Blue Lock-Vol.-1-1

Blue Lock tome 1 et 2 : A la recherche du meilleur buteur

On le sait, 2021 est une année bien particulière pour le monde du manga en France. En plus d’avoir de nouveaux éditeurs qui se lancent, des collections inédites qui apparaissent et surtout de nombreux titres attendus qui arrivent, on ne peut qu’être excité en voyant tout ce qui se passe. Concernant d’ailleurs ce dernier point, il est important de voir si l’attente que l’on a pour une licence est finalement satisfaite à la sortie de cette dernière. C’est pour cela qu’aujourd’hui on va aborder un manga qui sort justement ce mercredi. On parle bien sûr de Blue Lock, la dernière série en date du catalogue de Pika, et qui débarque avec ces deux premiers tomes. Nous plongeant dans l’univers du football, cette saga a déjà su se construire une belle petite communauté depuis ses débuts au Japon. On était donc impatient de voir ce qui faisait l’attrait de cette histoire autour du fameux ballon rond. En s’attardant donc sur ces deux lectures, on a pu découvrir un récit qui amène ce sport sur un terrain assez inédit dans le domaine. Cela donne une expérience littéraire originale et surtout épique. Le temps est donc venu d’observer une sélection particulièrement exigeante.

Une sélection infernale

Blue Lock - buteurBlue Lock, scénarisé par Muneyuki Kaneshiro et dessiné par Yusuke Nomura, nous plonge dans un Japon contemporain. La Coupe du monde 2018 vient de se terminer et l’équipe de football du Japon a malheureusement fini sa course en huitième de finale. Un nouvel échec qui va engendrer une décision sans précédent pour l’Union japonaise de football. Alors que la plupart des hauts dirigeants semblent se satisfaire de cette place qui leur permet de gagner suffisamment d’argents, d’autres semblent s’élever contre cette incapacité à se surpasser. Si l’équipe nationale n’a fait que se renforcer au fil des années, il lui manque un élément essentiel pour parvenir à surmonter ce mur contre lequel elle s’est toujours écrasée. C’est ainsi qu’un projet va voir le jour prenant la forme d’un centre de formation révolutionnaire intitulé “Blue Lock”. C’est entre ces murs que se décidera l’avenir du football japonais afin de parvenir à créer le joueur ultime dont le pays a besoin. Pour ce qui est des milieux, défenseurs et gardiens, l’équipe a déjà largement de quoi faire. C’est en attaque que les efforts doivent être faits afin d’avoir cette petite pépite qui peut bouleverser en un clin d’œil le déroulement d’un match. Une future star qui n’a que faire des autres et qui pense avant tout à gagner peu importe le prix à payer. C’est ainsi qu’une liste des 300 meilleurs attaquants lycéens du pays fut dressée. Une sélection où se cache cet élu qui sera façonné par de nombreuses épreuves.

Mais pour pouvoir accomplir un tel objectif, il était nécessaire de confier les rênes de ce centre à un homme capable de gérer autant de jeunes pousses. Il fut alors décidé que ce serait le coach Jinpachi Ego qui serait chargé de toute cette expérience. Aux yeux de cet homme, il est clair qu’un attaquant doit se détacher des autres joueurs de l’équipe. C’est en faisant preuve d’une bonne dose d’ego, de fierté personnelle et surtout d’ambition qu’il sera seulement possible pour un de ces adolescents de concrétiser son rêve. C’est pour ça que cette formation cache en réalité une toute autre vérité. Pendant le temps où ces participants devront vivre ici, il faudra que chacun réussisse à écraser ses rivaux. Nul besoin d’amitié entre ces murs où seul le talent compte. Il faut savoir faire preuve d’individualisme pour pouvoir passer les diverses épreuves concoctées par ce coach. L’effort collectif et l’entraide ne sont ici que des armes pour se hisser un peu plus haut avant de finalement porter le coup de grâce aux autres. Parmi ces jeunes joueurs se trouve Yoichi Isagi, un attaquant bouillonnant qui est loin d’être aussi connu que ses camarades. Malgré tout, c’est pour lui une chance unique de concrétiser son rêve et il devra alors abandonner le travail d’équipe et se surpasser pour devenir celui qui se tiendra au sommet de la montagne. L’heure de la bataille a sonné et ici l’attaque est la meilleure des défenses. L’horizon doré dont tout le monde rêve ne peut être atteint qu’en piétinant les désirs des autres.

On a souvent entendu dire que Blue Lock se rapproche plus d’un battle royal que d’un récit sportif comme on a l’habitude d’en lire. On comprend assez vite cette comparaison qui est à la fois assez vraie, mais qui n’effleure au final qu’une petite partie de cette histoire. En deux volumes on découvre beaucoup d’éléments qui permettent de construire un environnement qui est à la fois propice au jeu individuel qu’à une démonstration de l’effort collectif. Cela peut paraître paradoxal, mais l’auteur a parfaitement su allier ces deux points pour les traiter à sa manière et créer une nouvelle façon de parler de cette discipline.

Une autre manière de parler foot

Quand on s’attarde sur un manga de sport, on a souvent l’habitude de retrouver le même schéma narratif. Une construction de base qui va nous permettre de suivre le protagoniste dans son ascension de cette discipline en compagnie de ses camarades. Blue Lock a décidé de bousculer ça pour nous proposer un voyage tout à fait surprenant. Par son contexte de base, la série ne va pas s’axer sur des rencontres officielles permettant d’atteindre le sommet d’une compétition. On est avant tout ici dans un immense centre d’entraînement qui ne fait aucun cadeau et qui a un seul but précis. Déjà, nous n’avons pas affaire à différents postes, mais uniquement à des attaquants. Cela change radicalement la donne et s’inscrit parfaitement dans l’intrigue du récit. Ainsi, on va surtout chercher à admirer les capacités propres à chacun pour devenir ce joueur vedette capable d’unir l’équipe en marquant simplement un but. On arrive alors là où c’est intéressant, car cette saga nous présente le football à travers le prisme de ce que doit être un véritable buteur. Peu importe les capacités des autres équipiers, c’est à lui que revient la charge de marquer et de motiver le reste du groupe. On souhaite donc mettre en avant une individualité poussée à son paroxysme et ainsi que chaque participant à ce programme considère les autres comme des rivaux et non des alliés. S’il y a un semblant d’effort collectif qui est fait, le vrai combat est avant tout mené seul face à des sportifs de hauts calibres et qui sont tous spécialisés dans ce domaine.

Le mangaka est donc parvenu à transformer des codes déjà vu maintes fois pour apporter une histoire qui détruit ces derniers. Fini l’entraide, l’objectif est avant tout de briller personnellement quitte à devoir détruire les rêves des autres. Il y a donc une sorte de fatalité parmi tous ces candidats qui font de leur mieux pour lutter, mais où il ne peut en rester qu’un. Une ambition compréhensible, mais qui passe par une méthode pouvant sembler surréaliste. De ce fait, cette lecture nous permet justement de nous attarder sur d’autres éléments importants du sport tel que le talent de chacun, l’effet que peut avoir un simple but sur le déroulement d’un match ou tout simplement le rôle réel d’un attaquant. Il y a donc un côté grisant de découvrir un récit sportif qui chamboule nos habitudes et offre un aspect compétitif assez violent et où une personne doit passer en priorité par rapport au collectif. Cependant, le manga ne mise pas uniquement sur ce discours du joueur vedette pour nous surprendre. On a aussi le droit à plusieurs pistes de réflexions concernant ce que le travail d’équipe symbolise. On nous dépeint alors un champ de bataille où c’est en écrasant les autres que pourra ressortir le plus puissant des joueurs. Un bocal où l’on enferme tous ces diamants bruts pour qu’au final se dégage la plus resplendissante des pierres précieuses. On éprouve donc constamment cette charge qui pèse sur ces personnages qui se démènent pour simplement atteindre la prochaine étape de cette sélection exigeante.

Si l’on est captivé par la tournure que prend Blue Lock en seulement deux tomes, il y a aussi un autre élément qui est crucial. Il ne faut pas longtemps à la série pour attirer notre regard par son aspect épique et surtout la puissance qui se dégage de chaque planche. Un spectacle qui se veut très visuel et nous délivre des confrontations grandioses. On tombe alors dans un divertissement incroyable qui nous en met plein les yeux à de multiples reprises. En nous mettant au contact de ce lieu d’entraînement infernal, l’auteur souhaite justement nous préparer à ce chaos d’où ressortira l’attaquant ultime.

Une aura incroyable

Blue Lock - regardIl est très difficile de parler en détail de Blue Lock sans s’attarder sur l’action qui se déroule au sein de ces deux volumes. Autant le dire tout de suite, le trait du dessinateur est formidable et retranscrit à merveille la puissance qui peut se dégager chez certains joueurs. Si les quelques rencontres que l’on peut observer au cours de ces lectures nous captivent par leur dynamisme, c’est bel et bien dans les moments-clés que l’on en prend plein la tête. Il y a une parfaite maîtrise de ces cases où l’on doit juste être stupéfait par ce que l’on regarde. On assiste alors à la démonstration de puissance qui englobe ces attaquants et cela n’est pas uniquement propice à exploser la rétine. En effet, s’il y a un côté spectaculaire à voir ces scènes dantesques où un simple duel prend des proportions épiques, cela va jouer aussi en faveur d’un autre élément crucial du récit. Il s’agit bien sûr de ce que doit symboliser l’attaquant et la force qu’il représente sur le terrain. Bien évidemment, on sent une forme d’exagération au sein de ces pages, mais cela appuie ce message qui signifie qu’en quelques secondes, un joueur de ce calibre peut tout faire basculer. En plus de ça, on n’est pas uniquement dans l’optique de celui qui est le plus doué qui l’emporte. Ce manga souhaite aussi montrer qu’il peut y avoir une grande diversité même parmi des adolescents partageant le même poste. Chacun a sa propre manière de se battre et de contrecarrer l’adversaire qu’il a en face de lui.

Ainsi, on a sans cesse des confrontations qui se renouvellent au sein même d’un seul match. Si certains tirent un peu plus la couverture à d’autres, on a quand même le droit à une belle démonstration de force de la part de tous ces étudiants prometteurs. On va même s’amuser à mettre une petite pièce sur ceux qui parviendront à tirer leur épingle du jeu. En dehors de ça, il y a une réelle alchimie qui se dégage du petit groupe de personnages que l’on va suivre. On a beau être plongé dans un récit qui met l’accent sur le talent individuel et l’égoïsme dans un sens, on aime beaucoup les interactions qu’il peut y avoir entre certains des membres de cette sélection. En plus de ça, le concept de base qui nous est proposé contribue grandement à nourrir notre curiosité par la suite. Après tout, on a juste effleuré tout le potentiel de cette licence. Il y a encore énormément à découvrir et le fait de commencer tout en bas du classement est une excellente idée. Cela permet de construire tout un parcours du combattant qui est jalonné d’ennemis remarquables et d’alliés pouvant rapidement devenir des obstacles pour la suite. Un divertissement à la hauteur de nos attentes et qui surtout va permettre de construire une compétition absolument fantastique où l’on reste scotché à notre siège. Ce qui est alors fascinant, c’est que l’on a envie d’encourager tous ces joueurs talentueux alors que l’on sait pertinemment qu’il ne pourra y avoir qu’un seul gagnant. Une lecture qui nous tient en haleine et qui n’a pas fini de nous surprendre.

Blue Lock est vraiment fascinant à analyser, car il se balade constamment d’un genre à l’autre avec beaucoup d’aisance. L’attrait du titre sportif se combine alors à la perfection avec ce désir de rendre chaque confrontation grandiose. En plus de ça, le manga se permet aussi d’amener des sujets intéressants sur la table concernant le rôle de l’attaquant et ce qu’il peut amener comme impact au sein d’une équipe. Une approche bien différente de ce que l’on a l’habitude de voir et qui permet donc une fraîcheur fort plaisante. Notre regard est captivé par cette sélection qui pourrait bien créer un véritable monstre.

Blue Lock marque des points

Il est tout à fait compréhensible de voir autant de lecteurs qui s’impatientaient à l’arrivée de Blue Lock. Voilà une série à la fois originale et rafraîchissante qui ne peut nous laisser indifférent. Avec la puissance de son dessin, la tension que l’on peut ressentir durant la lecture, les rencontres enflammées ainsi que les promesses pour la suite, le titre a tout pour plaire. Se présentant comme un incroyable divertissement, ces deux premiers volumes ont clairement su donner le ton pour cette histoire qui n’en est alors qu’à ses balbutiements. On ne peut s’empêcher de se dire que si l’on est déjà captivé par le visuel, cela ne va faire que monter crescendo en matière de puissance. Le trait est soigné et souligne à merveille les instants où tout bascule dès lors que les véritables capacités d’un personnage s’expriment. En dehors de ça, la série se démarque par son potentiel et surtout le fait d’avoir réussi à combiner le monde du foot à une sorte de battle royale. Si le sang ne coule pas à flots, la défaite est pourtant bien violente, car elle signifie qu’un rêve vient de se briser. D’ailleurs, le fait de mettre autant en avant la solitude propre à ce rôle est à la fois surprenant et pertinent. Il y a beau y avoir onze joueurs sur la pelouse, l’attaquant n’est jamais aussi seul que dans ces instants. Dès lors qu’il a le ballon entre les pieds, il n’y a plus que lui qui peut concrétiser la transformation. Une thématique qui n’a été que très peu exploitée dans le monde du manga sportif et qui est parfaitement mise en avant ici.

Vous l’aurez donc compris, on a eu un réel coup de coeur pour cette série. Si le football a le vent en poupe en ce moment, il est formidable de voir que cette discipline parvient à être abordée de plusieurs façons différentes. Le simple fait d’avoir une compétition qui ne s’inscrit pas dans le développement d’une équipe est innovant et grisant. On est avant tout dans la construction des personnages qui sont poussés dans leurs derniers retranchements et obligés de se surpasser constamment. Un titre idéal pour les amoureux de cette discipline ou ceux souhaitant une aventure qui leur mettra une claque autant sur le plan graphique que sur l’action présentée. On est pleinement plongé dans ce nouveau quotidien pour ces adolescents qui ne peuvent plus reculer. On reste alors tenu en haleine en sachant que les coups dans le dos peuvent survenir à tout moment. L’heure est maintenant aux nombreuses questions que l’on se pose concernant le futur de cette licence. Est-ce qu’il va être possible pour Yoichi de se hisser au sommet de son art ? Quand est-il des autres candidats à cette sélection ? Le fossé n’est-il pas trop grand entre les premiers du classement et les derniers ? Quelles seront les prochaines épreuves qui se dresseront sur leur route ? Alors que la moindre erreur peut-être fatale, il va falloir redoubler d’efforts pour ces jeunes pousses qui ne peuvent subsister qu’en empiétant sur le terrain des autres.

N’hésitez pas à nous dire dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Blue Lock. Avez-vous apprécié la manière dont le manga souhaite traiter le monde du foot ? Trouvez-vous qu’il y a une aura singulière qui gravite autour de ces joueurs ? Avez-vous déjà un attaquant préféré parmi toute cette liste ? Croyez-vous qu’il soit réellement possible de construire le prochain dieu du football à travers un tel système ? Avez-vous été happé par les quelques confrontations au sein de ces pages ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2018 Nomura Yusuke (mangaka) / Kaneshiro Muneyuki, Kodansha

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