrire tout ce qui pouvait faire l’attrait et le charme de ce qui est à l’origine des lectures théâtrales. On ressent pleinement ce désir et qui s’exprime à travers une multitude de petits détails fascinants qui vont permettre à cet ouvrage de proposer une expérience assez unique en son genre. En outre, le contexte historique dans lequel on évolue ne sert pas uniquement de décor, mais va aussi avoir une certaine influence sur la mise en scène, la construction narrative et les enjeux de l’intrigue. Des premiers pas plus que réussis et qui fourmillent de bonnes idées sans pour autant que l’on ait le sentiment de s’éparpiller. Tout est bien millimétré pour nous conduire là où veut l’auteur et que l’on soit les témoins d’un triste et émouvant spectacle. On repense alors avec émotion à ces quelques moments passés en compagnie de ces protagonistes mélancoliques.

En lisant ces quelques lignes, vous aurez compris que l’on a grandement apprécié notre virée dans l’univers de Mars Red. On a été captivé par cette impression de découvrir une nouvelle facette des vampires. Un récit qui, pourtant, ne change pas tant les codes que l’on connaît autour d’eux, mais qui les humanisent d’une manière remarquable. Simple spectateur de cette lutte nocturne qui recouvre la capitale d’un voile de tristesse, on reste bouche bée sur tout ce que l’on peut ressentir. Un manga qui nous montre qu’il est tout à fait possible de nous faire vivre une épopée prometteuse en changeant simplement le point de vue et l’environnement autour d’un sujet bien précis. Voilà une lecture qui pourra plaire à tous ceux qui aiment les contes autour de ces êtres surnaturels, mais qui peut aussi capter l’attention des lecteurs désireux de connaître une aventure littéraire originale. En plus de ça, cette série est prévue pour se conclure en trois volumes et permet donc de se projeter sur du court terme. Bien évidemment, qui dit fin de chronique dit aussi les questions que l’on peut se poser sur la suite de ce périple. Est-ce que nos quatre nouveaux compagnons vont finir par être engloutis par leur devoir ? N’existe-t-il pas un moyen pour eux de regagner leur humanité ? Qu’est-ce qui est en train de se tramer en coulisses de ce silencieux conflit entre l’armée et les vampires ? On a hâte de se lancer dans la suite de cette licence.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Mars Red. Trouvez-vous que le mythe du vampire est traité de façon originale et intéressante ici ? Avez-vous eu de l’empathie pour ces soldats condamnés à mener une vie loin des leurs ? Pensez-vous qu’il y a du potentiel pour la suite de l’aventure en matière d’écriture des personnages et de développement de l’univers ? Avez-vous été réceptif à l’aspect théâtral du manga ? Est-ce que vous avez été pleinement immergé dans ce récit ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2020 Karakara Kemuri, MAG Garden

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